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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le candidat démocrate en visite à Berlin : Obama exige que l’Europe envoie plus de troupes en Afghanistan

Par Stefan Steinberg
31 juillet 2008

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Le discours prononcé par Barack Obama devant un auditoire comptant quelque 200 000 personnes à Berlin était un message réactionnaire rappelant l’anti-communisme de la guerre froide et une tentative de promouvoir le nouveau cadre de l’agression et du militarisme impérialiste américain, la soi-disant « guerre mondiale contre le terrorisme. »

Présentant un concentré d’histoire des relations américano-européennes d’après-guerre, le candidat présidentiel du Parti démocrate a appelé à une collaboration plus étroite entre les deux continents dans la lutte contre le « nouveau danger » du terrorisme international et exigé que les gouvernements européens augmentent les effectifs des troupes en Afghanistan.

Lors de son appel aux armes dans « la guerre contre le terrorisme », Obama a suggéré que les populations de l’Europe, notamment de l’Allemagne, devaient surmonter leur aversion pour la guerre. Le candidat démocrate, qui est parfaitement conscient de l’opposition de masse au sein de la population allemande à la présence militaire allemande en Afghanistan, a déclaré : « Personne ne veut la guerre. J’admets qu’il y a d’énormes problèmes en Afghanistan… Les Etats-Unis ne peuvent pas les résoudre à eux seuls. Le peuple afghan a besoin de nos troupes et des vôtres, de notre soutien et du vôtre pour vaincre les talibans et Al-Quaïda… »

La première proposition faite par Obama fut un appel à une action concertée de l’Europe et des Etats-Unis pour que soit envoyé un « message direct à l’Iran pour qu’il renonce à son ambition nucléaire. » Faisant allusion à l’opposition initiale émise par l’Allemagne et la France à l’invasion de l’Irak, il a dit qu’en « dépit de différends antérieurs » l’Europe devrait soutenir les efforts des Etats-Unis pour stabiliser le régime fantoche de Bagdad en « mettant finalement fin à cette guerre », c’est-à-dire accepter une présence militaire américaine indéfinie et une domination américaine du pays.

Dans un passage révélateur, Obama a fait une prudente allusion au fait que son élection ne signifierait nullement un relâchement du militarisme américain ou un allègement du fardeau pour l’Allemagne ou les autres Etats européens. Il a déclaré : « Certes, il y a eu des différends entre les Etats-Unis et l’Europe. Et il y en aura d’autres à l’avenir. Mais les fardeaux qu’impose une citoyenneté mondiale continueront de nous lier. Un changement de direction à Washington ne lèvera pas ce fardeau. »

Obama a ainsi profité de l’occasion de son intervention publique durant sa visite à l’étranger pour réitérer une perspective de guerre interminable et de violence militaire.

Le contenu politique du discours d’Obama a été judicieusement résumé par le journal républicain de droite National Review qui a publié vendredi un long éditorial, qualifiant le discours d’« assez conservateur et plutôt patriotique ». Cet éditorial dit :

« En l’espace de 20 minutes le sénateur a pris les décisions suivantes :

* Une ferme condamnation de la tyrannie communiste et une glorification de la résistance américaine victorieuse du communisme dans la guerre froide ;

* Un appel passionné à la poursuite de l’Alliance atlantique et à sa transformation en un partenariat mondial en tant que base unique à la sécurité internationale et la protection du commerce ;

* Une approbation de la guerre contre le terrorisme incluant l’argument standard du président Bush selon laquelle il faut « assécher la source d’extrémisme qui l’alimente [le terrorisme] » ;

* Un soutien sans ambiguïté de la mission de l’OTAN en Afghanistan et une exigence claire que les Européens y envoient davantage de troupes ;

* Un engagement en faveur du libre-échange, de l’ouverture des frontières et de la mondialisation ;

* Un soutien à la promotion de la démocratie au Proche-Orient et ailleurs et qui inclut l’acceptation que la guerre en Irak a été gagnée par les Etats-Unis, ses alliés de la coalition et l’actuel gouvernement irakien ;

* Une déclaration franche que l’Iran « doit » renoncer à ses ambitions nucléaires ;

* Et une évocation patriotique des Etats-Unis en tant que moyen pour les espoirs de paix et de justice dans le monde

La visite d’Obama a été précédée par une campagne sans égale des médias allemands qui se sont emballés pour le candidat à la présidence. Un certain nombre de journaux avaient prédit un énorme taux de participation et avaient fait des comparaisons avec les rassemblements ayant eu lieu à Berlin pour John F. Kennedy en 1963 et Ronald Reagan en 1987.

Il est significatif qu’Obama ait choisi de reprendre les mots de Reagan dont l’opinion publique officielle américaine prétend qu’il a gagné la guerre froide. Répétant la phrase de Reagan « M. Gorbatchev, faites tomber ce mur », Obama a déclaré : « Lorsque vous, le peuple allemand, avez abattu ce mur qui divisait l’Est de l’Ouest, la liberté de la tyrannie ; la peur de l’espérance, d’autres murs se sont effondrés de par le monde… et ont ouvert les portes à la démocratie. »

Obama qui n’a jamais caché son enthousiasme pour le « libre marché » poursuivit en disant : « Les marchés aussi se sont ouverts. » Il resta toutefois muet quant aux conséquences sociales dévastatrices de l’introduction des relations capitalistes en Europe de l’Est qui ont conduit au démembrement intégral de l’industrie dans l’Est de l’Allemagne ainsi qu’au chômage de masse, et entraîné dans l’ex-Union soviétique une diminution de la longévité que seuls des pays ravagés par la guerre avaient connu jusque-là. Le discours d’Obama était également remarquable pour sa négligence de la crise sociale à laquelle des millions de personnes sont confrontées aux Etats-Unis et dans les pays ouest-européens industrialisés, ainsi que de l’effondrement financier américain qui menace de plonger le monde dans une nouvelle dépression.

Le discours avait été construit de façon à pouvoir s’adresser à la fois à plusieurs auditoires. A l’attention des public allemand et européen, il a émaillé ses remarques d’un vague appel à l’unité de cultures différentes et aux efforts visant à combattre la pauvreté dans le tiers-monde et le changement climatique. A l’adresse des bourgeoisies allemande et européenne, il a offert une relation plus coopératrice en laissant entendre qu’en échange de leur assistance à sauver les aventures néo-coloniales américaines en Afghanistan et ailleurs, elles pourraient s’attendre à bénéficier d’une part plus grande du butin.

A l’adresse de l’élite dirigeante américaine, Obama a offert des garanties prouvant sa détermination de poursuivre, en tant que président, les objectifs hégémoniques mondiaux de l’impérialisme américain tout en affichant une attitude plus multilatérale et en prônant un renforcement de l’Alliance transatlantique.

Il y eut beaucoup d’éloges pour le discours d’Obama de la part de tous les partis de la politique officielle allemande. Les dirigeants de la CDU (Union chrétienne-démocrate), de la CSU (Union chrétienne-sociale), du FDP (Parti libéral-démocrate), du SPD (Parti social-démocrate), des Verts et de La Gauche ont tous exprimé leur satisfaction.

La bourgeoisie allemande et la bourgeoisie européenne saluent de manière générale la fin de l’ère Bush et voient dans une présidence Obama plus de possibilités de poursuivre leurs propres objectifs. Le journal néerlandais De Volkskrant a écrit au sujet de la visite d’Obama en Allemagne :

« Au cours de ces dernières années, les Etats-Unis ont été confrontés aux limites de leur pouvoir en Afghanistan et en Irak et dans d’autres questions internationales telles que le problème israélo-palestinien et le conflit à propos de l’enrichissement d’uranium par l’Iran. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont en train de jouer des rôles de plus en plus dominants dans la diplomatie internationale. Ce qui est ressorti clairement après le 11 septembre et qui est devenu d’autant plus évident à présent c’est que, depuis la fin de la guerre froide, notre monde ne connaît pas de valeurs universelles dont les Etats-Unis seraient le principal ou le seul représentant… Les Etats-Unis ont une fois de plus besoin de leurs vieux alliés de l’OTAN. »

(Article original anglais paru le 26 juillet 2008)


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