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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

La Banque mondiale révise à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2009

Par Tom Eley
29 juin 2009

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Un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé « Perspectives pour l’économie mondiale » réfute les récentes assertions selon lesquelles on serait au début d’une reprise économique. Le rapport prévoit une contraction de l’économie mondiale de 2,9 pour cent en 2009, une importante révision à la baisse par rapport au précédent estimé fait par la banque en mars, où elle avait anticipé une baisse de 1,7 pour cent. Elle a de plus révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2010, soit de 2,3 à 2 pour cent, anticipant « une reprise beaucoup plus discrète que lors d’une récession normale ».

La Banque mondiale affirme que le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis aura diminué de 3 pour cent à la fin de l’année, celui du Japon de 6,8 pour cent ainsi que 4,5 pour cent pour la zone euro. Le commerce mondial va chuter de près de 10 pour cent. Toutes ces prévisions sont pires que ce qui avait été anticipé en mars.

Le rapport révèle en fait que la crise financière, qui fut déclenchée par les pratiques prédatrices et spéculatrices des grandes banques, est maintenant devenue une crise mondiale de la « véritable économie ». Les conséquences humaines seront graves et celles-ci seront surtout senties par les masses ouvrières et les régions les plus pauvres du globe.

 « Le chômage est en hausse et la pauvreté devrait augmenter pour les économies en développement, entraînant une détérioration considérable des conditions de vie pour les gens les plus pauvres et vulnérables », dit le rapport. On anticipe déjà que 200 millions de personnes vont sombrer dans la pauvreté cette année en raison de la crise économique et que le nombre de personnes sous-alimentées grimpera au-dessus d’un milliard pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.

La production industrielle mondiale a diminué de 13 pour cent en l’espace de six mois, entre septembre 2008 et mars 2009, selon la Banque mondiale. La valeur en dollars du commerce des biens manufacturiers a chuté du tiers durant la même période et « pratiquement chaque » pays a rapporté un déclin marqué de sa production industrielle.

De nombreux pays utilisent maintenant moins de 70 pour cent de leur capacité industrielle, y compris les Etats-Unis.

La demande pour les biens de consommation durables a chuté à un taux annualisé d’environ 20 pour cent en Europe occidentale et aux Etats-Unis au cours du quatrième trimestre de 2008. Au premier trimestre de 2009, la demande mondiale d’automobiles a diminué de 30 pour cent.

La crise dans la production industrielle semble être devenue un cycle qui se perpétue de lui-même. La chute du secteur manufacturier mène à plus de mises à pied, ce qui réduit davantage la capacité des consommateurs d’acheter des produits manufacturés, ce qui entraîne davantage de mises à pied et ainsi de suite.

La confiance à la baisse des consommateurs est reflétée dans une augmentation des taux d’épargne, qui aux Etats-Unis sont passés de 0,6 pour cent en 2007 à 5,7 pour cent en avril 2009. La Banque mondiale croit que cette tendance se poursuivra, les ménages continuant de récupérer une partie de l’avoir qu’ils ont perdu dans les valeurs des maisons et les investissements en bourse. La richesse des ménages américains a chuté de près de 15 pour cent, ou 11,3 billions entre les quatre trimestres de 2007 et 2008.

La Banque mondiale anticipe que les pays en développement vont expérimenter une hausse du PIB de seulement 1,2 pour cent en 2009, après avoir augmenté à un taux de 5,9 pour cent en 2008 et de 8,1 pour cent en 2007. En excluant la Chine et l’Inde, le PIB du monde en développement devrait chuter de 1,6 pour cent.

Depuis qu’ils ont atteint leur sommet de 1,2 billion de dollars en 2007, les flux de capitaux internationaux vers les nations en développement ont chuté à 707 milliards de dollars en 2008 et la Banque mondiale anticipe qu’ils vont chuter à 363 milliards de dollars en 2009, moins du tiers du volume d’il y a deux ans.

Ces « perspectives économiques de plus en plus graves » proviennent du déclin des investissements étrangers directs, de l’argent des exportations et des allocations des émigrés. La crise des liquidités sera aggravée en raison de la difficulté à garantir les prêts et le crédit, alors que les principales économies, particulièrement les Etats-Unis, absorbent les liquidités mondiales par des dépenses déficitaires en forte hausse. Le rapport prédit que le total des besoins en emprunt des pays en voie de développement vont excéder l’afflux de capitaux jusqu’à 635 milliards de dollars en 2009.

Sauf quelques exceptions, les pays en développement souffrent déjà d’un manque de capitaux. Dans les mois après le début en force de la crise financière en septembre 2008, ils ont souffert de la migration des investissements hors des économies « émergeantes », alors que les investisseurs cherchaient la sécurité dans les devises et les économies importantes et que les firmes récupéraient leurs investissements pour améliorer leurs bilans financiers.

La Banque mondiale prédit que la crise pour les pays en développement sera la plus grave en Europe de l’Est et en Asie centrale. Là, la crise pourrait « forcer un bon nombre de pays… à entamer un processus beaucoup moins ordonné d’ajustement, caractérisé par une dépréciation considérable de la devise et des coupures douloureuses dans la demande intérieure. »

La Russie, par exemple, devrait voir son PIB chuter de 7,5 pour cent en 2009, une conséquence des prix à la baisse des marchandises. L’économie de la Turquie chutera de 5,5 pour cent et celle du Pakistan stagnera, augmentant à un taux de 1,1 pour cent.

Quant aux grandes économies de l’Amérique du Sud, la Banque mondiale s’attend à ce que le Brésil et l’Argentine voit leur PIB diminuer, de 1,1 pour cent et 1,5 pour cent respectivement. Le PIB du Mexique pourrait perdre 6 pour cent, une réduction causée par la baisse marquée du commerce avec les Etats-Unis et les suites de l’éruption de la grippe porcine  dans ce pays. L’Afrique sub-saharéenne a été très durement touchée par la diminution du prix des produits de base et le flux de capital entrant « significativement diminué » signale le rapport. Il est estimé que la croissance régionale atteindra 1 pour cent en 2009.

Les marchés financiers, qui ont perdu un peu de leur valeur depuis deux semaines, ont réagi négativement aux avertissements de la Banque mondiale sur la croissance mondiale. Les actions ont connu une baisse de leur valeur aux Etats-Unis, en Europe, au Mexique et au Brésil après la publication du rapport lundi dernier. Le mardi suivant, le Nikkei, le principal indice de la bourse de Tokyo au Japon, a perdu 3,1 pour cent, des analystes citant les craintes quant à l’économie mondiale. Les prix du pétrole brut ont aussi diminué.

La Banque mondiale fait référence à la nature artificielle de l’augmentation des prix des actions dans les principales bourses des Etats-Unis depuis trois mois. Rien ne s’est produit dans l’économie réelle, que ce soit aux Etats-Unis ou internationalement, qui pourrait justifier le sentiment exubérant régnant parmi les investisseurs. Il semble maintenant que la montée de la valeur des actions a été orchestrée, avec l’aide de l’administration Obama, pour permettre aux gros joueurs de la finance de se refaire un peu.

Au début du mois de mars, le président américain Barack Obama a appelé les travailleurs américains à investir sur le marché. « Ce que vous voyez aujourd'hui, c’est que… le profit et le retour sur l’investissement commencent à s’approcher du point où l’achat d’actions est potentiellement une bonne affaire si vous envisagez un investissement à long terme », a-t-il dit.

Mais un article paru mardi dernier dans le Financial Times et intitulé « Des dirigeants pessimistes vendent leurs actions » explique qu’au cours du dernier mois, au moment même où la propagande sur les « nouvelles pousses » de l’économie atteignant son sommet, les principaux dirigeants vendaient leurs actions en masse.

Selon des données de la Securities and Exchange Commission (SEC), l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, la vente des actions « par les soi-disant initiés au sein des compagnies » a dépassé l’achat des actions par un facteur de 22. Les initiés travaillant dans une des compagnies participant à l’indice boursier S&P 500 ont vendu pour 2,6 milliards de dollars en action en juin alors que pour la même période, ils n’en ont acheté que pour 120 millions de dollars selon TrimTabs, une compagnie spécialisée dans la recherche d’information utile aux investissements.

« Les joueurs les plus intelligents sur la bourse américaine (c’est-à-dire les principaux dirigeants  qui dirigent les compagnies à actions) ne gagent pas leur argent sur une reprise économique », a dit Charles Biderman, le directeur général de TrimTabs.

(Article original anglais paru le 24 juin 2009)


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