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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Obama s’incline devant la droite lors de son discours d’investiture

Par Bill Van Auken
23 janvier 2009

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Le discours d’investiture prononcé mardi par le président Barack Obama a été l’objet de l’éloge quasi délirant des grands médias et des éditoriaux des plus importants quotidiens. Même ceux contraints d’admettre que le discours de 18 minutes fut prononcé platement, était banal par son contenu et ne contenait aucune éloquence mémorable insistent que ce qu’Obama a dit importe peu. Sa présence sur les marches du Capitole, et l’immense foule réunie au Washington Mall, était ce qui était important et symbolisait le « changement ».

Evitant une analyse véritable et consacrant plutôt leur couverture de l’événement à leur propre aveuglement et à celui des autres, presque aucun média n’a réussi à saisir l’ampleur des immenses contradictions entre les sentiments qui ont attiré près de deux millions de personnes à Washington pour l’événement et les politiques qui sous-tendent ce qu’Obama a véritablement déclaré.

Ceux bravant le froid sont venus célébrer le départ de la vie politique d’un président détesté, George W. Bush, et, pour beaucoup, le commencement d’un changement fondamental. Le discours lui-même avait cependant était rédigé largement pour calmer la droite républicaine et signaler la continuité avec ses politiques essentielles.

Les premières lignes significatives à cet égard furent celles décrivant la crise dans laquelle sont plongés les Etats-Unis au moment de l’investiture d’Obama. Avant même de faire référence à la profonde crise économique qui a supprimé environ 3 millions d’emplois et qui en élimine des centaines de milliers d’autres à chaque mois, Obama, inspiré par Bush, a présenté le terrorisme comme le défi prééminent de la nation.

« Notre nation est en guerre contre un vaste réseau de violence et de haine », a-t-il déclaré.

Par ces quelques mots, Obama a ainsi assuré que la « guerre internationale contre le terrorisme » allait demeurer en tant qu’héritage de Bush, Cheney et Cie, fournissant le prétexte pour la guerre d’agression à l’étranger et la violation des droits démocratiques au pays.

Contenue dans cette formulation se trouve la continuation de tous les mensonges et intimidations politiques employés par la dernière administration afin d’imposer les guerres en Afghanistan et en Irak au peuple américain. Parmi ces mensonges trône l’assertion complètement trompeuse que l’armée américaine a été envoyée pour occuper ces pays et tuer un grand nombre de leurs citoyens afin de lutter contre le terrorisme. Le véritable motif pour ces guerres est la poussée hégémonique de l’impérialisme américain pour le contrôle des vastes réserves d’énergie de l’Asie centrale et du golfe Persique.

La continuité, plutôt que le changement, est la marque de commerce de l’attitude de la prochaine administration face à ces deux guerres. Dans la mesure où un retrait partiel est effectué en Irak, cela sera fait selon l’échéancier établi par l’administration Bush et dans le but d’intensifier la guerre de contre-insurrection en Afghanistan. Le secrétaire à la Défense de Bush, Robert Gates, ainsi que de hauts commandants désignés par le président républicain vont de plus superviser ce processus.

En invoquant vaguement un « vaste réseau » mondial de terrorisme, Obama a laissé intact le prétexte idéologique pour les guerres potentielles à venir, contre l’Iran, le Pakistan ou d’autres pays.

Cet élément du discours s’est mérité un solide appui de la section éditoriale très à droite du Wall Street Journal. Dans son éditorial principal, le Wall Street Journal a applaudi Obama pour sa « déclaration claire selon laquelle nous menons en effet une “guerre” » contre le terrorisme. « Nombre de ses partisans de la gauche, et autour du monde, espèrent voir M. Obama ramener les politiques de sécurité nationale des Etats-Unis à l’état qu’elles étaient avant le 11-Septembre. Le démocrate a prévenu ses ennemis, et certains de nos alliés, que sa politique étrangère allait faire preuve d’autant de continuité que de changement, et qu’il n’est pas prêt de se débarrasser des politiques qui protègent les Américains. »

Autrement dit, le discours servait à rassurer les sections prédominantes de l’élite financière américaine, dont les intérêts sont constamment défendus par le Journal, que les politiques de militarisme et d’agression qu’elles considèrent vitales à la défense et au développement de ses objectifs mondiaux allaient être maintenues sans relâche.

Pour ce qui est des « partisans de la gauche » d’Obama, soit la majorité du peuple américain qui souhaite voir la guerre se terminer et qui a essentiellement voté pour lui dans ce but, ils ont été privés une fois de plus de représentation politique par le système bipartite.

Le discours a été généralement applaudi par les experts droitiers des médias. Peggy Noonan, qui rédigeait des discours pour Nixon, a noté qu’Obama utilisait « un langage avec lequel les républicains traditionnels seraient complètement à l’aise ».

Les sections du discours les plus populaires parmi cette couche sociopolitique furent celles suggérant que l’effondrement économique précipité par Wall Street est la faute du peuple américain en entier, qui doit maintenant accepter les sacrifices dans l’intérêt de la nation. Ils ont particulièrement apprécié les lignes parlant de « nouvelle ère de responsabilité » et du krach financier comme étant le résultat « de l’avarice et de l’irresponsabilité de quelques-uns, mais aussi de notre échec collectif à prendre des décisions difficiles et à préparer la nation à une nouvelle ère ».

L’éditorialiste George Will, qui a animé un souper pré-investiture en compagnie d’autres commentateurs, a louangé en particulier l’emploi de la phrase biblique « Le temps est venu de mettre de côté les choses puériles », l’interprétant comme l’admonestation de la vaste majorité du peuple américain pour vouloir « davantage de biens et de services qu’ils ne sont pas prêts à payer ». Poussé par son mépris des travailleurs, Will approuve avec joie la demande que ces derniers renoncent aux « choses puériles » comme la croyance qu’ils ont droit à un emploi, une maison, des soins de santé et un revenu décent.

Le Wall Street Journal a lui aussi noté avec approbation dans son principal article portant sur l’inauguration : « Le message implicite est qu’il ne suffit pas de blâmer l’administration Bush, ou Wall Street ou l’homme de la rue pour les problèmes économiques actuels, mais qu’il faut accepter que la nation dans son ensemble s’en est fait le complice. »

C’est en effet ce qu’implique Obama dans son discours. Comment les travailleurs, qui ont de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts avec leurs salaires diminuant constamment si l’on tient compte de l’inflation, peuvent-ils être « complices » de la fraude financière et de la criminalité qui ont dominé Wall Street et généré des fortunes obscènes pour ceux qui sont au sommet de la pyramide et qui ont conduit l’économie à la ruine ? C’est ce qu’Obama, pas plus que ses admirateurs de la droite, ne peuvent expliquer.

Le grand absent du discours d’Obama a été la caractéristique déterminante de la vie américaine actuelle : la croissance ininterrompue des inégalités sociales. Ce n’est qu’en oubliant de façon délibérée la réalité d’une société où le 1 pour cent le plus riche possède 40 pour cent de toute la richesse et où un PDG gagne 344 fois plus que le travailleur moyen que le président démocrate a pu introduire dans son discours les notions fausses et profondément réactionnaires de « l’échec collectif » et de « l’égalité » de responsabilité.

Ce que ces arguments signifient ne fait aucun doute. L’arrivée d’Obama au pouvoir sera le signal non pas d’un retour aux politiques du New Deal ou de la Grande Société de Lyndon B. Johnson. Il n’y aura pas de retour à un réformisme social, mais plutôt un virage vers l’austérité fiscale et les contre-réformes qui viseront ce qui reste du filet de protection sociale aux Etats-Unis, par exemple la Sécurité sociale et Medicare.

Le but politique essentiel de la nouvelle administration, comme celui de l’administration précédente, sera de protéger les intérêts et la richesse de la mince couche que constitue l’élite financière aux dépens de millions de travailleurs américains et de leurs familles.

A mesure que cette politique sera mise en œuvre, et que la crise économique s’approfondira, les tentatives des médias de présenter Barack Obama comme l’incarnation vivante du changement apparaîtront pour ce qu’elles sont, des mensonges. La réalité que le nouveau président américain est un politicien entièrement comme les autres, le produit d’une machine politique corrompue et le serviteur fidèle des intérêts financiers et industriels qui ont financé sa campagne électorale commencera à s’imposer.

A ce moment, l’immense contradiction entre les aspirations et les intérêts objectifs des nombreux travailleurs composant la foule se trouvant sur Washington Mall mardi et la nature de classe de l’administration Obama trouvera son expression dans une éruption de luttes sociales dirigées contre ce gouvernement lui-même.

(Article original anglais paru le 22 janvier 2009)


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