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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le conflit du gaz entre l'Ukraine et la Russie perturbe l'approvisionnement de l'Europe

Par Niall Green
12 janvier 2009

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Les exportations de gaz de la Russie vers l'Europe via l'Ukraine ont été totalement interrompues, d'après Noftogaz. La compagnie d'État ukrainienne a déclaré hier que la compagnie russe Gazprom a coupé tout approvisionnement de gaz. Gazprom a répondu en accusant l'Ukraine d'être à l'origine des coupures.

Selon la BBC, la Roumanie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, la Grèce, la Hongrie, la Macédoine, la Serbie et l'Autriche ont indiqué une rupture totale des approvisionnements depuis l'Ukraine.

Gazprom avait coupé l'approvisionnement de l'Ukraine pour la première fois le 1er janvier, tout en insistant pour dire qu’il maintiendrait l'envoi de plus de 300 millions de mètres cubes, à travers l’Ukraine, vers le marché européen. Le réseau de gazoducs ukrainien transporte un cinquième de la consommation européenne, ainsi que du gaz à destination des Balkans et de la Turquie.

Le 5 janvier, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a déclaré que l'approvisionnement de l'Europe via l'Ukraine diminuerait d'un sixième environ, mais il a affirmé que Gazprom allait augmenter ses fournitures au reste de l'Europe par d'autres voies. Poutine a également affirmé que Gazprom avait été contraint de réduire les approvisionnements transitant par l'Ukraine parce que Naftogaz siphonnait du gaz destiné à l'exportation. Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, a déclaré que les livraisons à destination de l'Europe transitant par l'Ukraine pourraient être réduites « de la quantité volée par l'Ukraine, soit 65,3 millions de mètres cubes de gaz ».

Kiev nie avoir siphonné du gaz, imputant les variations du débit à des problèmes techniques. Le porte-parole de Naftogaz, Valentino Zemlyansky, a déclaré que sa compagnie ne volait pas mais qu'elle « retirait du gaz pour des raisons techniques, pour assurer le transit des exportations russes ».

Beaucoup de pays sont contraints à puiser dans leurs réserves nationales limitées ou à augmenter l'utilisation d'autres combustibles dans le contexte d'une vague de froid qui a augmenté la consommation. La Bulgarie est particulièrement vulnérable à une coupure des approvisionnements transitant par l'Ukraine car elle n'a aucune source de gaz en remplacement. L'Ukraine et les autres pays concernés subissent un hiver particulièrement froid, les températures y descendent jusqu'à -15°C.

L'Union européenne a publié une diatribe contre l'Ukraine et la Russie le 5 janvier, admonestant les deux camps de reprendre les négociations et de ne pas laisser leur querelle affecter les économies des pays voisins. La présidence tchèque de l’Union européenne a publié une déclaration adressée à Moscou et Kiev :

« Sans avertissement préalable et en contradiction flagrante avec les assurances données par les plus hautes autorités russes et ukrainiennes à l'Union européenne, les fournitures de gaz à certains états membres ont été fortement réduites. Cette situation est totalement inacceptable. La présidence tchèque de l'Union européenne et la Commission européenne demandent que les fournitures de gaz à l'Union européenne soient rétablies immédiatement et que les deux parties (la Russie et l'Ukraine) reprennent sur le champ les négociations dans l'objectif d'un accord définitif sur leur querelle commerciale bilatérale. »

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a accusé les deux pays de prendre « en otage » les fournitures de gaz à destination de l'UE et a proposé d'envoyer des experts à la frontière russo-ukrainienne, et en différents terminaux, pour déterminer d'où viennent les fuites. Les deux pays se sont officiellement déclarés en faveur d'une telle initiative.

Une délégation ukrainienne s’est rendue à Prague, la capitale tchèque, ainsi qu’à Bruxelles où se trouve la Commission européenne à la recherche de soutien. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexander Gruschko a appelé à une session extraordinaire du Parlement européen afin de donner à la Russie la possibilité de présenter ses arguments à l’UE.

                                         La politique du gazoduc

Tout en cherchant à récupérer les importantes indemnités, pour retards de paiement, dues par l'Ukraine à Gazprom, lesquelles se montent actuellement à 600 millions de dollars (environ 450 millions d'euros), l'élite russe utilise le conflit énergétique à des fins politiques. Tout ce qui peut déstabiliser le régime du président Victor Youchenko est incontestablement bienvenu pour le Kremlin, qui est profondément hostile à la volonté de Youchenko d'intégrer l'OTAN dirigée par les Américains. Il est également question d'un accord qui aurait été passé entre Moscou et le premier ministre ukrainien, Yulia Tymoshenko.

Cependant, pour les oligarques qui dirigent Gazprom et dominent le gouvernement russe, il y a des considérations plus importantes, à plus long terme, qui interviennent dans leur déstabilisation de l'approvisionnement de gaz transitant par l'Ukraine.

Le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, a insisté sur le fait que la Russie ne considérait plus l'Ukraine comme un partenaire fiable pour l'acheminement du gaz vers l'Europe, affirmant qu'il était « nécessaire de développer, le plus tôt possible, des voies d'acheminement de remplacement ».

La Russie développe en ce moment le gazoduc du Nord qui doit rejoindre l'Allemagne en passant sous la mer Baltique, ainsi que le gazoduc du Sud qui rejoindra l'Italie en passant sous la Mer Noire et à travers la péninsule balkanique. Ces voies de remplacement réduiront grandement la dépendance de Moscou envers Kiev lorsqu'elles seront achevées, elles permettront à Gazprom de couper le gaz en Ukraine sans affecter les livraisons lucratives, et économiquement vitales, à destination de l'UE.

Ces voies ont été critiquées par l'Ukraine et d'autres pays de transit, membres de l'UE, ainsi que par de nombreux analystes de l'industrie, comme étant coûteuses et superflues. Ils affirment que les voies actuelles traversant l'Europe de l'Est sont largement suffisantes pour répondre à la demande d'énergie de l'Europe de l'Ouest, mais que la Russie développe ces voies de remplacement pour diviser les Etats européens selon leurs besoins énergétiques.

L'Union européenne herche à développer ses approvisionnements en gaz à partir de l'Algérie et de la Norvège. Mais elle coopère aux projets russes pour les voies du Nord et du Sud. L'Allemagne, en particulier, a travaillé en lien étroit avec la Russie pour développer le gazoduc sous la Baltique, contournant la Pologne et les Pays baltes qui s'étaient opposés à ce projet de crainte qu'il ne les prive de leurs taxes de transit et qu'il ne les rende vulnérables à une coupure de gaz par la Russie.

La voie du Nord est un projet commun à Gazprom, BASE et Eon (deux firmes allemandes), et Gasunie (firme hollandaise). Prévue pour 2012, cette voie ira de Vyborg, au Nord de St-Petersbourg, à Greifswald en Allemagne. En novembre, le gouvernement allemand a déclaré que ce projet est « indispensable pour garantir le transport de quantités de gaz plus importantes vers l'Europe à l’avenir ».

La voie du Sud est un projet en partenariat avec la compagnie énergétique italienne ENI. Il est séparé en deux branches : l'une traversera la Bulgarie et la Grèce avant d'arriver en Italie ; la branche Nord ira de la Bulgarie à la Serbie puis la Hongrie et l'Autriche. Ce projet comprend une grande installation de stockage en Serbie.

Les deux voies du Sud sont généralement considérées comme la réponse de Gazprom au projet du gazoduc Nabucco. Financé par l'UE et favorisé par les États-Unis, le projet Nabucco transportera le gaz naturel provenant d'Asie Centrale depuis Erzurum en Turquie jusqu'à la gigantesque station d'interconnexion de Baumgarten an der March en Autriche. Une fois ouverte, cette voie permettrait à une grande quantité du gaz à destination de l'Europe de contourner la Russie. L'on estime que le projet de Gazprom passant par le Sud coûtera deux fois plus cher que le gazoduc Nabucco.

(Article original anglais publié le 7 janvier)


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