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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les trotskystes européens commémorent le 70e anniversaire de la Deuxième Guerre mondiale

Par notre reporter
20 octobre 2009

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Le 11 octobre, les sections européennes du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) ont tenu une réunion conjointe à Londres sur les enseignements à tirer de la Deuxième Guerre mondiale.

L’événement avait été conjointement organisé par les Partis de l’égalité socialiste (SEP) de Grande-Bretagne et d’Allemagne ainsi qu’avec la participation de sympathisants du CIQI de France. Le président de séance, le secrétaire national du SEP, Chris Marsden, a souligné la signification extraordinaire du rassemblement de trotskystes européens pour un continent qui, par deux fois au siècle dernier, a été mis à feu et à sang.

Julie Hyland s’adressant à l’auditoire

S’adressant à l’auditoire, Marsden a dit, « Vous êtes venus ici non pas par intérêt général, mais en raison d’une inquiétude politique, une reconnaissance du fait que nous avons à faire ici à des questions qui dépassent la simple curiosité historique. Nous sommes venus ici pour débattre d'une question fondamentale de perspective révolutionnaire à l’époque moderne, l’élaboration d’une perspective révolutionnaire contre la guerre.

« Notre tendance cherche à offrir une voie aux représentants les plus avancés de la classe ouvrière, notamment à sa jeunesse. Notre tâche en tant que parti est d’éduquer et d’organiser cette avant-garde, comme la mémoire historique de la classe, comme son commandement stratégique dans la lutte contre le capital et ses défenseurs politiques. »

Barbara Slaughter du SEP britannique a pris la parole en premier. Slaughter est le plus ancien membre du mouvement trotskyste et un membre du comité central du parti. Jeune adolescente de douze ans au début de la Deuxième Guerre mondiale, Slaughter a décrit l’impact qu’eut la guerre sur une adolescente à la fois attirée vers le socialisme, mais privée de perspective révolutionnaire du fait de l’influence exercée par le stalinisme sur elle-même et la génération de ses parents.

Elle a expliqué, « J’ai rejoint le Parti communiste en 1945 à l’âge de 18 ans parce que j’identifiais le parti avec l’héroïsme de la classe ouvrière russe pendant la guerre et parce que j’étais dominée par la fausse impression que c’était un parti révolutionnaire. J’étais déterminée, tout comme des millions d’autres, à ce qu'il n'y ait pas un retour aux souffrances d’avant-guerre de la classe ouvrière et dont j’avais été témoin…

« Il ne m’aura pas fallu longtemps pour comprendre que le Parti communiste était loin d’être un parti révolutionnaire. Mais je ne voyais pas d’alternative. Ce ne fut que lorsque je rejoignis le mouvement trotskyste en 1958, après la Révolution hongroise de 1956, que je compris la signification de toutes les expériences que moi-même et les millions de travailleurs avions vécues avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. »

Slaughter dont la mère était originaire d’Espagne a expliqué la signification de la trahison stalinienne de la Révolution espagnole et la désorientation engendrée par la présentation par la bureaucratie soviétique de la Seconde Guerre mondiale comme la « Grande Guerre patriotique » contre l’Allemagne. Elle a aussi exposé les crimes commis par l’impérialisme britannique contre la classe ouvrière allemande pendant la guerre et qui sont de nos jours soit ignorés soit célébrés par l’élite dirigeante britannique.

Françoise Thull a parlé de l’expérience des travailleurs français sous l’occupation nazie et la collaboration du régime de Vichy du Maréchal Pétain. Elle aussi a souligné le rôle du Parti communiste dans le désarmement de la classe ouvrière par la politique de collaboration de classes du Front populaire qui avait évité une confrontation révolutionnaire avec la classe dirigeante lors de la grève générale de 1936.

La famille de Thull vient de la Sarre, une région frontalière qui fut à tour de rôle dirigée par l’impérialisme français et allemand. Après l’annexion de la région par Hitler suite au plébiscite de la Sarre en 1935, ses grands-parents socialistes et leur fils aîné furent expulsés vers la France. Son père avait servi dans l’armée française et participé aux combats contre la Wehrmacht jusqu’à la mise en place du régime pétainiste. Son oncle fut incorporé de force dans l’armée allemande et envoyé sur le front russe. Il ne devait jamais revenir.

La bourgeoisie française a collaboré dans la déportation et l’extermination de Juifs français, de personnes de gauche, de Tziganes, d’homosexuels et autres personnes, a expliqué Thull. Après la guerre et « dans des conditions où la grande majorité de la bourgeoisie française était profondément discréditée » les staliniens « réprimèrent tout mouvement indépendant de la classe ouvrière. Ce qui signifia la répression brutale des forces trotskystes actives en France. Le Parti communiste lutta pour la restauration de l’Etat bourgeois, c’est-à-dire le maintien de l’économie de profit aux dépens de la classe ouvrière. »

Peter Schwarz, secrétaire du CIQI et un dirigeant du SEP allemand, a expliqué à l’auditoire l’analyse de Trotsky de la montée au pouvoir d’Hitler.

Le fascisme est issu des aspirations de la bourgeoisie allemande à devenir une puissance européenne et mondiale. Mais ceci impliquait à son tour la destruction du puissant mouvement des travailleurs socialistes. « L’antisémitisme d’Hitler était en étroite relation avec sa haine du mouvement socialiste, » a expliqué Schwarz. C’est pourquoi le parti nazi a bénéficié du soutien de la classe dirigeante.


Peter Schwarz

Hitler ne fut en mesure de prendre le pouvoir qu’en raison de la « faillite totale des grands partis ouvriers », les sociaux-démocrates (SPD) et le Parti communiste allemand (KPD).

Le SPD refusa de mener une lutte révolutionnaire contre le fascisme. Au lieu de cela, il adopta la posture de défenseur de l’appareil d’Etat allemand qu’il qualifiait de seule sauvegarde contre Hitler.

La bureaucratie syndicale alla encore plus loin en se dissociant du SPD trois mois et demi avant la prise de pouvoir d’Hitler en jurant loyauté au régime nazi et en déclarant qu’elle « mettrait à la disposition du gouvernement et du parlement l’expérience et le savoir-faire qu’elle avait gagnés. »

Le KPD, sous la tutelle de Staline et du Komintern, dénonça le SPD comme « sociaux fascistes » en rejetant une lutte commune contre le danger fasciste. « Trotsky lutta inlassablement pour une politique de front uni », a dit Schwarz. « Ceci aurait permis au KPD d’utiliser la contradiction entre la social-démocratie et le fascisme pour unir la classe ouvrière, pour gagner la confiance des travailleurs sociaux-démocrates et pour révéler au grand jour les dirigeants sociaux-démocrates. »

« Le refus du KPD d’accepter une telle politique mena à la catastrophe allemande, » dit-il. Ce fut le refus des partis de l’Internationale communiste de même reconnaître cette défaite monumentale qui incita Trotsky à appeler à la fondation d’une nouvelle Internationale, la Quatrième Internationale.

Julie Hyland, membre du comité de rédaction international du WSWS et membre dirigeant du SEP de Grande-Bretagne, a conclu la réunion en expliquant comment la Deuxième Guerre mondiale était survenue de la lutte pour l’hégémonie mondiale que s'étaient livrée les puissances impérialistes rivales, notamment pour la domination du continent eurasien.

Elle a fait remarquer que la première « stratégie eurasienne » moderne de la domination du monde fut élaborée en Grande-Bretagne par le stratège impérial Halford Mackinder dans son article de 1904, « Le pivot géographique de l’histoire. » En décrivant les continents d’Europe, d’Asie et d’Afrique comme l'« île du monde », Mackinder insistait sur le fait que « celui qui tient l’Europe orientale tient la terre centrale [heartland] ; celui qui tient la terre centrale domine l’île du monde [world-island]; celui qui domine l’île du monde domine le monde. »

Actuellement il y a un regain d'intérêt pour l’analyse de Mackinder parce que justement une lutte identique pour le contrôle de « l’île du monde » et de ses ressources est en cours, a expliqué Hyland, comme le montrent les guerres en Afghanistan, en Irak et les menaces grandissantes proférées contre l’Iran. « Comme le CIQI l’a souligné, une nouvelle bataille est engagée pour un nouveau partage du monde, » a-t-elle dit. « Et bien qu’une soixantaine d’années se soient écoulées, c’est comme s’il s’agissait d’une continuation, mais à un stade bien plus avancé, de ce qui avait caractérisé la première moitié du 20e siècle. »

La nouvelle lutte « pour le contrôle des matières premières et des ressources a une logique objective, » a dit Hyland. « Jusque-là, la réaction de la bourgeoisie européenne avait été en grande partie dictée par l’inquiétude quant à l’unilatéralisme américain. » Mais ceci est en train de changer avec l’intensification des antagonismes entre toutes les grandes puissances.

« Au cœur de la bataille pour la suprématie mondiale se trouve l’assaut contre les conditions de vie et les droits démocratiques de la classe ouvrière », a-t-elle ajouté, une offensive qui grandira avec l’aggravation de la crise économique mondiale.

De nos jours, « Pour la première fois dans l’histoire, plus d’un milliard de personne, soit près d’un habitant de la planète sur six, ont faim… Dans les pays développés, malgré les opérations de renflouement, le chômage est en hausse partout et est utilisé pour faire baisser les salaires et dégrader les conditions de travail. La vérité c’est, comme le disait Martin Wolf de manière concise dans le Financial Times du 8 octobre, que ‘La crise est une occasion en or pour imposer la discipline et faire des réformes’ », a dit Hyland.

« La guerre économique et la guerre militaire présupposent un important réalignement social et une militarisation accrue de la vie quotidienne dans tous les pays, » a expliqué Hyland. C’est pourquoi l’opposition au danger de guerre et à la dévastation de la position sociale de la classe ouvrière doit être menée en tant que lutte contre l’ordre économique capitaliste et le système d’Etat-nation sur lequel il se base, a-t-elle conclu.

L’auditoire a réagi avec enthousiasme à la réunion et il y a eu bon nombre d’interventions de la part du public. Une collecte a rassemblé plus de 2.700 livres Sterling (3.000 euros). Le World Socialist Web Site publiera certains des discours tenus lors de la réunion.

(Article original paru le 14 octobre 2009)


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