wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Ce qui est bon pour GM…

Par Jerry White
6 juin 2009

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

La faillite de General Motors est un important point tournant de la vie économique et politique des Etats-Unis.

Le géant industriel, jadis l’entreprise la plus importante et la plus profitable au monde, a défini le capitalisme américain pour la majeure partie du 20ième siècle. Sa présence dominante au sein de l’économie américaine avait inspiré la célèbre remarque du directeur général de GM, Charles Wilson, en 1953 : « Ce qui était bon pour le pays était bon pour General Motors et vice versa. »

La déclaration de Wilson, bien que parlant pour ses propres intérêts, semblait être juste alors que GM employait un demi-million de travailleurs américains, dont les conditions de vie s’amélioraient, et que l’industrie de l’automobile était au centre d’une vaste industrie manufacturière responsable de 60 pour cent de tous les profits aux Etats-Unis.

L’effondrement de GM symbolise le déclin et la crise du capitalisme américain ainsi que le rôle prédominant qu’a développé la spéculation financière au sein de l’économie américaine et mondiale. La faillite forcée de GM est la démonstration la plus claire de la subordination de tous les intérêts sociaux à l’aristocratie financière qui gouverne les Etats-Unis.

L’annonce de la faillite a provoqué une hausse de 221 points à la bourse de New York, même après l’annonce que GM se verrait retirer de la liste Dow Jones des 30 meilleures actions, dont l’entreprise faisait partie depuis 1925. Cette hausse était la célébration par l’élite financière de la destruction de dizaines de milliers d’emplois et de l’extorsion de concessions salariales et autres des travailleurs, dont les conditions de vie âprement disputées sont perçues depuis longtemps comme un obstacle inacceptable aux profits.

 « La faillite de GM est très positive pour l’industrie de l’automobile : ils devraient en sortir comme un compétiteur sérieux », a déclaré à Bloomberg News Len Blum, administrateur chez la firme bancaire d’investissement Westwood Capital LLC à New York. « Les contrats de travail et les relations avec les débiteurs et les franchisés sont les seules choses qui empêchent GM d’aller de l’avant. Tout ceci devrait être nettoyé par une faillite. »

Le « nettoyage » exigé par les gros investisseurs aura des conséquences sociales désastreuses. GM va fermer 14 usines au Michigan, en Ohio, en Indiana et dans d’autres Etats déjà touchés par de hauts taux de chômage et la détresse sociale. Quelque 23 000 travailleurs au taux horaire et 8000 salariés vont perdre leur emploi et 2100 concessionnaires vont fermer, affectant ainsi jusqu’à 100 000 travailleurs.

Dans ses remarques après l’annonce de la faillite, le président Obama s’est comporté de manière à assurer à Wall Street que le gouvernement, qui assume une part majoritaire dans GM en échange de près de 50 milliards $ en fonds publics, ne ferait rien qui affecterait la propriété privée ou les prérogatives de l’élite financière. « Ce que nous ne faisons pas, ce qui ne m’intéresse absolument pas, est de diriger GM », a-t-il dit.

La compagnie « sera dirigée par un comité d’administrateurs privés et une équipe de gestion », a-t-il insisté, montrant clairement qu’ils seront des experts en restructuration et en baisse des coûts. « Ils, et non le gouvernement, vont diriger et vont prendre les décisions sur comment placer cette compagnie dans une autre direction, a-t-il continué. Le gouvernement fédéral va s’abstenir d’exercer ses droits en tant qu’actionnaire. … En un mot, notre but est de remettre GM sur pied, de garder une certaine distance et de se retirer rapidement. »

Pendant des années, la classe dirigeante américaine a dénoncé les « nationalisations » en raison de leur association avec le socialisme et a chanté les louanges du libre marché capitaliste. Maintenant, le gouvernement fédéral s’empare essentiellement de GM.

Cependant, cela n’a rien à voir avec le socialisme ou de véritables nationalisations. Le gouvernement n’intervient pas pour défendre les intérêts du public et garantir l’emploi et des niveaux de vie décents pour tous. Au contraire, c’est une intervention de l’Etat capitaliste pour créer les meilleures conditions dans le but de générer du profit pour les investisseurs américains et étrangers.

Obama a feint être sympathique à la cause des travailleurs qu’il a jetés à la rue, déclarant « Je sais que vous avez déjà eu votre part de temps dur. Je ne prétendrai par que les temps durs sont terminés. Des jours difficiles nous attendent. D’autres emplois disparaîtront. D’autres usines fermeront. D’autres concessionnaires mettront la clé à la porte et il en sera de même pour beaucoup de fournisseurs de pièces. »

Il a ensuite cyniquement affirmé que les travailleurs qui perdent leur emploi servaient une grande cause, une cause patriotique. « Je veux que vous sachiez que vous vous sacrifiez pour la prochaine génération. C’est un sacrifice que vous n’avez peut-être pas choisi de faire, mais c’est néanmoins un sacrifice que vous devez faire pour que vos enfants et tous nos enfants puissent grandir dans un pays qui fait encore des choses, qui construit toujours des autos, qui cherche toujours un meilleur avenir. »

Ces phrases sont un mensonge éhonté. La faillite de GM va en fait accélérer le processus de désindustrialisation qui a été entrepris par l’élite dirigeante au cours des trois dernières décennies alors qu’elle s’est tournée de plus en plus vers la spéculation financière pour accumuler de gigantesques fortunes.

Avec l’administration Obama, la classe dirigeante américaine a trouvé son représentant le plus impitoyable, avec à sa tête un président du Parti démocrate qui est allé encore plus que même son prédécesseur républicain dans son assaut sur la classe ouvrière. Alors qu’il a donné des billions de dollars en fonds publics pour couvrir les mauvaises dettes de jeu de l’élite financière, il demande aux travailleurs un « sacrifice » qui ne finira jamais. La destruction des emplois et du niveau de vie des travailleurs de GM et de Chrysler sera dorénavant utilisée comme un exemple pour mener d’amples attaques contre toutes les sections de la classe ouvrière.

Depuis le commencement, la Maison-Blanche a compté sur les United Auto Workers pour endiguer toute résistance de la part des travailleurs. Les UAW, qui ont été créés il y a 70 ans des grèves d’occupation contre l’exploitation des ouvriers de GM, ont été complices du retour aux conditions de travail inconnues depuis les années 1930. En échange de leur supervision au nom de la compagnie et du gouvernement, ceux qui dirigent cette organisation reçoivent des milliards de dollars en actions et contrôleront 17,5 pour cent de la « Nouvelle GM ».

La transformation des UAW en une entreprise, dont les intérêts matériels sont en opposition à ceux des « membres » qu’ils disent représenter est le résultat de décennies d’anti-socialisme et de soutien au système de profit.

Le fait que le gouvernement ait dû acquérir GM et sauver les banques de Wall Street est une reconnaissance implicite de l’échec du soi-disant système du libre marché et de la subordination de la vie économique au profit privé.

En opposition aux plans du gouvernement d’exploiter la crise pour créer de nouvelles conditions pour l’exploitation de la classe ouvrière et de nouvelles richesses pour ceux qui profitent de cette exploitation, le Parti de l’égalité socialiste appelle pour une véritable nationalisation de l’industrie de l’auto et sa conversion en un service public placé sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Les immenses forces productives de l’industrie automobile américaine, construite par le travail de générations d’ouvriers, doivent être défendues et intégrées à l’économie mondiale sous contrôle démocratique et sur la base de la coopération internationale de tous les producteurs. Ce n’est que de cette façon que les emplois et le niveau de vie des travailleurs de l’automobile de par le monde pourront être défendus.

Dans le but de briser les reins de la dictature financière, les banques doivent être nationalisées et devenir propriété publique. Les gains mal acquis de l’aristocratie financière doivent être confisqués pour satisfaire les besoins de la société dans son ensemble.

Un tel programme est entièrement rejeté par les deux partis de la grande entreprise aussi bien que les UAW. La réorganisation de la vie économique sur la base des besoins humains et non du profit demande une lutte pour unir toute la classe ouvrière dans une lutte pour le pouvoir politique et un gouvernement ouvrier.

(Article original anglais paru le 2 juin 2009)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés