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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Panetta et la guerre sans fin de Washington

Par Bill Van Auken
22 mai 2009

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Après une semaine de récriminations acerbes entre la Central Intelligence Agency et la speaker démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi au sujet de ce qu’elle savait sur la torture, le directeur de la CIA Leon Panetta a tenté de mettre un terme à cette discussion publique, employant un discours qui répétait la rhétorique de l’administration Bush.

Dans son premier discours public depuis sa nomination par Obama à la tête de la CIA, Panetta à affirmé que les Etats-Unis étaient « une nation en guerre » et insisté que les crimes de l’administration Bush ne devaient pas nuire aux opérations actuelles de l’armée américaine et des services du renseignement.

 « Je ne les prive pas de la chance de tirer les leçons de cette période », a déclaré Panetta devant le Pacific Council on International Policy à Los Angeles. « Mais… nous devons faire très attention à ne pas oublier notre responsabilité envers le présent et le futur. Nous sommes une nation en guerre. Nous devons faire face à cette réalité tous les jours. Et bien qu’il soit important de tirer les leçons du passé, nous ne devons pas le faire de sorte que cela puisse sacrifier notre capacité de demeurer concentrés sur… ceux qui menacent les Etats-Unis d’Amérique. »

 « Nous sommes une nation en guerre. » Cette phrase a été invoquée des centaines sinon des milliers de fois par Bush, Cheney, Rumsfeld, Rice, Gonzales et d’autres pour justifier les atrocités militaires en Irak et en Afghanistan, la torture, la restitution extraordinaire, l’espionnage illégal de ses citoyens ainsi que l’auto-attribution impériale par la présidence de pouvoirs sans précédent.

Plus tôt cette année, des conseillers de la Maison-Blanche avaient communiqué aux médias que l’administration Obama laissait tomber les références à la « guerre mondiale contre le terrorisme », la justification passe-partout de l’administration Bush pour ses guerres à l’étranger et son attaque contre les droits démocratiques au pays.

Il devient de plus en plus évident cependant que les méthodes amenées par Bush sont maintenues pratiquement intactes par la nouvelle administration démocrate et que la rhétorique malhonnête employée pour les justifier ressemble de plus en plus à celle de son prédécesseur.

Qu’est-ce que cela signifie que d’affirmer que les Etats-Unis sont « une nation en guerre » ? Le Congrès américain n’a lancé aucune déclaration de guerre contre un pays.

Les Etats-Unis sont une nation en guerre seulement dans le sens où son armée est perpétuellement utilisée pour mener des invasions illégales, des occupations néocoloniales, des bombardements, des assassinats et d’autres actes de violence contre les peuples qui ont le malheur de se trouver dans le chemin du capitalisme américain et de son pillage des ressources et des marchés mondiaux.

L’identité de l’ennemi dans cette guerre sans fin est laissée délibérément imprécise car les cibles de l’agression militaire américaine changent constamment. Ainsi, Panetta ne fait référence qu’à « ceux qui pourraient menacer les Etats-Unis ».

Dire que c’est un langage digne d’un roman d’Orwell n’est pas exagéré. L’état de guerre perpétuel imposé aux citoyens opprimés de l’Océania dans « 1984 » aurait pu être écrit comme une allégorie pour la politique moderne de l’Etat américain tant sous Bush que Obama.

Panetta n’a rien laissé à l’imagination sur les implications de ce prétendu état de guerre.

Le directeur de la CIA a dit qu’il ne « lui enlèverait pas », parlant ici du Congrès américain, « l’occasion d’apprendre les leçons de cette période ». Toutefois, il a averti que toute enquête doit être entreprise d’une façon « très prudente ». Une enquête sur les crimes de guerre du passé ne doit pas interférer avec les crimes de guerre présents et futurs.

Cet avertissement de restreindre toute enquête sur la torture, et avant tout ne pas permettre qu’un haut responsable ne soit reconnu coupable d’un tel crime, vient après le déni par Panetta des déclarations qu’a faites Pelosi la semaine dernière. Elle avait dit que la CIA lui avait menti en 2002 en disant ne pas utiliser la simulation de noyade (waterboarding) dans ses interrogatoires.

Il ne s’agit pas de passer sous silence la complicité de Pelosi dans la politique de la torture. Mais il est un fait extraordinaire que Panetta, un individu nommé à son poste par le président, n’a eu aucune retenue à contredire publiquement la speaker élue de la Chambre des représentants qui est, selon la constitution, la deuxième sur les rangs de ceux qui remplacent le président, après le vice-président.

Lorsque Panetta avait été nommé directeur de la CIA, les républicains et quelques démocrates ont souligné qu’il n’avait aucune expérience dans le domaine du renseignement. Au bout du compte, toutefois, il fut confirmé unanimement par le Sénat dans son poste.

Il est un individu en qui, très clairement, l’élite dirigeante américaine a pleine confiance qu’il protégera ses intérêts. Il a commencé sa carrière en tant qu’adjoint républicain dans l’administration Nixon pour ensuite devenir un démocrate élu au Congrès et finalement premier secrétaire du président Clinton. Après, il a profité de ses nombreuses relations dans les centres du pouvoir de la finance et du monde des affaires, tout en continuant à demeurer très impliqué dans la politique d’Etat. En 2006, il s’est joint au groupe d’étude de l’Irak qui s’était fixé comme objectif de faire adopter un changement de tactique quant à la politique de guerre des Etats-Unis. En 2008, il a été payé plus de 830 000 $ en frais de consultations et en honoraires par des compagnies comme BP Corportation, Merrill Lynch et le Groupe Carlyle.

Panetta parle au nom de l’Etat dans l’Etat, de l’appareil permanent des agences du renseignement et de l’armée qui dominent le gouvernement américain peu importe quel parti est au pouvoir.

Ces couches rechignent après l’exposition très limitée des crimes de l’administration Bush par la publication des mémos sur la torture le mois passé. C’est ce qui a été indiqué dans un article qui a été publié mardi passé dans le Washington Post par Walter Pincus, un individu ayant des liens étroits avec la CIA. Il a parlé d’inquiétudes du « personnel de l’agence » qui pense ne plus pouvoir « mener des interrogatoires de façon efficace » étant donné les nouvelles règles sur la torture et les « autres opérations en Afghanistan et au Pakistan qui doivent être elles aussi revues ».

Les démocrates cèdent complètement lorsque soumis à ce type de pression. L’attaché de presse d’Obama a refusé de prononcer le moindre mot sur le différend entre Pelosi et Panetta alors que les démocrates au Congrès craignent le débat sur la torture, le décrivant de plus en plus souvent comme une distraction.

L’administration Obama agit de façon à continuer et politiquement légitimer la politique criminelle mise en place par l’administration Bush tout en protégeant les personnes qui en sont responsables. Les deux guerres lancées pour affirmer l’hégémonie américaine sur le golfe Persique et l’Asie centrale continuent de bénéficier du soutien des deux partis. Obama est lui-même responsable de crimes de guerre, y compris le bombardement qui a tué 150 civils ce mois-ci en Afghanistan. L’espionnage au pays, la restitution extraordinaire et les commissions militaires ont été maintenus par l’administration. La torture recommencera inévitablement et est probablement même déjà recommencée.

Ultimement, tout ce processus révèle la futilité des élections sous le système biparti des Etats-Unis. Ceux qui prennent le pouvoir, Obama autant que Bush, ne sont pas responsables devant le peuple américain, mais bien devant une mince couche de la population constituée d’une oligarchie financière, du commandement militaire et des agences du renseignement : ceux qui contrôlent véritablement les Etats-Unis.

(Article original anglais paru le 20 mai 2009)


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