Le Parti de l’égalité socialiste (SEP) du Sri Lanka participera
à deux élections municipales régionales qui auront lieu le 4 février. Le parti
présentera deux listes de 19 candidats, une dans le district de Nuwara Eliya
dans la province centrale et l’autre dans le district de Puttalam dans la
partie nord-ouest de la province.
Nuwara Eliya se trouve dans la vaste région centrale des
plantations de thé située dans le district des montagnes où la
main-d’œuvre qui est misérablement payée et opprimée est à très
forte majorité de langue tamoule. Dans le district de Puttalam, sur la côte ouest,
vit une population mixte de Cinghalais, de musulmans et de Tamouls, y compris
de nombreuses personnes déplacées par une guerre civile acharnée qui sévit
depuis 25 années dans le pays.
Les candidats du SEP comprennent des ouvriers des
plantations, des pêcheurs, des enseignants, des jeunes chômeurs et des mères de
famille. A Nuwara Eliya, la liste est menée par Myilvaganam Thevarajah, 55 ans,
qui est un permanent du parti depuis plus de vingt ans. A Puttalam, Nihal
Geekiyanage, 52 ans, est un membre de longue date du parti et qui mènera la
campagne.
En opposition à tous les autres partis politiques, les
candidats du SEP s’opposeront catégoriquement à la guerre qui est faite
par le président Mahinda Rajapakse et son gouvernement, contre le mouvement des
Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) en exigeant le retrait
immédiat et inconditionnel de toutes les troupes du nord et de l’est du
pays.
Il ne s’agit pas d’une guerre de libération ou
d’une guerre contre le terrorisme, mais d’une guerre pour asseoir
le pouvoir et les privilèges de l’élite dirigeante cinghalaise par
rapport à l’ensemble de la classe ouvrière, Cinghalais, Tamouls et musulmans
pareillement. Le SEP en appelle à tous les travailleurs pour rejeter
définitivement le poison diviseur de la politique communautariste pour
s’unir sur la base d’un programme socialiste dans une lutte en
faveur de leurs intérêts de classe communs.
Les élections se déroulent au milieu d’une vague de
triomphalisme qui règne dans l’establishment politique de Colombo
suite à la capture du siège administratif du LTTE à Kilinochchi. Rajapakse a
proclamé que « C’est une victoire sans précédent pour
l’ensemble de la nation » et salué les troupes pour avoir fait du
rêve de « la paix, de la liberté et de la démocratie » une réalité.
Le SEP met en garde la classe ouvrière : ce n’est
ni notre guerre ni notre « victoire ». La guerre qui a éclaté en 1983
était le produit de nombreuses décennies de chauvinisme anti-tamoul qui a été
attisé dans le but de diviser les travailleurs et d’assurer une base
sociale au régime bourgeois. Durant vingt-cinq ans, les gouvernements
successifs ont continué la guerre en rejetant la totalité du fardeau sur le dos
de la population laborieuse.
Si l’armée réussit à chasser le LTTE du reste de ses
bastions, cela ne fera que renforcer la position de Rajapakse et de la cabale
politico-militaire sur laquelle il repose. Loin d’ouvrir une nouvelle
période de paix et de démocratie, une telle « victoire » n’entamera
qu’une période durant laquelle les droits démocratiques seront davantage
encore foulés aux pieds et chaque aspect de la société sera militarisé. En
anticipation de la « paix », au lieu d’une réduction de ses
effectifs, l’armée a été autorisée à les gonfler de 50 pour cent pour
passer à 200.000 hommes.
Au cours de ces deux dernières années, tandis que Rajapakse
a rompu le cessez-le-feu de 2002 en replongeant le pays dans la guerre, le
gouvernement a déchaîné le règne de la terreur dans le but d’intimider et
de réprimer l’opposition. Des centaines de personnes ont disparu ou ont
été assassinées par des escadrons de la mort soutenus par l’armée. Les
médias ainsi que des travailleurs et des fermiers qui ont protesté, et même la
Cour suprême, ont été menacés de violence pour avoir « miné la sécurité
nationale ». Le parlement a été réduit à une coquille vide. L’île
est dirigée par le plus grand gouvernement du monde, mais les véritables
décisions sont prises par les bureaucrates et les généraux qui ont l’oreille
auprès de la clique présidentielle.
L’avertissement le plus net devrait être tiré des
événements survenus dans la semaine qui a suivi la « victoire de
Kilinochchi ». Le 6 janvier, des casseurs équipés d’armes
automatiques et de grenades ont mis à sac les bureaux, les studios et la salle
de contrôle de la chaîne de télévision MTC/Sirasa après que le gouvernement eut
fait campagne contre sa couverture jugée « anti-patriotique ». Le 8
janvier, des tireurs ont tué en plein jour Lasantha Wickramatunga, le rédacteur
en chef du Sunday Leader, qui avait critiqué la conduite de la guerre par
le gouvernement.
Le gouvernement et l’armée n’hésiteront pas à
s’en prendre à la classe ouvrière. A l’image des millions de gens
de par l’Asie et le restant du monde, les travailleurs sri lankais sont
confrontés au pronostic sombre de la perte de leur emploi et d’une baisse
dévastatrice de leurs conditions de vie en plein milieu de la pire crise du
capitalisme mondial depuis les années 1930. Les exportations de vêtements, de
thé et d’autres marchandises diminuent déjà nettement. L’impact du
bouleversement mondial a été aggravé par d’énormes dépenses militaires
qui ont triplé, passant de 69 milliards de roupies en 2006 à 200 milliards de
roupies en 2008.
Au cours de ces trois dernières années, le gouvernement a imposé
à la population laborieuse des sacrifices pour la guerre. A chaque fois que les
travailleurs ont revendiqué des augmentations de salaire, que les paysans et
les pêcheurs ont réclamé des subventions et les pauvres des prestations
sociales, la réponse toute faite de Rajapakse a été de dire qu’il
n’y avait pas d’argent. Et pourtant, dès qu’il
s’agissait de la destruction délibérée de vies humaines et de ressources
il n’y avait pas de limite !
Après la chute de Kilinochchi, Rajapakse a déclaré :
« Notre patrie veut que vous fassiez preuve de cet engagement et de cette
patience un peu plus longtemps encore. » Mais la réalité est que cet appel
au sacrifice pour la patrie ne s’arrêtera pas si l’armée réussit à
supprimer le LTTE. Le gouvernement n’a aucune solution à la crise
économique mise à part d’intensifier son attaque contre la population
laborieuse. Et les méthodes employées pour combattre la guerre, c'est-à-dire le
communautarisme, la violence gratuite et la répression orchestrée par l’Etat
policier, seront utilisées pour réprimer la résistance des travailleurs qui
luttent pour défendre leurs emplois, leurs conditions de travail et de vie.
Aucun des partis d’opposition n’offrent une
alternative. Le parti droitier de l’Unité nationale (United National
Party, UNP), le chauvin Front de Libération du Peuple (Janatha Vimukthi
Perumuna, JVP) et, à l’exception des représentants officiels du LTTE,
tous les partis des minorités tamoules et musulmanes, ont rejoint le
triomphalisme de l’armée. L’UNP a abandonné son appel pour des
pourparlers de paix en affirmant à présent que son cessez-le-feu de 2002 avec
le LTTE avait été une ruse habile qui avait permis à l’armée de se
préparer à la guerre actuelle. Quant au JVP, il s’arroge le crédit
d’avoir insisté pour que Rajapakse relance la guerre en 2006.
En opposition à cette vague écoeurante de chauvinisme, les
candidats du SEP soumettront une solution de classe à la guerre et à la crise
économique basée sur les principes de l’internationalisme socialiste. Les
travailleurs au Sri Lanka ont les mêmes problèmes, les mêmes préoccupations et
aspirations que leurs frères et sœurs de classe de par l’Asie du Sud
et internationalement, en étant dans bien des cas exploités par les mêmes
groupes transnationaux.
La guerre au Sri Lanka n’est que l’exemple le
plus net de l’incapacité de la classe capitaliste dans l’ensemble
de la région à résoudre les tâches les plus démocratiques et nationales. Durant
des décennies, les différences religieuses, ethniques et linguistiques ont été
exploitées pour diviser la classe ouvrière et étayer le régime bourgeois, en
créant un désastre pour des dizaines de millions de gens ordinaires. Une fois
de plus, l’Inde et le Pakistan battent le tambour de la guerre suite aux
atrocités commises à Mumbai. En prenant position contre le communautarisme
ethnique et religieux et le militarisme, les travailleurs sri lankais montreront
à la classe ouvrière de par l’Asie du Sud la voie pour aller de
l’avant.
En lançant un appel au retrait des troupes du nord et de
l’est de l’île, le SEP n’accorde aucun soutien politique au
LTTE. Le programme du LTTE en faveur du séparatisme tamoul est l’envers
communautariste de la médaille gouvernementale de suprématisme cinghalais. Le
LTTE qui représente les intérêts de sections de l’élite tamoule, est
organiquement incapable d’en appeler à la classe ouvrière, la seule force
sociale capable de mettre un terme à la guerre et d’assurer les droits
démocratiques de la population tamoule.
La guerre a permis de révéler au grand jour ceux qui, comme
les radicaux petits bourgeois du Nava Sama Samaja Party (NSSP), ont affirmé que
le « processus de paix » international offrait une solution. Pour les
Etats-Unis et les autres promoteurs impérialistes, les pourparlers de paix n’ont
jamais été rien d’autre qu’une tactique pour s’assurer que la
guerre n’empiète pas sur leurs intérêts économiques et stratégiques dans
la région. Ils avaient tous soutenu tacitement en 2006 les offensives
renouvelées de l’armée sri lankaise et gardé un silence catégorique quand
Rapajakse avait formellement rompu, l’année dernière, le cessez-le-feu de
2002. Les Etats-Unis ont à présent déclaré ouvertement qu’ils ne
soutiennent plus la reprise des pourparlers de paix avec le LTTE.
Une lutte politique authentique contre la guerre doit être liée
à la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan, fondé sur un programme
socialiste. Les candidats du SEP feront campagne en faveur de mesures
socialistes afin de confronter la crise sociale à laquelle les travailleurs,
les paysans et les jeunes font face. Il est toutefois impossible de résoudre
les problèmes auxquels est confrontée la classe ouvrière dans les limites
d’une petite île. De par le monde, la population laborieuse est
confrontée à une récession économique et aux dangers imminents d’un conflit
commercial et d’une guerre. C’est pourquoi le SEP avancera la lutte
pour une république socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam comme partie
d’une union plus générale des républiques socialistes d’Asie du sud
et du monde.
L’objectif du SEP est d’atteindre un auditoire
le plus vaste possible durant la campagne électorale. Nous appelons de ce fait
à tous ceux qui soutiennent notre programme à participer activement en donnant
des fonds au parti, en participant aux réunions publiques, en aidant à
distribuer notre documentation électorale et surtout en demandant à rejoindre
le SEP, la section sri lankaise du Comité international de la Quatrième
Internationale.