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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les cercles dirigeants secoués par l’ampleur des manifestations du 29 janvier

Par Antoine Lerougetel
2 février 2009

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Les cercles dirigeants français ont réagi avec une grande nervosité devant l’ampleur de la mobilisation de jeudi. Au moins 2,5 millions de travailleurs et de jeunes sont descendus dans les rues pour protester contre l’augmentation des chiffres du chômage et la politique d’austérité qui affecte les emplois, les conditions de travail et le financement des services publics.

Près de 2 millions de travailleurs du service public ont fait grève, ainsi que de nombreux cheminots et agents d’Electricité de France et de la Poste. La participation d’un nombre significatif de travailleurs du secteur privé pourrait ramener le total des grévistes à plus de 3 millions. Le quotidien conservateur Le Figaro a écrit que ces chiffres « donnent le tournis ».

Des lycéens à Amiens

Occupations et blocus se poursuivent dans les lycées et les universités. Des travailleurs ont dit au World Socialist Web Site lors de la manifestation qu’il y avait des projets dans leur secteur de continuer le mouvement de grève malgré la limite d’une journée imposée par les huit syndicats qui ont organisé les manifestations de jeudi 29 janvier. Le centre de tri de Nanterre est occupé.

Malgré des déclarations publiques selon lesquelles il poursuivra sa politique économique et sociale régressive, en privé on dit que le président Nicolas Sarkozy craint d’exacerber la situation et de provoquer la continuation et la propagation du mouvement de grève. Selon l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné, il a dit à des conseillers, « Le terrain sur lequel nous avançons n’est plus aussi ferme. Le moment du passage en force [des réformes] est révolu. Ce n’est pas le moment d’agiter un drapeau rouge devant les syndicats. » [Retraduit de l’anglais.]

Le Monde du 30 janvier laisse clairement entendre que le président compte sur les syndicats pour l’aider à maîtriser la situation. Sarkozy a fait part d’un communiqué jeudi soir disant qu’il rencontrerait en février les « partenaires sociaux » (patrons et syndicats) « afin de convenir du programme de réforme à conduire en 2009 et des méthodes pour les mener à bien ».

Une particularité de cette manifestation a été la présence ostentatoire des dirigeants du Parti socialiste (PS), et parmi eux la première secrétaire du parti Martine Aubry, venus « soutenir » les manifestations. C’était la première fois qu’ils étaient de façon aussi visible dans la rue depuis l’impopularité du PS causée par la politique pro-capitaliste du gouvernement de gauche plurielle de Lionel Jospin (1997-2002), dans lequel Aubry avait un poste important. Le PS se positionne clairement pour être disponible pour former un gouvernement de crise afin de parer à un mouvement de masse de la classe ouvrière et des jeunes qui pourrait menacer le régime bourgeois.

Des correspondants du World Socialist Web Site ont fait des reportages de différentes villes de France:

Paris

Pierre Mabut à Paris a rapporté que les manifestants venaient principalement du secteur public (agents de la Poste, hospitaliers, enseignants, collectivités territoriales) et représentaient une mobilisation de la base. Le Parti socialiste était très en vue, de même que le Parti de Gauche du sénateur Jean-Luc Mélenchon, formé en décembre d’une scission d’avec le PS.  

Des enseignants d’un Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) tenaient une banderole sur laquelle on pouvait lire, « Sauvons la formation des enseignants – Non à la casse de l’éducation publique. »

Des hospitaliers parisiens, syndiqués à Force ouvrière (FO,) avaient une banderole disant, « Grève générale intersyndicale – Pas de regroupements des hôpitaux – Retrait des lois Bachelot » [du nom de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.]

Le WSWS a interviewé plusieurs manifestants:

Iris, lycéenne en Terminale faisait partie d’une délégation de 50 lycéens du Lycée Louise Michel de Champigny-sur-Marne. Elle a dit, « Je suis ici pour protester contre la répression des jeunes ; et aussi contre la politique du gouvernement consistant à s’attaquer aux sans-papiers, contre la destruction des acquis sociaux et le manque de moyens pour l’éducation.

 « Les 360 milliards d’euros de Sarkozy pour renflouer les banques montrent bien sa politique de sacrifice du secteur public aux dépens du secteur privé. Il n’existe pas d’opposition réelle à Sarkozy. Les syndicats sont à la botte du gouvernement. Tout ce qu’ils cherchent, c’est le compromis. Mais on a besoin d’une vraie réforme du système. La manière de s’opposer au gouvernement, c’est de faire place aux jeunes et d’empêcher les partis et les syndicats d’être à la botte du pouvoir. »

Jack, étudiant de Paris IV a dit, « Je pense que les 360 milliards d’euros pour renflouer les banques, c’est vraiment stupide, c’est un compromis pourri. Le gouvernement n’a pas de solution à long terme pour résoudre la crise économique. Des actions d’une journée, ça ne suffit pas. On a besoin de plus d’unité entre les services publics et les usagers. Des actions séparées organisées par les syndicats c’est vraiment démagogique, la même démagogie que le gouvernement. Les gens ne sont pas d’accord sur ce qu’il faut faire, mais ils sont contre le système et ils ne soutiennent aucun parti politique. »

Yann, un jeune agent de la Poste travaillant à Nanterre, près de Paris a dit, « Je suis ici aujourd’hui parce que cela fait 30 ans que les gouvernements détruisent les services publics. 

 « Là où je travaille, la productivité a augmenté de 30 pour cent. On a supprimé 40 000 emplois sur 300 000 à la Poste en quatre ans. Le renflouement des banques par Sarkozy, plus les 26 milliards d’euros de relance économique vont alimenter les profits des grandes entreprises. Cela fait partie de l’offensive du capital contre les travailleurs. Ils utilisent les réformes de Sarkozy pour faire avancer leur propre politique. Les syndicats sont intégrés au système depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ils sont directement subventionnés par l’Etat. Il faut une grève générale, mais les travailleurs doivent s’impliquer parce que les syndicats ne l’organiseront pas. Ça doit venir de la base. Il n’y a pas de solution nationale à cette crise. »

Frédéric, un travailleur de la Poste à Paris a dit, « Il faut une grève générale de plusieurs jours. La manière de combattre Sarkozy, c’est de reconstruire tous les partis de la gauche. Je vote toujours blanc parce qu’on n’est pas représenté politiquement.

 « Beaucoup de travailleurs sont obligés de venir à Paris pour trouver du travail, comme il n’y a rien dans les villes alentour. Beaucoup viennent de loin pour travailler à la Poste. Maintenant ils sont en train de restructurer la Poste en préparation de sa privatisation. »

Nancy

A Nancy, Olivier Laurent a fait état d’une grande manifestation, 20 000 selon la police. Une pancarte faite à la main disait, « La chienlit, c’est Sarkozy », « UMP=Union pour la Misère du Peuple »

Des travailleurs des différents services publics qui font l’objet d’une réforme, tels l’Education et la Justice, distribuaient des tracts défendant leurs conditions de travail.

La manifestation de Marseille

Marseille

Anthony Torres à Marseille a rapporté que la police a fait état de 20 000 manifestants tandis que les syndicats parlaient de 300 000.

Valentin, professeur stagiaire à Marseille a dit, « La principale revendication concerne les conditions e travail dans la fonction publique et le pouvoir d’achat. C’est honteux de donner les aides aux banques et aux patrons.

Des manifestants à Marseille

 « Les syndicats participent au maintien de la situation actuelle, ils défendent leurs intérêts. Les grèves dispersées d’une journée, comme ce fut le cas pendant la réforme sur les retraites ne sont pas efficaces. »

Amiens

Antoine Lerougetel a rapporté que 10 000 personnes avaient défilé à Amiens, principalement des travailleurs du secteur public. Il y avait d’importants contingents, d’enseignants du primaire et du secondaire, des hôpitaux et des travailleurs sociaux, s’opposant à la disposition CC 66 qui réduit de façon draconienne le plafond de l’échelle des salaires et les conditions de travail. Il y avait une important délégation d’étudiants de l’université d’Amiens dont beaucoup occupent les bâtiments de la faculté, ainsi que des lycéens qui sont en lutte depuis plusieurs semaines contre les suppressions de postes d’enseignants et de moyens pour l’éducation.

Un groupe d’étudiants de la faculté des sciences a parlé de révolte contre une réforme qui crée un système à deux vitesses d’universités pour les élites et d’universités pour les pauvres.

Baptiste a dit qu’il était issu d’une famille de mineurs et qu’il ne voulait pas voir détruits les acquis arrachés pendant des générations. « Les syndicats sont dans la poche des patrons. De ce fait, les syndicats limitent leurs actions », a-t-il dit.

Il pense qu’un changement fondamental est nécessaire, et il est contre les « méga-corporations ».

Yann, 28 ans, travaille depuis quatre ans pour une ONG médico-sociale. Il a dit que la réforme CC 66 signifie la perte de 140 000 euros sur toute une vie de travail. Son travail auprès des personnes les plus fragiles de la société devient de plus en plus difficile avec la perte de droits et d’emplois. Il a dit qu’il avait bien peur que les conséquences de la crise économique ne soient similaires à celles de 1929. Il a dit, « Là on est dans l’action, il est encore temps de renverser la tendance. »

(Article original anglais paru le 31 janvier 2009)


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