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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim en 2009

Par Joe Kishore
24 juin 2009

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L’humanité parviendra cette année à obtenir la distinction douteuse d’avoir plus d’un milliard de membres de son espèce à souffrir de la faim pour la première fois de l’histoire.

Le nombre de personnes sous-alimentées est estimé avoir fortement augmenté d’environ 100 millions au cours de l’année passée pour atteindre 1,02 milliard selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

L'augmentation de 11 pour cent des affamés du monde est principalement une conséquence de la crise économique mondiale combinée à la hausse persistante du prix de la nourriture. L’on s’attend à ce que la production économique mondiale baisse de plus de 3 pour cent cette année, la première contraction mondiale depuis la Seconde Guerre mondiale. La crise économique, remarque la FAO, « a réduit les revenus et augmenté les pertes d’emplois pour les pauvres réduisant ainsi considérablement leur accès à la nourriture ».

Les affamés du monde sont concentrés en Asie et dans le Pacifique (642 millions), en Afrique subsaharienne (265 millions), en Amérique latine et dans les Caraïbes (53 millions), au Proche-Orient et en Afrique du Nord (42 millions). L'Afrique subsaharienne compte la plus importante concentration de personnes affamées, tandis que le Proche-Orient et l'Afrique du Nord ont enregistré la plus forte croissance du nombre de personnes affamées (13,5 pour cent.)

La définition de la faim par l’agence est fondée sur le nombre de calories consommées. En fonction de l’âge relatif et de la proportion homme-femme d’un pays donné, la limite varie entre 1600 et 2000 calories par jour.

Il est probable que les chiffres de la FAO sous-estiment de manière significative le nombre de personnes souffrant de la faim. Une étude publiée en début d’année a montré que 12 millions d’enfants sont menacés par le risque d’insuffisance alimentaire aux Etats-Unis (voir, US: 12 million children face hunger and food insecurity). Les chiffres de la FAO évaluent le nombre total de personnes affamées à 15 millions dans l’ensemble des « pays développés » (y compris les Etats-Unis et l’Europe).

Selon la FAO, l’augmentation de la faim n’est pas le résultat d’une baisse de la production alimentaire. La production des céréales par exemple ne baissera que faiblement cette année par rapport à 2008. Par contre, « les pauvres sont moins en mesure d’acheter de la nourriture, particulièrement là où les prix sur les marchés locaux restent très élevés… A la fin de 2008, les aliments de base locaux coûtent encore en moyenne 24 pour cent de plus en termes réels qu’il y a deux ans ; une donnée qui était valable pour toute une gamme d’importants produits alimentaires. »

En d’autres termes, la forte augmentation de la faim n’est pas due à un manque de capacité, bien que la production alimentaire mondiale puisse être accrue de manière significative grâce à une utilisation rationnelle et scientifique des ressources agricoles. L’augmentation de la misère sociale vient par contre du fait que davantage de millions de gens ne peuvent plus à présent se payer les produits de première nécessité.

La FAO souligne trois aspects de la crise actuelle qui la rendent tout particulièrement sévère. Premièrement, elle fait suite à l’augmentation rapide des prix alimentaires des années 2006-2008. Cette bulle avait en partie été créée par des activités spéculatives d’investisseurs qui avaient déversé de l’argent dans les matières premières alors que se développait la crise financière. Cette augmentation antérieure des prix avait grignoté la marge de manœuvre créée par les ménages pour faire face aux chocs économiques (voir graphique).

Deuxièmement, la crise est mondiale. La FAO remarque, « Lorsque les crises économiques se limitent à des pays individuels, ou à plusieurs pays dans une région particulière, les gouvernements ont la possibilité de recourir à des instruments tels la dévaluation de la monnaie, l’emprunt ou le recours fréquent à l’aide officielle pour contrecarrer les effets de la crise. »

Troisièmement, les pays plus pauvres sont « financièrement et commercialement plus intégrés dans l’économie mondiale » et sont de ce fait « bien plus exposés aux fluctuations des marchés internationaux ». Ils sont bien plus sensibles aux rapides variations de la demande ou de l’offre mondiale et aux restrictions de crédit.

Un autre facteur concerné et qui n’a pas été mentionné par la FAO est la façon avec laquelle le gouvernement américain a monopolisé les marchés de crédit pour financer ses plans de sauvetage des banques à hauteur de plusieurs milliers de milliards de dollars en exploitant pour ce faire la position privilégiée du dollar américain. Les pays plus pauvres n’ont pas ce privilège et doivent faire face en conséquence à des coûts d’emprunt plus élevés.

La FAO prend note de l’augmentation des taux d’intérêt pour la dette des « pays en développement » parallèlement à l’absence totale de crédit disponible pour certains pays. La crise économique a entraîné d’autres changements rapides sur les marchés financiers, y compris l’assèchement des investissements directs étrangers.

De nombreux pays plus pauvres connaissent une forte baisse des transferts de revenus des migrants de l’ordre de 5 à 8 pour cent. La FAO précise : « Qui plus est, les transferts ont normalement résisté aux chocs et ont souvent même augmenté durant les crises économiques dans les pays bénéficiaires. Il est improbable que l’effet contre-cyclique de ces transferts se produise cette fois en raison de l’ampleur mondiale de la récession actuelle. »

La FAO s’attend aussi à ce que l’aide étrangère en faveur des 71 pays les plus pauvres chute de 25 pour cent. Le montant total de l’assistance officielle au développement (ODA) de tous les pays s’élève à environ 100 milliards de dollars par an, comparé aux milliers de milliards débloqués pour les plans de sauvetage des banques et le budget militaire américain qui représente plus de 500 milliards de dollars.

Les pays qui sont tributaires des exportations sont tout particulièrement durement touchés par la crise économique et l’on s’attend à ce que le commerce mondial baisse de 5 à 9 pour cent cette année.

Les implications de la dégradation rapide de l’économie mondiale et la baisse des niveaux de vie qui s’ensuit pour des millions de gens ne sont pas passées inaperçues aux responsables des Nations unies. Le Dr Jacques Diouf, directeur général de la FAO, a déclaré : « Cette crise silencieuse de la faim… constitue un risque majeur pour le maintien de la sécurité et de la paix dans le monde. » Josette Sheeran, directrice du Programme alimentaire mondial a dit, « Un monde affamé est un monde dangereux. »

De nombreux commentateurs ont signalé la possibilité d’une répétition des émeutes de la faim qui avaient éclaté en 2008. En début d’année, les pays du G8 s’étaient réunis pour discuter de « l’urgence alimentaire ». Il n'était pas sorti grand-chose de cette conférence si ce n’est l’expression d’une préoccupation commune quant au danger d’une explosion sociale et d’une révolution.

(Article original paru le 20 juin 2009)


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