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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Vingt ans depuis le massacre de la place Tienanmen

Par John Chan
9 juin 2009

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Ce jour marque le 20e anniversaire de la répression armée de la classe ouvrière de Pékin par le Parti communiste chinois (PCC) stalinien . Alors que les médias internationaux continuent à décrire le massacre de la place Tienanmen comme une opération contre une manifestation étudiante, les troupes lourdement armées s'en prenaient en fait à la montée d'un mouvement révolutionnaire d'ampleur nationale de la part des travailleurs urbains.

Le bilan officiel de seulement 241 morts, en comptant les soldats, n'est pas crédible. Le régime avait d'abord nié qu'aucun civil ait été tué. La Croix-Rouge chinoise avait indiqué 2600 morts, mais avait retiré ce chiffre sous la pression du gouvernement.Les analystes indépendants estiment que près de 7000 personnes sont mortes, mais il se peut que le chiffre réel ne soit jamais connu.

Lancé par des manifestations étudiantes en faveur de réformes démocratiques au mois d'avril, ce mouvement de masse se développa rapidement hors du contrôle officiel, la classe ouvrière mettant en avant ses propres revendications. Au moins 100 millions de personnes dans 400 villes participèrent aux protestations et aux manifestations sous une forme ou une autre. Aux côtés des ouvriers de l'industrie et des pauvres des villes, les fonctionnaires de base, les secrétaires, les enseignants et même la police y participèrent, poussés par leur ressentiment contre l'inégalité sociale et la corruption bureaucratique qui avaient fait suite à la conversion à l'économie de marché menée par Deng Xiaoping en 1978.

Au cours des 20 dernières années, divers politiciens et grandes figures des médias en occident ont continué à prononcer des déclarations hypocrites contre la suppression de la « démocratie » par ce régime « communiste » – tous s'appuient sur l'assimilation éhontée du stalinisme au socialisme.

Le régime maoïste établi en 1949 n'avait jamais été socialiste ou communiste. Son caractère anti-prolétarien fut révélé une fois encore en 1989, lorsque l'armée paysanne du PCC écrasa le mouvement ouvrier dans le sang. Ce massacre établit les conditions nécessaires pour que la classe ouvrière chinoise soit intégrée, dans le rôle d'une main-d'œuvre à bas prix, surexploitée, dans le circuit de la production capitaliste globale.

Les propres affirmations de Pékin quant à la suppression d'une « rébellion contre-révolutionnaire » sous tout aussi fausses. Le meurtre des travailleurs mal armés de Pékin, qui n'avaient que leurs propres corps à opposer aux 40 000 soldats équipés de kalachnikovs, de chars et d'hélicoptères de combat, constitua une importante publicité à l'adresse des puissances occidentales : l'appareil militaro-policier stalinien protégerait leurs investissements contre toute contestation de la classe ouvrière.

Les plus grandes entreprises du monde répondirent à ce massacre par un afflux de capital qui a transformé la Chine en un « atelier du monde » à bas salaires. L'économie chinoise est maintenant six fois plus importante qu'en 1989 et le pays est le deuxième principal exportateur après l'Allemagne.

En 2005, lorsque Pékin accueillit de Forum global du magazine Fortune réunissant des PDG du monde entier, le magazine écrivait « L'explication la plus évidente de cette parade amoureuse capitalo-communiste est que le régime du parti unique donne à la politique chinoise plus de continuité et moins d'errements que ce qu'on voit dans une démocratie multipartite… le gouvernement chinois – avec ses objectifs affichés d'attirer plus d'investissements étrangers – a tendance à être plus proche du fonctionnement d'une entreprise que ce que les PDG occidentaux rencontrent dans leurs pays d'origine. Les entreprises sont aussi des entités à parti unique, après tout. »

Comme les organisations privées « à parti unique » des pays capitalistes avancés, où les travailleurs n'ont aucun mot à dire, le PCC dirige un atelier en copropriété pour le compte des investisseurs internationaux, maintenant la discipline chez les travailleurs par des mesures d'état policier. Aucune concession de droits démocratiques permettant aux 400 millions d'ouvriers chinois de s'opposer à des salaires horaires de 20 cents américains n'est compatible avec les opérations de l'économie capitaliste mondiale.

De plus, l'apport de capitaux par Pékin, fondé sur l'exploitation brutale des travailleurs, est devenu un élément vital de l'impérialisme américain. L'année dernière, la Chine a prêté 400 milliards de dollars – plus d'un par jour – aux États-Unis, recyclant ses gains à l'export dans le système financier américain lourdement endetté. Une étude récente du Conseil des relations étrangères notait : « Jamais auparavant un pays relativement pauvre n'a prêté tant d'argent à un pays relativement riche. Et jamais auparavant les États-Unis n'ont dépendu à ce point d'un seul gouvernement pour un financement aussi élevé. »

Une récente série de visites à Pékin par des politiciens et des représentants états-uniens de haut rang démontre la dépendance des États-Unis envers la Chine. La présidente de la Chambre des députés américaine, Nancy Pelosi, une démocrate qui avait par le passé brandi une bannière clamant « À ceux qui sont morts pour la démocratie en Chine » lors d'une visite à Pékin en 1991, s'est contentée de références discrètes aux Droits de l'Homme durant son voyage en Chine la semaine dernière. Pelosi ne voulait pas s'aliéner le principal créancier étranger du gouvernement américain.

Comme l'a dit la secrétaire d'État [ministre des Affaires étrangères] Hillary Clinton, qui s'est rendue en Chine en février pour pousser Pékin à continuer à acheter des bons du Trésor américain : « Nos économies sont tellement imbriquées. Les Chinois savent que pour pouvoir recommencer à exporter vers leur plus grand débouché… les États-Unis doivent prendre des mesures drastiques avec ce plan de relance. Nous devons contracter plus de dettes. Nous allons vraiment nous en sortir ou échouer ensemble. »

La semaine dernière, le secrétaire du Trésor américain, Tim Geithner s'est rendu à Pékin pour assurer aux autorités chinoises que leurs 1500 milliards de dollars en valeurs américaines seraient sains et saufs – grâce à l'imposition de mesures d'austérité féroces sur la classe ouvrière américaine.

Au moment même où la récession globale a fait des ravages dans les dépenses des consommateurs américains, elle a également décimé les exportations chinoises et éliminé des pans entiers de la capacité de production chinoise. Avec plus de 20 millions de travailleurs migrants se retrouvant au chômage et 3 millions de nouveaux diplômés des universités incapables de trouver un emploi cette année, le PCC est assis sur une bombe à retardement sociale.

Selon l'édition de mars du magazine hongkongais Trend, le nombre de conflits du travail en Chine a été multiplié par sept, il y en a eu 546 470 depuis l'effondrement financier global de septembre dernier. Dans les deux premiers mois de 2009, 502 propriétaires d'entreprises et personnels dirigeants ont été tués au cours d'une vague de violence contre les hommes d'affaires, alimentée par les salaires impayés et des conditions d'exploitation insupportables.

Au milieu des tensions sociales montantes, le spectre de la place Tienanmen hante le régime chinois. Durant les derniers jours avant cet anniversaire, Pékin a pris des mesures extraordinaires pour empêcher les manifestations – allant de la détention de dissidents et de l'interdiction des sites d'information étrangers à l'organisation d'un examen universitaire le 4 juin pour garder le contrôle des étudiants. Cependant, aucune des contradictions sociales qui avaient produit l'explosion de 1989 n'a été résolue. Au contraire, elles ont pris des proportions gigantesques.

Durant les événements de 1989, seuls les travailleurs des villes avaient été impliqués. Aujourd'hui, de larges couches des centaines de millions de pauvres des campagnes ont rejoint les rangs de la classe ouvrière et font partie de ses couches les plus exploitées. Dans les années 1980, la plupart des travailleurs étaient toujours employés dans les industries d'Etat. Au cours des 20 dernières années, des privatisations de grande ampleur ont détruit des dizaines de millions d'emplois, ainsi que les anciens filets de sécurité sociale : logements publics, assurance maladie et éducation. Même les techniciens qualifiés sont mis à rude épreuve par l'insécurité financière constante.

À l'autre bout de l'échelle sociale, le PCC est devenu le parti de la classe capitaliste. En 2002, il a ouvert ses portes aux entrepreneurs privés. Avant 2002, la Chine n'avait aucun milliardaire en dollars. En 2008, elle n'est devancée que par les États-Unis, elle compte 101 milliardaires, seulement cinq de moins qu'en 2007 en dépit de la crise financière mondiale. Aujourd'hui, moins de 100 Chinois parmi les 1000 les plus riches (représentant une richesse moyenne de 439 millions de dollars chacun) ne sont pas membres ou affiliés à des membres du PCC.

Jusqu'ici, l'appareil d'état policier du PCC a été en mesure de maintenir la cohésion de la société chinoise profondément divisée, notamment en empêchant les idées révolutionnaires d'entrer dans le pays. Cependant, comme l'écrivait Léon Trotsky : les lois de l'Histoire sont plus puissantes qu'aucun appareil bureaucratique. La classe ouvrière chinoise a été intégrée dans production mondialisée au cours des 20 dernières années, lesquelles ont également mis à sa disposition la puissance et les outils révolutionnaires d'Internet et des communications électroniques. Cela lui a apporté les bases objectives pour que les travailleurs chinois unissent consciemment leurs luttes et celles de leurs frères et sœurs de classe de par le monde en construisant un mouvement révolutionnaire international s'appuyant sur une perspective commune, internationaliste et socialiste.

(Article original paru le 4 juin 2009)


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