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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Allemagne : Les Verts revendiquent leur allégeance à la bourgeoisie

Par Peter Schwarz
16 juin 2009

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Les Verts allemands, qui autrefois se faisaient passer pour une alternative à la politique bourgeoise, ont à présent ouvertement professé leur allégeance au camp bourgeois.

Commentant les résultats relativement bons de leur parti dans les élections européennes qui se sont déroulées dimanche dernier, l’ancien ministre vert de l’Agriculture, Renate Künast, a déclaré, « La nouvelle bourgeoisie vote pour les Verts. » Un commentaire identique a été fait par Boris Palmer, le maire Vert de la ville universitaire de Tübingen, qui a dit, « La circonscription des Verts devient de plus en plus bourgeoise. »

Le terme de « bourgeois » est un signal clair et net aux partis conservateurs influents, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et l’Union chrétienne-sociale (CSU) qui, dans le langage courant, sont qualifiés de partis bourgeois. Il n’y a à présent plus aucun obstacle à une coalition entre les Verts et les partis de l’Union au niveau fédéral.

Si les résultats des élections européennes étaient appliqués aux élections législatives prévues le 26 septembre prochain, alors une telle alliance remporterait une majorité parlementaire. Les Verts ont obtenu leur meilleur score national dimanche dernier avec 12,1 pour cent. Ils ont recueilli plus de voix que le Parti libéral-démocrate (FDP, 11 pour cent) partisan du « libre marché » et du parti La Gauche (7,5 pour cent) en totalisant, avec le CDU et le CSU (37,9 pour cent), exactement 50 pour cent des voix exprimées.

Boris Palmer a été le premier à s’exprimer ouvertement pour un gouvernement fédéral conservateur/Verts. « Nous devons devenir plus forts que le FDP afin d’être pour le CDU la seule alternative pour une grande coalition », a-t-il dit. « L’Union nous soumettra alors une offre que nous pourrions accepter. » Les Verts possèdent des « valeurs identiques » à celles de l’Union et disposent de « conceptions claires pour une politique budgétaire », a-t-il ajouté.

Sur Spiegel-Online, le candidat de tête des Verts français et membre du parti Vert allemand, Daniel Cohn-Bendit, a aussi exprimé son soutien à une alliance avec l’Union. A la question « Si une alliance avec Angela Merkel avait un sens en terme politique… ? » il a répondu : « … alors elle sera réalisée. Toute autre voie serait absurde. »

Suite à l’objection de Spiegel-Online que ceci briserait un tabou pour de nombreux Verts, Cohn-Bendit a rétorqué, « Je ne crois pas. Après les élections de septembre, rien ne sera comme avant. On aura fini de rêver. Le fantôme de La Gauche comme troisième force, par exemple, fera partie du passé et bien d’autres questions auront également été traitées … »

D’autres membres influents des Verts prennent plus de précaution à s’engager ouvertement dans une alliance avec l’Union. Ils craignent que cela ne dissuade les électeurs. Du reste, il est improbable que les Verts obtiennent un résultat identique lors des élections législatives (au Bundestag) à celui obtenu lors des élections européennes qui s'est caractérisé par un taux de participation extrêmement bas. Néanmoins, si l’occasion se présentait, ils n’hésiteraient pas à rejoindre un gouvernement bourgeois droitier.

La caractérisation par Künast des Verts comme un parti de la nouvelle bourgeoisie ne vient pas de nulle part. Il n’existe pas d’autre parti parlementaire qui soit aussi clairement et exclusivement fondé sur une couche sociale aussi faible. Alors que sur un plan fédéral les Verts ne peuvent atteindre qu’un dixième de l’électorat, ils sont devenus un parti dirigeant sur le plan urbain dans les grandes villes où réside la classe moyenne riche et cultivée.

A Berlin, les Verts ont recueilli près d’un quart des voix exprimées lors des élections européennes. Ils talonnent de près le parti dirigeant, le CDU, alors que les deux autres partis qui se partagent le pouvoir au parlement de Berlin, le SPD et La Gauche, traînent loin derrière. Dans l’arrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg, les Verts ont totalisé 43 pour cent des scrutins. Dans d’autres grandes villes, la situation est identique. Dans six arrondissements de Munich, les Verts ont émergé en tant que parti le plus fort avec des scores se situant entre 25 et 36 pour cent.

Dans les villes universitaires telles Tübingen et Fribourg, les Verts dirigent déjà la municipalité en détenant les mandats de maires. Lors d’une élection communale qui a eu lieu dimanche dernier, ils sont sortis pour la première fois comme le parti le plus fort d’une grande ville. Avec 25 pour cent des voix exprimées, les Verts ont dépassé d’un pour cent le CDU dans la ville Stuttgart, dans le sud-ouest de l’Allemagne. Un élément de poids dans le score obtenu ont été les controverses autour d’un projet de reconstruction de la gare centrale de la ville, et que les Verts rejettent.

Les Verts se sont développés en un parti de la classe moyenne urbaine et riche. Ils ne disposent d’aucun programme politique propre. Leurs marques de fabrique, l’environnement, l’écologie et le développement durable, ont depuis longtemps fait leur entrée dans tous les partis après qu’il est apparu clairement qu’il était possible de faire beaucoup d’argent avec les boutiques écolos, les énergies alternatives et les voitures écologiques. Et, en cas de conflit entre la protection environnementale et les intérêts économiques, les Verts sont les premiers à céder du terrain. Les Verts ont abandonné il y a dix ans leur antimilitarisme et leur démocratie de base en s’associant au gouvernement de coalition avec le SPD.

Ce qui différencie aujourd’hui les Verts des autres partis bourgeois, c’est moins leur programme que leur mode de vie. On pourrait les décrire comme un parti du mode de vie bourgeois. Qualifier leur politique d’opportuniste serait une litote. Ils sont l’incarnation vivante de l’opportunisme.

Personne n’excelle aussi bien en matière d’opportunisme que l’ancienne vedette du mouvement de protestation de 1968, Daniel Cohn-Bendit. Sa liste « Europe écologie » a été en mesure de remporter un succès surprenant en France en obtenant 16 pour cent des voix aux élections européennes. Son parti est arrivé en troisième position à un cheveu derrière le Parti socialiste. Cohn-Bendit avait rassemblé sur sa liste des gens qui n’avaient rien en commun excepté leur notoriété. L’activiste anti-Union européenne, José Bové se trouvait aux côtés du défenseur passionné de l’Union européenne, Cohn-Bendit et de l’ancienne juge d’instruction, Eva Joly, qui a été rendue célèbre par le scandale de l’affaire Elf-Aquitaine.

Une telle coalition est peut-être en mesure de rassembler des voix, mais elle est complètement incapable de poursuivre des objectifs politiques parce qu’elle n’arrivera pas à se mettre d’accord sur la moindre question. Elle ne pourra, au plus, que servir à manipuler les électeurs et à exploiter des tendances et des sentiments politiques confus dans un but réactionnaire. Un exemple majeur a été la manière dont les Verts allemands avaient usé de l’hystérie soulevée par les atrocités lors de la guerre de Yougoslavie afin de permettre la première intervention de l’armée allemande à l’étranger depuis la Seconde Guerre mondiale.

De nombreux électeurs des Verts ont les idées larges et libérales en ce qui concerne de nombreuses questions politiques et sociales. Ils ont généralement une éducation solide, ils sont cultivés, politiquement bien informés et ressentent souvent une véritable sympathie à l’égard des pauvres et des personnes socialement défavorisées. C’est la raison pour laquelle ils rejettent le CDU et le FDP. Toutefois, la suppression par le SPD, La Gauche et les syndicats de la lutte de classe ouverte contribue à les désorienter en les rendant perméables aux influences de la politique des politiciens cyniques Verts qui exploitent leur soutien pour étayer un gouvernement de droite.

(Article original paru le 12 juin 2009)


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