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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Sri Lanka : un appel du Comité d'action de la plantation Balmoral à tous les travailleurs

1er octobre 2009

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L'appel suivant a été publié par des travailleurs de la plantation de thé de Balmoral à Agarapathana et s'adresse aux travailleurs de toutes les plantations de thé, caoutchouc et noix de coco du Sri Lanka, leur demandant de les suivre dans leur rejet de l'accord salarial actuel et de prendre eux-mêmes les choses en main en créant un comité d'action indépendant de tous les syndicats.

Le Comité d'action de la plantation Balmoral a été fondé la semaine dernière avec l'aide politique du Parti de l'égalité socialiste (PES). Lors de la réunion de dimanche, le comité a voté unanimement l'adoption de cet appel et sa distribution en langues tamoule et cingalaise aux autres plantations ainsi qu'aux usines et autres lieux de travail.

Comme l'explique l'appel, la décision de créer le Comité d'action est le résultat des expériences malheureuses avec tous les syndicats – ceux qui ont signé l'accord avec les employeurs pour un salaire journalier de misère (405 roupies, soit 2,40 euros) comme ceux qui prétendent s'y opposer. En 2006, les syndicats qui prétendaient s'opposer à l'accord obtenu par le Congrès des ouvriers de Ceylan ont en fait contribué à saboter des mouvements de grève très étendus, permettant ainsi au gouvernement et aux employeurs d'imposer l'accord.

La position courageuse adoptée par les travailleurs de la plantation Balmoral a une grande importance pour la classe ouvrière de toute l'île et au-delà. La transformation des syndicats en une police industrielle au service des gouvernements et du grand patronat est un processus universel. Dans le contexte d'une production globalisée, les travailleurs du monde entier s'entendent dire par les gouvernements, les employeurs et les syndicats qu'ils doivent se sacrifier pour être « compétitifs internationalement ».

Au Sri Lanka, les syndicats n'ont pas simplement fait appliquer les exigences des employeurs, ils ont subordonné la classe ouvrière à la guerre communautaire du gouvernement contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Lorsque les ouvriers des plantations ont fait grève en 2006, le président Mahinda Rajapakse les a accusés d'affaiblir la sécurité nationale et de soutenir les « tigres terroristes ». Ayant battu le LTTE en mai, le gouvernement mène actuellement une « guerre économique » pour le compte des grandes entreprises pour faire peser le poids de la crise économique du pays sur les travailleurs.

Au cours de la réunion du Comité d'action de la plantation Balmoral dimanche, les travailleurs ont soulevé des inquiétudes légitimes sur la répression par le gouvernement et les employeurs soutenus par les syndicats. Au Sri Lanka, un énorme appareil d'Etat a été construit au cours de la guerre. Le mépris du gouvernement pour les droits démocratiques est démontré par sa détention pour une durée illimitée de plus de 250 000 civils tamouls qui ont fui les combats en mai. La police et des gros bras des syndicats s'en sont déjà pris à des travailleurs qui manifestaient à Hatton et Bogawanthalawa contre l'accord salarial pour les plantations.

Les travailleurs de la plantation Balmoral ne doivent pas être laissés seuls. Nous incitons vivement les travailleurs de toutes les plantations et de toute l'île à les soutenir en envoyant des messages et des motions de soutien et en suivant leur exemple, en établissant des comités d'action indépendants pour lutter pour leurs propres droits. Le PES apporte un soutien total et son assistance politique à cette lutte.

***

Nous, travailleurs de la plantation Balmoral à Agarapathana, avons formé notre comité d'action pour lutter pour nos droits et appelons tous les travailleurs des plantations et des autres sections de l'industrie à faire de même.

Nous avons pris cette décision parce que nous n'avons aucune confiance dans aucun des syndicats qui nous ont trahis systématiquement. Tous les syndicats des plantations travaillent avec les employeurs et le gouvernement pour nous forcer à accepter deux nouvelles années de salaires de misère.

Le Congrès des travailleurs de Ceylan (Ceylon Workers Congress - CWC), le Syndicat des travailleurs de la plantation Lanka Janthika (Lanka Jathika Estate Workers Union - LJEWU) et le Comité des syndicats des plantations unies (Joint Plantation Trade Union Committee - JPTUC) ont signé dans notre dos un accord avec les employeurs pour fixer notre salaire journalier maximal à 405 roupies pour les deux ans à venir. Personne ne nous a demandé ce que nous pensions du salaire initial de 750 roupies (4,45 €, ndt) ou d'une possible réduction à 500 ou d'une acceptation d'une réduction encore plus grande.

Les autres syndicats comme le Front populaire du Haut pays (Up-country Peoples Front - UPF) et le Syndicat pan-Ceylan des travailleurs des plantations (All Ceylon Plantation Workers Union - ACPWU) affirment s'opposer à cette trahison. Mais ils ne font que ce qu'ils ont déjà fait en 2006 – bloquer toute action indépendante de la part des travailleurs, tout en poursuivant leurs propres discussions à huis clos avec le gouvernement et les compagnies.

Ces syndicats font partie de l'establishment politique de Colombo. Le dirigeant de l'UPF, Chandrasekaran, est ministre du gouvernement et il accepte la politique actuelle qui consiste à faire payer les travailleurs pour la crise économique actuelle. L'ACPWU est affiliée au JVP (Janatha Vimukthi PeramunaFront populaire de libération) qui a contribué à l'arrivée au pouvoir du Président Rajapakse, a apporté son soutien à sa guerre contre les Tamouls, a voté ses budgets militaires et continue à voter pour lui accorder des pouvoirs draconiens en situation d'urgence.

Chandrasekaran demande au Président Rajapakse d'intervenir et de résoudre le conflit. Mais lorsque que Rajapakse est intervenu en 2006, il a dit aux syndicats d'accepter l'accord signé par le CWC et ils se sont empressés de le valider, en déclarant qu'ils ne pouvaient rien faire d'autre. Ils referont la même chose. Le gouvernement a déjà appelé tous les syndicats à soutenir l'accord à 405 roupies. Lorsque les travailleurs ont protesté à Bogawanthalawa contre cet accord, le gouvernement a envoyé la police lancer des gaz lacrymogènes et faire des tirs de sommation en visant au-dessus des têtes.

Les travailleurs ne peuvent accorder aucune confiance aux syndicats, qui servent de police sur le lieu de travail, au service du gouvernement et des employeurs. Nous disons que les travailleurs doivent partout s'en remettre à leur propre force indépendante. C'est pourquoi nous appelons les travailleurs des autres plantations ainsi que dans les usines, les écoles, les hôpitaux et autres lieux de travail à former leurs propres comités d'actions indépendants des syndicats. Nous sommes tous confrontés à l'impossibilité de joindre les deux bouts.

Aucune lutte ne peut être menée contre les réductions d'effectifs, de salaires et des conditions de vie dans le cadre anti-démocratique et répressif des syndicats. Nous proposons qu'à la place, une conférence des délégués des comités d'actions soit convoquée pour porter nos demandes et planifier une campagne de luttes pour elles. Nous croyons également que ces demandes devraient aller bien plus loin qu'une augmentation du salaire journalier. Nous devons lutter pour mettre fin au système d'exploitation du travail au jour le jour et pour un salaire mensuel garanti avec lequel nous et nos familles pouvons vivre. Les besoins en logements, en écoles et en aide médicale, ainsi que tous les autres besoins essentiels doivent être satisfaits.

Cette lutte implique bien plus que des actions de grève. Nous comprenons que nous sommes engagés dans une lutte politique avec le gouvernement, les employeurs et, surtout, les syndicats. Nous avons lu la déclaration du Parti de l'égalité socialiste sur la lutte pour les salaires et nous sommes en accord avec cette déclaration. Nous demandons aux autres travailleurs d'étudier et d'envisager sérieusement les questions qu'elle soulève. (Lire en anglais : A socialist program for Sri Lankan plantation workers”)

Cette déclaration note que les travailleurs de tout le Sri Lanka et d'ailleurs s'entendent dire qu'ils doivent supporter le poids de la crise économique mondiale. Mais nous n'en sommes pas responsables et nous ne devrions pas avoir à payer pour une crise créée par un système d'exploitation anarchique. Nous devons nous unir aux travailleurs du monde entier dans la lutte pour une société reconstruite suivant des principes socialistes pour répondre à nos besoins, pas à ceux du petit nombre de riches. Après tout, les travailleurs sont les véritables producteurs de toute la richesse de la société.

Nous lançons un appel particulier à nos frères et sœurs de classe cingalais. Depuis bien trop longtemps, les gouvernements et tous les partis en place ont introduit une séparation entre nous avec leur politique communautariste. Nous sommes tous confrontés aux mêmes questions de classe : une attaque permanente contre notre niveau de vie par le gouvernement et le grand patronat. Après avoir insisté pour que l'on se sacrifie pour sa guerre, le gouvernement demande maintenant que l'on se sacrifie pour « Construire la Nation ». Mais cela signifie simplement se sacrifier encore pour l'élite riche qui possède la grande majorité de la richesse nationale.

Nous vous mettons en garde : le gouvernement Rajapakse n'hésitera pas à user des mesures d'un Etat policier contre la classe ouvrière. Durant la guerre, Rajapakse a accusé les dockers, ouvriers agricoles, enseignants et personnels des universités qui se mettaient en grève, ainsi que les étudiants et les paysans qui manifestaient, d'être des traîtres à la nation. Maintenant qu'il a lancé sa « guerre économique », le gouvernement sera tout aussi impitoyable envers tous ceux qui menaceront ses projets économiques et les intérêts des patrons.

Nous ne pouvons nous battre seuls. Nous en appelons à tous les travailleurs pour qu'ils forment leurs propres comités d'action, distribuent notre appel et la déclaration du PES aussi largement que possible, prennent contact avec nous et le PES, et élisent des délégués pour préparer une conférence qui décidera de la prochaine étape.

(Article original paru le 22 septembre 2009)


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