Il y a une semaine, dans son discours de l’école
militaire de West Point, le président Obama cherchait à présenter son escalade
de la guerre en Afghanistan comme un prélude à un retrait rapide des troupes
américaines. Il est de plus en plus clair aujourd’hui que ce discours
n’était rien de moins qu’un exercice visant à tromper la
population.
Ce discours a été conçu pour endormir le public, pour mieux
affronter et désorienter l’opposition populaire de masse à la guerre.
Il est maintenant évident que la politique réelle
qu’Obama a décidé de mettre de l’avant n’est pas seulement le
maintien d’une occupation militaire illimitée de l’Afghanistan,
mais aussi un important prolongement de la guerre au Pakistan.
Seulement quelques heures après le discours, des responsables
de l’administration venaient « clarifier » les paroles
d’Obama quant au retrait des forces américaines avant juillet 2011,
soulignant qu’il n’existait pas de tel échéancier et que des
soldats américains allaient demeurer en Afghanistan bien longtemps après cette
date. On sait maintenant que l’intensification des frappes de missiles
par des drones américains au Pakistan et le déploiement de forces spéciales des
Etats-Unis en territoire pakistanais sont des éléments centraux du plan de guerre
d’Obama pour mener des attaques contre les insurgés dans ce pays.
Obama n’a rien dit dans son discours mentionnant
qu’il allait intensifier la guerre au Pakistan. D’après un article
paru mardi dans le New York Times, citant un proche conseiller du
président dont l’identité n’a pas été révélée : « Nous
avons vite compris que, quels que soient les plans pour le Pakistan, il ne faut
vraiment pas en parler. »
Le New York Times, qui, depuis des mois, fait campagne
pour une escalade de la guerre et son expansion au Pakistan, a rapporté, le
jour après le discours d’Obama, que la Maison-Blanche, le mois dernier, a
autorisé une expansion des opérations de la CIA au
Pakistan.
Mardi, le journal a rapporté qu’avant le discours
d’Obama, son conseiller à la sécurité nationale, le général James L.
Jones, a rencontré le chef de l’armée pakistanaise et celui des services
de renseignements et leur a dit qu’à moins que le Pakistan ne bouge
rapidement pour étendre l’offensive militaire contre les insurgés au Baloutchistan
et au Waziristan du Nord,
« les Etats-Unis étaient prêts à agir unilatéralement pour étendre les
frappes de drones Predator au-delà des zones tribales et, si nécessaire,
recommencer les raids des forces spéciales d’opérations dans le pays
contre al-Qaïda et les chefs talibans. »
Dans un éditorial parsemé d’arrogance impérialiste et
publié mardi, le Times a demandé que les Pakistanais « arrêtent de
chercher à gagner du temps et se lancent pleinement dans le combat ».
Concernant l’expansion des frappes de missiles au Pakistan, incluant leur
prolongement au Baloutchistan, le journal écrit : « De telles frappes
ont tué plusieurs extrémistes de hauts rangs, mais le programme demeure
largement impopulaire au Pakistan et M. Obama doit être judicieux en ce qui concerne
son expansion. Cela veut dire trois choses : prudence extrême dans les
cibles, pas de morts ou de blessés civils, ou le moins possible [c.-à-d. autant
que nécessaire] et pas de publicité. »
En d’autres termes, le peuple américain doit être
gardé dans le noir sur les meurtres ciblés, les morts et les blessés civils
provenant de frappes de missiles ainsi que d’autres opérations militaires
en sous-main au Pakistan. Et le Times fera sa part pour essayer de
supprimer toute l’information sur de telles actions.
L’éditorial a poursuivi en déclarant qu’Obama
se devait de persuader les Pakistanais que « les Etats-Unis seront là pour
une longue période cette fois-ci ».
On voit se dessiner un programme d’agression
militaire américaine sans précédent pour transformer l’Afghanistan et le
Pakistan en protectorats américains. C’est ce que signifie la récente
déclaration du conseiller à la sécurité nationale Jones selon qui « Nous
ne quittons pas cette région. Nos intérêts stratégiques sont immenses en
Afghanistan et à l’est de l’Afghanistan au Pakistan… »
Depuis le discours mensonger d’Obama, un programme de
domination coloniale des Etats-Unis en Asie du Sud et en Asie centrale a été
déployé et les médias américains sont passés à l’action avec une autre
tournée de propagande pro-guerre, y compris l’envoi de journalistes de
télévision dans les bases américaines en Afghanistan.
La guerre en Afghanistan n’est qu’une partie de
la stratégie mondiale de l’impérialisme américain pour assurer leur
domination sur une région où le pétrole et le gaz naturel abondent et qui est
d’une importance géostratégique cruciale pour la suprématie sur le
continent eurasien. Les conséquences de cette nouvelle aventure seront
catastrophiques pour les peuples de cette région qui subiront d’innombrables
morts, la dévastation sociale et l’oppression néo-coloniale. Mais les
conséquences seront aussi désastreuses pour le peuple américain, dont les fils
et les filles seront sacrifiés et le niveau de vie sera encore réduit pour
payer les aventures militaires sans fin.
Il y a un élément d’imprévoyance délibérée face au
risque dans la politique d’agression du Pakistan par Washington. Elle
pousse ce pays dans une guerre civile qui peut rapidement déstabiliser toute la
région et augmenter le danger d’une guerre entre l’Inde et le
Pakistan et entre l’Inde et la Chine, trois pays qui possèdent
l’arme nucléaire. La Russie et l’Iran seraient aussi
inévitablement attirés dans le tourbillon.
L’élection d’Obama a été accueillie par des
sections de l’élite dirigeante américaine qui croyaient qu’il
pourrait servir de figure de proue pour un réalignement de la politique
étrangère américaine après le désastre des années Bush. Il est maintenant clair
qu’Obama est l’homme de l’armée et des représentants les plus
impitoyables de la classe dirigeante.
Il est nécessaire pour les travailleurs et les jeunes de
tirer les conclusions qui s’imposent. La lutte conte la guerre est une
lutte contre l’administration Obama. C’est une lutte contre le
Parti démocrate et le système des deux partis. Et c’est une lutte contre
l’impérialisme américain et le système capitaliste sur lequel il est
basé.
(Article original anglais paru le 9 décembre 2009)