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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Le climat sacrifié devant l’autel du profit par les grandes puissances

Par Dietmar Henning
24 décembre 2009

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Les scientifiques à travers le monde s’entendent sur le fait que, afin d’éviter une catastrophe, les actions les plus rapides possible sont nécessaires afin de freiner les changements climatiques causés par l’homme. Dans les prochaines décennies, les conditions de vie de milliards de personnes seront menacées par la montée du niveau des mers, les tempêtes, les sécheresses et la perte des récoltes.

Malgré l’urgence de trouver une solution au réchauffement climatique, les représentants des 193 Etats présents à la conférence de Copenhague sur le climat ont été tout à fait incapables de s’entendre sur des mesures concrètes pour réduire les niveaux mondiaux de gaz à effet de serre. Les conclusions tirées par les groupes environnementaux et de larges sections des médias sur la conférence sont dévastatrices. « Quel désastre », commence l’article du site web du quotidien allemand Der Spiegel. « Honte, farce, désastre », écrit le Süddeutsche Zeitung.

Après deux semaines de discussions, les délégués participant à la conférence ont produit un texte final d’à peine trois pages qui est non contraignant. Ce dernier présente des objectifs qui sont perçus de manière générale par les scientifiques comme étant totalement inadéquats pour réagir aux dangers de l’accélération du réchauffement planétaire.

Plusieurs plus petits pays se sont objectés à l’accord qui avait été établi lors de rencontres à huis clos. Au final, les délégués n’ont pas voulu accepter l’entente et ont plutôt voté pour « prendre note de l’accord de Copenhague ».

La présence d’une centaine de chefs de gouvernement durant les deux derniers jours (y compris le président américain Barack Obama, le premier ministre chinois Wen Jiabao, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas Sarkozy) n’a pas résolu l’impasse. Ce fut encore une fois le président américain qui établit les paramètres de l’accord final, rassurant les milieux politiques de droite aux Etats-Unis que le pays « ne serait pas contraint par ce qui s’est décidé ici aujourd’hui ». La déclaration d’Obama sur les intérêts propres aux Etats-Unis a été imitée par d’autres importantes nations industrielles.

En dernière analyse, ce sont les intérêts antagonistes des grandes puissances économiques (les Etats-Unis, la Chine et l’Union européenne en particulier) qui ont empêché toute entente. Les deux semaines de dispute à Copenhague avaient beaucoup plus à voir avec des intérêts stratégiques, des conflits commerciaux et des rivalités qu’avec la manière de sauver le climat et l’environnement.

Les principaux pays industrialisés ont abordé la question de leurs émissions de CO2 entièrement à partir du point de vue des intérêts stratégiques et économiques de leur classe dirigeante respective. En fait, les questions géostratégiques derrière les discussions qui ont pris place dans la capitale danoise sont du même ordre que celles qui ont eu comme conséquence les guerres d’Irak et d’Afghanistan ainsi que d’innombrables autres conflits internationaux.

Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, la demande pour l’énergie à travers le monde augmentera de 50 pour cent au cours des 20 prochaines années. La force économique d’un pays va dépendre considérablement de son accès aux sources d’énergie. Voilà pourquoi les Etats-Unis ont investi environ 1000 milliards de dollars dans des guerres destinées à assurer sa suprématie sur les réserves de pétrole et de gaz naturel les plus productives du monde.

Avec leur présence militaire dans le golfe Persique et en Afghanistan — la porte d’entrée de l’Asie centrale — les Etats-Unis n’assurent pas seulement leurs propres besoins énergétiques. Ils cherchent à obtenir un levier important pour mettre de la pression sur leurs rivaux en Europe et en Asie, qui sont très dépendants de l’énergie importée du Moyen-Orient. Le développement de technologies alternatives pourrait réduire la dépendance envers les combustibles fossiles, qui constituent près de 80 pour cent de la consommation mondiale d’énergie. Les Etats-Unis ont peu d’intérêt dans l’investissement de milliards de dollars dans des technologies vertes qui pourraient aider leurs rivaux à être plus indépendants.

Une pression additionnelle est exercée par le lobby de ces groupes et industries de l’énergie dépendants des combustibles fossiles. Ils voient toute réduction des émissions de CO2 comme un coût additionnel et un obstacle à leur compétitivité, réduisant les profits. Ils ont régulièrement utilisé leur pouvoir pour saboter des mesures du Congrès américain visant à réduire les émissions.

Finalement, les principaux pays industrialisés, qui consomment présentement la moitié de l’énergie mondiale, utilisent la question des changements climatiques comme une arme contre les pays en développement, dont la consommation d’énergie augmente proportionnellement à leur industrialisation.

À Copenhague, les Etats-Unis ont demandé que les pays émergeants et en développement, en particulier la Chine, s’engagent à des réductions concrètes et vérifiables de leurs émissions de CO2. Des représentants des 77 pays les plus pauvres ont vigoureusement protesté contre cette tentative de chantage.

La Chine, dont l’expansion industrielle a lieu surtout dans l’industrie lourde, a rejeté tout processus d’inspection ayant pour but de vérifier les mesures environnementales qu’elle mettrait en place comme une violation inacceptable de sa souveraineté nationale. Elle défend l’idée que les vieilles nations industrielles sont responsables du réchauffement climatique et non les pays nouvellement industrialisés. La Chine demande donc une aide financière pour les pays en développement pour qu’ils puissent réduire leurs émissions de CO2. Elle a aussi exprimé son inquiétude que les limitations sur les émissions de gaz carbonique pourraient servir de raison pour instaurer des barrières tarifaires, une position qui est adoptée par une section de l’establishment politique américain.

Quant à eux, les Etats-Unis ont offert de réduire pour 2020 leurs émissions de CO2 de 17 pour cent par rapport au niveau de 2005. Cela signifie une réduction de 4 pour cent par rapport au niveau de base accepté dans l’accord de Kyoto de 1997, accord que les Etats-Unis n’ont jamais entériné. Comme c’est le cas quand il s’agit de guerre et de questions sociales, il y a peu de différences entre la politique climatique d’Obama et celle de son prédécesseur George W. Bush.

Les pays européens, en particulier l’Allemagne et la France, ont cherché à se présenter comme responsables et conscients des problèmes environnementaux au contraire des Etats-Unis et de la Chine. L’Union européenne (EU) a déclaré qu’elle était prête à réduire les émissions européennes de CO2  d’environ 30 pour cent d’ici 2020 plutôt que sa précédente cible de 20 pour cent. De plus, l’UE a promis dans la première semaine du sommet de donner 7,2 milliards d’euros aux pays en développement au cours des trois prochaines années.

Toutefois, les membres nationaux de l’UE sont tout aussi agressifs dans la protection de leurs intérêts que le sont la Chine et les Etats-Unis. La plupart des scientifiques s’entendent que même une réduction des émissions d’envrion 30 pour cent n’est pas suffisante pour limiter le réchauffement climatique à une augmentation de 2 degrés celsius. De plus, les États européens rendue leur offre conditionnelle à ce que les Etats-Unis et la Chine se fixent un objectif semblable.

L’Allemagne et la France, qui n’ont pas de réserve de carburant fossile et sont très dépendants de l’importation, espèrent réduire leur dépendance au moyen du développement des énergies alternatives. Elles sont en conflit avec les Etats-Unis sur cette question. Au même moment, elles espèrent développer de nouveaux marchés avec leurs solutions technologiques.

Durant ce temps, le marché des crédits du carbone est déjà une entreprise rapportant beaucoup.

La conférence sur le climat de Copenhague a montré qu’il est impossible d’implenter une politique basée sur la science et coordonée internationalement pour empêcher un désastre climatique dans le contexte du système capitaliste. La propriété privée des moyens de production et le système des Etats-nations rivaux sur lequel le capitalisme est basé excluent toute politique rationnelle basée sur les intérêts et les besoins sociaux communs. Les grandes puissances économiques, particulièrement les Etats-Unis et l’Europe, utilisent la question du changement climatique pour imposer un programme réfletant leurs propres intérêts économiques et politiques.

Même les formes de protestation les plus radicales sont incapables d’arrêter ce cours auto-destructeur, qui mène inévitablement à de nouvelles guerres, la misère et le désastre environnemental. La seule véritable solution se trouve dans l’unification de la classe ouvrière internationale sur la base d’un programme socialiste pour organise la société et la production rationnellement de façon mondiale selon les besoins de l’humanité, y compris toutes les mesures nécessaires pour protéger l’environnement d’une catastrophe climatique.

(Article original anglais paru le 21 décembre 2009)


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