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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Irlande : les syndicats annulent la grève nationale du 30 mars

Déclaration du Socialist Equality Party (Grande-Bretagne)
6 avril 2009

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Le Congrès irlandais des syndicats (Irish Congress of Trade Unions, ICTU) a été à l’origine d’une défaite honteuse. Un mois seulement après que plus de 120 000 salariés aient défilé à Dublin pour protester contre les coupes et les mesures d’austérité du gouvernement, l’ICTU a annulé la grève nationale qu’il avait prévue pour le 30 mars.

Cinq jours avant que la grève ne démarre, l’ICTU avait annoncé qu’il avait accepté l’invitation du gouvernement à négocier. Il affirma qu’un accord non spécifique pour le réexamen de l’emprunt gouvernemental (l’ICTU préconisant une augmentation de 1,5 pour cent de l’objectif de 9,5 pour cent avancé par le gouvernement) promettait une répartition « plus équitable » du fardeau économique causé par la récession globale.

Les syndicats ont dit que ceci serait une base de négociation pour convaincre le gouvernement de coalition Fianna Fail/Verts, emmené par le premier ministre Brian Cowan, à adopter le « plan de relance nationale en 10 points » de l’ICTU, une liste de vœux ne valant pas le papier sur lequel ils sont écrits.

L’action de l’ICTU est vue, de façon juste, comme une trahison et des appels à la démission de son secrétaire national, David Begg, se sont fait entendre parce qu’il avait invalidé de nombreux mandats de grève. Mais, une indignation aussi justifiée soit-elle ne peut cacher le fait qu’on ne pouvait s’attendre, de la part de Begg et Cie, à rien d’autre.

L’ICTU n’est pas une organisation qui, même au sens le plus large, défend les intérêts de classe ouvrière. C’est une partie intégrante de la machine du régime capitaliste en Irlande. Depuis plus de deux décennies, il siège dans divers organes tripartites et signe des accords avec les employeurs et les gouvernements successifs. Son rôle de « partenaire social » est d’aider à l’application de la politique et des accords salariaux dans le but de garantir l’attrait de l’économie du « tigre celtique » pour les investissements des trusts mondiaux.

Ce qui a conduit à rompre la manière confortable dont fonctionnaient les choses fut la plongée de l’économie mondiale dans la récession et l’impact dévastateur qu’elle eut pour l’Irlande. Fianna Fail a expliqué que la précondition d’une poursuite du partenariat social était que l’ICTU accepte d’imposer des coupes de plusieurs milliards d’euros dans les dépenses publiques et les salaires, à commencer par l’application du « prélèvement retraite », une hausse des impôts.

La colère grondant chez les travailleurs, notamment en raison des subventions gouvernementales massives accordées aux banques irlandaises, l’ICTU a plaidé en faveur de l’adoption de quelques mesures cosmétiques telles la suppression des paradis fiscaux. L’objectif était de fournir à l’ICTU une raison justifiant sa collaboration avec le gouvernement et basée sur l’affirmation fausse que tout le monde « partagerait la douleur ».

Le gouvernement et la Confédération irlandaise des entreprises et des employeurs (IBEC) ont rejeté les supplications de l’ICTU. Leur projet est de s’assurer que les victimes de la crise grandissante soient dépouillées de leurs moyens d’existence pour que les hyper riches puissent maintenir leur fastueux mode de vie.

Le gouvernement a promis un montant de 5,5 milliards d’euros pour recapitaliser les banques irlandaises, en recourant en grande partie au fonds de réserve pour les retraites. Cependant, alors que les travailleurs doivent payer pour les plans de sauvetage par une augmentation de leurs cotisations de retraite, Michael Fingleton, le président de la société de crédit immobilier Nationwide, un autre bénéficiaire de fonds publics, reçoit un bonus d’un million d’euros et le versement d’une pension de 27 millions d’euros.

L’ICTU s’est trouvé temporairement exclu des allées du pouvoir et s’est senti obligé d’organiser quelques protestations contre le gouvernement. Il était en partie contraint de le faire afin de fournir une issue qui ne représentait aucun danger à la colère sociale montante. Mais son but était essentiellement de faire une démonstration de force pour convaincre le gouvernement et les employeurs qu’ils avaient encore besoin de ses services.

La dernière chose que l’ICTU était prêt à tolérer était le développement d’un quelconque mouvement qui représenterait une menace véritable pour les intérêts du capitalisme irlandais. En fait, certains articles de presse ont suggéré que c’était l’ICTU qui avait initialement proposé le « prélèvement retraite » afin d’aider à financier le sauvetage des banques.

Dès le début, l’ICTU avait proposé que la journée d’action soit limitée aux lieux de travail qui n’avaient pas appliqué le précédent accord salarial national, récompensant ainsi les employeurs qui continuaient de reconnaître les avantages du « partenariat social ». Tous les salariés du service public ne furent pas appelés à voter sur la proposition de grève, et des salariés de certains secteurs privés choisis votèrent séparément.

Les médias irlandais abondèrent en critiques concernant le projet de grève de l’ICTU, l’accusant de saper l’« intérêt national. » L’ensemble des partis d’opposition s’associèrent au gouvernement pour réclamer que la grève soit annulée. Finalement, il n’aura pas trop fallu de persuasion à l’ICT. Lorsque le principal syndicat des travailleurs du secteur public IMPACT vota à 65 pour cent en faveur de la grève, juste un pour cent en dessous des deux-tiers de la majorité requise par sa constitution, l’ICTU s’empressa d’annuler la grève.

Quelques jours auparavant, les syndicats avaient également scellé le sort de l’occupation de l’usine organisée par les travailleurs de Waterford Crystal. L’occupation qui avait duré huit semaines fut terminée le 22 mars. Malgré l’attitude de principe adoptée par les travailleurs et leur détermination, le syndicat Unite finit par accepter l’offre initiale de l’entreprise qui ne garantissait pas la retraite des travailleurs et ne promettait de garder que 176 emplois sur 450 et ce, pour six mois à peine.

Quelles que soient les assertions concernant une reprise du « partenariat social », le fait est que la bureaucratie syndicale collaborera avec les employeurs et le gouvernement pour imposer en avril un budget d’urgence prévoyant des attaques massives et continues contre la population laborieuse.

Le degré d’intensité de ces attaques est indiqué dans l’Irish Times. Le journal a noté que la reprise de négociations était prétendument basée sur un accord conclu en janvier entre le gouvernement, les employeurs et l’ICTU et prévoyant des coupes à hauteur de 2 milliards d’euros. Cependant, écrit ce journal, « l’objectif à atteindre pour la réduction des dépenses budgétaires pour le mois prochain pourrait à présent s’élever à 6 milliards d’euros. » Des coupes supplémentaires pourraient bien être effectuées dans les dépenses sociales également, pouvait-on lire encore.

L’ICTU a aussi officiellement accepté ce que l’IBEC décrit comme un « gel de salaire prolongé ». La précision de l’IBEC qu’elle n’empêchait pas les employeurs qui le souhaitaient d’augmenter volontairement les salaires est simplement insultante.

En ce qui concerne l’élite irlandaise fortunée et ses représentants politiques, leur politique de l’emploi, des salaires et des services sociaux est celle de la terre brûlée. Et l’arme principale qu’ils brandissent contre la classe ouvrière est l’ICTU.

Dans les semaines et les mois à venir, les travailleurs irlandais s’entendront dire sans relâche que tout a changé en raison de l’ampleur et de la gravité de la crise économique mondiale. Les syndicats leur demanderont d’accepter de faire un sacrifice après l’autre de façon à ce que l’Irlande survive à la tempête.

En réalité, les différentes recettes proposées par le gouvernement, les employeurs et les syndicats ne feront rien pour résoudre la crise. Le capitalisme mondial se trouve au milieu d’un effondrement systémique. Le fait qu’il continue d’exister menace d’entraîner le marasme, le chômage de masse et des dangers pour la société rappelant ceux de la dernière Grande Dépression des années 1930.

Les travailleurs ne peuvent pas se défendre sans rompre définitivement avec leurs vieilles organisations qui sont basées sur le maintien du système de profit. Un nouveau parti est nécessaire qui avance un programme socialiste et internationaliste pour l’abolition du capitalisme. Il faut rien moins que cela.

Tous ceux qui sont d’accord avec cette perspective doivent contacter le Comité international de la Quatrième Internationale et le World Socialist Web Site pour se joindre à la lutte pour construire un tel parti.

(Article original paru le 28 mars 2009)


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