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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : « L'anticapitaliste » Olivier Besancenot justifie sa collaboration avec des réformistes et des nationalistes polonais

Par Antoine Lerougetel et Stefan Steinberg
28 mai 2009

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Olivier Besancenot, principal candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a tenu une conférence de presse à Tournai en Belgique le 22 mai lors de sa tournée européenne. Des reporters du WSWS étaient présents et ont posé des questions ciblées à Besancenot au sujet de sa récente visite en Pologne.

Après une visite en Espagne et au Portugal, Besancenot était intervenu le 16 mai à un rassemblement à Katowice organisé par le Parti polonais du travail (PPP, Polska Partia Pracy.) Le PPP travaille en étroite collaboration avec le syndicat « Août 80 » et comprend dans ses rangs des éléments ouvertement nationalistes dont des sympathisants de l'ancien dictateur polonais Józef Pilsudski et d'ex-permanents du parti populiste de droite, Samoobrona (Auto-défense de la République de Pologne.)

L'un des principaux intervenants à ce congrès du PPP à Katowice, aux côtés de Besancenot, était Bogdan Golik, vice-président de la Chambre de commerce polonaise. Golik avait été élu au parlement européen sur la liste de  Samoobrona il y a cinq ans et il siège à présent dans le groupe social-démocrate. Golik est actuellement un des candidats tête de liste du PPP aux élections européennes. Dans son discours à Katowice, Golik a insisté à plusieurs reprises pour dire qu'il était l'unique homme au parlement de Strasbourg à sérieusement représenter « les intérêts polonais. »

Le fait que Besancenot partage la tribune avec des personnalités aussi réactionnaires indique clairement que le NPA est non seulement prêt à collaborer avec des forces réformistes et sociales-démocrates, mais qu'il est aussi prêt à travailler de concert avec des tendances ouvertement nationalistes.

Lorsque le WSWS l'a interrogé vendredi dernier à la conférence de presse de Tournai sur le fait qu'il était prêt à collaborer avec des personnalités de droite tel Golik, Besancenot a justifié sa participation au congrès du PPP à Katowice en cherchant à dissimuler les positions nationalistes de Golik. « Je n'ai vu aucun nationaliste de droite, » a déclaré Besancenot. « On a discuté avec des internationalistes anticapitalistes. »

Le WSWS a alors demandé à Besancenot d'expliquer pourquoi le NPA déclare rejeter toute collaboration politique avec le Parti socialiste français (PS) et partage cependant une tribune avec Golik, lorsque tout le monde sait que Golik est membre du Parti socialiste européen aux côtés du PS.

Visiblement irrité par la question, Besancenot a répondu : « Le PPP a fait alliance avec ce député. Décrochez votre téléphone et demandez vous-même au PPP. Si vous me demandez son CV, je ne peux pas vous répondre. Ce n'est pas notre allié. Je l'ai entendu parler, j'ai entendu son discours, les raisons pour lesquelles il a quitté ce [précédent] groupe et sur quelles bases. »

Besancenot a ensuite déclaré que Golik « ne figure pas dans la coordination de la gauche anticapitaliste dont on parle... Le PPP a des relations, des alliances. »

Il a poursuivi : « Je persiste et je signe, je revendique ma présence dans cette convention... Je ne vais pas dans les autres pays pour distribuer des bons et des mauvais points. »

Il est évident que Besancenot a été perturbé par les questions de l'équipe du WSWS. Néanmoins, il est peu plausible qu'il ignore les activités politiques et le parcours de Bogdan Golik.

Le NPA (ou son prédécesseur la Ligue communiste révolutionnaire, LCR) a établi des liens étroits avec le Parti polonais du travail ces dernières années. En 2006, le président du PPP et de son syndicat affilié « Août 80 » Boguslaw Zietek, avait accordé une interview au journal publié par la tendance internationale de la LCR, International Viewpoint.

Dans cette interview, Zietek avait exprimé une position en accord avec celle avancée par Besancenot au congrès fondateur du NPA en février 2009, à savoir que l'histoire et les traditions politiques ne jouent aucun rôle quand il est question de choisir ses alliés politiques. S'exprimant au nom du PPP, Zietek avait aussi souligné l'importance de l'amnésie collective : « Nous rejetons les divisions historiques artificielles fondées sur ce que les gens ont fait avant 1989. Si quelqu'un veut le bien de la Pologne aujourd'hui, peu importe si, par le passé, il était membre du parti au gouvernement ou s'il faisait partie de l'opposition. »

Zietek était intervenu à une conférence de la LCR à Paris en 2008. Malgré les appels de Zietek et Besancenot à une amnistie pour les trahisons politiques commises par le passé, il ne faut pas oublier que ces deux hommes sont des politiciens expérimentés. Que Besancenot affirme qu'il n'avait pas connaissance du passé politique droitier d'une personnalité dirigeante du PPP telle Golik est difficile à avaler.

Quoi qu'il en soit, il y a quelque chose de plus important encore que l'attitude de Besancenot envers Golik, à savoir son opportunisme à tout crin et sa vision nationaliste. En premier lieu, il est absurde de suggérer que le candidat tête de liste du PPP « ne figure pas dans la coordination de la gauche anticapitaliste dont on parle », amalgame centriste du NPA, et dont le PPP fait partie.

Et que dire de l'argument selon lequel Besancenot ne voyage pas de pays en pays pour « distribuer des bons et des mauvais points » ? Existe-t-il un seul parti, aussi droitier soit-il, auquel il donnerait « des mauvais points » ? Nous avons tout simplement affaire ici à du philistinisme national et cela revient à donner le feu vert à des alliances avec les forces les plus douteuses.

Besancenot a clairement indiqué lors de sa conférence de presse en Belgique que l'attitude du NPA quant à une collaboration avec des partis européens réformistes et sociaux-démocrates était de nature purement tactique. Sur la question de travailler de concert avec des organisations comme le Parti de Gauche français ou allemand, Besancenot a dit : « Ce sont des questions tactiques, une question à trancher à l'échelle européenne quand on parle d'indépendance par rapport à la social-démocratie... Nous on leur tend une main fraternelle [aux partis La Gauche, français et allemand] en disant "assumons ensemble notre différence." C'est une discussion tactique, nous n'avons pas d'adversaire dans ce camp-là. Respectons les uns les autres. Essayons d'avancer dans la lutte à l'épreuve concrète des faits. »

La perspective fondamentalement nationaliste du NPA s'était déjà révélée lors de son congrès fondateur où des délégués du parti avaient rejeté la proposition d'Etats unis socialistes d'Europe en faveur de la formule vague d'une « Europe des travailleurs et des peuples ». Ce slogan a été repris par bon nombre d'intervenants à la conférence de presse de Tournai.

Le fait que Besancenot soit intervenu à Katowice et par la suite sa justification de la collaboration du NPA avec le PPP lors de sa conférence de presse, devraient servir de sérieux avertissement. Avec la crise économique qui s'aggrave en Europe, le Nouveau Parti anticapitaliste va coopérer avec toutes sortes de forces afin d'empêcher que ne se développe un mouvement de la classe ouvrière, réellement indépendant.

Les auteurs recommandent aussi la lecture de :

Besancenot en Pologne [26 mai 2009]

Le congrès du PPP polonais révèle un fort tournant à droite de la nouvelle gauche européenne [26 mai 2009]


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