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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les élections régionales en Hesse : un vote contre la grande coalition allemande

Par Peter Schwarz
27 janvier 2009

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Le résultat des élections régionales de Hesse du dimanche 18 janvier est une gifle cinglante pour la grande coalition de Berlin. Sur les 4,4 millions d’électeurs inscrits, seuls 1,6 million, soit 36 pour cent, ont voté pour l’Union chrétienne-démocrate (CDU) ou le Parti social-démocrate (SPD) qui constituent tous deux, depuis 3 ans et demi, le gouvernement fédéral. La désagrégation des soi-disant partis populaires que l’on observe depuis longtemps s’est aussi poursuivie sans discontinuation en Hesse.

Quelque 1,8 million d’électeurs inscrits ont boudé les urnes ou ont voté nul. Le taux de participation a été de 61 pour cent, un taux extrêmement bas. Il y a un an, la participation électorale avait encore été de 64 pour cent.

Avec 23,7 pour cent des suffrages exprimés, le SPD faisait le plus mauvais score de son histoire. Il perdait près de 400 000 voix par rapport à l’année dernière, un recul de 13 pour cent. 155 000 personnes se sont abstenues et 120 000 ont changé leur vote en votant Verts.

Les pertes du SPD étaient plus ou moins escomptées après que la présidente du SPD en Hesse, Andrea Ypsilanti, eût tenté, contrairement à sa promesse électorale, de former un gouvernement avec La Gauche et que cette tentative eût par deux fois échoué.

Par contre, le résultat du CDU était surprenant. Contrairement à toute attente, en perdant encore 46 000 voix après avoir déjà subi des pertes dramatiques il y a un an, il ne fut pas en mesure de profiter du déclin du SPD. C’est uniquement en raison de la faible participation qu’il a pu gagner 0,4 point pour passer à 37,2 pour cent.

Les principaux gagnants de l’élection furent le Parti libéral-démocrate (FDP) et les Verts, qui gagnèrent tous deux plus de 6 pour cent, obtenant avec 16,2 et 13,7 pour cent respectivement des résultats record. Avec le FDP, qui lors de la campagne électorale s’était déjà déclaré en faveur d’une coalition avec le CDU, le ministre président en fonction, Roland Koch, dispose à nouveau d’une majorité absolue.

La plupart des analyses électorales expliquent les résultats de l’élection de Hesse par les « turbulences politiques des ces derniers mois » (Institut Infratest dimap), par les conflits au sujet d’une coalition SPD-Verts soutenue par La Gauche et qui a finalement échoué après que quatre députés du SPD aient refusé leur soutien à Ypsilanti. Il se peut que ceci ait influencé le résultat électoral mais sans en être l’élément décisif.

L’élection régionale de cette année s’est déroulé dans des conditions tout à fait différentes de celle de l’année dernière. Il s’agit de la première élection régionale à avoir lieu après l’éclatement de la pire crise économique depuis les années 1930. Depuis l’explosion l’été dernier de la bulle immobilière américaine, les banques ont comptabilisé des milliards de pertes et le gouvernement fédéral a débloqué des sommes énormes pour secourir les spéculateurs financiers. Entretemps, il ne fait pas de doute que l’économie mondiale connaît en 2009 une grave récession.

Dans ces conditions, l’élection régionale de Hesse révèle le gouffre considérable qui s’est creusé entre les partis établis et la grande masse de la population. Le taux massif des abstentions et les pertes importantes du SPD et du CDU sont l’expression de la défiance et de l’inimité envers les partis qui depuis des années n’ont cessé de supprimer les acquis sociaux et les droits démocratiques en collaborant pour ce faire étroitement avec les directeurs des banques et des grands groupes.

Les gains électoraux du FDP et des Verts ne semblent être contradictoires qu’en apparence. Un sondage réalisé pour la chaîne allemande ARD a montré que plus de la moitié des électeurs ont voté pour ces partis non pas parce qu’ils leur faisaient confiance mais parce qu’ils faisaient encore moins confiance aux autres partis. Cela signifie que le succès du FDP et des Verts est l’expression d’une défiance générale dans des conditions où il n’y avait pas le choix d’une alternative sérieuse.

Les deux partis se différencient à peine en contenu du SPD et du CDU. Le candidat en première position du FDP de Hesse, Jörg-Uwe Hahn, est si incolore qu’au soir de l’élection il était incapable de dire ce qui différenciait son parti du CDU. Et les Verts sont prêts depuis longtemps à former une coalition aussi bien avec le SPD qu’avec le CDU.

Un autre résultat remarquable de l’élection de Hesse est le score obtenu par La Gauche. Bien que le SPD ait perdu plus du tiers de ses électeurs, La Gauche ne put en profiter. Certes, avec 5,4 pour cent des votes elle intègre à nouveau le gouvernement régional, mais elle a recueilli 1700 voix de moins qu’il y a un an alors qu’elle avait été fondée tout spécialement dans le but de recueillir une partie du SPD quand ce dernier se disloquerait. Et elle a complètement échoué

L’explication donnée par les analyses superficielles est que les électeurs n’aiment pas « les extrêmes ». Le problème est qu’il n’y a rien d’« extrême » dans La Gauche. Tout au long de l’année passée, elle s’est vraiment efforcée de prouver sa fiabilité aux partis établis en donnant un blanc-seing à la coalition rouge-verte projetée par Ypsilanti. Dans les nouveaux Länder fédéraux et dans la ville de Berlin, elle a depuis longtemps fait ses preuves en tant que parti d’Etat.

La stagnation de La Gauche a d’autres causes. Seuls quelques-uns croient que son programme, un réformisme social réchauffé du style des années 1970, est une réponse à la crise économique mondiale.

La plupart des travailleurs sont suffisamment réalistes pour comprendre que la pire crise de l’économie capitaliste depuis plus de 70 ans ne pourra être résolue par une « augmentation du pouvoir d’achat » et d’autres mesures, que le parti La Gauche promet sans jamais les mettre en application. Ils sont en quête d’une réponse plus radicale et qu’ils ne distinguent présentement pas encore. C’est ce qui explique le nombre considérable des abstentions et l’accroissement du FDP et des Verts qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Mais, ce n’est là qu’un phénomène passager.

La crise qui ne cesse de s’aggraver de jour en jour rend inévitables les luttes de classe virulentes. La classe dirigeante et ses partis, CDU, FDP, SPD, Verts et La Gauche, sont déterminés à rejeter les conséquences de la crise sur la population laborieuse. Il s’agit de se préparer à ces luttes par la construction d’un véritable parti ouvrier indépendant.

(Article original paru le 20 janvier 2009)


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