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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Violences contre des étudiants indiens en Australie : les questions de classe

Par Laura Tiernan
18 juin 2009

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Des manifestations d'étudiants indiens en Australie au cours des 12 derniers jours ont mis en lumière une sinistre série de violentes attaques racistes qui étaient jusque-là restées dans l'ombre, qui a créé une vague d'indignation et de profondes inquiétudes en Inde comme en Australie. Une fois de plus, la négation des tensions produites par l'inégalité sociale et des décennies de politique libérale ont éclaté sous une forme délétère et réactionnaire, les « étrangers » – des étudiants indiens – soumis à des injures et des actes de violence racistes.

Ces attaques se sont amplifiées au cours des dernières semaines. À Sydney, un appartement a été incendié et des voitures brûlées, à Melbourne, au milieu d'injures racistes, un jeune a été brutalement poignardé avec un tournevis. Le 31 mai, les étudiants indiens ont répondu par une manifestation de 4000 personnes dans les rues du quartier commercial central, exigeant des actions de la police, du gouvernement fédéral et de celui de l'état fédéré pour garantir leur sécurité.

La réponse initiale du gouvernement travailliste a été de limiter les dégâts possibles pour l'économie australienne. Le 1er juin, le premier ministre Kevin Rudd a offert des garanties que « les plus de 90 000 étudiants indiens d'Australie sont les bienvenus dans notre pays ». La seule chose qui soit « la bienvenue », ce sont les milliards de dollars payés chaque année par les étudiants indiens, faisant partie des 15 milliards extorqués aux étudiants étrangers chaque année et que le gouvernement Rudd craint de perdre.

En réalité, ce sont les gouvernements fédéraux et les états fédérés successifs – qu'ils soient travaillistes ou libéraux – qui sont directement responsables des attaques contre les étudiants étrangers venus en Australie, ainsi que la police.

Selon le porte-parole de la Fédération des étudiants indiens d'Australie (FISA), Gautam Gupta, les insultes et autres crimes contre les étudiants indiens ont pris de l'ampleur régulièrement depuis deux ans, pourtant les plaintes déposées devant la police ont été systématiquement ignorées, les étudiants étant accusés d'être des « cibles faciles ». Alors que la police a permis aux forfaits de se poursuivre impunément, les manifestations étudiantes de ce mois-ci n'ont pas eu droit à la même complaisance.  La répression policière a été immédiate, avec mobilisation de la police anti-émeute, des chiens et de la police montée. Lorsque les étudiants et les habitants se sont réunis à la gare de Melbourne la semaine dernière, pour escorter de jeunes Indiens venus en train, ils ont été interpellés par la police. Voilà le vrai visage de la « protection » d'Etat.

Il faut noter que le commissaire de police de la zone, Robert Redfern, qui a dirigé l'opération de cette semaine à Harris Park, était affecté à Cronulla au moment des fameuses émeutes qui s'y sont produites en 2005. Sous le commandement de Redfern, la police a reçu l'ordre de ne pas intervenir lorsque des foules racistes et imbibées d'alcool ont brutalisé des jeunes du Moyen-Orient. Lorsque ces derniers ont répliqué les jours suivants, la répression a été immédiate. Le gouvernement de l'état fédéré a fait passer des lois draconiennes au Parlement, accordant des pouvoirs exceptionnels à la police et les médias ont vilipendé les « gangs libanais » qui, selon eux, « menaçaient l'ordre et la sécurité publics ».

Les manifestants ont demandé une meilleure protection de la part de la police, mais il faut prévenir les étudiants : comme à Cronulla, le gouvernement s'empare de ces demandes pour justifier de nouvelles décisions « garantissant la loi et l'ordre », qui peuvent s'appliquer contre l'ensemble de la classe ouvrière.

« L'Australie est un pays de grande diversité, d'harmonie et de tolérance » a déclaré Rudd le 1er janvier quelques heures après que la police a attaqué les manifestants du quartier commerçant de Melbourne. Au contraire, comme tout pays capitaliste, l'Australie est traversée par d'énormes – et croissantes – divisions de classe.

Dans les banlieues de Melbourne, y compris St Alban, où les menaces racistes augmentent, les tensions sociales sont sur le point d'exploser, créées par plus de trente années de restructurations économiques. Les industries, les banques et les bureaux qui employaient des dizaines de milliers de travailleurs à une époque, ont été fermés dans les années 1980 et 1990, condamnant des familles entières à une vie de chômage et de pauvreté dont elles ne se sont jamais remises.

Aujourd'hui, devant la pire récession mondiale depuis les années 1930, le chômage augmente à nouveau, on annonce qu'il atteindra un million l'année prochaine. Au cours des 12 derniers mois, le nombre des 15-19 ans sans emploi a bondi de 10 à 18 pour cent nationalement, le chômage des jeunes dans certaines zones approchant des 40 pour cent.

Le gouvernement Rudd, comme le gouvernement Howard avant lui, a répondu à cette crise sociale qui s'aggrave par les méthodes qui font partie du fonds de commerce du capitalisme australien, cherchant à détourner la colère et le ressentiment de la population dans les voies réactionnaires de la politique nationaliste et raciale. Au cours des 10 dernières années, les immigrés, les demandeurs d'asile, les « boat people », les musulmans et les « gangs libanais » sont tous devenus des boucs émissaires pour l'incapacité du système capitaliste à donner un cadre de vie et des services adaptés à des millions de gens ordinaires.

Cette semaine, alors que se poursuivaient les manifestations des étudiants indiens, Rudd a déclaré sur Radio Melbourne : « Ces dix dernières années, j'ai appris que nous avions, je crois, jusqu'à 20 australiens qui ont été soit tués soit victimes d'une attaque quelconque. Cela ne veut pas dire que les Australiens sont visés en Inde, c'est juste la réalité de la violence dans le monde. »

Rudd et l'ensemble de l'establishment politique cherchent à empêcher toute investigation sérieuse des causes des violences. Que les hauts niveaux de chômage chez les jeunes et de pauvreté aient alimenté les tensions raciales dans les grandes villes australiennes, n'est pas une « réalité » inévitable. Ces conditions sont le produit de la politique libérale appliquée par les gouvernements capitalistes successifs – travaillistes et libéraux – et de l'absence d'un mouvement politique unifié de la classe ouvrière pour s'y opposer, qui offrirait une alternative progressiste et socialiste.  C'est cela qui a laissé de nombreux jeunes à la merci des diversions réactionnaires fondées sur le racisme et le nationalisme.

En opposition aux tentatives de Rudd, de la police et des médias capitalistes de diviser les jeunes Australiens, Indiens et du Moyen-Orient selon leur nationalité ou leurs origines ethniques, avec le danger bien présent d'une escalade des représailles, les couches les plus avancées des étudiants et de la classe ouvrière doivent se tourner précisément vers le développement d'un mouvement internationaliste et socialiste dans la classe ouvrière. C'est la perspective pour laquelle se bat le Comité international de la Quatrième Internationale et son mouvement étudiant, l'Internationale étudiante pour l'égalité sociale.

En décembre 2005, juste après les émeutes racistes de Cronulla, Wije Dias, secrétaire général du Parti de l'égalité socialiste du Sri Lanka, avait publié un avertissement aux jeunes d'Australie, s'appuyant sur les leçons de la longue et tragique expérience sri lankaise concernant les politiques raciales :

« La réponse ne réside pas dans le communautarisme, mais dans les solutions de classe s'appuyant sur la reconnaissance du fait que tous les travailleurs, quelle que soit leur religion, leur couleur de peau, leur langue ou leur ethnie, doivent faire face à un ennemi commun : le système capitaliste de profit. Si la classe ouvrière internationale ne prend pas l'initiative et ne lutte pas pour la restructuration socialiste de la société, la classe dirigeante continuera à accumuler les conflits fratricides : que ce soient les "Aussies" contre les "Libanos" ou les Cingalais contre les Tamouls. Rien de moins que l'abolition du capitalisme mondial et la construction du socialisme mondial ne pourra garantir la fin des conflits, de la guerre et garantir les droits démocratiques fondamentaux et un niveau de vie décent à chacun. »


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