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WSWS : Nouvelles et analyses : Perspective

Opposition populaire grandissante à la guerre en Afghanistan

Par Stefan Steinberg et Barry Grey
8 août 2009

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Une série de sondages d’opinion récents ont montré une opposition populaire grandissante à la guerre menée en Afghanistan par les Etats-Unis et l’OTAN.

Un sondage récent en Allemagne a fait état de 85 pour cent d’opposition aux troupes allemandes en Afghanistan. Le dernier sondage effectué en France a montré que 55 pour cent étaient contre la guerre et en faveur d’un retrait immédiat des soldats français.

En Grande-Bretagne, selon le dernier sondage ComRes, plus de la moitié des gens (52 pour cent) réclament un retrait immédiat des troupes tandis que 64 pour cent disent que les forces britanniques devraient se retirer « le plus rapidement possible. »

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Kim Howells, avait dernièrement mis en garde que le vent était en train de tourner définitivement contre la guerre. « Je pense que le public n’en veut plus, » avait-il dit à la BBC.

De la même façon, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avait dit le mois dernier lors d’une interview : « Après l’expérience irakienne, personne n’est prêt à supporter une longue corvée sans voir des progrès visibles. Les soldats sont fatigués et le peuple américain est plutôt fatigué. »

Le sentiment populaire anti-guerre ne trouve toutefois pas d’expression dans la politique des gouvernements ou, en la matière, des partis d’opposition au sein de l’establishment politique bourgeois.

Les gouvernements américain et européens montrent clairement que leur intervention militaire dans ce pays ravagé par la guerre est à durée indéterminée. Dans le cadre de la politique officielle et des médias, ils sont critiqués par leurs adversaires politiques pour ne pas mener la guerre avec suffisamment de rigidité.

Lors d’une visite surprise en Afghanistan quelques jours à peine après son investiture au poste de nouveau secrétaire général de l’OTAN, l’ancien premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, était apparu aux côtés du président afghan méprisé, Hamid Karzaï, en déclarant, « Nous resterons en soutien aussi longtemps qu’il faudra pour terminer notre travail… » Les propos de Rasmussen suivaient les remarques faites le mois dernier par le secrétaire à la Défense Gates selon lesquelles la victoire en Afghanistan était une « perspective à long terme. »

L’insensibilité de la politique officielle à la volonté de la population concernant la guerre est l’expression d’un déclin terminal de la démocratie bourgeoise. La grande masse de la population est officiellement aliénée.

La guerre en Afghanistan a déjà duré deux ans de plus que la guerre menée par les Etats-Unis contre l’Irak, et elle se révèle être de plus en plus ouvertement une tentative minable et brutale de la part des principales puissances dans le but de prendre le contrôle d’un pays situé stratégiquement en Asie centrale riche en pétrole.

Lancée en 2001 après les attentats aux avions suicides du 11 septembre aux Etats-Unis, l’opération en Afghanistan avait initialement servi de justification aux représailles menées contre Oussama ben Laden et al-Qaïda tenus pour responsables des attentats terroristes de New York et de Washington. Le renversement du régime taliban fut visé au motif d’avoir repoussé un ultimatum américain d’extrader vers les Etats-Unis Ben Laden et ses lieutenants.

En fait, l’invasion menée par les Etats-Unis avait été la concrétisation de projets existant déjà pour l’établissement de l’hégémonie américaine en Afghanistan et pour laquelle le 11 septembre fut un prétexte pratique. La guerre actuelle est l’apogée de machinations remontant au moins 30 ans en arrière, à commencer par le financement de moudjahiddins antisoviétiques par la CIA et dont ben Laden faisait partie.

Washington et ses alliés de l’OTAN ont depuis longtemps cessé de justifier la guerre avec la chasse de Ben Laden. On le mentionne rarement, tout comme al-Qaïda. Au lieu de cela, l’ennemi polyvalent est le taliban, et le nom sert de fourre-tout pour tous ceux qui en Afghanistan et au Pakistan résistent à l’intervention étrangère.

Le gouvernement Obama a, de plus, abandonné directement l’affirmation faite à l’époque de Bush comme quoi la guerre était une croisade pour la démocratie en Afghanistan. Une semaine à peine après la prise de fonction d’Obama, Gates avait cyniquement dit devant un comité du Sénat que les Etats-Unis ne s’étaient pas fixé comme objectif d’établir dans le pays occupé une sorte de « Valhalla en Asie centrale »

Enfin, le régime fantoche de Kaboul est présidé par un président dont le nom est devenu un synonyme de clientélisme, de népotisme et de corruption.

Un autre argument avancé par les défenseurs gauchistes de la guerre, tels les Verts allemands, était la nécessité de libérer les femmes afghanes de la tyrannie des talibans. Le fait est, cependant, que la situation des femmes afghanes a empiré sous l’occupation.

Dans une déclaration publiée en mai, l’Association révolutionnaire des Femmes en Afghanistan (RAWA) disait, « La soi-disant “nouvelle” stratégie du gouvernement Obama » n’a apporté que « davantage de meurtres gratuits et d’oppression toujours plus horrifiante », en « s’avérant être bien plus belliqueuse que le gouvernement Bush ».

Après avoir mis de côté les prétextes juridiques et idéologiques utilisés pour démarrer la guerre, il ne reste rien d’autre au gouvernement Obama que d’exploiter les sentiments de peur, l’affirmation que, faute de débarrasser l’Afghanistan et le Pakistan de terroristes, ces régions serviront de bases pour de nouvelles attaques sur le sol américain. En réalité bien sûr, les crimes perpétrés par les Etats-Unis et l’OTAN contre le peuple afghan et pakistanais ne font qu’accroître la probabilité de représailles contre les Américains et les Européens.

Ce qui reste, c’est la réalité d’une guerre de style colonial pour réprimer la résistance populaire contre la domination impérialiste et la pauvreté et la tyrannie qui l’accompagne.

Alors que l’establishment politique exclut toute expression de sentiment populaire anti-guerre, il est renforcé par la décision des groupes gauchistes petits-bourgeois et les publications qui organisent les manifestations anti-guerre contre Bush de mettre fin à leurs activités anti-guerre sous Obama.

C’est un fait que malgré qu’Obama maintienne 140 000 troupes américaines en Irak en projetant d’y garder des dizaines de milliers indéfiniment, et qu’il simplifie la violence militaire américaine en Afghanistan en l’étendant au Pakistan, et qu’en dépit de l’opposition populaire de masse aux guerres aux Etats-Unis et en Europe, il n’existe littéralement aucune expression organisée de sentiment anti-guerre. La couche sociopolitique qui pendant longtemps avait orchestré la politique contestataire de la classe moyenne a profité de l’élection d’Obama pour parachever son passage dans le camp de l’impérialisme américain. Elle soutient tacitement ou, dans certains cas, ouvertement les guerres d’agression d’Obama.

Pour tous ceux qui sont sincèrement opposés à la guerre et qui veulent mettre fin à la guerre impérialiste, il en reste à tirer des leçons politiques essentielles. En février 2003, des millions de personnes étaient descendues dans les rues dans le monde entier pour s’opposer à l’invasion américaine imminente en Irak. Il s’agissait de la plus importante manifestation internationale anti-guerre.

Cette opposition de masse avait pourtant été dirigée par les dirigeants des manifestations vers divers partis bourgeois prétendant être opposés à la guerre ou disposant en leur sein de factions « anti-guerre ». Aux Etats-Unis, l’opposition de masse à la guerre fut déviée vers des campagnes destinées à l’élection de démocrates au Congrès ou à la Maison-Blanche.

En Europe, les organisations pacifistes, les groupements gauchistes, le mouvement Attac et le Parti du socialisme démocratique (Partei des Demokratischen Sozialismus, PDS, prédécesseur du Parti de la Gauche) en Allemagne a cherché à encourager des illusions identiques dans les partis sociaux-démocrates et les Verts qui, en Allemagne et dans d’autres pays européens, avaient émis des réserves sur la guerre en Irak.

Le mouvement anti-guerre échoua en raison de sa subordination politique aux partis et aux politiciens capitalistes. Ceux qui l’avaient conduit ont depuis en grande partie rejoint le camp de la guerre impérialiste.

Quelles conclusions doit-on en tirer ? Premièrement : la désertion des groupes opportunistes de la classe moyenne signifie que la classe ouvrière émergera plus directement et plus ouvertement comme la force sociale dirigeante contre la guerre impérialiste. Deuxièmement : La lutte contre la guerre ne peut être développée que sur la base de la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre toutes les factions de l’élite dirigeante et du système capitaliste lui-même qui est à l’origine de la guerre. Le lien entre la lutte contre la guerre et la lutte contre le capitalisme deviendra de plus en plus évident au fur et à mesure que la classe ouvrière entrera en lutte contre l’impact de la crise économique la plus profonde depuis la grande dépression.

(Article original paru le 7 août 2009)


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