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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Italie : le gouvernement Berlusconi cherche à réhabiliter le fascisme

Par Marianne Arens
20 septembre 2008

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Quelques mois après sa prise de pouvoir, le gouvernement italien de droite devient de plus en plus explicite quant à ses déclarations politiques. Des membres en vue de la coalition dirigeante menée par Silvio Berlusconi ont récemment lancé une campagne concertée de réhabilitation du fascisme.

Ce fut Berlusconi qui a donné le signal de départ peu après son entrée en fonction comme premier ministre. Le 25 avril, journée de la Libération de l’Italie du fascisme, Berlusconi a déclaré que tout en reconnaissant la résistance anti-fasciste (Resistenza), il était aussi nécessaire de comprendre les raisons des « Ragazzi di Salò. »

Berlusconi faisait référence à ceux des soldats italiens qui ont défendu la « république de Salò » de Benito Mussolini. Cette soi-disant « république sociale italienne » avait été établie par des fascistes italiens et avait existé dans le Nord de l’Italie de 1943 à 1945 sous la protection militaire du régime de l’Allemagne nazie.

Des commentaires identiques avaient été faits durant la campagne électorale du printemps par l’homme d’affaires et sénateur Giuseppe Ciarrapico, un ami proche de Berlusconi. « La république sociale italienne n’a envoyé personne dans les camps de concentration, c’étaient les Allemands, » a déclaré Ciarrapico.

A présent, le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa, a également fait part de son admiration pour les fascistes italiens. Profitant de la cérémonie commémorative en l’honneur des combattants de la résistance de Rome de septembre 1943, La Russa a évoqué ceux des fascistes qui s’étaient ralliés à Mussolini après la capitulation officielle de Rome.

Puis, le 8 septembre, lors d’une cérémonie commémorative durant laquelle le président Giorgio Napolitano a déposé une couronne de laurier au monument des partisans de Rome à la Porta San Paolo, La Russa a déclaré que, pour sa part, il se sentait obligé de rappeler la mémoire des soldats qui ont été au service de la « république sociale italienne. »

La Russa a dit : « Ce serait ne pas écouter la voix de ma conscience que de ne pas commémorer les soldats de la république sociale de Salò qui, de leur point de vue, se sont battus pour les valeurs de la patrie et ont résisté à l’avancée des troupes anglo-américaines en Italie. Ils méritent aussi le respect de tous ceux qui considèrent l’histoire de l’Italie avec objectivité. »

Bref récapitulatif : Le 8 septembre 1943, le chef du gouvernement italien, Pietro Badoglio, concluait un armistice avec les forces alliées qui avaient débarqué en Sicile et dans le Sud de l’Italie. L’armée allemande avait réagi en encerclant Rome, en libérant Mussolini de la forteresse où il était détenu et en l’installant à la tête de la république de Salò nouvellement formée dans le Nord de l’Italie. Alors que Badaglio et le roi fuyaient vers le Sud contrôlé par les alliés, 800.000 soldats italiens étaient désarmés par les troupes nazies.

La défense de la capitale italienne fut laissée au seul soin des partisans engagés dans des luttes héroïques contre les troupes nazies. Il faudra neuf mois supplémentaires avant que Rome ne soit libérée par les troupes alliées en progression. Durant ce temps, la déportation de Juifs italiens vers les camps de concentration allemands ne cessait de croître (sous le nez du Vatican !)

Ignacio Benito Maria La Russa, dont le deuxième prénom est le même que celui du dictateur Benito Mussolino, est le président de l’Alliance nationale (Alleanza nazionale, AN), l’un des partis à s’être fondu dans le parti Peuple de la liberté (Popolo della Libertà, PdL), l’alliance droitière de Berlusconi. En mai, il fut nommé ministre de la Défense. A l’image de son père, La Russa fut un membre actif du principal parti fasciste italien d’après-guerre, le Mouvement social italien (Movimento sociale italiano, MSI), le précurseur de l’Alliance nationale.

La Russa est le ministre du gouvernement Berlusconi qui est présentement responsable du déploiement de soldats à l’intérieur du pays tout en transformant d’anciennes casernes militaires en camps d’internement pour des immigrés « illégaux » afin de les garder militairement.

Suite à la réélection de Berlusconi, des membres de la post-fasciste Alliance nationale occupent des positions de haut niveau dans le pays. La Russa est ministre de la Défense, tandis que le président de l’AN, Gianfranco Fini, est le nouveau président de la Chambre des députés italiens. Le nouveau maire de Rome, Gianni Alemanno, a également un passé fasciste.

Alemanno a défendu dernièrement le fascisme dans une interview accordée au journal Corriere della Sera. Peu de temps avant son départ pour Israël et une visite du mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, Alemanno avait déclaré que le fascisme avait aussi eu ses bons côtés et que l’Allemagne de Hitler avait fait un tort considérable en imposant les lois raciales de 1938 en Italie.

« Le fascisme était un phénomène plus complexe, » a déclaré Alemanno. « Nombreux étaient ceux [de ses partisans] qui y ont adhéré en toute bonne foi. Ce qui était tout à fait mauvais c’étaient les lois raciales que le fascisme avait reprises et qui scellèrent son destin politique et culturel. » Ces lois auraient été « une concession faite au nazisme » et n’auraient au départ eu rien à voir avec le fascisme.

Dans sa jeunesse, Gianni Alemanno avait été membre du « Front de la jeunesse » de MSI, le parti qui était le lien direct au fascisme de Benito Mussolini. Il est marié avec la fille de Pino Rauti qui est un membre fondateur du MSI et qui a fondé en 1956 le mouvement terroriste d’extrême droite Ordine Nuovo. Deux semaines à peine après les élections législatives qui devaient mener la coalition de Berlusconi au pouvoir, Alemanno était élu premier maire de droite de Rome depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les déclarations de La Russa et d’Alemanno réfutent la version officielle selon laquelle l’Alliance nationale aurait subi un « nettoyage » sous son président Gianfranco Fini et se serait distancée du fascisme. En 2003, lors d’une précédente visite à Yad Vashem, Fini avait déclaré, dans le but de rendre son parti plus présentable, que le fascisme était « tout à fait mauvais ».

La dernière tentative de réhabiliter le fascisme est entièrement fondée sur des prémisses frauduleuses. Non seulement Mussolini a persécuté ses adversaires politiques, aboli les élections libres et les syndicats en Italie, mené une guerre coloniale sanglante et militarisé la société entière ; la discrimination raciale fut également une partie intégrante du fascisme italien. Les Italiens d’origine aryenne et juive furent empêchés de vivre ensemble, les Slaves furent considérés comme inférieurs et le régime de Mussolini chercha à introduire un contrôle des naissances pour pouvoir préserver la « pureté de la race. » Durant la guerre contre l’Abyssinie, le gouvernement fasciste de Rome tenta également de justifier ses attaques au gaz perpétrées contre la population autochtone en avançant l’argument que les Abyssiniens étaient une race « inférieure. »

(Article original paru le 16 septembre 2008)


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