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WSWS : Nouvelles et analyses : Perspective

La guerre d'Obama

Par Bill Van Auken
23 juillet 2009

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Au fur et à mesure qu'Obama s'approche de la fin de son sixième mois à la Maison Blanche, les preuves s'accumulent qui montrent que son gouvernement n'en est qu'au début de ce qui ressemble de plus en plus à une escalade durable et majeure de la guerre américaine en Afghanistan.

Élus en grande partie en raison de l'hostilité des travailleurs américains envers la politique militariste du gouvernement Bush, Obama et le Pentagone mènent une brutale campagne anti-insurrection de plus en plus intense qui pourrait dépasser le carnage commis en Irak et se prolonger encore pour dix ans.

Le mois de juillet, à peine plus qu'à moitié entamé, est déjà le mois le plus mortel pour les forces sous commandement américain depuis que la guerre a commencé, il y a presque huit ans. Un total de 46 soldats des troupes d'occupation a été tué, dont 24 américains. Ce taux de mortalité – approximativement trois par jour – équivaut à celui des combats les plus intenses en Irak.

Pour les troupes gouvernementales afghanes, ce taux est encore plus élevé, le régime de Kaboul annonce qu'entre six et dix membres de la police nationale sont tués chaque jour.

Comme à chaque fois, le prix le plus élevé est payé par les Afghans eux-mêmes, ils sont de plus en plus nombreux à se faire tuer et subissent directement les conditions de l'occupation étrangère lorsque les troupes américaines mènent leurs opérations de « nettoyage ».

Une indication révélatrice de la violence employée contre les Afghans a été donnée la semaine dernière par l'armée de l'air américaine; elle a annoncé qu'elle avait largué 437 bombes sur l'Afghanistan en juin. Toujours selon l'armée de l'air, le nombre des missions de soutien des troupes au sol menées pour l'année 2009 par des avions américains s'élevait à 17 420 à la fin juin. À comparer aux 19 092 missions pour la totalité de l'année 2008.

L'utilisation croissante des bombardements aériens est symptomatique de troupes au sol dangereusement dispersés. Ses effets sur la population civile ont été une succession de massacres horribles, dont la mort en mai dernier de plus de 140 personnes déchiquetées par un raid américain contre deux villages de la province de Farah à l'ouest de l'Afghanistan.

L'amplification initiale de l'intervention sous contrôle américain fera plus que doubler le nombre de soldats américains dans le pays, de 32 000 à 68 000. Ils s'ajoutent aux 36 000 soldats d'autres pays de l'OTAN.

L'aspect le plus visible de cette augmentation des effectifs est le déploiement de 4 000 marines américains, ainsi que des centaines de soldats anglais, dans une offensive dans la province d'Helmand au sud de l'Afghanistan, considérée comme un bastion de la résistance.

L'opération Kandjar, comme elle est nommée, prends la tournure d'un fiasco, l'importante force américaine ne parvenant pas à engager le combat avec les insurgés. Ces derniers se sont fondus dans la population, tout en menant des attaques de guérilla qui ont prélevé un lourd tribut, particulièrement sur les troupes britanniques.

Dans les zones où la force américaine opère au Helmand, les insurgés retournent dans la population civile ou se retirent en lieux sûrs derrière la frontière du Pakistan. Mais la taille de la force d'occupation est totalement inadaptée pour tenir ces zones ou empêcher les insurgés de revenir une fois qu'elle est partie.

La menace d'une guerre bien plus sanglante s'est fait très précise dans les déclarations récentes des commandants militaires américains de haut rang.

Parmi les plus directs, il y a eu l'amiral Michael Mullen, président de la conférence des chefs d'état-major, qui a visité le quartier général américain de la base aérienne de Bagram, près de Kaboul, mercredi. Mullen a prévenu que les forces américaines devraient mener des « combats très difficiles » et a déclaré qu'il ne savait pas combien de temps la guerre continuerait.

« Je sais que les choses se sont détérioré progressivement au cours des trois ans, trois ans et demi, depuis 2006, » a-t-il déclaré à la BBC. « Et les Talibans sont devenus bien meilleurs, ils sont bien plus violents, ils sont bien plus organisés et il va donc y avoir des combats correspondant à cela. »

Si après huit années, les conditions pour les troupes d'occupation américaines se sont « détériorées progressivement » et si les insurgés sont devenus « meilleurs, » « plus violents » et « plus organisés, » ce ne peut être qu'une indication de l'hostilité des Afghans à l'occupant, qui garantit un nombre croissant d'insurgés et un large soutien populaire à leur lutte.

L'intensification de la présence américaine a été sévèrement limitée dans sa portée par son incapacité à mobiliser une force afghane significative pour se battre aux côtés des troupes américaines. Alors que les commandants américains prévoyaient un soldat afghan pour chaque Américain dans l'offensive du Helmand, seulement 650 afghans ont été déployés aux côtés des 4 000 américains.

Cette intensification américaine a également échoué à obtenir le soutien espéré de la part de l'armée pakistanaise, qui était censée être déployée pour bloquer les combattants Talibans qui essayaient de passer la frontière. Les troupes pakistanaises restent empêtrées dans la campagne lancée par les États-Unis dans le nord-est du pays, laquelle a fait 2,5 millions de réfugiés internes.

Tandis que les commandants américains décrivent cette escalade en Afghanistan comme un effort pour gagner la population à leur cause, en réalité la violence militaire à grande échelle est déchaînée contre un peuple appauvri pour le pousser à se soumettre.

Les prétextes d'origine donnés pour mener la guerre en Afghanistan ont été abandonnés en cours de route. La loi sur l'autorisation de l'usage de la force militaire passée par le Congrès américain à la suite des attaques du 11 septembre 2001 contre Washington et New York était censée permettre à l'armée américaine de poursuivre ceux qui étaient accusés de ces atrocités – Al Quaida et Oussama Ben Laden, des noms qui, actuellement, ne sont quasiment plus mentionnés dans les cercles dirigeants de Washington.

Quant au désir attribué à Bush d'exporter la démocratie au peuple Afghan, Obama a explicitement rejeté un tel but comme quelque chose d'irréaliste. À la place, l'Afghanistan aura des élections le 20 août, pour lesquelles tout le monde admet que le président Hamid Karzai, immensément impopulaire, sera réélu grâce au réseau de corruption qui le lie aux seigneurs de guerre et aux milieux criminels. Le résultat inévitable en sera une colère populaire renforcée contre le régime de Kaboul et les troupes américaines qui le protègent.

La seule raison qui subsiste pour ce qui est maintenant une guerre qu'Obama a repris à son compte, c'est la seule véritable depuis le début – l'utilisation de la puissance militaire américaine pour garantir la domination de Washington sur cette région d'Asie Centrale riche en pétrole et vitale d'un point de vue géostratégique.

Les galonnés américains militent ouvertement pour l'envoi de plus de troupes pour réaliser cet objectif. Les implications de ces demandes sont apparues clairement jeudi lorsque le ministre de la défense Robert Gates a dit qu'il envisageait de proposer d'augmenter la taille de l'armée américaine de 30 000 soldats pour alléger les tensions causées par l'envoi de renforts en Afghanistan et l'occupation de l'Irak qui se poursuit.

Il ne pourrait y avoir de charge plus accablante contre le gouvernement d'Obama. Élu sur une vague de sentiment anti-guerre, son gouvernement se prépare à augmenter les effectifs de l'armée des États-Unis pour mener une sale guerre coloniale qui s'éternise. Pendant ce temps, les officiers de haut rang exercent leur influence politique considérable sur le gouvernement d'une manière encore plus directe et ouverte que sous le gouvernement Bush.

Le militarisme américain sous Obama bénéficie du soutien de l'ensemble de l'establishment politique. Le congrès démocrate vote le financement des guerres, les grands médias répètent la propagande de guerre de la Maison Blanche et du Pentagone, et les prétendues organisations « de gauche » qui se tournaient par le passé vers les actions de protestation ont mis un terme à leurs manifestations et acceptent tacitement la guerre d'Obama.

Néanmoins, il reste une profonde hostilité envers la guerre parmi les masses de travailleurs américains, qui en fin de compte devront payer le prix du militarisme, par des atteintes de plus en plus profondes à leur niveau de vie, de plus en plus de soldats morts et blessés, et, finalement, le retour de la conscription pour remplir les rangs d'une armée en expansion. La lutte contre la guerre ne peut être menée que par la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre le gouvernement Obama et le système de profit capitaliste qui nourrit le militarisme.

(Article original anglais paru le 17 juillet 2009)

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