Le discours qu’a donné le président
américain Barack Obama sur l’industrie de l’auto lundi dernier n’était rien de
moins qu’une déclaration de guerre à la classe ouvrière. Avec une déclaration
pleine d’arrogance de classe et de cynisme, il a rejeté les propositions de
réductions des coûts proposées par General Motors et Chrysler pour être
insuffisantes et a demandé plus de concessions des travailleurs de l’auto.
Il est impossible de ne pas voir que la
réponse de l’administration à la crise économique n’est pas la même pour tous.
Jusqu’à 10 billions de dollars ont été accordés aux grandes banques et aux
fonds spéculatifs. Ces sommes ont été données sans condition aux institutions
mêmes dont la spéculation téméraire a été un facteur clé du développement de la
crise économique.
Ces immenses sommes ne sont pas destinées à
la production de biens socialement utiles et à la création de véritable valeur,
mais plutôt à soutenir les comptes bancaires et les portefeuilles
d’investissement de l’aristocratie financière. La semaine dernière,
l’administration s’est opposée à toute tentative d’exiger le remboursement des
bonus donnés aux dirigeants de AIG et des autres institutions ayant bénéficié
de l’aide gouvernementale.
Les sommes libérées pour le sauvetage des
banques sont plusieurs centaines de fois plus importantes que celles qui iront
à l’industrie de l’auto. Mais quand il est question de ces compagnies, Obama
déclare qu’elles ne doivent pas devenir des « dépendants de l’Etat »
et demande des mesures pour couper massivement les coûts qui seront toutes
supportées par les travailleurs.
Lorsque Obama déclare que les propositions
soumises par GM et Chrysler sont inadéquates, la principale cible de son
attaque est la classe ouvrière. Pour entreprendre une « reconstruction
fondamentale », a dit Obama, « il faudra que les syndicats et les
travailleurs qui ont déjà accordé des concessions extraordinairement
douloureuses en fasse plus. »
L’impact de ces concessions supplémentaires
sera dévastateur pour les ouvriers. Déjà, 400 000 emplois ont été éliminés
dans l’industrie de l’auto depuis un an et il est prévu que des dizaines de
milliers d’autres disparaîtront. Les travailleurs se retrouveront sans travail
alors que le marché de l’emploi est à son pire depuis des générations.
Les salaires seront encore diminués; les
conditions de travail seront revues pour permettre l’augmentation de
l’exploitation; l’assurance-maladie, les retraites et les autres avantages
sociaux seront comprimés ou carrément éliminés. Dès maintenant,
l’assurance-maladie de centaines de milliers de travailleurs est visée.
Il n’y a pas que les Trois Grands de l’auto
qui soient menacés, mais aussi une section importante des industries connexes,
allant des fournisseurs aux concessionnaires.
Cet assaut signifie que les ouvriers qui
conserveront leurs emplois seront soumis à des conditions d’atelier de misère,
pratiquement sans avantages sociaux ou de sécurité d’emploi.
L’administration a pratiquement signé le
certificat de décès de Chrysler, ce qui affectera directement ces 26 000
ouvriers, ne lui donnant que 30 jours pour arriver à un accord de fusion avec
Fiat si elle voulait bénéficier de l’aide gouvernementale. Obama pousse de même
GM avec 62 400 travailleurs vers les cours de faillite, qui seront
« un mécanisme pour les aider à se restructurer rapidement et à en sortir
plus forts », a-t-il dit. Ce sont là des mots de code signifiant que les
contrats syndicaux seront déchirés et que des salaires près du taux de pauvreté
seront imposés par ordre de la cour.
Obama a conclu ses remarques avec
l’assurance entièrement cynique qu’il « soutenait » les travailleurs
dont la vie avait été dévastée par sa propre politique. De telles déclarations
ne méritent rien d’autre que le mépris.
Les mesures annoncées lundi confirment
encore une fois que l’administration Obama est un gouvernement de, par et pour
l’élite financière qui tient l’économie dans son étau et qui a tout
l’establishment politique sous son contrôle.
Les banques d’investissement représentées
par Obama voient la crise économique comme une occasion de restructurer
fondamentalement les rapports entre les classes aux Etats-Unis. Poussant encore
plus loin une offensive de trente ans contre les travailleurs, ils détruisent ce
qui reste des gains obtenus par les précédentes générations de travailleurs de
façon à intensifier l’exploitation de la classe ouvrière.
Les attaques contre les travailleurs de
l’auto deviendront le fer de lance d’une vague d’attaques semblables contre les
travailleurs de tout le pays et internationalement, dans tous les secteurs de
l’économie. Les diminutions de salaire, les congédiements et les coupes dans
les avantages et les programmes sociaux seront généralement imposés.
L’administration Obama a déjà signalé clairement qu’elle a des programmes de
base comme la Sécurité sociale, Medicare et Medicaid dans sa ligne de mire.
L’annonce qu’a faite Obama expose encore
une fois si besoin est la faillite du syndicat United Auto Workers. Ce syndicat
a joué un rôle clé pour imposer des concessions une fois après l’autre et pour
supprimer l’opposition des travailleurs. Dans ce processus, les UAW se sont
intégrés plus étroitement avec la direction de l’entreprise. Il n’y a pas de
doute que les UAW vont capituler une fois encore. Ils ne sont préoccupés que par
les avantages et les privilèges des bureaucrates qui contrôlent les syndicats.
Après que les constructeurs de l’automobile
eurent reçu leurs prêts du gouvernement l’an dernier, les UAW ont propagé le
mensonge qu’une administration Obama prendrait une position pro-ouvrière et la
bureaucratie syndicale a donné un appui enthousiaste à sa campagne. Il sera
démontré que cela, comme toutes les autres positions du syndicat, est un piège
et une trahison des intérêts des travailleurs. Avec l’instrument de Wall Street
qu’est l’administration Obama, on peut voir le point culminant de la tentative
qui remonte à plusieurs dizaines d’années des UAW et de toute la bureaucratie
syndicale de subordonner les travailleurs au Parti démocrate.
Pour qu’un désastre soit évité, les travailleurs n’ont d’autres
choix que de prendre les choses en main et défendre leurs intérêts indépendants
de classe. Le Parti de l’égalité socialiste et le World Socialist Web Site proposent
les mesures suivantes :
1. Formez des comités indépendants d’ouvriers afin de
faire revivre des formes directes de lutte de la classe ouvrière !
Pour que l’opposition face à de nouvelles concessions ait
du succès, les travailleurs doivent agir pour former des organisations
complètement indépendantes de l’UAW. Des comités d’ouvriers dans les usines,
les lieux de travail et les quartiers doivent être formés pour faire revivre
les traditions militantes de la classe ouvrière. Les travailleurs doivent
maintenant se préparer à des manifestations, des grèves et des occupations
d’usines pour empêcher la fermeture des usines. Un appel doit être lancé à tous
les travailleurs afin d’entreprendre une lutte commune pour la défense de leurs
besoins élémentaires : pour les emplois, la santé et l’éducation.
2. Rompez les liens avec le Parti démocrate et le Parti
républicain !
L’action syndicale doit être imprégnée d’une nouvelle
stratégie politique basée sur les intérêts indépendants de la classe ouvrière.
Les actions de l’administration Obama montrent clairement que si les
travailleurs veulent défendre leurs intérêts, ils doivent bâtir leur propre
parti politique.
3. Rejetez le système capitaliste et faites revivre un
mouvement internationaliste et socialiste de la classe ouvrière !
La crise économique a rejeté toutes les prétentions selon
lesquelles le « libre marché » est la forme la plus élevée
d’organisation sociale. Les travailleurs aux Etats-Unis et partout dans le
monde font face aux conséquences dévastatrices de l’effondrement du capitalisme,
un système économique basé sur la poursuite du profit privé.
Le Parti de l’égalité socialiste lutte pour une
réorganisation socialiste de l’économie. Cela inclut la nationalisation des
principales compagnies et banques sous la propriété publique et le contrôle
démocratique de la classe ouvrière. Ces forces productives doivent être
organisées sur la base des besoins sociaux et non du profit privé. L’économie
mondiale ne peut plus être subordonnée au chantage d’une aristocratie
financière obsédée par l’argent.
Ce qui se passe aux Etats-Unis est une expression aiguë de
conditions que l’on trouve partout dans le monde, et les travailleurs ne
peuvent se défendre seulement que par leur unité internationale. Les
entreprises et les banques, de concert avec leurs complices dans les
bureaucraties syndicales, tenteront de défendre leurs propres intérêts en
montant les travailleurs des différents pays l’un contre l’autre. Ces efforts
doivent être rejetés. Les travailleurs en Europe, en Asie, au Canada et au Mexique
font les frais de la crise dans l’industrie américaine de l’auto et il n’y a
aucune région dans le monde qui ne souffre pas de l’effondrement économique.
Le Parti de l’égalité socialiste organise des conférences
régionales sous le titre « La crise
économique, l’échec du capitalisme et la perspective du socialisme » à
Ann Arbor au Michigan (25 avril), à New York (3 mai) et à Los Angeles en
Californie (10 mai). Ces conférences examineront les causes de la crise
économique et développeront un programme qui répond aux intérêts de la classe
ouvrière. Elles initieront une reprise de la lutte contre l’offensive de la
classe dirigeante sur la base de la mobilisation politique et indépendante de
la classe ouvrière. Nous encourageons fortement les travailleurs de
l’automobile et les travailleurs de partout dans le pays à assister à ces
réunions.