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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les conducteurs de trains en grève contre les attaques sur leurs conditions de travail

Par Antoine Lerougetel
8 novembre 2008

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Le service ferroviaire a été largement perturbé dans toute la France lorsque les conducteurs de trains ont fortement suivi l’appel à la grève d’une journée, jeudi 6 novembre, lancé par SUD (Solidarité-Unité-Démocratie) et la CGT (Confédération générale du travail.) Ces deux confédérations syndicales, représentant 60 pour cent des conducteurs, protestent contre les attaques sur les conditions de travail dans le secteur du fret de la SNCF (Compagnie nationale des chemins de fer français.)

C’est la première grève nationale organisée depuis que l’éruption de la crise financière en septembre dernier a contraint les gouvernements en France et de par le monde à renflouer les banques à grand renfort d’injections massives d’argent public, sur fond de récession qui va s’aggravant rapidement et de chômage en nette augmentation.

La grève a commencé à 20 heures mercredi pour s’achever à huit heures vendredi matin. La moitié des trains régionaux (TER) et des trains corail ne circulait pas et la circulation des TVG (train à grande vitesse) était réduite de 25 à 50 pour cent. Il y avait un train sur deux sur les lignes très fréquentées du RER (réseau express régional) parisien. Les trains de banlieue autour des principales gares parisiennes ont été les plus touchés, avec 35 pour cent seulement des trains de banlieue circulant à partir de la gare de Lyon. Le métro et les bus parisiens n’ont pas été touchés par ce mouvement.

La CGT et SUD-rail avaient lancé le mot d’ordre de grève le 30 octobre pour s’opposer au projet de la direction de faire appel à des conducteurs volontaires pour travailler sans se conformer à la réglementation existante. En juin dernier, les cheminots avaient déjà observé deux jours de grève pour protester contre ce projet. Les syndicats cherchent à faire pression sur une commission paritaire qui se réunira le 12 novembre prochain pour discuter du projet.

L’Agence France-Presse a rapporté le 3 novembre : « La direction de la SNCF a lancé cet été un appel à des volontaires parmi les conducteurs pour travailler sous un statut "transitoire" dans le domaine du fret. Elle a indiqué que 800 conducteurs sur 4000 avaient répondu à cet appel. »   

La SNCF prétend que pour faire face à la concurrence du privé, elle doit « faire évoluer les conditions de travail des conducteurs » du fret en introduisant « des souplesses dans la réglementation » (c’est-à-dire modifier les temps de repos). Les conducteurs pourront avoir des missions plus longues et devront être plus souples dans leurs horaires.

Il y a aussi des projets pour rendre les travailleurs « poly-compétents » c’est-à-dire interchangeables dans la réalisation de différentes tâches dépassant le cadre du poste pour lequel ils sont employés. Les cheminots voient ceci comme une régression qui mine leurs conditions de travail et menace celles de toute l’industrie.

On peut dire que le fait que cette grève des conducteurs ait été fortement suivie participe du mouvement de résistance grandissante aux mesures d’austérité du gouvernement et qui se manifestent par des coupes budgétaires dans l’éducation et la santé, l’allongement incessant des années de cotisation nécessaires pour profiter d’une retraite à taux plein, l’érosion de la protection offerte par le Code du travail, l’augmentation du chômage et la perte du pouvoir d’achat des salaires.

Bien que les conducteurs de trains de passagers ne soient pas directement touchés par ces changements proposés des conditions de travail de leurs collègues du secteur du fret, ils ont massivement soutenu l’action. Ceci est tout à fait significatif car, contrairement aux conducteurs de fret, ils sont légalement tenus de se conformer à la nouvelle réglementation de service minimum, imposée au secteur passager au début de l’année en même temps que la trahison et la défaite de leur lutte pour la défense de leur régime spécial de retraite. Avec cette nouvelle réglementation, les conducteurs de trains de passagers sont tenus de notifier, par écrit et deux jours avant, leur intention de faire grève. On aurait pu s’attendre à ce que cela ait un effet dissuasif.

Fabien Villedieu, conducteur de fret de la gare de Lyon à Paris et syndiqué à SUD a dit au World Socialist Web Site, « Cette question du RH007 [le code réglementant les périodes de travail et de repos] est la continuation de la perte de nos droits, représentée par l’attaque sur les régimes spéciaux de retraite et la réglementation du service minimum. C’est la première fois que l’on touche à la réglementation de notre temps de repos de façon négative. Avant, tous les changements signifiaient des améliorations. »

 « Ils vont commencer par le fret et après ce sera le tour de tous les cheminots. Un nombre surprenant de conducteurs de trains de passagers s’est engagé à soutenir l’action. »

Le système ferroviaire français est ouvert à la concurrence du privé dans le secteur du fret depuis 2006, et les entreprises privées représentent 10 pour cent du marché du fret ferroviaire. Un tract de la CGT fait remarquer qu’en 2007, à peine 40GTK (giga tonnes kilomètre) de fret étaient transportés par la SNCF pour un déficit d’environ 260 millions d’euros et que la perspective pour les cinq années à venir  était de « seulement 44 GTK contre une mobilité forcée, des emplois supprimés, une réglementation perdant toute substance en matière de santé, de sécurité et de vie de famille ».

Bruno Duchemin, secrétaire général du syndicat exclusivement de conducteurs de train, la FGAAC (Fédération générale autonome des agents de conduite, qui représente près de 30 pour cent des conducteurs) qui n’a pas appelé ses syndiqués et sympathisants à faire grève, a fait remarquer, « Mais on ne peut pas demander à un conducteur de travailler huit heures de nuit sans pause. »

Il ne rejette cependant pas en bloc la réforme et poursuit, « Il faudra trouver des compensations financières mais aussi des solutions pour la sécurité et le repos des agents. » Il dit que son syndicat se prépare à une possible « grève illimitée » à partir du 17 novembre.

Les conducteurs représentent environ 10 pour cent des 160 000 travailleurs employés par la SNCF. La direction essaie de casser le statut spécial des conducteurs de trains et d’intégrer les conducteurs de fret dans une « famille du fret » où ils seraient partie intégrante d’une main d’oeuvre de cheminots du fret incluant toutes les catégories. Cette suppression de leur statut spécial pourrait alors s’étendre au secteur du transport des passagers.

La combativité traditionnelle des conducteurs de trains, qui ont toujours puisé leur force dans leur capacité à stopper immédiatement le trafic ferroviaire et ainsi faire pression sur le gouvernement, ne suffira pas à faire reculer le capitalisme français qui cherche par tous les moyens à rester compétitif en diminuant les droits et le niveau de vie de tous les travailleurs.

Les travailleurs ne doivent pas mettre leur confiance dans les actions syndicales sectorielles, ni dans les syndicats pour les défendre contre cette offensive. La CGT et d’autres syndicats, rejoints par SUD-rail, à la table ronde de fin 2007, ont négocié la fin de la lutte contre le démantèlement des régimes spéciaux de retraite. La CGT et la CFDT (Confédération française démocratique du travail, proche du Parti socialiste) ont collaboré avec le gouvernement et le patronat cette année pour déréglementer la durée hebdomadaire du temps de travail avec la « Position commune ».

La lutte pour défendre les droits, les conditions de vie et les services sociaux des travailleurs ne peut être menée qu’en rompant avec les syndicats et en construisant des organisations indépendantes de lutte, des comités d’action qui relient leur lutte avec les collègues de l’ensemble de l’industrie ferroviaire à l’échelle européenne et avec les travailleurs de tous les autres secteurs qui sont confrontés à des attaques similaires.

(Article original anglais paru le 7 novembre 2008)


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