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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Une réponse socialiste à la hausse mondiale des prix de l’essence

Par le comité de rédaction
10 juillet 2008

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La hausse fulgurante des prix de l’essence des derniers mois alourdit énormément le fardeau des travailleurs aux Etats-Unis et internationalement. Alors que les prix à la pompe atteignent en moyenne plus de 4 $ le gallon aux Etats-Unis et qu’ils se dirigent vers 5 $ et même plus cet été, les familles ouvrières, devant déjà subir la hausse des prix de la nourriture, du logement, des soins et autres, subissent une baisse draconienne de leur niveau de vie.

En raison de l’étendue des zones métropolitaines américaines, les longues distances séparant la maison du travail et le manque généralisé d’investissement dans les transports publics, les travailleurs aux Etats-Unis sont davantage dépendants de leurs voitures que beaucoup d’autres dans les pays développés. Cela fait en sorte que la population est encore plus vulnérable à la hausse des prix de l’essence, qui ont grimpé de 38 pour cent depuis juillet dernier.

Selon un sondage mené par Associated Press et Yahoo News, neuf répondants sur dix prévoient être serrés financièrement au cours des six prochains mois en raison de la hausse des prix de l’essence et près de la moitié affirment que cela pourrait entraîner d’énormes difficultés. L’augmentation des coûts d’engrais, fabriqués à base de gaz naturel, et des coûts de transport a contribué à la hausse vertigineuse des prix de la nourriture. Les prix du diesel ont mené les camionneurs indépendants au bord de la faillite tandis que les industries de l’automobile et du transport aérien ont procédé à des mises à pied massives en raison de la hausse de prix du carburant.

Les conditions aux Etats-Unis font partie d’un phénomène international. Des manifestations de camionneurs, de fermiers et de pêcheurs ruinés par la hausse des coûts de l’essence se propagent à travers l’Espagne, la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et d’autres pays européens. La colère a aussi fait surface en Asie, des grèves et des manifestations prenant place à Hong Kong, en Inde, au Népal, en Indonésie et en Corée du Sud.

Plusieurs facteurs contribuent à l’actuel pic dans les prix du pétrole, qui est passé de 25 $ le baril en 2003 à plus de 140 $ aujourd’hui, augmentant de plus du double dans la dernière année seulement. Un important facteur est la baisse en valeur du dollar américain qui a incité les nations productrices de pétrole à hausser les prix afin de compenser la moindre valeur des paiements en dollars qu’elles reçoivent.

Les guerres et occupations de l’Irak et de l’Afghanistan, l’intensification des menaces américaines dirigées contre l’Iran et les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, en Afrique, en Russie et dans d’autres régions productrices de pétrole génèrent aussi des craintes quant à de possibles perturbations soudaines de la production. En plus, on s’entend de plus en plus pour dire que les ressources pétrolières mondiales diminuent et ne peuvent répondre à la demande, particulièrement en ce qui concerne le développement économique rapide de la Chine et de l’Inde.

L’effondrement du système économique mondial est au coeur de la crise. Durant des décennies, les politiciens, le patronat et les médias ont soumis les peuples du monde au discours très biaisé selon lequel le marché capitaliste est le moyen le plus rationnel de répartir les ressources de la société. Ce qui apparaît maintenant clairement est le conflit fondamental entre les besoins de la société moderne de masse et l’anarchie du système de profit.

Il est impossible d’évaluer précisément l’état des ressources énergétiques mondiales, car les pays producteurs de pétrole et les conglomérats de l’énergie ont tout intérêt à ne pas dévoiler leurs « secrets d’entreprise » à la population. Une opposition patronale et politique bien établie a essentiellement écrasé la possibilité de développement à grande échelle d’alternatives durables et sécuritaires pour l’environnement, bien que la technologie existe, dans certains cas, depuis des décennies.

Les « solutions » produites dans le cadre du système capitaliste n’ont fait qu’exacerber la crise. Le développement des biocarburants en est un parfait exemple. Même en acceptant que les biocarburants contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ce qui est très controversé, leur production n’a fait qu’augmenter drastiquement le prix du maïs et d’autres cultures, perturbant la production à travers le monde. Toute cette entreprise est directement liée aux intérêts des monopoles agroalimentaires, tels que ADM et Cargill, qui sont tout particulièrement préoccupés, non pas par la lutte contre le réchauffement climatique, mais bien par la qualité de leurs résultats financiers.

L’utilisation rationnelle des ressources pétrolières et le développement de véritables solutions exigent un niveau sans précédent de coopération internationale et la répartition des ressources technologiques, matérielles et humaines mondiales. Cela demeurera impossible tant que le capitalisme divisera le monde en Etats-nations rivaux, chacun cherchant à avoir l’avantage sur l’autre.

La course folle au contrôle des ressources pétrolières restantes a entraîné une lutte violente dans laquelle l’invasion sanglante américaine et l’occupation de l’Irak ne sont qu’un épisode. Toutes les grandes puissances, dont les Etats-Unis, la Chine, l’Europe et le Japon, cherchent à contrôler le Moyen-Orient, la région Caspienne, l’Arctique et l’Antarctique et même les fonds marins des océans du globe. La lutte pour les ressources menace encore une fois le monde d’une nouvelle série de guerres impérialistes qui pourraient menacer la survie même de l’humanité.

Spéculation financière

Un autre aspect majeur de la hausse des prix mondiaux de pétrole est la frénésie spéculatrice qui a émergé sur la New York Mercantile Exhange et d’autres marchés de marchandises. L’instabilité globale grandissante des cinq dernières années — la chute du dollar, l’éclatement de la bulle spéculative des points com, l’effondrement de la bulle des prêts hypothécaires à haut risque, etc — a mené plusieurs riches investisseurs à déplacer leur argent vers le marché des marchandises, où ils peuvent s’engager dans l’achat et la vente de marchandises achetées à terme comme le pétrole, le maïs où l’or, misant essentiellement sur la hausse continue des prix.

Avec peu de régulation provenant de la Commission des marchés de marchandises à terme (CFTC), les investisseurs ont augmenté leurs achats de marchandises achetées à terme par vingt fois pendant les cinq dernières années, de 13 milliards de dollars en 2003 à 290 milliards en 2008. Ce flux spéculatif a maintenant créé une autre bulle qui a vu les prix des 25 denrées les plus importantes augmenter de près de 200 pour cent pendant la même période.

Dans la plupart des cas, les spéculateurs ne reçoivent jamais la livraison du pétrole qu’ils achètent. Plutôt, ils sont engagés dans un schéma complexe de contrats d’échanges — avec très peu d’argent sur la table — dont l’impact cumulatif est d’augmenter les prix et de garantir de grosses sommes en retour pour les fonds spéculatifs (hedge funds), les investisseurs institutionnels et d’autres investisseurs. Selon certains estimés, la spéculation a ajouté jusqu’à 50 dollars au prix actuel du baril de pétrole.

Montrant que l’administration Bush soutient ceux qui profitent de la situation pour s’enrichir, le secrétaire du Trésor américain, Henry Paulson, a dit à CNN le 10 juin : « Je ne crois pas que les investisseurs financiers sont responsables à un quelconque niveau de ce mouvement de prix. C’est l’offre et la demande. »

De tels commentaires ne font que mettre en évidence la servilité du système politique américain envers l’aristocratie financière. Le marché capitaliste n’est pas un arbitre impartial des relations économiques. Il peut être et a été manipulé par les intérêts financiers les plus puissants dans le but d’accroître leurs profits.

L’année dernière, British Petroleum a accepté de payer 373 millions de dollars pour mettre fin à une enquête du Ministère de la justice américain sur la pratique de BP consistant à arranger les prix dans le marché de l’huile à chauffage, bien que c’est un fait notoire que Enron avait manipulé l’approvisionnement en électricité allant jusqu’à déclencher une panne de courant en Californie.

Dans le cas des bulles pétrolières, les fonds spéculatifs et les sociétés financières importantes, comme Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan, sont allés chercher jusqu’à 200 pour cent en retour sur investissements. Kenneth Griffin, le chef du négociant en énergie Citadel Investment Group, a récolté 1,5 milliard de dollars en 2007. Steven Cohen de SAC Capital Advisors a fait 900 millions de dollars.

De plus, la montée des prix a été une manne pour les grandes compagnies de pétrole, ExxonMobil, Chevron et les cinq autres plus grandes entreprises récoltant 36 milliards en profit pendant le premier trimestre de cette année et récompensant leurs PDG à coups de millions de dollars.

Les partis n’offrent pas d’alternative

Comme tous les autres problèmes sociaux qui frappent les travailleurs, des saisies de maisons aux pertes massives d’emplois en passant par la croissance des inégalités sociales et le danger de la guerre, les partis politiques capitalistes partout dans le monde n’ont aucune solution à la hausse renversante des prix du pétrole, peu importe qu’ils se qualifient de conservateurs, sociaux-démocrates, verts ou socialistes. Plutôt, ils sont tous d’accord sur le fait que la classe ouvrière doit accepter une réduction massive de sa consommation afin de payer pour la crise du système capitaliste mondial.

Aux Etats-Unis, ni le candidat républicain, ni le candidat démocrate pour la présidence n’a quelque chose à offrir. John McCain a offert 300 millions de dollars de récompense pour la conception d’une voiture électrique, la suspension de la taxe fédérale sur l’essence de 18 cents pour les mois d’été et le retrait de restrictions environnementales pour la prospection en mer.

De hauts conseillers de McCain, incluant le vice-président de sa campagne, Phil Gramm, un ancien sénateur du Texas, sont responsables de la déréglementation du marché de l’énergie mise de l’avant par Enron qui a frayé la voie à la présente explosion de spéculation.

Dans un effort pour se présenter comme un opposant populiste aux compagnies de pétrole et aux spéculateurs, Barack Obama a demandé à ce que les compagnies énergétiques payent une taxe sur le profit et il a appelé à la fermeture de « l’échappatoire Enron ». Cela n’ira nulle part, cependant, vu que de larges sections des démocrates, particulièrement ceux provenant des états riches en pétrole, s’opposent à toutes les taxes sur les conglomérats énergétiques pendant que Wall Street — qui a jeté la majeure partie de son argent derrière la campagne d’Obama — s’oppose à toute régulation sérieuse de la spéculation.

Obama lui-même a des liens étroits avec l’industrie des biocarburants et compte parmi ses plus hauts conseillers un ancien lobbyiste provenant de l’Institut américain du pétrole et d’ex-responsables dans l’administration Clinton qui ont joué des rôles clés dans la dérégulation des marchés financiers. Dans le but de gagner l’appui de ses commanditaires des entreprises et du monde des finances, Obama a régulièrement insisté qu’il ne prendra aucune mesure qui menacerait leurs intérêts. On peut lire ceci sur le site web du candidat démocrate: « Barack Obama reconnaît qu’il est critique que les compagnies pétrolières et les actionnaires aient d’importantes mesures incitatives pour diriger des entreprises bien gérées qui investissent dans l’efficacité et l’innovation. »

Loin d’être source d’efficacité et d’innovation, le système de profit menace aujourd’hui des dizaines de millions de personnes de par le monde de faim et de malnutrition et d’augmentation des prix du pétrole. Les travailleurs ne sont pas responsables de la crise du système capitaliste et n’ont pas à en payer le prix.

Des mesures d’urgence doivent être mises en place pour défendre le niveau de vie de la population travailleuse. Parmi celles-ci, il faut l’augmentation automatique des salaires selon le coût de la vie pour protéger le pouvoir d’achat des travailleurs face à la hausse des prix.

Il y a des dizaines d’années, des syndicats tels celui de l’automobile aux Etats-Unis ont lutté et obtenu un programme d’ajustement au coût de la vie, des clauses ascenseurs, en vertu duquel les salaires étaient augmenté automatiquement avec l’augmentation du coût de la vie. Les syndicats ont depuis longtemps abandonné de telles demandes et demandent plutôt aujourd’hui que les travailleurs acceptent d’importantes diminutions de salaire pour assurer la profitabilité des compagnies. Ils insistent, aux côtés des partis capitalistes, que les travailleurs se soumettent à l’augmentation des prix en se serrant la ceinture et en acceptant une diminution permanente de leur niveau de vie.

Le Parti de l’égalité socialiste réclame un ajustement des salaires selon l’inflation et d’autres mesures d’urgence pour protéger les travailleurs face aux prix écrasants du pétrole, notamment :

* Le lancement d’enquêtes sur les pratiques des conglomérats et des spéculateurs dans le secteur énergétique, ainsi que des agences gouvernementales qui ont donné leur aval au pillage de la société.

* L’expropriation des gains mal acquis par les investisseurs et les PDG du secteur des denrées de base qui serviront à créer un fonds d’urgence public pour venir en aide à la population.

On ne peut lutter et obtenir ces mesures immédiates qu’avec le développement d’un nouveau mouvement politique de masse de la classe ouvrière en opposition au système de profit.

Toutefois, ces mesures ne sont qu’un premier pas. Ce qu’il faut, c’est la réorganisation fondamentale de l’industrie de l’énergie et du système financier aux Etats-Unis et à l’échelle internationale en vue de satisfaire les besoins humains et non accroître les profits capitalistes.

Pour briser la mainmise des conglomérats de l’énergie, ExxonMobil, Chevron, ConocoPhillips, British Petroleum, Shell et les autres compagnies multinationales doivent être converties en services appartenant à la population et sous contrôle démocratique dans le cadre d’une économie socialiste planifiée.

Les grandes ressources énergétiques du Moyen-Orient et des autres pays producteurs de pétrole — qui appartiennent maintenant à la famille royale saoudienne et aux autres élites de régimes défendus par la puissance militaire des Etats-Unis — doivent être placées sous le contrôle démocratique des travailleurs de ces pays.

De cette façon, l’exploration, le développement et l’utilisation des réserves d’énergie pourront être guidés par un plan international rationnel qui sera publiquement débattu et démocratiquement approuvé par la classe ouvrière et qui sera basé sur une distribution juste et équitable visant à subvenir aux besoins de toute la population mondiale.

Au même moment, d’importantes ressources doivent être allouées au développement d’une énergie sûre pour l’environnement, renouvelable et bon marché.

Des décennies d’efforts par les monopoles énergétiques, l’industrie de l’automobile et le gouvernement américain pour empêcher le développement d’un système de transport public doivent être contrecarrées par des centaines de milliards de dollars dans des systèmes de transport de masse urbain et de trains légers ainsi que dans le développement d’automobiles économes en carburant. Cela est crucial, non seulement pour les Etats-Unis, mais pour l’Inde et la Chine, où l’augmentation rapide de l’utilisation de véhicules utilisant le pétrole risque de provoquer un désastre écologique.

La principale cause des problèmes qui frappent l’humanité n’est pas le manque de ressources, mais le caractère irrationnel du système capitaliste. Ce dernier accapare d’immenses ressources tirées de la créativité et du travail humains dans le but d’enrichir une élite déjà incroyablement riche. Les ressources productives et naturelles du monde doivent être libérées des contraintes de la propriété privée capitaliste et du système des États-nations pour être organisées d’une manière scientifiquement planifiée, rationnelle et démocratique pour pouvoir affronter les défis du 21e siècle.

Ceci exigera une lutte contre les gouvernements du monde qui représentent l’élite financière et des compagnies, pas les gens ordinaires. Aux Etats-Unis, cela exige une rupture avec le Parti démocrate et la construction d’un nouveau parti politique de la classe ouvrière basé sur un programme socialiste et internationaliste.

(Article original en anglais paru le 5 juillet 2008)


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