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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Hécatombe dans une mine chinoise : la brutalité du capitalisme mondial

Par John Chan
26 novembre 2009

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La mort tragique de 104 travailleurs lors d’une catastrophe minière survenue la semaine dernière à Hegang, dans la province chinoise du Heilongjiang, nous rappelle de façon flagrante à quel point les 400 millions d’ouvriers du pays, dont la sueur et le travail sont à la base du capitalisme chinois et mondial, sont brutalement exploités.

Tandis que la presse financière internationale présente la Chine comme la lueur d’espoir dans l’économie mondiale et cite diverses statistiques de productivité et de croissance élevées, les salaires de misère, les conditions de travail oppressives et non sécuritaires ainsi que les immenses coûts sociaux que cela implique sont assidûment ignorés.

La mort des mineurs dans la province du Heilongjiang est le résultat de la transformation de la Chine en atelier de misère géant pour le capital mondial. Au moment où fait rage la pire crise économique depuis les années 1930, la quête des super profits en Chine ne s’est qu’intensifiée, supervisée par un Etat policier stalinien qui réprime impitoyablement toute opposition des travailleurs.

Pendant que l’industrie chinoise du charbon se développe pour satisfaire les demandes en énergie et en acier qui sont en plein essor, des milliers de travailleurs meurent chaque année dans les mines. La production annuelle est passée d’un milliard de tonnes en 2000 à 2,63 milliards de tonnes l’an dernier. La Chine consomme maintenant plus du tiers de la production mondiale de charbon et sa demande dépassera probablement 3 milliards de tonnes d’ici 2010. Dans la quête du profit, les vies des cinq millions d’ouvriers des mines de charbon de la Chine ont tout simplement très peu de valeur.

La dernière catastrophe est la seconde à survenir en moins de quatre ans pour le groupe public Heilongjiang Longmei Mining, l’une des plus importantes et modernes entreprises minières du pays. En novembre 2005, 171 mineurs avaient perdu la vie dans la mine Dongfeng de la compagnie.

La tragédie survenue à la mine de Hegang lors des derniers jours est une reprise de ce qui s’est produit à Dongfeng quatre ans plus tôt. Lorsque les mineurs de Dongfeng ont été tués, le gouvernement, aux niveaux central et provincial, a cherché à limiter les dégâts pour apaiser la colère populaire. Quelques administrateurs, servant de boucs émissaires, ont été arrêtés. Des officiels ont promis devant les caméras de télévision qu’il n’y aurait plus de désastre. Une enquête a révélé, comme à l’habitude, que les règles de sécurité de base ont été ignorées pour faire grimper la production. Une campagne de sécurité superficielle a été lancée pour fermer de petites mines illégales, laissant intactes les grandes compagnies étatiques et privées. La police a rapidement fait taire toutes protestations par les familles des victimes. Une fois que l’attention publique s’est tournée vers d’autres sujets, les compagnies minières sont retournées à leurs affaires habituelles — jusqu’à ce que survienne la prochaine catastrophe.

En moyenne, 13 mineurs meurent chaque jour en Chine. La plupart des décès surviennent dans les milliers de petites mines privées où les conditions sont barbares. En 2007, un scandale a éclaté dans les provinces de Shanxi et Henan concernant l’utilisation de travailleurs exploités comme des esclaves dans les mines de charbon et les fours à briques. Des centaines de travailleurs, la plupart des enfants, ont été vendus comme esclaves pour travailler jusqu’à 16 heures par jour dans des conditions répugnantes et dangereuses. Mais comme le dernier désastre le montre, les conditions d’exploitation brutales ne se limitent pas qu’à de petits entrepreneurs privés. Alors que la mine de Hegan avait de l’équipement moderne et disposait de procédures de sécurité, de dangereux raccourcis étaient pris, en pratique, afin de maximiser la production et les profits.

En 2006, la Commission sur la réforme et le développement national a publié un plan pour concentrer l’industrie minière, d’ici 2015, en cinq ou six conglomérats géants en fusionnant ou en fermant les petites mines dans les principales provinces produisant du charbon. Le Heilongjiang Longmei Holding Group est l’un de ces conglomérats émergents, avec 88.000 employés seulement dans la ville de Hegang. Loin d’améliorer la sécurité, le plan de fusion va produire des désastres à une plus grande échelle.

La dernière tragédie minière est une autre condamnation du maoïsme et du stalinisme, qui a toujours été basé sur le rejet explicite du véritable marxisme et de l’internationalisme socialiste. À partir de 1980 et après, le régime d’Etat policier établi par Mao en 1949 s’est avéré particulièrement attrayant pour les investisseurs mondiaux à la recherche de main d’œuvre bon marché pour contrer la baisse de profitabilité et le déclin économique.

La catastrophe de Hegang ne fait pas que montrer les conditions horribles imposées aux travailleurs dans les mines et dans l’ensemble de l’industrie en Chine, mais c’est aussi un avertissement aux travailleurs de par le monde. Les processus de consolidation et de restructuration dans l’industrie du charbon en Chine sont typiques de la réponse de la classe capitaliste de tous les pays à la crise économique. Engagées dans une lutte pour leur survie, les compagnies sont poussées impitoyablement à diminuer leur main-d’œuvre et à couper leurs coûts de production aux dépens de la classe ouvrière. De plus en plus, les conditions de misère que connaissent les travailleurs chinois deviennent la norme pour les travailleurs ailleurs.

L’explosion dans cette mine du Nord-Est de la Chine a eu lieu quelques jours seulement après la visite du président américain Barack Obama à Shanghai. Il avait à cette occasion exprimé son admiration pour la filiale de General Motors en Chine, celle qui génère le plus de profit pour l’immense compagnie américaine. Alors que GM a fait faillite et a annoncé une grande diminution du nombre des emplois et d’importantes compressions de coûts, sa production en Chine a continué à croître rapidement. Les salaires et les conditions de travail aux Etats-Unis seront de plus en plus en ligne avec celles existant en Chine alors que la compagnie utilisera l’immense armée de réserve de travailleurs à bon marché de la Chine pour briser la résistance des travailleurs aux Etats-Unis et ailleurs.

A plus grande échelle, Obama a appelé pour un « nouvel équilibre » des rapports économiques mondiaux, insistant sur le colossal déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine et le financement de la dette américaine par les Chinois. Le poids de ce « nouvel équilibre » retombera nécessairement sur les épaules de la classe ouvrière. Pour rendre les marchandises américaines plus compétitives sur le marché chinois, il faudra d’immenses diminutions de coûts de production pour les compagnies américaines. La réduction de la montagne de dettes du gouvernement américain signifiera encore plus de coupes sauvages dans les services sociaux de base comme le système de santé et l’éducation.

Tout comme le « nouvel équilibre » chez GM a résulté en fermetures d’usines en Amérique du Nord et leur expansion en Chine, les processus plus larges vont mener à une destruction systématique des emplois, à la diminution des salaires, à l’allongement des heures de travail et à des conditions de travail de plus en plus dommageables pour la santé, sinon carrément dangereuses, qui produiront inévitablement des tragédies comme celle de la mine de Hegang. Il n’y aura jamais de fin à cette course pour la « compétitivité internationale » et les profits. Une diminution de la consommation des travailleurs américains aura pour effet de diminuer la demande pour les marchandises chinoises, ce qui mènera à des fermetures d’usines, des pertes d’emplois et d’autres mesures pour diminuer les coûts en Chine.

Dans le capitalisme, il n’y a pas de voie pour sortir de cette spirale infinie vers le bas. Les travailleurs en Chine, aux Etats-Unis et internationalement ne pourront défendre leurs intérêts de classe communs que s’ils unissent leurs luttes contre le capital mondial et ses représentants politiques. Dans plusieurs cas, comme chez GM par exemple, ils travaillent dans les mêmes compagnies qui les monteront les uns contre les autres. La fin de cette compétition fratricide ne pourra prendre fin que sur une base socialiste, en abolissant le système de profit et en réorganisant systématiquement les vastes ressources productives du monde pour la satisfaction des besoins humains, pas pour les profits de l’élite riche du monde des affaires.

 

(Article original anglais paru le 25 novembre 2009)


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