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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le premier ministre grec remanie le gouvernement

Par Robert Stevens
17 janvier 2009

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Le 8 janvier le gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) mené par le premier ministre Costas Karamanlis a subi un remaniement en profondeur.

Le mois dernier une vaste série de protestations, de manifestations et d’émeutes d’étudiants avaient eu lieu en réaction à la mort d’un adolescent de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, abattu par un policier, et contre le programme économique du gouvernement et de sa politique d’austérité sociale. Dans le même temps, il y a eu dans de nombreux secteurs un mouvement combatif grandissant des travailleurs qui ont protesté contre le gel des salaires, les privatisations, l’augmentation du coût de la vie, la baisse des retraites et les licenciements de masse.

Le gouvernement Karamanlis ne dispose que d’une voix de majorité chez les 300 membres que compte le parlement et le régime est de plus en plus impopulaire. Il a été mêlé à une série de scandales politiques et financiers et de corruption depuis son élection en 2004 et sa réélection en septembre 2007. Ces scandales comprennent une affaire d’échanges immobiliers avec l’Eglise orthodoxe et la condamnation d’un haut responsable gouvernemental pour avoir tenté de donner refuge à un criminel dans une importante affaire de drogue.

Un sondage publié le 8 janvier dans le quotidien Kathimerini a constaté que le soutien du gouvernement avait nettement baissé depuis avril. Selon le sondage, 38,5 pour cent des personnes interrogées voteraient en faveur du Mouvement panhellénique (PASOK) lors des prochaines élections législatives, soit une hausse de 8 points par rapport à avril. La Nouvelle Démocratie de Karamanlis figurait en seconde position avec 32,5 pour cent, suivi par la coalition de la gauche radicale (SYRIZA) avec 12 pour cent, du Parti communiste de Grèce (KKE) avec 8 pour cent et de l’Alarme populaire orthodoxe (LAOS) avec 4 pour cent.

Moins de la moitié des membres du gouvernement précédent (sept sur seize) ont été reconduits. Parmi les ministres qui ont conservé leur portefeuille on trouve les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur. Les changements impliquent le départ du ministre de l’Economie et des Finances, Georges Alogoskoufis, qui avait été associé à une série de réduction des dépenses, de budgets impopulaires et de privatisations mises en place dans un effort pour maintenir l’endettement public de la Grèce dans les limites imposées par l’Union européenne. Alogoskoufis a été remplacé par celui qui était son ministre délégué, Yiannis Papathanassiou.

Papathanassiou est étroitement lié à la politique d’Alogoskoufis et lui a rendu un brillant hommage lors de sa prise de fonctions. Il avait été à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie d’Athènes de 1993 à 2000 et vice-président en 1993 de l’entreprise publique du Gaz (DEPA).

Karamanlis a dit en parlant du nouveau gouvernement, « Nous avons un dur combat devant nous car 2009 sera une année difficile. La tempête économique mondiale est sans précédent depuis l’après-guerre.

« Nous savons que certaines forces politiques, ainsi que certains dirigeants syndicaux sont engagés dans un jeu démagogique et populiste. Mais nous ne jouerons pas avec l’avenir du pays. Nous avons choisi la voie difficile de la responsabilité et nous réussirons. »

Faisant référence aux manifestations de masse d’étudiants, qui avaient débuté le 6 décembre après le meurtre de Grigoropoulos, Karamanlis a lancé un avertissement menaçant, « Nous nous occuperons définitivement du phénomène de la violence catastrophique. »

Le ministre de l’Intérieur, Prokopis Pavlopoulos a ajouté « qu’il sera donné aux forces de police les moyens nécessaires pour accomplir leur travail. »

Pour résumer le remaniement, le quotidien d’Athènes, Ta Nea a montré dans son article que certes il y a « d’autres visages pour calmer les réactions mais qu’il n’y a pas le moindre changement de trajectoire en faveur d’un changement de politique. »

Un économiste d’une grande banque grecque a dit au sujet du remaniement, « Nous ne nous attendons pas à un changement significatif de la politique fiscale, compte tenu du mauvais état de la situation financière et de la limitation des marges de manœuvre. »

Costas Panagopoulos de l’Institut de sondage grec Alco a dit en parlant du nouveau ministre de l’Economie et des Finances, « Le nouveau ministre est confronté à une situation difficile, la crise qui arrive en Grèce, les taux élevés sur la dette publique, un marché qui redoute le pire mais aussi le mécontentement et le scepticisme de la société qui croit que la politique économique du gouvernement favorise les riches et non la classe moyenne ou les pauvres. »

« La tâche est rude, mais l’homme est issu des marchés et est capable. (Le premier ministre) a choisi un homme qui connaît les marchés et le ministère, montrant ainsi qu’il ne changera pas de politique mais de personnes. »

Karamanlis a également annoncé la mise en place d’un nouveau comité interministériel de la politique économique. Le comité sera chargé de la coordination de la politique gouvernementale dans les domaines de l’économie, des finances et du développement. Le comité comprend Karamanlis lui-même, Papathanassiou, le ministre de l’Economie et des Finances, Costis Hatzigakis, le ministre du Développement, et Georges Souflias, le ministre de l’Environnement, des Travaux publics et de l’Aménagement du territoire. Georges Provopoulos, le gouverneur de la banque centrale, la Banque de Grèce, avait également participé à la première réunion.

Le remaniement s’était fait quelques jours seulement après qu’un policier qui faisait partie de l’unité des trois policiers qui étaient en garde devant le ministère de la Culture dans le quartier d’Eksarchia au centre d’Athènes avait été blessé par balle. La blessure par balle du 5 janvier de Diamantis Mantzounis, l’agent de police de 21 ans qui a été atteint par plusieurs balles a été évoquée pour diaboliser les étudiants manifestants et la « gauche radicale ». Le ministre de l’Intérieur, Pavlopoulos a dit que l’attaque visait « la démocratie et l’ordre. »

La police a spéculé sur l’hypothèse qu’un groupe connu sous le nom de « Lutte révolutionnaire » aurait très probablement été les auteurs des tirs. La police a dit que les armes utilisées pour attaquer l’unité de police étaient liées à deux attaques précédentes contre des postes de police en 2007 et un incident le 23 décembre dernier quand deux tireurs cachés dans l’enceinte de l’université d’Athènes avaient ouvert le feu sur un car de police. Immédiatement après les tirs, plusieurs dizaines de personnes avaient été raflées et arrêtées.

Le dirigeant du PASOK, Georges Papandreou, a rendu visite à l’hôpital à l’agent de police et a condamné les tirs « en tant que démocrate et comme citoyen ordinaire. »

Le président du groupe parlementaire de SYRIZA, Alekos Alavanos, a dit que « la Gauche défend les victimes innocentes de la violence avec son identité et elle défend aussi la jeune génération et, à cet égard, la solidarité de SYRIZA avec le policier Diamantis est absolue. »

Jeudi, Alavanos a réclamé la mise en place d’un comité parlementaire qui se concentrera sur ce qu’il appelle la « démocratisation radicale de la police. »

La Grèce sur le point d’entrer en récession

Selon de nombreux analystes économiques, l’économie grecque entrera officiellement en récession cette année. Ce qui fait suite à une croissance économique qui a été en moyenne de 4 pour cent pendant des décennies. La banque d’affaires UBS avait prédit en novembre que l’économie grecque entrerait officiellement en récession en 2009, en affichant une croissance négative de 0,1 pour cent. La banque avait noté que l’un des facteurs majeurs de ses prévisions était la grande dépendance de l’économie grecque de fonds étrangers.

Dimitris Daskalopoulos, le président de la Fédération des Entreprises et Industries de Grèce (SEB), avait mis en garde dernièrement que le plan du gouvernement de 28 milliards d’euros destiné à accroître la liquidité des banques grecques n’endiguerait pas la récession. Il a dit, « Les mesures visant à soutenir la liquidité des banques étaient nécessaires mais insuffisantes… Des mesures visant à soutenir l’économie réelle et le bas revenu des citoyens étaient retardées. En conséquence, la perspective d’une récession économique se rapproche. »

« La crise mondiale a accéléré l’arrivée de la crise grecque, en ramenant à la surface tous les problèmes structurels qui entravent la croissance de la Grèce », a-t-il ajouté.

La semaine passée le Service national des statistiques de la Grèce a annoncé que la valeur des exportations grecques avait chuté de 15,5 pour cent en novembre, par rapport au même mois en 2007. La valeur des exportations s’élevait à 1,353 milliards d’euros en novembre, contre 1,6 milliards en novembre 2007. La valeur des importations totalisait 4,029 milliards, contre 4,815 milliards en 2007, soit une baisse de 16,3 pour cent.

Le poids de la dette publique en Grèce correspond actuellement à plus de 90 pour cent de son PIB. Ce chiffre place la Grèce au deuxième rang de la zone Euro, après l’Italie. L’on évalue que le gouvernement dépensera cette année quelque 12 milliards d’euros, environ un sixième de son budget, au seul paiement des intérêts de cette dette.

Pratiquement chaque indice social indique une nette polarisation de la société grecque. Environ un quart des moins de 20 ans sont au chômage et vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans est de 24,3 pour cent. Chez les diplômés des instituts universitaires il est même supérieur et atteint 28 pour cent. Après plusieurs années d’études, de nombreux jeunes sont obligés d’accepter des emplois mal payés comme chauffeurs de taxi, serveurs de bar ou pompistes.

La part du nombre de chômeurs de longue durée dans l’ensemble des chômeurs était de 52,2 pour cent au dernier trimestre de 2008. Le 2 janvier, une femme grecque avait fait la une des journaux pour avoir menacé de se jeter de l’Acropole d’Athènes après avoir été licenciée. Elle avait été travailleuse contractuelle au ministère grec de la Culture.

Au moins un tiers des Grecs vivent au bord ou sous le seuil de pauvreté. Les statistiques recueillies par l’organisation syndicale des Travailleurs grecs (GSEE), montrent qu’il existe 832 456 ménages pauvres dans le pays, soit un total de 2 088 000 personnes sur une population d’à peine plus de 11 millions d’habitants. Selon l’avocate Melina Mouzouraki, quelque 500 000 ménages payent plus de la moitié de leur revenu pour rembourser leurs dettes. Le niveau des dettes contractées par des centaines de milliers de personnes les range parmi les pauvres alors qu’officiellement elles ne sont pas considérées comme étant pauvres.

(Article original paru le 14 janvier 2009)


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