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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Le nouveau commandant américain en Afghanistan rassemble une équipe d'assassins

Par Bill Van Auken
13 juin 2009

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Sa position officiellement confirmée mercredi en tant que nouveau commandant du président Barack Obama pour la guerre en Afghanistan et au Pakistan, le général Stanley McChrystal s’est vu accorder des pouvoirs exceptionnels pour mettre sur pied sa propre équipe.

Selon plusieurs articles publiés jeudi, McChrystal, pour la création d’un comité permanent de guerre surnommé cellule de coordination Afghanistan-Pakistan, recruterait bon nombre d’éléments d’une escouade d’assassins ultra-secrète qu’il commandait sous l’administration Bush.

Cette unité, le Joint Special Operations Command (JSOC), fut formée en décembre 1980 dans la foulée de l’opération militaire avortée qui devait libérer des otages américains en Iran. Le commandement, composé de la Delta Force et des Navy SEALs, dirige des unités spéciales dans des opérations secrètes, souvent en collaboration avec des escouades de la CIA.

Sous le commandement de McChrystal entre 2003 et 2008, on a relié JSOC à des assassinats dans plus d’une douzaine de pays ainsi qu’à des enlèvements et de la torture. Sous l’administration Bush, il aurait mené des opérations secrètes en Iran, dont l’enlèvement et l’assassinat d’officiels suspectés d’aider les groupes de miliciens irakiens.

Plus tôt cette année, le chevronné journaliste d’enquête Seymour Hersh, qui écrit présentement un livre sur le sujet, a qualifié le commandement de « département de l’assassinat de l’exécutif ». Hersh a affirmé que le JSOC avait pour tâche « de se rendre dans des pays… de trouver des gens dont les noms étaient sur une liste, de les exécuter et de sortir de là ». Il a de plus ajouté que, sous l’administration Bush, l’unité se rapportait au bureau du vice-président Dick Cheney.

Selon le New York Times, McChrystal « a obtenu carte blanche pour sélectionner une équipe rêvée de subalternes, y compris de nombreux vétérans des opérations spéciales ». Le journal a expliqué l’« extraordinaire marge de manœuvre » dont a pu bénéficier le général par l’inquiétude de l’administration Obama face à la guerre. En effet, depuis l’invasion américaine du pays en octobre 2001, les plus hauts niveaux de violence ont été enregistrés au cours de la dernière année et les talibans ainsi que d’autres groupes d’insurgés ont pris le contrôle de la majeure partie du pays.

Citant des statistiques provenant du Pentagone, McClatchy News rapporta que, « Durant les cinq premiers mois de l’année, les attaques des insurgés en Afghanistan ont augmenté de 59 pour cent, les morts dans les forces de la coalition ont grimpé de 62 pour cent et l’utilisation d’engins explosifs a augmenté de 64 pour cent par rapport à la même période l’an dernier. »

Le mois dernier, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a annoncé le congédiement précipité du général David McKiernan et son remplacement par McChrystal, un geste qui reflétait une détresse grandissante à Washington. Le grand remaniement avait suivi les conclusions d’un détachement spécial du Pentagone mené par McChrystal en mai qui avait rapporté, concernant l’Afghanistan que la « situation de la sécurité dans les zones clés soit est médiocre, soit est dans une impasse ou bien se détériore. »

Choisi pour devenir l’adjoint de McChrystal et devant superviser les opérations quotidiennes en Afghanistan, on trouve le lieutenant-général David Rodriguez, l’ancien commandant de la 82e division aéroportée, qui avait été choisi l’année dernière par le secrétaire à la Défense Gates en tant qu’assistant pour le personnel militaire. Rodriguez est apparemment un ami de longue date et protégé de McChrystal.

McChrystal a sélectionné le major-général Michael T. Flynn comme conseiller au renseignement pour l’Afghanistan, a rapporté le Times. Flynn, qui est présentement le directeur du renseignement pour l’état-major interarmes à Washington, avait précédemment servi comme chef du renseignement pour McChrystal dans les opérations obscures du JSOC.

Le général Scott Miller a été choisi comme le commandant en chef de la Cellule de coordination Afghanistan-Pakistan. Il est depuis longtemps officier des opérations spéciales et, en tant que capitaine, avait commandé les troupes de la Delta Force dans le fiasco de « Blackhawk Down » de l’armée américaine à Mogadiscio en Somalie.

Selon le Wall Street Journal, la prétendue cellule de coordination a « pour modèle le système qu’a mis en place le général McChrystal en Irak alors qu’il commandait les Marines et d’autres forces spéciales ».

Il a été rapporté que les unités qu’il a commandées en Irak auraient mis en œuvre un programme d’assassinat dans ce pays dont l’objectif était d’éliminer ceux qui étaient soupçonnés de diriger des groupes d’insurgés irakiens hostiles à l’occupation américaine. Sous son commandement, il y avait aussi les personnels responsables d’un centre de détention et d’interrogation près de l’aéroport de Bagdad connu son le nom de Camp Nama, où les prisonniers étaient soumis à un abus systématique équivalent à de la torture. La devise de l’unité responsable de ce camp était « Pas de sang, pas de problème », pour signifier que tous les genres d’abus qui ne faisait pas saigner ses victimes étaient acceptables et ne provoqueraient pas d’enquêtes ou d’accusations. Des soldats qui ont été affectés à cette unité ont rapporté que McChrystal en était un visiteur régulier.

Etant donné son histoire, il est remarquable que le comité sur l’armée du Sénat sous direction démocrate n’ait pas soumis McChrystal à un interrogatoire sérieux ou prolongé durant son passage la semaine dernière devant le comité qui étudiait sa nomination. Le président du comité, le sénateur du Michigan Carl Levin a réglé la question de la torture en entrée de jeu en aidant McChrystal à faire porter le blâme au secrétaire de la Défense de cette époque, Donald Rumsfeld, et, ce, sous les ordres de Washington.

Dans un de ses éditoriaux, le quotidien de droite Wall Street Journal s’est réjoui de l’échec des démocrates à utiliser la question de la torture, ayant supposé le 4 juin qu’il en était ainsi parce que « le général McChrystal a été nommé par le président Obama, pas le président Bush ».

Au bout du compte, le seul obstacle à la nomination de McChrystal a été posé par les républicains qui ont laissé les procédures traîner en longueur.

Pour mettre fin au blocage des républicains, le leader de la majorité au Sénat Harry Reid a déclaré devant le Sénat mercredi dernier qu’il avait reçu un appel de l’amiral Mike Mullen, le plus haut gradé américain. Le chef de l’état-major interarmes lui avait dit, a affirmé Reid, que McChrystal devait se rendre en Afghanistan le soir même et qu’« un avion l’attendait actuellement » parce qu’il n’y avait pas de commandant sur le sol afghan.

« Approuvez donc sa nomination ce soir pour qu’il puisse partir », a dit Reid. Les républicains du Sénat ont répondu en déposant une motion recommandant McChrystal dans son poste en même temps que deux autres nominations militaires.

La couverture qu’ont faite les médias de la nomination de McChrystal et des changements de la stratégie de guerre que signifie la création de la Cellule de coordination Afghanistan-Pakistan a consisté en suggestion que la rotation prévue de ce groupe de 400 personnes entre la zone de guerre en Afghanistan et la planification de cette guerre à Washington allait permettre d’avoir un personnel « ayant développé de l’expertise ».

La carrière militaire de McChrystal et des hauts officiers qu’il a choisis comme adjoints, toutefois, suggère plutôt que se qui se prépare, c’est une importante escalade des meurtres en Afghanistan en mettant en place le même genre de méthodes qui furent employées lors de l’Opération Phoenix au Vietnam ou des escadrons de la mort lors de l’intervention américaine au Salvador.

Prenant la parole devant un groupe de journalistes lors d’un vol qui l’amenait à une réunion de l’OTAN à Bruxelles, le secrétaire à la Défense Gates a répété les avertissements donnés par de hauts responsables de l’armée selon qui l’augmentation du nombre des soldats américains qui atteindra 70 000 avant la fin de l’année signifie que le bain de sang deviendra lui aussi plus important.

« Nous avons été très ouverts pour annoncer que lorsque nous enverrons plus de soldats dans des régions qui n’ont pas encore vu de forces du gouvernement afghan ou de l’ISAF (Force internationale d'assistance et de sécurité), il y aura plus de combats et donc par conséquent plus de victimes. »

Pour son escalade de la guerre en Afghanistan et sa constante expansion au-delà de la frontière avec le Pakistan, l’administration Obama a choisi comme commandant un officier parmi ceux qui étaient le plus profondément impliqués dans les opérations criminelles réalisées sous Bush et Cheney. Cette nomination, et sa confirmation par un Sénat sous contrôle démocrate, est un signe clair qu’il y a consensus au sein de l’élite dirigeante à Washington sur la politique à suivre en Afghanistan. Cette politique signifiera encore plus de crimes de guerre contre le peuple afghan dans la campagne de Washington pour affirmer son hégémonie en Asie centrale par des moyens militaires.

(Article original anglais paru le 12 juin 2009)


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