Les scientifiques à travers le monde s’entendent sur
le fait que, afin d’éviter une catastrophe, les actions les plus rapides
possible sont nécessaires afin de freiner les changements climatiques causés
par l’homme. Dans les prochaines décennies, les conditions de vie de
milliards de personnes seront menacées par la montée du niveau des mers, les
tempêtes, les sécheresses et la perte des récoltes.
Malgré l’urgence de
trouver une solution au réchauffement climatique, les représentants des 193
Etats présents à la conférence de Copenhague sur le climat ont été tout à fait
incapables de s’entendre sur des mesures concrètes pour réduire les niveaux
mondiaux de gaz à effet de serre. Les conclusions tirées par les groupes
environnementaux et de larges sections des médias sur la conférence sont
dévastatrices. « Quel désastre », commence l’article du site
web du quotidien allemand Der Spiegel. « Honte, farce, désastre »,
écrit le Süddeutsche Zeitung.
Après deux semaines de discussions, les délégués participant
à la conférence ont produit un texte final d’à peine trois pages qui est
non contraignant. Ce dernier présente des objectifs qui sont perçus de manière
générale par les scientifiques comme étant totalement inadéquats pour réagir
aux dangers de l’accélération du réchauffement planétaire.
Plusieurs plus petits pays se sont objectés à
l’accord qui avait été établi lors de rencontres à huis clos. Au final,
les délégués n’ont pas voulu accepter l’entente et ont plutôt voté
pour « prendre note de l’accord de Copenhague ».
La présence d’une centaine de chefs de gouvernement
durant les deux derniers jours (y compris le président américain Barack Obama,
le premier ministre chinois Wen Jiabao, la chancelière allemande Angela Merkel,
le premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas
Sarkozy) n’a pas résolu l’impasse. Ce fut encore une fois le
président américain qui établit les paramètres de l’accord final,
rassurant les milieux politiques de droite aux Etats-Unis que le pays « ne
serait pas contraint par ce qui s’est décidé ici
aujourd’hui ». La déclaration d’Obama sur les intérêts propres
aux Etats-Unis a été imitée par d’autres importantes nations
industrielles.
En dernière analyse, ce sont les intérêts antagonistes des
grandes puissances économiques (les Etats-Unis, la Chine et l’Union
européenne en particulier) qui ont empêché toute entente. Les deux semaines de
dispute à Copenhague avaient beaucoup plus à voir avec des intérêts
stratégiques, des conflits commerciaux et des rivalités qu’avec la
manière de sauver le climat et l’environnement.
Les principaux pays industrialisés ont abordé la question
de leurs émissions de CO2 entièrement à partir du point de vue des
intérêts stratégiques et économiques de leur classe dirigeante respective. En
fait, les questions géostratégiques derrière les discussions qui ont pris place
dans la capitale danoise sont du même ordre que celles qui ont eu comme
conséquence les guerres d’Irak et d’Afghanistan ainsi que
d’innombrables autres conflits internationaux.
Selon les estimations de l’Agence internationale de
l’énergie, la demande pour l’énergie à travers le monde augmentera
de 50 pour cent au cours des 20 prochaines années. La force économique
d’un pays va dépendre considérablement de son accès aux sources
d’énergie. Voilà pourquoi les Etats-Unis ont investi environ 1000
milliards de dollars dans des guerres destinées à assurer sa suprématie sur les
réserves de pétrole et de gaz naturel les plus productives du monde.
Avec leur présence militaire dans le golfe Persique et en
Afghanistan — la porte d’entrée de l’Asie centrale —
les Etats-Unis n’assurent pas seulement leurs propres besoins énergétiques.
Ils cherchent à obtenir un levier important pour mettre de la pression sur leurs
rivaux en Europe et en Asie, qui sont très dépendants de l’énergie
importée du Moyen-Orient. Le développement de technologies alternatives
pourrait réduire la dépendance envers les combustibles fossiles, qui
constituent près de 80 pour cent de la consommation mondiale d’énergie.
Les Etats-Unis ont peu d’intérêt dans l’investissement de milliards
de dollars dans des technologies vertes qui pourraient aider leurs rivaux à
être plus indépendants.
Une pression additionnelle est exercée par le lobby de ces
groupes et industries de l’énergie dépendants des combustibles fossiles.
Ils voient toute réduction des émissions de CO2 comme un coût
additionnel et un obstacle à leur compétitivité, réduisant les profits. Ils ont
régulièrement utilisé leur pouvoir pour saboter des mesures du Congrès
américain visant à réduire les émissions.
Finalement, les principaux pays industrialisés, qui
consomment présentement la moitié de l’énergie mondiale, utilisent la
question des changements climatiques comme une arme contre les pays en
développement, dont la consommation d’énergie augmente
proportionnellement à leur industrialisation.
À Copenhague, les Etats-Unis ont demandé que les pays
émergeants et en développement, en particulier la Chine, s’engagent à des
réductions concrètes et vérifiables de leurs émissions de CO2. Des
représentants des 77 pays les plus pauvres ont vigoureusement protesté contre
cette tentative de chantage.
La Chine, dont l’expansion industrielle a lieu
surtout dans l’industrie lourde, a rejeté tout processus d’inspection
ayant pour but de vérifier les mesures environnementales qu’elle mettrait
en place comme une violation inacceptable de sa souveraineté nationale. Elle
défend l’idée que les vieilles nations industrielles sont responsables du
réchauffement climatique et non les pays nouvellement industrialisés. La Chine
demande donc une aide financière pour les pays en développement pour qu’ils
puissent réduire leurs émissions de CO2. Elle a aussi exprimé son inquiétude que les limitations sur les
émissions de gaz carbonique pourraient servir de raison pour instaurer des
barrières tarifaires, une position qui est adoptée par une section de l’establishment
politique américain.
Quant à eux, les Etats-Unis ont offert de réduire pour 2020
leurs émissions de CO2de 17 pour cent par rapport au niveau de
2005. Cela signifie une réduction de 4 pour cent par rapport au niveau de base
accepté dans l’accord de Kyoto de 1997, accord que les Etats-Unis n’ont
jamais entériné. Comme c’est le cas quand il s’agit de guerre et de
questions sociales, il y a peu de différences entre la politique climatique d’Obama
et celle de son prédécesseur George W. Bush.
Les pays européens, en particulier l’Allemagne et la France,
ont cherché à se présenter comme responsables et conscients des problèmes
environnementaux au contraire des Etats-Unis et de la Chine. L’Union
européenne (EU) a déclaré qu’elle était prête à réduire les émissions
européennes de CO2 d’environ
30 pour cent d’ici 2020 plutôt que sa précédente cible de 20 pour cent.
De plus, l’UE a promis dans la première semaine du sommet de donner 7,2
milliards d’euros aux pays en développement au cours des trois prochaines
années.
Toutefois, les membres nationaux de l’UE sont tout
aussi agressifs dans la protection de leurs intérêts que le sont la Chine et
les Etats-Unis. La plupart des scientifiques s’entendent que même une
réduction des émissions d’envrion 30 pour cent n’est pas suffisante
pour limiter le réchauffement climatique à une augmentation de 2 degrés
celsius. De plus, les États européens rendue leur offre conditionnelle à ce que
les Etats-Unis et la Chine se fixent un objectif semblable.
L’Allemagne et la France, qui n’ont pas de
réserve de carburant fossile et sont très dépendants de l’importation,
espèrent réduire leur dépendance au moyen du développement des énergies
alternatives. Elles sont en conflit avec les Etats-Unis sur cette question. Au
même moment, elles espèrent développer de nouveaux marchés avec leurs solutions
technologiques.
Durant ce temps, le marché des crédits du carbone est déjà
une entreprise rapportant beaucoup.
La conférence sur le climat de Copenhague a montré qu’il
est impossible d’implenter une politique basée sur la science et
coordonée internationalement pour empêcher un désastre climatique dans le
contexte du système capitaliste. La propriété privée des moyens de production
et le système des Etats-nations rivaux sur lequel le capitalisme est basé
excluent toute politique rationnelle basée sur les intérêts et les besoins
sociaux communs. Les grandes puissances économiques, particulièrement les Etats-Unis
et l’Europe, utilisent la question du changement climatique pour imposer
un programme réfletant leurs propres intérêts économiques et politiques.
Même les formes de protestation les plus radicales sont
incapables d’arrêter ce cours auto-destructeur, qui mène inévitablement à
de nouvelles guerres, la misère et le désastre environnemental. La seule
véritable solution se trouve dans l’unification de la classe ouvrière
internationale sur la base d’un programme socialiste pour organise la
société et la production rationnellement de façon mondiale selon les besoins de
l’humanité, y compris toutes les mesures nécessaires pour protéger l’environnement
d’une catastrophe climatique.
(Article original anglais paru le 21 décembre 2009)