wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Un hommage à la campagne électorale du SEP au Sri Lanka

Par Peter Symonds
27 février 2009

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le World Socialist Web Site rend hommage à la campagne courageuse et fondée sur des principes, menée par le Socialist Equality Party (SEP, Parti de l’égalité socialiste) au Sri Lanka lors des élections provinciales dans une situation de guerre civile, de répression d’Etat et de communautarisme. C’est une source d’inspiration, un exemple de la lutte pour l’internationalisme socialiste et une réfutation directe de tous ceux qui insistent pour dire qu’il est impossible de lutter pour un tel programme dans un monde fracturé en une myriade de divisions tribales, linguistiques, ethniques et nationales.

La question primordiale est celle de la guerre menée par le gouvernement contre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE.) Le conflit qui dure depuis 25 ans a non seulement coûté la vie à plus de 70 000 personnes et causé la mort et la destruction à la majeure partie du nord et de l’est de l’île, mais a aussi touché tous les aspects de la vie. La présence physique constante de postes de contrôle dans toute l’île, contrôlés par des soldats armés jusqu’aux dents et la menace de détention arbitraire, notamment pour les Tamouls, rappelle que le pays est en guerre. La vie politique est dominée par des partis et des médias du courant dominant qui sont d’une manière ou d’une autre totalement embourbés dans la politique communautariste et soutiennent activement la guerre.

Le SEP était l’unique parti durant ces élections à s’opposer à la guerre et à exiger le retrait immédiat et inconditionnel des troupes, du nord et de l’est. Ses candidats ont défié de façon directe la déclaration du président Mahinda Rajapakse disant qu’il menait « une guerre contre le terrorisme ». Le SEP a montré que les racines de la guerre se trouvaient dans les décennies de discrimination anti-tamoule par une succession de gouvernements de Colombo. Loin de lutter pour la démocratie et la paix, le gouvernement poursuit une guerre visant à assurer la prédominance des élites cinghalaises par le maintien d’un Etat bouddhiste cinghalais.

En même temps, le SEP n’a pas accordé son soutien politique au LTTE et à son programme de séparatisme tamoul. Le LTTE n’a jamais représenté les intérêts des travailleurs ordinaires, mais ceux de sections de la bourgeoisie tamoule. Depuis le début, il a rejeté une lutte politique pour l’unité des masses et a exigé à la place un petit Etat tamoul séparé, qui n’a jamais eu de justification économique viable. Le culte du LTTE pour la « lutte armée » est allé de pair avec l’élimination de ses opposants politiques et le massacre insensé de civils cinghalais, ce qui a directement fait le jeu des suprématistes cinghalais de Colombo.

Le SEP a mis en avant un programme visant à unifier la classe ouvrière et à établir son indépendance politique par rapport à toutes les factions de la bourgeoisie sri lankaise. Ses candidats ont expliqué que la guerre et l’exploitation de la politique communautariste avaient toujours eu pour dessein de diviser les travailleurs et de consolider l’Etat capitaliste, que la guerre s’était accompagnée d’attaques contre le niveau de vie des travailleurs à travers des restructurations à la faveur du marché. Ils ont expliqué que l’unique moyen de mettre fin à la guerre, aux attaques contre les droits démocratiques et au fossé grandissant entre riches et pauvres était par la lutte pour un gouvernement de paysans et d’ouvriers fondé sur une politique socialiste : une République socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam participant des Etats-Unis socialistes de l’Asie du Sud.

La lutte pour l’internationalisme socialiste au Sri Lanka a toujours nécessité une dose exceptionnelle de courage politique et, il faut le dire, de courage physique. Dès ses débuts en tant que Revolutionary Communist League (RCL) en 1968, le parti avait été attaqué de toutes parts. Six de ses membres ont été tués, soit par l’appareil d’Etat soit par les tueurs du parti chauvin cinghalais, le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP.) Chacun des membres du parti a fait l’expérience, et plus souvent qu’à son tour, de menaces, violences physiques et persécution. Pour n’en nommer que deux, les membres du Comité de rédaction international du WSWS, le secrétaire général du SEP Wije Dias a été incarcéré 51 jours en 1987 pour avoir commis le « crime » de prôner une politique révolutionnaire et K. Ratnayake a eu sa maison entièrement brûlée par des voyous pro-gouvernementaux durant le pogrom anti-tamoul de 1983 qui avait marqué le début de la guerre.

L’élection de la semaine dernière s’est tenue dans un climat d’intimidation, de harcèlement politique et de répression d’Etat. Rajapakse et ses ministres n’ont eu de cesse de qualifier ceux qui critiquent le régime, les travailleurs grévistes et les étudiants qui manifestent, de sympathisants des « terroristes des Tigres ». Ceci n’est pas une menace en l’air. Des centaines de personnes ont été assassinées par des escadrons de la mort qui opèrent en toute complicité avec les forces de sécurité. En août 2006, le sympathisant du SEP Sivapragasam Mariyadas a été tué par balle à Mullipothana dans le district oriental de Trincomalee.En mars 2007, Nadarajah Wimaleswaran, membre du SEP et son ami Sivanathan Mathivathanan ont « disparu » à un poste de contrôle maritime sur l’île du nord, Kayts. Malgré une campagne déterminée du SEP, le gouvernement et l’armée ont donné des réponses évasives et refusé de fournir des informations sur ces deux hommes.

Dans un tel climat politique, il y a une pression constante pour prendre le chemin de la facilité, pour s’adapter à la situation dominante et pour se trouver une place dans l’orbite des partis de la bourgeoisie nationale. Le Sri Lanka a son contingent de groupes de radicaux des classes moyennes, tels le Nava Sama Samaja Party, dont le bilan total consiste à promouvoir des illusions sur l’un ou l’autre des principaux partis bourgeois, illusions qui se sont toutes révélées erronées. Le RCL avait été fondé en opposition directe à de telles conceptions, dont la forme la plus développée avait été la trahison du Lanka Sama Samaja Party (LSSP), lorsque ce dernier avait abandonné ouvertement les principes du trotskysme et avait rejoint le gouvernement bourgeois de Madame Sirima Bandaranaike en 1964.

Le fondement du programme du SEP est la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky, qui soutient que dans les pays au développement capitaliste retardé, tel le Sri Lanka, la bourgeoisie est organiquement incapable d’avoir un quelconque rôle progressiste. Seule la classe ouvrière, en mobilisant les masses rurales derrière elle, est en mesure d’accomplir les tâches démocratiques inachevées, dont une réforme agraire radicale, et à commencer la transformation sociale de la société en tant que partie intégrante de la révolution socialiste mondiale. Cette perspective a été confirmée positivement par le succès de la Révolution russe de 1917 et une centaine de fois par la négative en Asie, Afrique, Proche-Orient et Amérique latine. Au cours du vingtième siècle, la mise en avant par divers partis staliniens et opportunistes des soi-disant qualités progressistes de tel ou tel dirigeant ou parti bourgeois a conduit à une catastrophe après l’autre pour la classe ouvrière, à commencer par la défaite tragique de la révolution chinoise de 1925-1927.

La longue lutte du SEP pour une perspective scientifiquement fondée est en train de croiser les expériences des travailleurs et des jeunes, tandis que la crise profonde du capitalisme mondial génère un regain d’intérêt pour la politique révolutionnaire. Alors même que la campagne électorale officielle au Sri Lanka était dominée par le militarisme et une politique communautariste semant la division, le programme du SEP a eu un écho parmi ceux qui sont à la recherche d’une alternative à la catastrophe créée par les gouvernements successifs de Colombo. Malgré des décennies de propagande raciste, la vaste majorité des travailleurs, qu’ils soient cinghalais, tamouls ou musulmans, gardent un sens élémentaire de solidarité de classe et sont hostiles à la guerre. Parmi ceux qui ont voté pour le gouvernement, beaucoup l’ont fait avec le faux espoir qu’une défaite du LTTE mettrait fin au conflit communautariste et apporterait des améliorations dans leur vie.

La signification politique de la campagne du SEP a cependant des répercussions bien au-delà du Sri Lanka. Sa perspective d’Etats unis de l’Asie du Sud a une pertinence immédiate pour les travailleurs et les jeunes de ce qu’on appelle le Tiers-monde. Tout comme on peut faire remonter les origines des nombreux conflits de l’Asie du Sud aux accords de 1947-1948 qui avaient divisé le sous-continent, les tensions et guerres ethniques, communautaristes et tribales qui ont dévasté d’autres parties du monde ont aussi leurs origines dans les arrangements de l’après Deuxième Guerre mondiale qui avaient mis fin aux anciens empires coloniaux.

Dans chaque cas, les élites dirigeantes locales avaient obtenu leur « indépendance » en échange de leur assurance de sauvegarder les intérêts économiques et stratégiques de leurs anciens maîtres coloniaux. Le patchwork arbitraire des frontières nationales établi par le découpage colonial du continent africain ou imposé au Proche-orient suite à l’effondrement de l’empire ottoman, est depuis toujours source de frictions et de conflits. Dans tous les pays, les uns après les autres, les représentants politiques de la bourgeoisie ont accepté ces frontières et ont manipulé de façon éhontée les divisions tribales, ethniques et linguistiques pour établir une base à leur propre régime.

Pendant la Guerre froide, ces différentes élites ont été en mesure de trouver un équilibre entre l’impérialisme et le bloc soviétique. Soutenus par les staliniens soviétiques et chinois pour leurs propres fins opportunistes, des dirigeants comme Sukarno en Indonésie, Gamal Abdel Nasser en Egypte et Julius Nyerere en Tanzanie ont pris une coloration anti-impérialiste et socialisante. Leurs manœuvres se sont néanmoins inévitablement terminées en catastrophe. Suite à l’effondrement de l’Union soviétique, la logique de tous les différents types de nationalisme est vite apparue avec évidence. Les uns après les autres, les divers adeptes de la « lutte armée » et de la « libération nationale », de l’OLP au Proche-Orient à l’ANC en Afrique du Sud, ont fait la paix avec l’impérialisme, troqué leur treillis contre des costumes trois-pièces et embrassé le marché capitaliste.

Le SEP est le seul parti qui a lutté avec courage sous la bannière de la Quatrième Internationale pour les principes du socialisme international et refusé de s’incliner devant les soi-disant icônes de la lutte anti-impérialiste. Sa campagne électorale a objectivement renforcé l’unité de la classe ouvrière du Sri Lanka et internationalement en montrant une voie politique claire pour sortir de l’embourbement de la pauvreté, de l’arriération économique et des conflits fratricides qui sont l’héritage de 60 années de régime bourgeois dans les régions sous-développées du monde.

Nous invitons tous les travailleurs et les jeunes à étudier attentivement le programme du SEP et son long bilan de lutte politique et à rejoindre et construire le SEP et de nouvelles sections du Comité international de la Quatrième Internationale comme nouvelle direction révolutionnaire de la classe ouvrière de par l’Asie, l’Afrique, le Proche-Orient et l’Amérique latine.

(Article original paru le 19 février 2009)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés