Sur fond
d’annonce de suppressions d’emplois et de mesures d’austérité dans l’industrie
automobile, la bourse allemande a chuté jeudi de façon spectaculaire.
Selon les médias,
le groupe Volkswagen projette de supprimer jusqu’à 25 000 postes
d’intérimaires et de sous-traitants. La direction du groupe à Wolfsburg dément
que des décisions ont déjà été prises tout en confirmant cependant qu’un
« programme de crise » est sur le point d’être élaboré.
Le quotidien Frankfurter
Rundschau cite ainsi le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn,
« Nous ne pourrons pas éviter de procéder à des coupes sévères. »
S’adressant à 500 cadres de l’entreprise à Wolfsburg, Winterkorn a dit, « Jamais
les perspectives n’ont été aussi mauvaises et incertaines. » Afin de
contrecarrer l’impact de la baisse des ventes, les équipes furent immédiatement
réduites et le surplus de capacité supprimé.
Alors que le
conseil d’entreprise tentait d’apaiser le personnel en disant que les articles
de presse ne servaient qu’à semer la panique et étaient « du n’importe
quoi », l’expert allemand de l’industrie automobile Ferdinand Dudenhöffer
a dit que, selon lui, le licenciement de 25 000 travailleurs intérimaires
était « loin d’être irréaliste ».
Il a dit au micro
de NDR Info, « Avec le passage à la nouvelle année, nous devons
nous attendre à de tels chiffres. » L’industrie automobile était
sérieusement touchée par la crise financière, a-t-il ajouté.
Les perspectives
sont tout aussi sombres pour la firme Daimler. L’entreprise qui fabrique les
voitures Mercedes a abaissé sa prévision de bénéfice pour la deuxième fois en
quelques mois et a présenté des résultats trimestriels catastrophiques.
L’entreprise a annoncé jeudi qu’elle s’attendait à un résultat d’exploitation
de 6 milliards d’euros. Cet été, le président du directoire de Daimler Benz,
Dieter Zetsche, avait déjà revu à la baisse les prévisions à environ 7
milliards d’euros au lieu des 7,7 milliards d’euros initialement prévus.
Au troisième
trimestre, les résultats avant impôt et charges financières sont tombés de 1,89
milliard d’euros à quelques 650 millions d’euros. Ceci est principalement dû à
l’effondrement des bénéfices d’exploitation chez Mercedes qui ont chuté au
troisième trimestre de 92 pour cent pour passer à seulement 112 millions
d’euros.
Vendredi, le constructeur automobile Peugeot a divisé par deux
ses prévisions de bénéfices en prédisant une marge opérationnelle de tout juste
1,3 pour cent au lieu des 3,5 pour cent qu’il avait précédemment escomptés. Le
chiffre d’affaire de 2008 sera d’environ 3,5 pour cent inférieur à celui de
2007.
Des réductions « massives » de production sont
prévues au quatrième trimestre. Au troisième trimestre le chiffre d’affaires de
Peugeot a accusé une baisse de 5,2 pour cent atteignant 13,3 milliards d’euros.
« Renault est également sceptique quant à son avenir
proche » écrit l’hebdomadaire Der Spiegel. Les bénéfices
opérationnels pour 2008 sont tombés de 2,5 à 3 pour cent a dit jeudi soir
l’entreprise. En réaction à la baisse des ventes, le constructeur automobile
français a arrêté provisoirement la production de l’ensemble de ses usines. La production
sera interrompue à partir de la semaine prochaine et durera « une ou deux
semaines » selon un représentant du syndicat CGT.
Volvo, le deuxième fabricant mondial de poids lourds a annoncé
une chute de plus 36 pour cent de ses bénéfices et a revu à la baisse ses
prévisions pour l’ensemble de l’année. Le groupe suédois avait anticipé pour
l’exercice actuel une baisse de dix pour cent de son chiffre d’affaires pour
l’Amérique du Nord. En Europe également ses ventes ont baissé. Le constructeur
japonais Toyota a annoncé un déclin de quelque 22 pour cent de ses ventes en
Allemagne par rapport à la même période de l’année dernière.
Fiat a annoncé jeudi qu’il s’attendait aussi à ce que ses
bénéfices diminuent considérablement l’année prochaine. Le géant italien de
l’industrie automobile a prévenu que des conditions commerciales médiocres
signifieraient une réduction de 65 pour cent des profits.
En Europe, le nombre de nouveaux véhicules vendus a chuté en
septembre de 8 pour cent par rapport à l’année précédente, pour atteindre
environ 1,3 million de véhicules. Les clients retardent leur décision d’achat
et ont des difficultés à financer l’acquisition d’une nouvelle voiture, selon
l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA).
Pour la deuxième fois, Opel a interrompu sa production dans
son usine de Bochum, où les chaînes de montage sont actuellement à l’arrêt et
ce pendant deux semaines. A Eisenach, ses usines sont en chômage depuis une
semaine et la production restera interrompue jusqu’à la fin du mois. Les usines
Opel d’Anvers (Belgique) et d’Ellesmere Port (Grande-Bretagne) sont restées
fermées pendant deux semaines.
Dans l’usine de Kaiserslautern qui livre des pièces aux usines
de Bochum et d’Eisenach, quelque 550 des 2400 travailleurs ont été mis en
chômage technique partiel. A Bochum, la semaine habituelle de vacances de Noël
a été portée à deux semaines, à partir du 16 décembre.
A Luton (Grande-Bretagne), Gleiwitz (Pologne), Trollhättan
(Suède) et Saragosse (Espagne) la production sera stoppée la semaine prochaine.
Blâmant un manque de commandes suffisantes du marché
américain, le constructeur américain Ford projette à partir de novembre de
mettre à l’arrêt pour cinq semaines certaines unités de production de moteurs.
820 des 17 300 travailleurs employés à l’usine de Cologne sont concernés
par cette mesure. L’on s’attend à ce qu’une décision sur l’avenir de l’usine de
moteurs Ford de Cologne soit prise d’ici la fin de l’année. La direction du
groupe avait précédemment annoncé qu’elle cesserait la production des moteurs
six cylindres à l’usine de Cologne.
Alors que les travailleurs de l’industrie automobile de par le
monde sont confrontés à des attaques grandissantes de leurs emplois et de leurs
conditions de travail, les comités d’entreprise et les syndicats cherchent à
contenir la colère des travailleurs en lançant des appels au calme. Déterminés
à empêcher que se développe toute résistance sur les lieux du travail contre
les suppressions d’emploi et les éventuelles fermetures d’usines ils protègent
les patrons
Là où des usines sont menacées, comme à Cologne par exemple,
ils essaient de monter un site contre l’autre. C’est ainsi qu’à l’usine Ford de
Cologne, le comité d’entreprise insiste que face à la fermeture imminente de
l’usine, la production de moteurs trois cylindres ne soit pas être assurée en Roumanie,
mais doit venir à Cologne.
Une stratégie internationale pour la défense de l’emploi des
travailleurs de l’industrie automobile et des millions de travailleurs de
l’équipement automobile ne peut être élaborée qu’en opposition à la politique
nationaliste et corrompue des syndicats.