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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Obama donne son appui à une présence militaire américaine à long terme en Irak

Par Patrick Martin
31 juillet 2008

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Ce week-end, le candidat démocrate à la présidence, Barack Obama, a réitéré son appui à une présence militaire américaine illimitée en Irak, réduisant ainsi davantage ses prétendues divergences avec l’administration Bush et le candidat présidentiel républicain John McCain.

Dans une entrevue avec le correspondant de Newsweek Richard Wolffe, publiée samedi sur le site Internet du magazine, Obama a insisté sur le fait que sa politique en Irak était celle d’un « retrait graduel » dans lequel les troupes américaines pourraient demeurer en Irak en grand nombre pour plusieurs années. « Ils auront besoin de notre aide durant un certain temps », a-t-il affirmé.

 « Nous devrons les aider logistiquement et leur fournir des services de renseignement », a ajouté Obama. « Nous devrons avoir une puissante force de contre-terrorisme. Nous devrons continuer à former leur armée et leur police et les rendre plus efficaces. »

Lorsqu’on lui demanda quelle devait être l’ampleur de la force nécessaire pour mener ces missions, Obama répondit : « Je crois que cela dépend entièrement de la situation. Il est difficile de prévoir quelle sera cette situation dans six mois, dans un an, ou dans un an et demi. »

La campagne de McCain a aussitôt souligné le commentaire d’Obama selon lequel les décisions de retrait des troupes allaient « dépendre de la situation », déclarant ainsi qu’il admettait la justesse de la politique menée par l’administration Bush et défendue par McCain, rejetant tout échéancier « artificiel » pour le retrait des soldats américains.

 « Barack Obama exprime finalement la position d’un niveau soutenu de soldats américains en Irak en fonction des conditions sur le terrain et de la sécurité du pays », a déclaré le porte-parole de McCain, Tucker Bounds. « C’est exactement la position que défend McCain depuis longtemps. »

La poussée marquée d’Obama vers la droite sur la politique étrangère a été remarquée ailleurs : en Israël, où des politiciens comme le dirigeant droitier du Likoud Benjamin Netanyahu, le premier ministre Ehoud Olmert et son rival du Parti travailliste Ehoud Barak ont tous accueilli la position du candidat démocrate sur l’Iran. Ecrivant dans le journal le plus distribué d’Israël, Yediot Aharanot, l’éditorialiste Itamar Eichner a déclaré : « Pour chaque crainte, interrogation ou question, Obama a tout de suite offert une réponse sioniste adéquate. »

Walter Russell Mead, un analyste conservateur de la politique étrangère, a commenté la convergence sur la politique étrangère d’Obama, de Bush et de McCain dans un éditorial publié dimanche dans le Los Angeles Times. « Le pèlerinage d’Obama à l’étranger semble indiquer un fait important : en pleine année politique acerbe, un vague consensus  sur le Moyen-Orient semblerait émerger », a-t-il écrit.

Selon lui, les quatre principales questions de politique sur lesquelles les deux candidats et l’administration Bush sont essentiellement d’accord sont les suivantes : une implication militaire américaine accrue en Afghanistan et en Asie centrale; l’usage de la force jugée nécessaire pour empêcher l’effondrement de l’actuel régime irakien; une allieance avec Israël contre les Palestiniens; et le maintien des pressions sur l’Iran, en employant la diplomatie, les sanctions et finalement la force, si nécessaire, pour empêcher Téhéran de développer des armes nucléaires.

Jubilant presque devant la gifle donnée à la vaste opposition populaire à la guerre en Irak, Mead ajouta : « Et, l’ironie des ironies, le consensus, apparemment adopté par Obama, semble être plus près des positions de Bush que de celles des activistes anti-guerre qui ont propulsé le sénateur de l’Illinois à la nomination. »

Le chroniqueur de droite mettait en évidence la plus importante caractéristique de la campagne présidentielle de 2008 : une fois de plus, comme lors des trois dernières élections, le parti démocrate sert de tombeau politique pour l’opposition au militarisme américain.

Des centaines de milliers de personnes, plusieurs d’entre eux des jeunes et des étudiants, ont appuyé la campagne d’Obama en espérant que son élection mènerait à la fin de la guerre en Irak. Obama a fait appel aux sentiments anti-guerre lors de la campagne pour les élections primaires contre Hillary Clinton, déclarant que la guerre « n’aurait jamais dû être autorisée et n’aurait jamais dû être lancée ».

Mais, alors qu’il passe le dernier obstacle du concours présidentiel – rassurer les sections les puissantes de l’élite dirigeante américaine qu’il va défendre leurs intérêts économiques et stratégiques, au Moyen-orient et partout dans le monde – Obama a abandonné son discours anti-guerre et a parlé ouvertement en tant que futur commandant en chef de l’impérialisme américain.

Le candidat présidentiel démocrate avait ce ton lors d’une entrevue accordée à « Meet the Press » et télédiffusée dimanche matin. A Tom Brokaw, de NBC, lui demandant pourquoi il ne voulait pas admettre que l’ « escalade » de Bush en Irak avait été succès, il répondit ainsi :

SÉNATEUR OBAMA : « d’essayer de choisir un facteur dans une situation compliquée n’est tout simplement pas exact et ça ne tient pas compte des questions stratégiques plus larges qui ont été en jeu pendant ce processus. Ecoutez, nous avons une capacité finie de ressources. Nous avons un nombre fini de troupes. Notre armée est poussée à la limite de manière exceptionnelle parce qu’on essaie de combattre deux guerres en même temps. Alors, mon boulot en tant que prochain commandant en chef sera de prendre la décision à savoir quelle guerre doit être menée et comment devons nous la combattre ? Et je pense que nous aurions dû nous concentrer sur l’Afghanistan depuis le début. Nous aurions dû finir ce travail. »

Notez la phrase : « Mon boulot en tant que prochain commandant en chef sera de prendre la décision à savoir quelle guerre doit être menée ».

Ainsi, le peuple américain aura le choix le 4 novembre entre voter pour la guerre #1 ou la guerre #2, l’Irak ou l’Afghanistan. En fait, ils se feront imposer les deux guerres, avec seulement de légères différences entre les Démocrates et les Républicains à propos de quelle guerre devrait recevoir la plus large proportion des ressources militaires américaines. Ceux qui s’opposent au militarisme américain, qui veulent mettre fin à l’oppression et à la violence causées par l’agression impérialiste à travers le Moyen-Orient et l’Asie centrale, ont été privés de leur droit de représentation par les deux partis de la grande entreprise.

Au cours de l’entrevue à « Meet the Press », Brokaw a fait référence aux intérêts matériels en jeu dans le Moyen-Orient lorsqu’il a demandé à Obama si les troupes retirées d'Irak « qui n’iraient pas en Afghanistan resteraient dans la région pour protéger les gisements de pétrole saoudiens ? » Obama a répondu que des troupes resteraient déployées dans le golfe Persique, sans préciser combien ni où.

Il y a une discussion de plus en plus ouverte dans la presse américaine au sujet des intérêts pétroliers qui ont motivé l'intervention américaine en Irak, une discussion sans doute encouragée par la perspective que les compagnies pétrolières américaines peuvent être sur le point de bénéficier concrètement du rôle dominant des Etats-Unis dans le pays conquis.

Le Washington Post, par exemple, a récemment publié deux éditoriaux affirmant que les réserves pétrolières de l'Irak étaient un intérêt vital des Etats-Unis. Le 16 juillet, le journal a attaqué le discours d'Obama sur l'Irak prononcé la veille dans lequel ce dernier réaffirmait son soutien pour un calendrier de retrait des troupes de combat américaines sur une période de 16 mois. Critiquant Obama pour avoir soutenu que l 'Irak détournait l'attention d'intérêts stratégiques plus larges, le Post a écrit : « C'est une manière irrationnelle et ahistorique de regarder un pays situé au centre stratégique du Moyen-Orient et possédant certaines des plus grandes réserves de pétrole au monde. Peu importe que la guerre ait été une erreur ou non, l'avenir de l'Irak est un facteur essentiel de la sécurité des États-Unis. S'il est élu président, M. Obama devra tôt ou tard aligner sa stratégie en Irak sur cette réalité. »

Un deuxième éditorial en date du 23 juillet a félicité Obama pour avoir pris une position plus flexible sur l'Irak, mais a critiqué son affirmation que l'Afghanistan devrait être le vrai « front central » des opérations militaires américaines. Il a onclu sur un ton remarquablement direct : « Bien que les Etats-Unis aient intérêt à empêcher la réapparition des talibans afghans, l'importance stratégique du pays n'est rien comparée à celle de l'Irak, qui se trouve au centre géopolitique du Moyen-Orient et contient certaines des plus grandes réserves de pétrole au monde. »

Ainsi parle l'impérialisme américain quand il ne cherche pas à masquer ses intentions. Le message du Post est le suivant : mettons de côté les belles phrases sur la lutte au terrorisme et les attaques du 11 septembre à venger ; c'est bon pour embobiner le peuple américain, mais aucun président ne peut prendre cela au sérieux ; la vraie question est de garantir le contrôle d'un pays « qui se trouve au centre géopolitique du Moyen-Orient et contient certaines des plus grandes réserves de pétrole au monde. »

Ceux qui veulent sincèrement mener une lutte contre la guerre impérialiste doivent réaliser qu'il est impossible de séparer les atrocités militaires commises par le Pentagone des intérêts socio-économiques de la classe dirigeante qui envoie l'armée sur le front. La lutte contre la guerre impérialiste exige une lutte politique contre le système de profit en son ensemble. Ceci signifie mobiliser la classe ouvrière comme force politique indépendante, sur la base d'un programme internationaliste et socialiste.


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