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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Lundi noir : 74 000 licenciements en un jour

Par Tom Eley
30 janvier 2009

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Avec l’annonce faite lundi de dizaines de milliers de suppressions d’emplois, les employeurs aux Etats-Unis et sur le plan international indiquent que la crise économique est en train de s’accélérer et de prendre de l’ampleur en affectant l’économie américaine et mondiale tout en distançant lourdement les mesures prises par les gouvernements pour y remédier. Parmi les principaux licenciements l’on trouve :

* Caterpillar Inc., le premier constructeur mondial d’engins de chantier qui a annoncé 20 000 mises à pied durant le premier trimestre de 2009.

* Le fabricant de médicaments Pfizer Inc. qui a dit qu’il allait licencier 8000 travailleurs, les premières victimes de l’acquisition, pour la somme de 68 milliards de dollars, de son concurrent, le groupe pharmaceutique Wyeth.

* SprintNextel, l’opérateur mobile qui va supprimer 8000 emplois ou 14 pour cent de ses effectifs d’ici la fin de mars. Il avait déjà éliminé 4000 emplois il y un peu moins d’un an.

* Home Depot Inc., le numéro un américain du bricolage qui a annoncé vouloir supprimer 7000 emplois et fermer 34 magasins de sa branche Expo Design.

* General Motors, le géant automobile en difficulté, qui a annoncé que plus de 2000 mises à pied affecteront ses usines en Ohio et au Michigan où le taux de chômage a déjà grimpé au-delà des 10 pour cent.

* Texas Instruments Inc., le fabricant de puces électroniques américain, qui après avoir annoncé une baisse rapide de ses profits, dit vouloir supprimer 3400 postes.

* Phillips Electronics, le groupe néerlandais d’électronique, qui a annoncé le licenciement de 6000 travailleurs dans le monde.

* Corus Group, un producteur d’acier qui a annoncé qu’il allait supprimer 3500 emplois dont 2500 en Grande-Bretagne.

* La banque hollandaise ING qui a annoncé la suppression de 7000 emplois après avoir rapporté la première perte trimestrielle de son histoire.

Les proportions et la rapidité avec laquelle les licenciements sont annoncés mettent en lumière les dimensions historiques de la crise économique. John Challenger, PDG du cabinet de recrutement Challenger, Gray & Christmas Inc., a ainsi commenté la journée noire : « Ce qui est remarquable aujourd’hui c’est que les licenciements semblent venir de tous les coins de l’économie », a-t-il dit. « Normalement, il y a des secteurs qui sont plus particulièrement touchés. Cette récession s’est concentrée sur les services immobiliers et financiers et pourtant l’automobile les a rejoints. Mais à présent d’autres secteurs sont touchés comme ceux de la distribution et de la technologie au moment où la prochaine vague de la récession arrive. »

Jusque-là, pour l’année 2009, Challenger a totalisé 128 000 licenciements pour 19 grandes entreprises seulement. L’on s’attend à ce que le nombre de salariés américains baisse de près 600 000 en janvier, ce qui marquerait le troisième mois consécutif durant lequel l’économie a perdu plus d’un demi-million d’emplois et le cinquième mois d’affilée avec plus de 400 000 pertes d’emplois. Ceci serait « la première fois qu’une telle chose arrive au cours de la période remontant au début de 1939 », a déclaré au Marketwatch Dan Greenhaus, un analyste du groupe Miller Tabak & Co.

Les licenciements de masse suggèrent que les pertes d’emplois en 2009 pourraient bien dépasser celles de 2008 quand on avait estimé que 2,6 millions d’emplois avaient été détruits, le chiffre le plus élevé depuis 1945, et le taux de chômage officiel continuera de grimper de son niveau de décembre, qui était déjà à 7,2 pour cent, le plus fort pourcentage enregistré depuis 16 ans.

Les 8000 licenciements chez Pfizer annoncés en liaison avec l’acquisition de Wyeth étaient le troisième licenciement de masse annoncé par la firme ce mois-ci. Le 16 janvier, elle avait licencié 1300 représentants commerciaux et, plus tôt dans le mois, elle avait mis à pied 800 chercheurs scientifiques. Mais ce n’est là qu’un début. Lundi, Pfizer a annoncé ses projets de renvoyer éventuellement 15 pour cent de l’effectif des deux entreprises combinées, ce qui correspondrait à une perte d’environ 12 000 emplois supplémentaires.

Les licenciements chez Pfizer révèlent le caractère de classe de l’intervention du gouvernement dans la crise économique et dont la tâche première a été de soutenir les banques les plus importantes. L’acquisition de Wyeth par Pfizer a été rendue possible par une aide financière de 4,5 milliards de dollars versée respectivement par Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Barclays.

En octobre, les politiciens des deux partis, y compris Barack Obama, ont insisté pour dire qu’il y avait un besoin urgent d’accorder aux principales institutions financières des centaines de milliards de dollars du soi-disant programme de rachats de capitaux du Tarp (Troubled Asset Relief Programm, TARP). Ceci, avaient-ils promis, engendrerait une vague de prêts qui créerait alors des emplois. C’est tout le contraire qui s’est produit.

Comme l’a confirmé hier une enquête du Wall Street Journal, les principaux bénéficiaires du TARP ont restreint les prêts. Mais pas dans le cas de Pfizer où les grandes banques ont fourni le capital nécessaire pour leur permettre d’accaparer davantage encore l’industrie pharmaceutique et de supprimer des milliers d’emplois en plus.

De manière générale, les marchés ont applaudi les licenciements. L’action de SprintNextel a grimpé de 1,2 pour cent après l’annonce des licenciements, les cours de Home Depot’s ont fait un bond de 4,7 pour cent, les actions de Phillips ont bondi de 10,1 pour cent et la valeur ING est montée en flèche de 20,1 pour cent. Les cours de Caterpillar ont baissé en raison de ses résultats désastreux qui étaient pire que les attentes du marché.

Les licenciements chez Caterpillar affecteront des postes de cadres et d’agents techniques. D’ores et déjà, 2500 employés ont accepté les propositions d’indemnités de départ, et 8000 travailleurs contractuels ainsi que 4000 ouvriers d’usine à plein temps ont été mis à pied. L’entreprise a également annoncé le gel des traitements et des salaires.

L’effondrement des ventes de Caterpillar est un signe de plus de l’intensification rapide de la crise économique. Les principaux clients de Caterpillar font eux-mêmes partie des secteurs économiques tels le bâtiment, les mines et la promotion de l’immobilier commercial.

« Nous avons été touchés de plein fouet en décembre », a dit Jim Owens, le PDG de Caterpillar. John Kearney, un analyste de Morningstar, a ajouté, « [I]l semble que ça va définitivement empiéter sur le premier trimestre et cela pourrait même empirer. C’est certainement une vilaine perspective pour la première moitié de 2009. »

GM, en plus des 2000 licenciements déjà annoncés, a dit que durant les six prochains mois ils allaient arrêter la production pendant plusieurs semaines dans dix usines dans le Nord des Etats-Unis. Mille deux cents travailleurs seront mis à pied le 30 mars en ce qui concerne la deuxième équipe de travail de son usine de Lansing au Michigan et que 800 travailleurs de la deuxième équipe de l’usine de Lordstown, en Ohio, seront renvoyés le 6 avril.

Les nouveaux licenciements et les arrêts de production visent à « aligner la production sur la demande du marché », a dit GM. Les analystes anticipent un nouveau rétrécissement du marché pour les voitures neuves, avec une chute à 10,5 millions de véhicules vendus par rapport au chiffre déjà catastrophique de 13,2 millions d’unités vendues en 2008.

Par ailleurs, un nouveau rapport publié par la NAR (National Association of Realtors, des professionnels de l’immobilier) a constaté une baisse drastique des prix de l’immobilier aux Etats-Unis. Alors que le taux de ventes immobilières a légèrement augmenté en décembre par rapport aux pertes record de novembre, le prix médian des propriétés a diminué de 15,3 pour cent pour atteindre 175 400 dollars, soit la plus forte baisse jamais enregistrée.

Une étude séparée réalisée par Realty Trac, une entreprise immobilière en ligne spécialisée dans les ventes aux enchères immobilières, pense que des millions de propriétés ne sont pas encore mises sur le marché parce que les banques rachetées rechignent à vendre les maisons saisies dans l’espoir de voir les conditions du marché s’améliorer. Au fur et à mesure que ces propriétés provenant d’expropriations accèderont au marché, elles contribueront à éroder davantage encore la valeur des biens immobiliers qui constitue la base de la richesse de la plupart des familles américaines.

L’on s’attend à ce que le gouvernement publie vendredi son évaluation de la croissance économique pour le quatrième trimestre. Le consensus des analystes économiques est que l’économie a rétréci à un taux annuel de 5,4 pour cent. Ce qui signifierait la contraction la plus forte depuis 1982.

(Article original paru le 27 janvier 2009)


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