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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les syndicats proposent une réduction de salaire de deux chiffres aux travailleurs d’Opel

Par Ulrich Rippert
13 mars 2009

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Lundi, la presse a rapporté que le président du comité des délégués du personnel de l’usine Opel d’Eisenach, Harald Lieske, a déclaré qu’une réduction de salaire de deux chiffres était tout à fait faisable pour le personnel de l’usine.

Répondant à une question posée à ce sujet par le World Socialist Web Site, Lieske a confirmé qu’il avait fait la proposition de réduire les salaires au nom des travailleurs de l’usine. Il a toutefois insisté sur le fait que les médias n’avaient fait état que de la première partie de sa déclaration. Il a dit, « Nous sommes prêts à faire des sacrifices, » en ajoutant, « mais pas des sacrifices qui ne mènent nulle part. » Il devrait y avoir une garantie quant à l’avenir de l’usine.

A la question de savoir pourquoi il considérait qu’une garantie sur l’avenir de l’usine était réaliste et crédible dans une situation où la direction contrôle pleinement le sort de chaque usine et où des sacrifices identiques apportés sous forme de réductions massives de salaires des travailleurs américains de la maison mère d’Opel, General Motors, n’avaient pas empêché la destruction des emplois, Lieske a répondu de manière évasive en disant qu’il avait voulu montrer clairement que les travailleurs étaient « prêts à apporter leurs propres contributions au sauvetage de l’usine. »

Lieske a dit que sa proposition avait été discutée et acceptée samedi dernier lors d’une réunion des délégués syndicaux de l’usine. Une réunion de l’ensemble des délégués du personnel européens de GM est prévue jeudi pour discuter à nouveau de la proposition et pour savoir si la volonté d’une telle réduction des salaires existait aussi dans les autres usines de GM en Europe. La réunion envisagera également une réduction du temps de travail avec perte de salaire correspondante dans le but d’atteindre les objectifs de réduction de coûts de main-d’œuvre fixés par la direction.

A la question de savoir pourquoi il ne défendait pas tous les emplois et tous les salaires, Lieske a répondu, « Personne parmi nous ne met en doute que des réductions de personnel sont nécessaires » mais elles doivent être appliquées « de manière socialement supportable » pour contribuer à l’assainissement à long terme de l’usine.

Avant la réunion européenne des représentants d’Opel-GM, le président du conseil d’entreprise européen d’Opel, Klaus Franz, a dit au journal Die Welt que les salariés d’Opel devaient se préparer à des suppressions d’emplois et à des réductions de salaire ainsi qu’à la vente de l’une des usines en Allemagne. Le candidat potentiel pour une telle vente serait l’usine d’Eisenach.

Au sujet des spéculations sur l’avenir de l’usine d’Eisenach, Franz a précisé : « Si nous avons une surcapacité et si cette usine peut être vendue, ce serait la solution la plus élégante, à la fois sur le plan social que politique. » Franz n’a pas écarté la vente de l’usine à un investisseur financier étranger (Heuschrecke) en disant, « Pour le moment nous ne pouvons pas faire la fine bouche. »

Cette servilité totale devant les constructeurs automobile et l’abandon de toute défense des emplois et des salaires illustrent le rôle joué non seulement par les syndicats allemands tels que l’IG Metall, mais aussi par leurs homologues aux Etats-Unis, au Canada et de par le monde. Ils ont lancé une course internationale vers le bas en montant les travailleurs d’un pays contre leurs frères et sœurs des autres pays, et même une usine contre l’autre dans un seul et même pays. En Allemagne, la bureaucratie syndicale travaille main dans la main avec les syndicats automobile des Etats-Unis et du Canada, tout spécialement, pour bloquer toute forme de résistance transfrontalière unifiée des travailleurs de l’automobile.

Dimanche dernier, le syndicat canadien des Travailleurs du secteur de l’automobile (CAW) a annoncé qu’il avait accepté des concessions substantielles pour les travailleurs de GM, y compris un gel des salaires et une réduction des jours de congé. De plus, les travailleurs de GM au Canada devront verser des contributions plus élevées pour leurs retraites et leurs prestations santé.

Aux Etats-Unis, le syndicat des travailleurs de l’automobile (UAW) a accepté des coupes majeures chez Ford et est en train de négocier un accord portant sur de nouvelles concessions chez GM et Chrysler. A Detroit, la situation réfute indubitablement l’argument avancé par les responsables syndicaux en Allemagne selon lequel les réductions de salaire servent à sauver des emplois. Dans l’industrie automobile américaine, les salaires des nouveaux embauchés ont été réduits de moitié ces dernières années et les prestations santé des retraités ont subi des coupes sévères. Ceci n’a pourtant pas empêché la fermeture de nombreuses usines et la destruction de dizaines de milliers d’emplois.

De même, l’expérience faite aux Etats-Unis réfute toute discussion sur un « partage équitable des sacrifices. » Au lieu du « burden-sharing » (« partage du fardeau »), les directeurs des Trois Grands constructeurs automobile américains se sont royalement rempli les poches. Au milieu des années 1980, un PDG de l’industrie automobile américain gagnait entre 12 et 18 fois le salaire d’un ouvrier à la chaîne. Depuis cette époque, le revenu des PDG a augmenté de façon astronomique. Aujourd’hui, les membres de la direction de l’industrie automobile engrangent jusqu’à 240 fois le salaire payé à un travailleur nouvellement embauché.

Les syndicats collaborent avec les entreprises en rejetant entièrement le fardeau de la crise sur le dos de la classe ouvrière. Au bout du compte, non seulement les salaires, les retraites et les prestations sociales ont disparu, mais les emplois sont également détruits. Et, dans les conditions de la plus grande crise économique depuis la Grande Dépression, les travailleurs qui perdent leurs emplois connaissent une chute rapide dans la trappe de la grande pauvreté.

Les réductions des salaires chez Opel serviraient de modèle à une réduction des salaires dans toutes les autres entreprises ainsi qu’à une baisse massive et permanente des niveaux de vie de la classe ouvrière en général.

Il n’y a pas d’autre alternative que de mener une lutte générale contre les réductions de salaires, les concessions et les destructions d’emplois à l’encontre Opel-GM mais aussi du gouvernement qui exige des réductions des salaires et des prestations sociales comme conditions préalables au versement de toute aide et de crédit.

D’importantes luttes de classe sont inévitables et il est nécessaire qu’Opel et les autres sections des travailleurs fassent les préparatifs nécessaires.

La défense de tous les emplois et des salaires doit être entreprise sur la base d’une position de classe. Les travailleurs, aussi bien ceux d’Opel, de General Motors ou d’autres entreprises, ne sont pas responsables de l’effondrement du capitalisme mondial. L’affirmation selon laquelle les travailleurs n’ont « pas d’autre alternative » que d’accepter le chômage de masse et des salaires de misère est un mensonge.

Il est nécessaire de se mobiliser en opposition au système existant et d’entreprendre la lutte pour une réorganisation socialiste de la société afin de satisfaire les besoins de la grande masse de la population.

La première mesure à prendre est celle d’une lutte de principe pour la défense de tous les emplois en rejetant la moindre tentative de faire payer la crise aux travailleurs. Pour ce faire, il est nécessaire d’établir des comités d’usine qui soient totalement indépendants des syndicats. Ces comités doivent prendre contact avec les autres usines et les travailleurs dans le monde entier afin d’organiser une résistance unifiée et coordonnée internationalement.

La défense principielle des emplois doit devenir le point de départ d’une offensive politique visant la création d’un gouvernement ouvrier. Un tel gouvernement nationaliserait les banques et les industries de base en les plaçant sous un contrôle démocratique. Au lieu de verser des milliards dans les coffres des banques allemandes, un gouvernement ouvrier investirait des milliards pour réorganiser l’économie dans son ensemble en créant des millions de nouveaux emplois.

(Article original paru le 11 mars 2009)


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