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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Une guerre de conquête coloniale en Afghanistan

Par James Cogan
16 juillet 2009

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La plus vaste opération militaire est à présent en train de se dérouler dans la province du Helmand dans le Sud afghan depuis l’arrivée au pouvoir d’Obama. Quelque 4000 marines ainsi que des centaines de soldats britanniques cherchent à prendre le contrôle de la population d’ethnie pachtoune qui a résisté à l’occupation conduite par les Américains depuis que l’invasion de 2001 avait renversé le gouvernement taliban et mis en place un régime fantoche.

Dans le même temps, le gouvernement pakistanais, principalement en raison de la coercition financière et politique exercée par le gouvernement de Washington, a commandé à son armée de lancer une offensive brutale contre la population pachtoune dans le nord-ouest du Pakistan. Le crime de celle-ci est qu’elle partage une histoire, une langue et une culture commune avec les Pachtounes d’Afghanistan et qu’elle soutient l’insurrection des talibans au-delà de la frontière mal définie entre les deux pays.

Le coût humain est déjà énorme. Dans un acte sauvage de punition collective, l’armée pakistanaise a forcé au moins 2,5 millions de personnes à fuir leur maison dans les agences tribales telles de Bajaur et de Mohmand ainsi que du district de la vallée de Swat dans la province de la frontière du nord-ouest. Les Etats-Unis parfont l’assaut par des tirs aériens presque quotidiens sur les maisons de présumés dirigeants insurgés pakistanais, notamment dans les agences du Sud et du Nord Waziristan. Cette semaine uniquement, les missiles américains ont massacré au moins 80 hommes, femmes et enfants.

Après presque huit années de combat en Asie centrale, Obama a porté le conflit à un nouveau niveau encore plus sanglant, l’« AfPak War » (guerre afghano-pakistanaise) étant mené de part et d’autre de la frontière. Il n’y a pas de fin en perspective. David Kilcullen, l’ancien conseiller du général David Petraeus, qui a contribué à la planification de l’augmentation des troupes à la fois en Irak et en Afghanistan, a précisé cette semaine au journal britannique Independent ce qui est ouvertement débattu à la Maison Blanche et à Downing Street :

« Nous envisageons une présence de dix ans au moins en Afghanistan et c’est là le scénario le plus optimiste et au moins la moitié de ce temps sera fait de combats plutôt importants. C’est l’engagement qui est nécessaire et c’est ce qu’on devrait dire aux gens aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et il faudrait leur dire que cela impliquera des coûts. »

La vérité est que les gouvernements des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d’autres pays qui participent à la guerre en disent le moins possible à leur population. Ils sont assistés en cela par des médias établis corrompus qui permettent qu’on les censure et qui ne fournissent que les articles les plus expurgés.

Des journalistes britanniques qui avaient été « embedded » (intégrés) aux forces de l’OTAN en Afghanistan ont dit le mois dernier au Guardian que la couverture de la guerre était « lamentable », « scandaleuse » et « indéfendable ». Thomas Harding du Telegrah a admis : « On nous a constamment dit que tout se passait sans heurt et on nous a menti à nous, comme au public. » (Voir : « A lack of cover »)

Une déclaration typique des mensonges officiels a été celle faite par le commandant américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, et rapportée par USA Today, selon laquelle les troupes américaines étaient dans le Helmand pour « créer un nouveau climat dans lequel les gens rejettent les talibans et leur culture de la peur et de l’intimidation. »

En réalité, comme le reconnaissait le New York Times la semaine dernière, les talibans regagnent du soutien en raison de la haine des occupants américains et de l’OTAN et du gouvernement fantoche à Kaboul. Le 3 juillet, la correspondante Carlotta Gall avait noté que « l’atmosphère qui règne au sein de la population afghane a basculé dans une révolte populaire dans certaines parties du sud de l’Afghanistan » et que les gens avaient « pris les armes contre des troupes étrangères pour protéger leurs maisons ou par colère après avoir perdu des membres de leur famille suite à des frappes aériennes. »

Afin d’écraser la résistance, le Marine Corps américain a imposé un régime de « peur et d’intimidation » aux 250 000 habitants de la vallée de la Helmand River. La tactique qui est appliquée par le général McChrystal est modelée selon les méthodes contre-insurrectionnelles qu’il avait employées dans les régions rebelles en Irak. Les principales villes ont déjà été placées sous régime militaire. Les mouvements de la population pour accéder aux marchés, aux magasins et aux hôpitaux seront contrôlés et surveillés par des couvre-feux, des postes de contrôle et des fouilles constantes ainsi que des interpellations de rues avec interrogatoire sur place. Les dirigeants locaux seront soumis à des pressions pour identifier les insurgés qui deviendront alors la cible d’assassinat ou d’enlèvement par des forces spéciales d’escadron de la mort, que les médias qualifient comme il se doit de « patrouilles de reconnaissance armées ».

Il est à noter qu’au moment même où le gouvernement Obama a intensifié la guerre il a quasiment abandonné le prétexte originel qui avait été utilisé pour la justifier.

Qu’est-il donc arrivé à Oussama ben Laden ? Il est rarement mentionné et al-Qaïda est de plus en plus souvent relégué au second plan dans les articles de propagande officielle et les comptes-rendus des médias.

Ce n’est pas un détail. La base juridique sur laquelle les troupes américaines se trouvent en Afghanistan est prétendument l’« Authorization for Use of Military Forces » (loi AUMF autorisant l’emploi des forces armées), adoptée conjointement par le Congrès américain le 18 septembre 2001, une semaine après le 11 septembre. La résolution autorise l’emploi des forces armées pour capturer ou détruire la direction d’al-Qaïda, à commencer par ben Laden, de façon à éviter d’autres attaques terroristes.

Près de huit ans plus tard, on ne prétend quasiment plus que les troupes américaines sont en Afghanistan pour traquer al-Qaïda. Au lieu de cela, on déclare que c'est une guerre contre les « talibans », une étiquette appliquée sans discrimination à tout Afghan qui résiste à l’occupation conduite par les Etats-Unis. Jamais, cependant, les talibans n’avaient été accusés d’avoir joué un rôle dans les attentats du 11 septembre. La justification donnée par le gouvernement Bush pour cibler le gouvernement islamique de Kaboul était d’avoir rejeté l'ultimatum exigeant l’extradition de la direction d’al-Qaïda aux Etats-Unis.

L’abandon du prétexte originel pour l’invasion pose la question : à l’aide de quelle prétendue justification juridique le gouvernement américain et ses alliés ont-ils poursuivi et intensifié la guerre ? La vérité est qu’ils n’en disposent d’aucune. Rien ne subsiste que la réalité d’une guerre impérialiste de pillage et pour la domination.

L’occupation conduite par les Etats-Unis en Afghanistan et la violence terrible qui submerge le Pakistan est l’apogée de 30 ans d’intrigue impérialiste américaine en Asie centrale dans le but d’instaurer une domination stratégique et économique sur la région riche en ressources.

A partir de 1979, les gouvernements américains avaient financé et approvisionné l’insurrection islamique afin de renverser le gouvernement afghan soutenu par l’Union soviétique. Dans les années 1990, la Maison-Blanche de Clinton avait encouragé ses alliés pakistanais à contribuer à l’installation des talibans à Kaboul, convaincue que ceci serait favorable aux ambitions des entreprises américaines visant à accéder au contrôle des principaux projets pétroliers et gaziers au Kazakhstan et dans d’autres Etats d’Asie centrale et à construire des oléoducs à travers l’Afghanistan. Quand la guerre civile et l’instabilité empêchèrent la réalisation de ces plans, la présence d’al-Qaïda fut exploitée, du moins jusqu’en 2000, pour commencer la préparation d’une conquête directe du pays par les Etats-Unis.

Les attentats du 11 septembre fournirent le prétexte à la mise en œuvre de ces plans. Tout comme un accès potentiel aux ressources des pays voisins, l’occupation de l’Afghanistan a fourni aux Etats-Unis et à ses alliés de l’OTAN une base stratégique avancée pour user de la force contre des rivaux revendiquant une influence régionale tels la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran.

La guerre AfPak n’est pas une guerre contre le terrorisme ou pour la démocratie ou pour aider le peuple afghan qui souffre depuis longtemps. C’est une guerre coloniale illimitée dont l’objectif central est de transformer l’Afghanistan en un Etat client des Etats-Unis et de garantir que le Pakistan demeure fermement sous l’influence géopolitique de Washington.

La classe ouvrière doit exiger le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes américaines et étrangères, la fin des opérations militaires impérialistes en Asie centrale et le droit des peuples afghan et pakistanais à déterminer leur propre avenir.

(Article original paru le 10 juillet 2009)


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