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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

La campagne du PES sri lankais dans un quartier ouvrier durement touché

Par Panini Wijesiriwardane et Iranganie Silva
8 avril 2009

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Le quartier ouvrier de Katuwana à Homagama, environ 20 km au sud-est de Colombo, a été un temps considéré comme un modèle de « petit quartier ouvrier ». Ces vingt dernières années des milliers de jeunes des campagnes y sont venus pour chercher des emplois à cause des problèmes liés au déclin de l'agriculture et au chômage. Cependant, depuis 2008, des milliers d'entre eux ont dû retourner dans leur village après avoir perdu leur emploi.

Une équipe du Parti de l'égalité socialiste (PES) faisant campagne pour les élections au conseil provincial de l'Ouest du 25 avril s'est rendu dans ce quartier pour rencontrer les travailleurs et discuter des orientations du parti. Le PES présente une liste de 46 candidats dans le district de Colombo.

Le quartier de Katuwana a démarré en 1990 en tant que projet de l'Autorité de développement urbain (UDA). À la suite des politiques libérales introduites par le gouvernement du président Jayawardene et son parti, le Parti national unifié (UNP), arrivé au pouvoir en 1977, de grandes zones de libre-échange ont été établies pour servir de plateformes d'emplois à bas salaires pour les investisseurs étrangers et locaux. Le successeur de Jayawardene, Premadasa, a lancé plusieurs petits quartiers industriels comme Katuwana, dans l'intérêt d'hommes d'affaires locaux plus petits

Au début de 2008, selon l'UDA, il y avait 61 entrepreneurs inscrits dans le quartier, employant environ 10 000 travailleurs. La plupart sont des usines de vêtements dépendantes de l'exportation. Au cours de l'année dernière, les directions ont commencé à fermer ces usines et à renvoyer des milliers d'ouvriers, en invoquant le manque de commandes à l'exportation et les coûts de production trop élevés comparés à la Chine et d'autres pays concurrents.

Plus d'un millier de travailleurs ont perdu leur emploi lorsque l'usine Time Garments a fermé il y a quelques mois. Au moins huit usines autres usines avaient déjà fermé, supprimant plus de 5000 emplois. Parmi celles-ci, Avlon Lanka (détergents), Nawjeb and Warna (cartons), Steinhardt (imprimerie), et Besley (citernes à eau).

Les ouvriers des autres usines sont confrontés aux mêmes problèmes. Les réductions des heures supplémentaires, des primes et des effectifs y sont aussi à l'ordre du jour. Les petits commerçants qui survivent en fournissant des services dans le quartier et ses alentours, les logeurs, les restaurateurs et les boutiquiers, ont été très touchés également.

Il fut un temps où les rues étaient bondées le dimanche lorsque les jeunes travailleurs allaient au marché ou au cinéma. Les rues étaient désertes lorsque l'équipe du PES s'y est rendu dimanche dernier. Pourtant, les travailleurs avaient des choses à raconter.

Priyantha, un employé de l'entreprise Norfolk, un abattoir, nous a déclaré : « Je suis né à Anuradhapura [au Nord de la province du centre] d'un paysan qui labourait la terre et essayait de nous nourrir moi et ma sœur.

« Après que ma mère a trouvé un emploi au Moyen-Orient, nous avons grandi chez un parent de mon père. Lorsque j'ai eu 18 ans, je suis allé à Colombo pour trouver du travail. J'ai travaillé dans différents endroits avant de rejoindre cette entreprise, il y a cinq ans. Mon salaire mensuel de base est de 9650 roupies (environs 62 euros) actuellement. Avec les heures supplémentaires et les autres bonus, je peux gagner environs 16 000 roupies par mois.

« Nos frais quotidiens de base sont trop élevés. On doit dépenser beaucoup pour les médicaments. Ma femme doit se rendre dans une clinique privée toutes les semaines. À chaque fois les frais de consultation sont de 450 roupies. »

Interrogée sur la situation sur son lieu de travail, il a ajouté : « Avant, la compagnie parvenait à vendre nos produits aux hôtels pour touristes. Maintenant la demande a chuté. Les gens des hôtels disent que les touristes ne viennent plus à cause de la guerre et parce que les étrangers ont été frappés par la crise financière. »

Interrogé sur la guerre dans le Nord et la situation politique, il a poursuivi : « La guerre est un grand gaspillage de vies, d'argent et de biens. Le président dit que le pays va connaître un grand développement une fois la guerre terminée. Si c'est le cas, c'est bien. »

Il existe parmi certains travailleurs des illusions que la fin de la guerre contre les séparatistes des Tigres de libération tamouls (LTTE) apportera de meilleures conditions de vie. Pour l'essentiel, ces illusions reflètent l'intense propagande du gouvernement et des médias.

Néanmoins, Priyantha et d'autres étaient prêts à discuter de la position du PES, le seul parti à appeler au retrait des troupes du Nord et de l'Est de l'île. Comme l'ont expliqué les partisans du PES, la guerre a servi à diviser les travailleurs sur des bases communautaristes et à leur faire payer la crise du capitalisme.

Des hommes groupés à un croisement de rues ont fait entendre leur haine des grands partis politiques. Susantha, qui travaille pour Flora, un producteur de serviettes en papier, a déclaré qu'il ne croyait en aucun parti ou politicien. « J'ai 32 ans. Après la première élection à laquelle j'ai participé, je n'ai plus voté pour personne. Pourquoi est-ce que je devrais le faire ? Personne ne parle en notre nom.

« Ce quartier est situé dans la circonscription d'Homagama. Le ministre du Commerce, Bandula Gunawardena représente ce siège. Ce quartier part en morceaux. Des milliers de gens ont perdu leur emploi. Il est sourd et aveugle à cela. Qu'est-ce que propose le JVP [Janatha Vimukthi Peramuna – parti d'opposition] ? Par le passé ils parlaient des travailleurs, mais ils n'ont rien fait. Je n'ai aucun parti pour lequel voter. »

Après une longue discussion sur la guerre, la récession mondiale qui s'aggrave et ses causes ainsi que les positions du PES, Susantha a dit : « c'est la première fois que je vois ce programme. Je voudrais en discuter encore avant de me décider sur mon vote. »

Alors que nous parlions avec une femme au foyer, son mari nous a interrompus avec emportement, demandant à connaître le but de notre visite. Il avait la soixantaine. Il a demandé : « Avant cet effondrement économique, il n'y avait aucun mouvement pour avertir la classe ouvrière. Où étiez-vous ? »

Nous avons expliqué que le PES et son prédécesseur, la Revolutionary Communist League (RCL) mettaient en garde depuis 40 ans contre l'effondrement du système capitaliste.

Il a reconnu le nom de la RCL. Il avait été membre du Lanka Sama Samaja Party (LSSP), anciennement un parti trotskyste, qui avait trahi la classe ouvrière en entrant dans un gouvernement bourgeois dirigé par le Sri Lanka Freedom Party (SLFP – parti de l'indépendance du Sri Lanka) en 1964. Il se rappelait un discours fait en 1969 par Keerthi Balasuriya, fondateur et secrétaire général de la RCL, à l'Université de Jayawardenepura, dans lequel Balasuriya expliquait l'émergence de la crise mondiale.

« Avant qu'ils rejoignent le SLFP, je suis allé à une conférence régionale du LSSP où les dirigeants du parti essayaient de justifier cette coalition. Un dirigeant, Osmond Jayaratna, avait dit que même après être entré dans le gouvernement du SLFP, le parti n'abandonnerait pas l'indépendance de la classe ouvrière.

« Pour justifier la trahison, les dirigeants du LSSP ont dit tellement de mensonges. Ils ont dit que les bolcheviques avaient participé au gouvernement de coalition de Kerensky en Russie en 1917. On y a cru parce que nous n'avions pas étudié l'histoire de la Révolution russe. » Il a expliqué que de nombreux membres avaient été découragés et désorientés par le comportement du LSSP. Il a souhaité le succès du PES.

Un travailleur de l'enseignement, qui dirige également une pension pour pouvoir entretenir sa famille, a décrit la situation où se trouvent bon nombre de ses locataires. Après avoir perdu leur emploi, ils ne sont pas retournés dans leur village tout de suite, ils ont essayé de survivre en faisant d'autres boulots. Ils ont rapidement été dans l'incapacité de payer le loyer mensuel. Bien qu'il leur laisse quelques mois de plus pour rester, en fin de compte il doit leur dire de partir.

Sanjeewanee travaille dans une usine de conditionnement du thé pour un salaire mensuel de 6000 roupies. Avec les aides et les heures supplémentaires, elle peut gagner 2000 roupies de plus. Elle dépense 1300 roupies pour le loyer, partageant une pièce de seulement 9 mètres carrés avec quatre autres personnes. Pour les repas, elle doit dépenser environ 4000 roupies.

Elle a déclaré : « Je ne peux pas mettre un seul centime de côté pour mes parents au village qui ont du mal à nourrir et payer l'éducation de mes frères et sœurs plus jeunes. De nombreux travailleurs mariés ont quitté l'usine parce qu'ils ne pouvaient pas nourrir leurs enfants avec ce salaire de misère. »

« Le week-end prochain nous retournerons à la maison pour le festival de Nouvel An. La tradition veut que l'on offre quelque chose aux membres de la famille. Mais, avec la chute de la demande de thé, cette année nous n'avons eu aucune heure supplémentaire. La direction dit que le marché a été très touché par la crise internationale. Avec cette récession, nos emplois ne sont pas sûrs. »

Avant de quitter ce quartier, l'équipe s'est rendue dans un petit hôtel pour prendre une tasse de thé. Quand on lui a demandé quel était l'effet de la fermeture des usines sur son commerce, Mala Kanthi Jayasinghe a expliqué : « J'ai ouvert ce restaurant en 2003. Jusqu'au début de l'année dernière, je gagnais plus de 30 000 roupies par mois. Maintenant j'en gagne moins de 9000. » Elle a dit qu'elle devrait bientôt fermer l'hôtel.

(Article original anglais paru le 4 avril 2009)


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