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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Besancenot et le NPA soutiennent la politique de Sarkozy sur les élections en Iran

Par Peter Schwarz
25 juin 2009

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C'est souvent dans leur réaction aux événements internationaux que les organisations pseudo-gauchistes révèlent leur véritable orientation sociale. Le domaine de la politique nationale, où le bilan des politiciens de droite est connu d’un vaste public, impose souvent certaines limites à leur opportunisme, du moins en termes de rhétorique. Ces organisations ne connaissent toutefois pas de telles inhibitions sur la scène internationale et exposent ouvertement leur véritable position de classe. C’est le cas avec la réaction du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) aux derniers événements survenus en Iran.

Le NPA, sous la direction de son dirigeant Olivier Besancenot, n’avait jusque-là consacré que quelques lignes aux événements qui ont eu lieu en Iran. [1] Et pourtant, sa position est évidente et totalement alignée sur celle du président français, des partis traditionnels de l’establishment et des médias officiels.

Le NPA a accepté sans critique et sans les avoir vérifiées, les affirmations selon lesquelles les résultats des élections iraniennes avaient été massivement falsifiés. Il reproche au président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, d’écarter du pouvoir les soi-disant forces réformatrices au moyen d’un « véritable coup d’Etat » en se déclarant être solidaire sans réserve avec « tous ceux qui manifestent publiquement et courageusement leur opposition au régime en place. »

Dans un autre communiqué officiel du parti en date du 16 juin il est dit : « Le NPA… soutient tous ceux et toutes celles qui veulent en finir avec la République islamique. » La déclaration ne procède à aucune analyse des intérêts sociaux et des programmes politiques qui font l’objet des luttes en Iran. Le NPA fournit un blanc-seing à tous ceux qui veulent renverser le régime iranien, sans tenir compte des intérêts et des objectifs qu’ils poursuivent.

Le fait que ceux qui « veulent en finir avec la République islamique » comprennent aussi l’impérialisme américain et français importe aussi peu au NPA que le programme du candidat vaincu Mir Hossein Moussavi qui soutient des coupes budgétaires dans les programmes sociaux, la privatisation des entreprises d’Etat et l’ouverture de l’Iran au capital international. C'est-à-dire que Moussavi préconise précisément ce même modèle économique « néo-libéral » que le NPA dit par ailleurs rejeter.

La déclaration du NPA est un signal clair lancé aux gouvernements français et américain leur disant qu’ils peuvent compter sur le soutien propagandiste du NPA lors de leurs efforts pour mettre en place un régime pro-occidental en Iran.

Le NPA ne propose pas la moindre perspective indépendante à la classe ouvrière et aux masses opprimées en Iran. Il exprime sa solidarité avec « la jeunesse étudiante, les femmes et, au-delà, tous celles et ceux qui résistent courageusement » au régime, mais ne se distance pas lui-même des éléments bourgeois de droite qui dirigent ce mouvement de protestation.

Il n’est pas un secret que de nombreux manifestants sont issus de la classe moyenne supérieure pour qui la priorité n’est pas en premier lieu la démocratie (et certainement pas la justice sociale), mais l’extension de leurs privilèges sociaux qui sont actuellement restreints par le régime clérical.

A cet égard, des parallèles existent avec les manifestations qui avaient renversé il y a vingt ans les régimes staliniens en Europe de l’Est. A l’époque aussi, un grand nombre de jeunes y avaient participé, mais en fin de compte, les principaux bénéficiaires en furent une infime minorité privilégiée qui s’est enrichie avec la restauration du capitalisme et la démolition du système social.

Le NPA ne tente pas non plus de jeter un pont entre les pauvres et les opprimés qui ont massivement voté pour Ahmadinejad parce qu’ils savent que Moussavi et ses partisans projettent de mettre en place de vastes attaques sociales. Un programme socialiste et qui soit dirigé contre toutes les ailes de l’élite dirigeante est nécessaire pour unifier la classe ouvrière, la masse des pauvres et de la jeunesse étudiante. Mais le NPA rejette un tel programme. Dans la lutte qui oppose Moussavi à Ahmadinejad, deux représentants réactionnaires de l’élite dirigeante, il se place sans réserve du côté de Moussavi.

La position du NPA est d’autant plus remarquable que quelques jours plus tôt, juste avant les élections, il avait fait une évaluation tout à fait différente de la situation. A ce moment, il avait jugé que peu d’intérêt serait porté aux élections. « Avec près de 40 pour cent de chômeurs, 30 pour cent d’inflation, 12 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, la grande majorité de la population voit son pouvoir d’achat chuter, » écrivait-il le 10 juin. « Les Iraniens n’attendent pas grand-chose de ce scrutin. » [2]

Les quatre candidats présents sur les listes électorales sont « des caciques du régime », poursuit l’article. « Il s’agit d’une lutte d’influence acharnée entre les factions au pouvoir. » Moussavi est le candidat « le plus bienveillant à l’égard des intérêts occidentaux » et pour qui « une partie de la jeunesse issue des classes moyennes et citadines sera tentée de voter. »

A l’époque, le NPA prêtait à Ahmadinejad de bonnes chances d’être élu : « Cependant, les chances de victoire d’Ahmadinejad sont réelles. Il conserve, notamment par sa rhétorique pieuse, nationaliste et populiste, une capacité de mobilisation importante au sein des couches les plus pauvres de la population. Il dispose de véritables soutiens au sein des Pasdarans [ou Sepah, les Gardiens de la Révolution], dont il est le garant des intérêts. Enfin, il est le candidat du Guide suprême. »

Une semaine plus tard, tout était oublié. Dès que les manifestations contre le résultat des élections ont laissé entrevoir la possibilité d’un changement de régime, le NPA a rejoint le camp du candidat « le plus bienveillant à l’égard des intérêts occidentaux », pour prêter sa voix à tous ceux qui affirment que les résultats des élections ont été falsifiés.

Ce modus operandi est typique du NPA et de son prédécesseur, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Tant que la situation est calme, ils se disent de gauche. Dès qu’une crise se profile, ils se mettent entièrement au service de l’ordre bourgeois.

En 2002, Olivier Besancenot avait obtenu 1,2 million de voix en tant que candidat de la LCR au premier tour des élections présidentielles. A l’époque, les candidats positionnés à gauche du Parti communiste avaient recueilli dix pour cent du scrutin. Mais, quand des millions de personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre la présence au second tour de l’élection du fasciste Jean-Marie Le Pen, la LCR avait canalisé ce mouvement derrière le président sortant, Jacques Chirac. Elle avait appelé à voter pour Chirac en l’aidant à remporter une écrasante victoire électorale, stabilisant ainsi la droite française.

Le soutien du NPA pour Moussavi est l’expression d’un phénomène plus général. La crise économique et sociale entraîne une différenciation de la classe moyenne. Tandis que les couches inférieures connaissent un déclin social, les couches supérieures plus privilégiées se tournent vers la droite. Les organisations politiques qui dépendent principalement de la classe moyenne suivent ces couches supérieures.

Ceci peut se voir le plus clairement dans le développement des Verts, dont les cadres, comme pour la LCR/NPA, sont issus du mouvement étudiant de 1968. Les Verts ont tiré en partie profit du déclin des partis sociaux-démocrates et communistes et, ce faisant, ont opéré un virage à droite. Aujourd’hui, ils font partie des piliers de l’ordre bourgeois. En Allemagne, ils ont supervisé, aux côtés du Parti social-démocrate de l’Allemagne (SPD), la remilitarisation de la politique étrangère et procédé aux coupes les plus massives des dépenses sociales depuis la Seconde Guerre mondiale. En France, lors des dernières élections européennes, ils ont failli faire jeu égal en termes de résultats avec le Parti socialiste pour se présenter à présent comme des alliés potentiels de la nouvelle coalition bourgeoise. Les Verts européens soutiennent sans réserve le camp Moussavi en Iran en appelant au renversement du régime.

En dépit de sa rhétorique de gauche, le NPA représente une orientation identique à celle des Verts. La réponse du NPA aux événements en Iran montre qu’il est plus proche de la classe supérieure avec laquelle il forme l’épine dorsale du mouvement de protestation de Moussavi que de la classe ouvrière et des pauvres qui détestent Moussavi et ses partisans autant sinon plus qu’Ahmadinejad.

Notes:

[1] « Iran: vague de colère... »,17 juin 2009 (http://www.npa2009.org/content/iran-vague-de-colère); « Fraude électorale et répression en Iran », 16 juin 2009 (http://www.npa2009.org/content/communiqué-du-npa-fraude-électorale-et-répression-en-iran)

[2] « Iran: une élection sans grand espoir », 10 juin 2009 (http://www.npa2009.org/content/iran-une-%C3%A9lection-sans-grand-espoir%C2%A0)

(Article original paru le 23 juin 2009)

 


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