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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Le crack de 2008 et ce que nous réserve 2009

Par Nick Beams
16 janvier 2009

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Lorsqu’on repasse l’histoire, certaines années ressortent plus que d’autres à cause des événements clés auxquels elles sont associées. Les années 1914, 1929, 1933, 1939 et plus récemment, 1956 et 1989 en sont des exemples. Ce sera le destin de l’année 2008 de faire partie de ce groupe.

Ce fut une année où ce qui était prétendument impossible s’est produit : le système capitaliste mondial a connu un effondrement financier qui menace aujourd’hui de répéter, et même dépasser, celui qui a débuté en 1929.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le gouvernement américain à lui seul a engagé plus de 8 billions de dollars pour soutenir le système financier. Les taux d’intérêt imposés par les banques centrales de partout dans le monde atteignent les plus bas niveaux jamais vus, frôlant le zéro aux Etats-Unis, dans une tentative désespérée d’empêcher l’aggravation de la dégringolade financière.

L’année a terminé avec les bourses du monde entier ayant subi des pertes sans égales depuis les pires années de la Grande Dépression. Aux Etats-Unis, l’index S&P 500 a perdu 38,5 pour cent, en grande partie au cours des derniers mois de l’année, pour finir avec sa pire performance depuis sa chute de 47,1 pour cent en 1931.

En Japon, l’index Nikkei a perdu 42,1 pour cent l’an dernier, dépassant ce qui était jusqu’alors sa plus grande chute, 38,7 pour cent en 1990 lorsque la bulle des actions et de l’immobilier a éclaté. En Corée, l’index Kospi a fini l’année avec une baisse de 40,7 pour cent. Ces résultats des deux index asiatiques étaient les pires de leur histoire, alors que toutes les bourses de l’Europe ont connu un sort semblable.

L’effondrement des marchés financiers est aujourd’hui accompagné du déclin de l’économie réelle. La production économique totale des économies capitalistes les plus développées diminuera dans la prochaine année pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Selon Olivier Blanchard, l’économiste en chef du Fond monétaire international, la contraction de la demande « pourrait dépasser tout ce que l’on a vu depuis la Grande Dépression des années 1930 ».

Lors du seul mois de novembre, la production industrielle du Japon, la deuxième économie en importance dans le monde, a diminué de 8 pour cent, soit la plus importante diminution de l’histoire. En Corée, une des principales économies industrielles dans le monde, le déclin de la production industrielle en novembre fut de 14,1 pour cent par rapport à l’année précédente, la plus grande diminution jamais enregistrée.

Et les prévisions pour les Etats-Unis, le cœur de l’économie mondiale, sont, dans les mots du Levy Economics Institute, « inquiétantes, si n’est terrifiantes, comme jamais auparavant ».

Selon le rapport de Levy, le produit intérieur brut (PIB) américain perdra environ 12 pour cent d’ici à 2010 et le chômage atteindra les 10 pour cent. Le rapport conclut que « l’effondrement pratiquement complet des dépenses privées » fera qu’il « sera impossible pour les autorités américaines d’appliquer un programme de stimulation fiscale et monétaire qui sera d’une ampleur suffisante pour ramener la production et le taux de chômage à un niveau acceptable au cours des deux prochaines années ».

Les importantes pertes financières et l’ampleur et la vitesse du ralentissement qui en découle sont des événements qui font de l’an 2008 un tournant de l’histoire.

Commençant avec l’urgence de la crise des hypothèques à risque au milieu de 2007, les événements qui se sont produits depuis un an et demi signifient la fin du mode de l’accumulation capitaliste qui prévaut depuis trente ans. Ce mode est né de la précédente crise historique de l’économie capitaliste en 1970.

L’édifice du crédit et de la finance qui est présentement en train de s’effondrer n’était une quelconque excroissance d’un système économique qui serait autrement sain. Il était la principale composante du mécanisme mondial de l’accumulation capitaliste.

Pour une longue période de temps, il a semblé que les processus de la soi-disant « innovation financière », par lesquels des procédés de plus en plus complexes étaient développés pour faire de l’argent avec l’argent, pourraient contrecarrer les lois fondamentales de l’économie capitaliste. Toutefois, aucune manipulation financière, peu importe son ampleur, ne modifiera le fait qu’au bout du compte, l’accumulation du capital dépend de l’extraction de plus-value de la classe ouvrière lors du processus de production.

L’éruption de la crise actuelle signifie que la financiarisation des trente dernières années a atteint un point où la valeur des titres financière dépasse de beaucoup la plus-value totale disponible. Deux processus en sont issus. D’un côté, le capital doit lancer un assaut tous azimuts sur la classe ouvrière pour augmenter l’accumulation de la plus-value et, de l’autre, chacune des sections du capital doit chercher à acculer ses rivales au pied du mur.

En d’autres mots, toutes les conditions qui ont caractérisé les années 1930 (le chômage de masse et un large assaut sur la position sociale de la classe ouvrière avec, simultanément, une augmentation des conflits au sein des groupes rivaux de puissance capitaliste) reviennent en force.

Face à cet effondrement, les représentants politiques et idéologiques des classes capitalistes dirigeantes tentent de façon désespérée de promouvoir l’illusion qu’ils ont l’antidote à la crise.

Après trente années de domination de la soi-disant « hypothèse des marchés efficaces », c’est-à-dire de la conception que les prix du marché sont toujours exacts, un nouveau mythe est manufacturé à toute vitesse : les mesures économiques de type keynésien qui stipulent l’augmentation des dépenses gouvernementales financées par un déficit guériront éventuellement l’économie capitaliste.

L’histoire prouve le contraire. Dans les années 1930, les mesures mises en œuvre par Roosevelt lors du New Deal n’ont pas été suivies du rétablissement de l’économie américaine. Après une brève remontée vers le milieu de cette décennie, l’économie américaine a connu un ralentissement marqué en 1937-38, aussi important que ceux qui l’avaient précédé. L’économie américaine a commencé à mieux se porter avec la production pour la guerre et après que la stabilité mondiale eut été rétablie grâce à la reconstruction de l’économie mondiale après la destruction massive de la Deuxième Guerre mondiale.

Au début des années 1970, les mesures keynésiennes mises en place ont échoué à empêcher le développement de la récession la plus profonde depuis les années 1930. En fait, elles ont contribué à l’apparition de la stagflation (une période de fort chômage combinée à une grande inflation) ce qui a aidé à créer les conditions politiques permettant l’implémentation du programme du « libre marché » de Reagan et Thatcher.

Finalement, au Japon, des plans continus de stimulation de l’économie dans les années 1990 n’ont pas réussi à raviver l’économie après l’effondrement de la bulle des prix à la bourse et dans l’immobilier en 1990.

Les mesures keynésiennes ne sont pas un antidote économique à l’effondrement du système capitaliste, mais elles jouent un important rôle politique pour la classe dirigeante. Le New Deal de Roosevelt n’a pas mis fin à la crise des années 1930, mais il a contribué à créer l’illusion qu’une solution existait et, à cause de cela, a joué un rôle inestimable pour empêcher le développement d’une perspective socialiste au sein de la classe ouvrière.

Alors que le capitalisme mondial entre dans sa plus grande crise depuis l’effondrement des années 1930 et que les classes dirigeantes en tirent les leçons, la classe ouvrière doit également assimiler les leçons de l’histoire. La seule façon d’empêcher la répétition des expériences de la Grande Dépression, qui ont culminé avec la mort de millions de personnes dans la Deuxième Guerre mondiale et l’utilisation de l’arme nucléaire, est de renverser ce système du profit historiquement dépassé. L’an 2008 a été un moment crucial dans la désintégration du capitalisme mondial ; 2009 doit devenir le commencement de la renaissance de la lutte de la classe ouvrière mondiale pour le socialisme international.

(Article original anglais paru le 2 janvier 2009)


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