wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Les travailleurs confrontés aux licenciements de masse menacent de faire sauter leur usine

Par Alex Lantier
20 juillet 2009

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Des travailleurs de différentes usines qui vont fermer menacent de faire sauter leur usine.

Dans l'usine de l'équipementier automobile New Fabris de Châtellerault, ville industrielle de 36 000 habitants au sud de Tours, les travailleurs ont relié des bombonnes de gaz à un câble électrique. Ils exigent 30 000 euros d'indemnités de licenciement des entreprises automobile Renault et PSA Peugeot-Citroën, les deux principaux clients de New Fabris. Ils menacent de faire exploser le gaz s'ils n'en obtiennent pas le paiement d'ici le 31 juillet.

Le PDG de l'usine, Pierre Réau, a dit que PSA et Renault étaient responsables de la fermeture de New Fabris en « retirant brutalement et sans préavis leur commandes. » Après avoir passé des commandes représentant 90 pour cent des affaires de New Fabris, ils ont brutalement réduit leur commande au printemps de, respectivement, 80 et 30 pour cent.

Le tribunal de commerce de Lyon a placé New Fabris en liquidation le 16 juin. Tous les 366 travailleurs de l'usine vont perdre leur emploi.

Cette décision est l'exemple même de l'arrogance des patrons de l'industrie automobile. Renault et Peugeot ont, à eux deux, reçu en janvier dernier 6 milliards d'euros de l'Etat pour renflouer leurs caisses, en échange de la promesse de sauvegarder les emplois et l'activité industrielle. Châtellerault devrait perdre 2 400 emplois au cours de l'année à venir.

Un représentant local de la CGT (Confédération générale du travail) a rapporté que le 7 juillet les travailleurs de New Fabris étaient venus en bus manifester devant le siège social de Peugeot à Poissy, dans la banlieue ouest de Paris, et parler avec les travailleurs de Peugeot à l'usine de la Porte de Poissy. Mais un important détachement de CRS avait bloqué l'usine et une bonne partie de Poissy, empêchant ainsi toute discussion entre les travailleurs de New Fabris et ceux de Peugeot.

Interrogé sur la décision de faire sauter l'usine, un travailleur de New Fabris a expliqué: « Les machines et le stock des pièces usinées sont notre seule monnaie d'échange. » Les travailleurs évaluent à 3 à 4 millions d'euros le contenu de l'usine.

Le journal régional La Nouvelle République a rapporté le 17 juillet que des travailleurs de New Fabris et des représentants syndicaux s'étaient rendus au siège social de Renault à Billancourt. Mais Renault n'a proposé que 3 300 euros d'indemnités de licenciement et le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a refusé de rencontrer les travailleurs de New Fabris.

Les travailleurs de l'équipementier en télécoms Nortel, à Châteaufort près de Paris ont menacé de faire sauter l'usine avec des bombonnes de gaz le 14 juillet. L'usine avait été placée en liquidation le 28 mai sous la responsabilité de l'entreprise des services financiers Ernst &Young dont le personnel a refusé de rencontrer les travailleurs de Châteaufort. Le Monde a rapporté que les bombonnes de gaz avaient été préparées pour exploser par les travailleurs et non les représentants syndicaux.

Le Monde a interviewé le représentant CFTC de l'usine Christian Berenbach qui a dit: « Nous ne sommes pas des terroristes. On cherche à sortir de cette crise. » Berenbach a déclaré que Nortel avait provoqué la fermeture de l'usine en transférant 14 millions d'euros dans les comptes du siège social de l'entreprise au Canada.

Les travailleurs ont enlevé les bombonnes de gaz le 15 juillet lorsque Estrosi a déclaré qu'il rencontrerait des représentants d'Ernst & Young et les travailleurs de Nortel. Estrosi a ajouté qu'il ne voulait pas « affaiblir » les opérations de Nortel à Châteaufort car il pensait que l'entreprise « disposait de tous les ingrédients pour être pérenne. »

Chez l'équipementier automobile JLG de Faullet près de Bordeaux, 163 travailleurs font une grève en solidarité avec leurs 53 collègues récemment licenciés. Ils menacent de faire sauter l'inventaire de l'usine avec des bombonnes de gaz si les travailleurs licenciés ne reçoivent pas d'indemnités de licenciement. Le 15 juillet, la direction de JLG a accepté d'accorder 16 000 euros d'indemnité de licenciement mais les travailleurs en grève ont refusé la proposition et réclamé 30 000 euros.

Hier des reportages faisaient état de l'acceptation par la direction de JLG de payer les 30 000 euros de licenciement.

Ces évolutions témoignent de la situation politique explosive qui se développe tandis que les grandes entreprises utilisent la crise économique et les renflouements pour s'en mettre plein les poches aux dépens de la classe ouvrière.

Cette série de menaces de faire exploser les usines fait suite à une vague de séquestrations de patrons au printemps où les travailleurs menacés de licenciement prenaient en otages leur direction. De telles mesures ont reçu un large soutien de la population. Selon l'agence Ifop 63 pour cent des personnes interrogées disaient comprendre pourquoi les travailleurs séquestraient leur patron et 30 pour cent soutenaient carrément ces actions.

Le gouvernement est extrêmement impopulaire. Selon le dernier sondage Ifop, 59 pour cent des personnes interrogées désapprouvent la politique du président conservateur Nicolas Sarkozy.

La critique faite par Estrosi, ministre de l'Industrie, concernant les menaces des travailleurs de faire sauter les usines, « Ce n'est pas un comportement digne » ne mérite rien moins que le mépris. Le comportement qui n'est vraiment pas digne est celui du gouvernement qui verse des milliards et des milliards dans les poches des grandes banques et des grandes entreprises, tout en autorisant les fermetures d'usines dans tout le pays.

Si les travailleurs ne luttent pas pour défendre leurs emplois et leurs usines mais en sont, au contraire, réduits à la situation désespérée de marchander pour obtenir des indemnités de licenciement en menaçant de faire sauter leur usine, c'est parce qu'ils ont été politiquement isolés.

Aucun des partis officiels, de droite comme de « gauche », n'avance la perspective que la classe ouvrière toute entière devrait réagir à la crise économique sur un programme politiquement indépendant, à savoir la prise de pouvoir et l'utilisation des ressources sociales, actuellement mise à la disposition des banques au moyen de renflouements massifs de l'Etat, dans le but de reconstruire l'industrie et les emplois.

La « gauche » bourgeoise française, principalement les partis socialiste et communiste, ont joué un rôle crucial dans la destruction de l'industrie durant ces 30 dernières années, à la fois dans le gouvernement et dans l'opposition. Leur réaction face à la crise économique actuelle a consisté à proposer quelques modifications mineures au renflouement des banques proposé par Sarkozy. Leurs propositions, mises en avant dans des appels unitaires de soutien aux actions syndicales d'une journée du printemps dernier, étaient co-signées par les partis « d'extrême-gauche » tels le Nouveau parti anticapitaliste (NPA.)

Les syndicats, tout en participant aux projets de la gauche bourgeoise, ont délibérément isolé les travailleurs dans les usines ciblées.

La crise qui frappe l'industrie automobile française est un exemple classique. Les syndicats se sont concentrés ces dernières années à organiser des grèves d'une journée, peu efficaces, des fonctionnaires, grèves coordonnées de près avec l'Etat et ayant pour but de fractionner l'opposition aux attaques du gouvernement sur les acquis sociaux. Néanmoins, il n'y a pas eu d'action plus large pour s'opposer à la crise et au déclin de l'industrie automobile.

Au cours des dernières années, bien avant que n'éclate la crise économique, la production économique française était déjà en rapide déclin. Les chiffres de la production de cette année devraient chuter de 40 pour cent par rapport à la production déjà en déclin de l'an passé de 2,57 millions de voitures.

Malgré la profusion de gens qui se disent « socialistes » dans l'establishment politique français, il n'existe pas de parti de la classe ouvrière en France aujourd'hui.

En particulier, les partis « d'extrême-gauche » ont maintenu leur soutien aux syndicats et refusé d'appeler à une lutte politique contre les mesures de Sarkozy, ce qui nécessiterait une rupture politique d'avec les partis socialiste et communiste.

Le NPA qui est actuellement en train de négocier une possible alliance électorale avec le Parti communiste pour les élections régionales de 2010 a quelque peu révélé son orientation de classe dans une déclaration faite le 17 juin, « Licenciements: l'urgente coordination. » Malgré le titre de l'article qui semble être un appel à la lutte, il explique principalement pourquoi le NPA ne prend pas d'initiative pour apporter une direction politique aux luttes de la classe ouvrière.

Faisant remarquer l'isolement des luttes dans divers lieux de travail, le NPA écrit: « Ce serait l’occasion, pour les salariés eux-mêmes, de débattre des perspectives concrètes à mettre en avant aujourd’hui. Mais une telle rencontre ne se décrète pas. »

Citant un certain nombre de lieux de travail touchés par des grèves, le NPA ajoute: « Le NPA pourrait réunir des représentants d’une quinzaine d’entreprises en France aujourd’hui touchées par des plans de licenciements et sortir de son chapeau « un appel NPA ». Ce n’est pas sa manière de faire. »

La tâche la plus urgente est de créer un parti politique pour conduire les luttes des travailleurs en France et en Europe sur la base d'une perspective socialiste.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés