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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Sri Lanka : la faible participation à la grève générale exprime un manque de confiance dans les syndicats

Par notre correspondant
14 juillet 2008

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Des dizaines de milliers de travailleurs ont participé à la grève générale au Sri Lanka en dépit d’une brutale campagne d’intimidation menée par le gouvernement. Il est difficile d’évaluer la participation exacte étant donné que les syndicats, menés par le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) et l’United National Party (UNP), ont refusé d’appeler à des réunions de masse, des rassemblements ou des défilés pour lutter pour leurs revendications.

Alors que les ministres du gouvernement proclamaient que la grève était un échec complet, le député JVP et dirigeant syndical, K.D. Lalkantha a déclaré qu’elle était « à 70 pour cent un succès ». La participation semble avoir été inégale et bien inférieure à celle escomptée par le JVP et l’UNP. Le débrayage a été fortement suivi par les travailleurs des plantations, mais la majorité des travailleurs du privé et du secteur public n’y a pas participé.

La mobilisation relativement faible n’était due ni au manque d’opposition des travailleurs aux attaques gouvernementales contre le niveau de vie, ni au fait que les travailleurs auraient avalé les affirmations du gouvernement qu’il fallait faire des sacrifices en raison de la reprise de la guerre contre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Il y a un soutien énorme en faveur d’une augmentation de salaire de 5000 roupies par mois, pour une indemnité de vie chère et pour une réduction pour les usagers des prix des bus et des chemins de fer.

De vastes sections de travailleurs, toutefois, ne font pas confiance aux dirigeants syndicaux qui ont, à maintes reprises, cédé devant l’opposition du gouvernement à toute hausse de salaire. En réaction à l’insistance du président Mahinda Rajapakse que tous les moyens doivent être consacrés à la guerre, les syndicats ont mis fin à une série de grèves au cours de ces deux dernières années, y compris celles des dockers, des travailleurs des plantations, ainsi que celles des enseignants et des professionnels de santé. Le chauvin JVP, tout spécialement, soutient la guerre communautaire de Rajapakse.

Le soutien fort apporté par les travailleurs des plantations prouve le caractère contradictoire de la grève. Le All Ceylon Estate Workers Union (a Confédération des syndicats) qui est mené par le JVP n’a presque aucune influence sur ces travailleurs qui parlent surtout le tamoul et qui sont hostiles à la position de suprématie cinghalaise du JVP et à son soutien pour la guerre. Et pourtant, 90 pour cent des travailleurs des districts situés dans la région vallonnée centrale, tels Hatton, Thalawakele, Nuwara Eliya, Bogawantalawa et Bandaraweka, s’étaient joints au débrayage.

La grève des travailleurs de plantations ne représente pas un basculement du soutien en faveur du JVP, mais est une expression de leur situation économique de plus en plus désespérée dans des conditions où l’inflation se situe présentement à 30 pour cent. Les travailleurs des plantations font partie des sections les moins bien payées et les plus exploitées de la classe ouvrière sri lankaise. En cessant le travail hier, ils ont défié les directions des principales fédérations syndicales des plantations, le Ceylon Workers Congress (CWC) et le Upcountry Peoples Front (UPF), qui avaient lancé des appels à ne pas faire grève. Le CWC et l’UPF qui font également office de partis politiques sont tous les deux partenaires de la coalition dirigeante de Rajapakse.

Pour ce qui est des autres sections de travailleurs qui avaient précédemment fait grève pour une hausse de salaire, la participation a été faible. En octobre dernier, quelque 300 000 enseignants avaient participé à un mouvement de grève de 24 heures. Hier, moins de la moitié avait suivi l’arrêt de travail. Une section significative du personnel non médical des principaux hôpitaux avait rejoint la grève, tout comme le personnel du service de presse du gouvernement et de la manufacture gouvernementale. Peu de travailleurs des transports y ont participé. Plusieurs centaines de travailleurs d’entreprises privées y ont pris part.

Ceux qui avaient participé à la grève ont dû défier une campagne d’intimidation concertée de la part du gouvernement. Sous le prétexte de posséder des renseignements quant à une alerte à la bombe, des policiers et des soldats avaient été affectés à la surveillance de nombreux bâtiments gouvernementaux, des gares, des arrêts d’autobus et autres endroits dans Colombo. Mercredi, la police a arrêté des dirigeants syndicaux régionaux à l’hôpital Angoda qui n’ont été libérés que suite à un arrêt immédiat de travail des travailleurs. Jeudi, le gouvernement a dépêché des ministres et des conseillers provinciaux sur les lieux de travail dans le but d’intimider les travailleurs.

Le porte-parole de la Défense du gouvernement, Keheliya Rambukwella a déclaré mercredi que les grévistes faisaient le jeu du LTTE. Si le gouvernement accordait la revendication de 5000 roupies, a-t-elle dit, « le montant des dépenses de la défense devra être réduit, et c’est ce que veut le LTTE… Il pourrait donc bien y avoir un lien entre les deux (les syndicats et le LTTE) ».

Dans un discours prononcé mercredi au parlement, le ministre de la Santé, Nimal Siripala de Silva, a averti que « le gouvernement avait le droit d’écraser une action syndicale ». Il a ajouté : « Des actions syndicales avaient été écrasées même en Chine, en faisant usage de leur politique d’embauche pour licencier aussitôt après. » Cette dernière remarque avait été lancée à l’adresse du JVP qui se réclame du « socialisme » et qui maintient des liens étroits avec la bureaucratie stalinienne chinoise.

Tout indique que le National Trade Union Centre (NTUC) qui est contrôlé par le JVP s’adapte déjà à la propagande pro guerre du gouvernement et projette de mettre fin à l’actuelle grève pour une hausse des salaires. Le dirigeant du NTUC Lalkantha a dit dimanche au journal Irida Lakbima que si le gouvernement était prêt à faire quelques sacrifices pour la guerre alors « nous pouvons demander aux masses d’accepter l’augmentation de 625 roupies offerte par le gouvernement et "d’être patientes" ».

S’exprimant mardi lors de l’émission de télévision « Swarnavahini », Lalkantha a réitéré le soutien total du JVP à la guerre en disant : « Dès le début de la guerre nous avons invité la société à se mettre au service de la guerre. Nous avons même demandé à d’autres syndicats de ne pas lancer d’action de grève. » Il a promis : « Nous ferons grève sans entraîner le pays dans l’anarchie. »

Après la grève, le gouvernement n’a pas cédé d’un pouce aux revendications salariales. Dans un discours prononcé hier au parlement, le ministre des Médias, Anura Priayadarshana Yapa a mis en garde que l’UNP et le NTUC auront à subir des « conséquences désastreuses » s’ils recouraient une nouvelle fois à la grève. Le JVP et le NTUC ont annoncé qu’ils n’envisageaient pas d’action de grève en disant que les dirigeants syndicaux auraient des entretiens au sujet de la campagne.

Depuis le début, le Socialist Equality Party (SEP) met en garde que sans un programme politique s’opposant à la guerre, la classe ouvrière est incapable de défendre même les droits les plus fondamentaux. Nous demandons aux travailleurs qui sont en quête d’un moyen de lutte pour de meilleures conditions de salaire et de vie d’étudier sérieusement la déclaration du SEP « Un programme socialiste pour lutter pour une hausse des salaires et une amélioration des conditions de vie » et qui appelle à la construction de comités d’action afin d’arracher la campagne des mains des syndicats et de mettre en avant une perspective révolutionnaire dans le but de faire avancer la lutte.

(Article original paru le 11 juillet 2008)


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