La police sri lankaise a refusé de libérer
Velummailum Kamalthasan, un membre du Parti de l’égalité socialiste (Socialist
Equality Party, SEP) ainsi qu’un membre de sa famille, Santhiralingam
Ilancheliyan, qui sont tous deux détenus sans chef d’inculpation depuis cinq
jours au poste de police de Negombo.
Le prétexte fourni à leur détention est de
permettre à la police d’obtenir de « plus amples renseignements » au
sujet d’un quelconque lien avec les Tigres de libération de l’Eelam tamoul
(LTTE). Dans le cadre de l’intensification par le gouvernement de la guerre
contre le LTTE, les forces de sécurité ont interpellé des milliers de Tamouls en
les soupçonnant d’être des « membres du LTTE » en application de la draconienne
loi antiterrorisme en vigueur dans le pays.
La police prolonge le maintien en détention
des deux hommes en dépit d’une lettre que le secrétaire général du SEP, Wije
Dias, a envoyée mercredi à l’Inspecteur général de la police confirmant que
Kamalthasan est un membre du parti. Tout en rejetant la reprise de la guerre
par le gouvernement, le SEP est parfaitement connu pour son opposition de
longue date au programme séparatiste du LTTE et aux actes terroristes en
général.
Le SEP et l’International Students for Social
Equality (Internationale étudiante pour l’égalité sociale, ISSE) invitent les
travailleurs et les jeunes ainsi que les lecteurs du World Socialist Web
Site à écrire d’urgence aux autorités sri lankaises pour exiger la
libération immédiate et inconditionnelle de Kamalthasan et d’Ilancheliyan.
Les deux hommes ont été interpellés lundi
matin alors qu’ils voyageaient en autocar de Negombo à Colombo. La police effectuant
un contrôle des passagers de l’autocar les a fait descendre pour les
questionner. Bien qu’étant en possession de justificatifs délivrés par le poste
de police du lieu de résidence confirmant leur identité, ils ont été emmenés au
commissariat de police de Negombo.
Quand l’inspecteur en chef (HQI) du
commissariat de police de Negombo, Somasiri Liyanage, a été contacté par le SEP,
il a promis tout d’abord de libérer les deux hommes à la condition que le parti
prouve que Kamalthasan est un membre du parti. Lundi soir, toutefois, il avait
changé d’avis. Liyanage et Herath, un agent du service de renseignements, ont déclaré
à un représentant du SEP qu’étant donné que les deux hommes étaient originaires
de Jaffna, une vérification s’imposait quant à d’éventuels liens avec le LTTE.
La police affirme qu’elle est actuellement en
attente d’information de l’unité antiterroriste de la police (Terrorist
Investigation Department, TID) et de la police de Karainagar à Jaffna. Le
commissaire divisionnaire de la police de Negombo, P.S.K. Vithana, a carrément
refusé de libérer Kamalthasan et Ilancheliyan en déclarant que le fait d’être
un membre du SEP n’excluait pas d’avoir des liens avec le LTTE. Il n’a même pas
essayé de justifier ce mensonge malveillant.
En parlant avec la famille de Kamalthasan, la police a
ouvertement exprimé son hostilité à l’égard du SEP en déclarant que
l’intervention du parti avait « aggravé la situation ». En d’autres
termes, les deux hommes ne sont pas détenus en raison d’éventuels liens avec le
LTTE, mais parce que le SEP a exigé leur libération.
La détention prolongée de Kamalthasan et d’Ilancheliyan est un
cas flagrant de victimisation politique qui est illégale. Conformément à la loi
sri lankaise, la police peut détenir un suspect pendant 24 heures ou, en cas de
soupçons de terrorisme ou de complot d’Etat, jusqu’à 48 heures. Après cette
période, la police doit présenter tout détenu devant un juge dans le but
d’obtenir un renvoi. Ni Kamalthasan ni sa famille n’ont été instruits du
fondement juridique de sa détention ou de la raison pour laquelle il n’a pas
comparu devant un tribunal.
Kamalthasan avait adhéré en 1998 au SEP à Poonahari où il
s’était réfugié après avoir été déplacé de sa ville natale de Karainagar. Après
son retour à Karainagar, il avait essayé de gagner sa vie par la pêche et en
fabriquant des bateaux de pêche en fibre de verre, mais les restrictions et les
interdictions imposées par la marine sur les activités de pêche avaient rendu
ceci très difficile. Comme beaucoup d’autres, il avait émigré au Moyen-Orient pour
pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
Kamalthasan était revenu au Sri Lanka l’année dernière et vit avec
sa famille à Negombo, juste au nord de Colombo. Il subvient aux besoins de sa
femme, de ses parents âgés et de ses deux sœurs, dont l’une est malade.
Les représentants du SEP qui ont parlé à Kamalthasan et à
Ilancheliyan ont rapporté que les deux hommes ont bon moral malgré des
conditions difficiles et des cellules bondées. Ils sont incarcérés avec trois
autres jeunes Tamouls qui sont détenus dans des circonstances identiques.
Depuis que le pays a replongé dans la guerre en 2006, le
gouvernement et les forces de sécurité ont déclenché une campagne de
harcèlement et de répression ciblant tout particulièrement la minorité tamoule
du pays, mais aussi toute personne critique de sa politique. Les détentions
arbitraires sont allées de pair avec des centaines d’enlèvements, des
« disparitions » et des assassinats par des escadrons de la mort
opérant avec la complicité des forces de sécurité.
Le ministre de la Défense a annoncé jeudi un renforcement des
restrictions prévoyant un règlement selon lequel tous les Tamouls de Jaffna, de
Vavuniya, de Kilinochchi, de Mullaithivu et de Mannar qui ont vécu ces cinq
dernières années à Colombo doivent se faire enregistrer à la police d’ici
demain. En commentant le week-end passé ce règlement, le ministre de la
Défense, Gotabhaya Rajapake a justifié la nouvelle « mesure de
sécurité » en déclarant qu’un « contrôle humain » était
nécessaire.
Le SEP et l’ISSE ont lancé une campagne pour la libération
immédiate de Kamalthasan et d’Ilancheliyan. Nous appelons tous nos partisans et
tous nos lecteurs ainsi que tous ceux qui sont préoccupés par l’aggravation des
attaques perpétrées contre les droits démocratiques d’écrire aux autorités sri
lankaises pour exiger leur libération.
Les lettres doivent être envoyées à :
Gotabhaya Rajapakse
Secretary, Ministry of Defence
15/5, Baladaksha Mawatha
Colombo 3, Sri Lanka
Fax: 0094 112 541 529
Inspector General of Police
Police Headquarters
Colombo 1, Sri Lanka
Fax: 0094 112 446 174
Superintendent of Police
Office of Superintendent of Police
Negombo, Sri Lanka
Veuillez aussi envoyer des copies des messages au Socialist
Equality Party (Sri Lanka) ainsi qu’au World Socialist Web
Site.
Socialist Equality Party
P.O. Box 1270
Colombo, Sri Lanka.