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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le Nouveau Parti anticapitaliste envisage de jouer un rôle au sein d'un gouvernement

Par Pierre Mabut et Alex Lantier
2 août 2010

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Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) s’apprête, en vue d’une participation au gouvernement, à resserrer ses liens avec le Parti socialiste (PS), le parti gouvernemental de la « gauche » bourgeoise du pays. Cette politique qui s’était manifestée par des dissensions grandissantes au sein du NPA après son score médiocre aux élections régionales de mars dernier a obtenu une confirmation officielle le 1er juillet à l’occasion d’une interview du dirigeant du NPA, Alain Krivine.

En évoquant le PS dans une interview accordée au journal Le Bien Public, Krivine a remarqué qu’il n’était pas sûr de « gouverner la France avec eux [les socialistes] », mais « s’il y a un accord unitaire à gauche, peut-être. » Il a expliqué, « Il faut d’abord forcer toute la gauche politique et syndicale à travailler ensemble contre la politique de Sarkozy. Et ça, on commence à y arriver. »

Avec cette politique, le NPA cherche à poser les fondements politiques pour une trahison de la classe ouvrière.

Comme Krivine en est parfaitement conscient, le PS retournerait au pouvoir sur une plateforme de coupes sociales massives à l’encontre de la population. En réponse à la crise économique européenne, les partis sociaux-démocrates au pouvoir, tel le PASOK en Grèce et le PSOE en Espagne, ont lancé des attaques contre les emplois, les salaires, les retraites et la législation du travail. Le PS a contribué à ces attaques en votant en faveur de la participation de la France au financement du plan de secours de 750 milliards d’euros et qui a imposé des coupes massives aux travailleurs grecs en échange d’un important renflouement des principales banques détenant les dettes grecques.

Une telle politique est issue des précédentes trahisons par le PS de la classe ouvrière. Le soi-disant « tournant de la rigueur » du président François Mitterrand avait ravagé les conditions de vie des travailleurs, durant les années 1980 notamment dans les milieux miniers et sidérurgiques. Entre 1997 et 2002, le premier ministre socialiste, Lionel Jospin, avait poursuivi un programme de privatisations de grande ampleur.

Krivine ne considère pas cet héritage comme passant outre une alliance politique avec les sociaux-démocrates. « On a vu ce que le PS fait en Grèce, au Portugal, en Espagne ou en France », a-t-il dit. « On veut bien lutter avec eux contre Sarkozy dans la mesure où il l’accepte. »

L’interview avait eu lieu en plein milieu d’un débat amer au sein des classes dirigeantes européennes, alors que chaque gouvernement tente de restaurer la compétitivité de son économie nationale en imposant des mesures d’austérité. Le premier ministre britannique, David Cameron, donne le ton en exigeant des réductions de 25 à 40 pour cent du budget de l’Etat. Cette politique a été ratifiée dernièrement, lors du sommet financier du G20 en juin et qui avait publié un communiqué appelant à la réduction mondiale des dépenses.

En France, des sections de l’establishment politique pourraient considérer remplacer l’actuel gouvernement conservateur par les sociaux-démocrates pour essayer de reproduire les coupes énormes votées par leurs homologues grecs, espagnols et portugais. Sarkozy, désormais impopulaire, est profondément impliqué dans le récent scandale de fraude fiscale de la milliardaire Liliane Bettencourt, ce qui a renforcé une hostilité publique déjà profonde à l’égard de davantage de coupes sociales. L’on s’attend de plus en plus à des grèves et des manifestations à l’automne.

Dans un tel climat, la réaction du NPA est de se rapprocher encore davantage d’une alliance avec l’establihsment. Le NPA est en train d’approfondir ses liens avec le PS en encourageant les illusions que le PS et ses partis alliés, Europe Ecologie (EE) et le Parti communiste français (PCF), peuvent être poussés sous la pression à adopter une politique progressiste au moyen de protestations syndicales ou d’accords politiques.

Cette orientation avait été implicite à la fondation, en février 2009, du NPA par la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et qui avait été basée à la fois sur le rejet de l’idée que la classe ouvrière était la force politique dirigeante dans la lutte contre le capitalisme et de toute association verbale restante au trotskysme.

La décision en début d’année de la direction du NPA de mener lors des élections régionales de mars 2010 une campagne indépendante du Front de Gauche menée par le PCF, fut amèrement contestée au sein du parti. En janvier, Leila Chaibi qui dirige une faction organisant des « pique-niques sans payer dans les supermarchés » a dit, « le choix de partir seul aux élections régionales est pour moi l’expression de l’échec du projet NPA. »

Après les élections de mars, lors desquelles le PS avait remporté les 22 régions métropolitaines sauf une, conséquence de la colère populaire contre la politique de Sarkozy, il y eut de plus en plus d’appels au sein du NPA en faveur d’une collaboration avec des partis gouvernementaux. Raoul Marc Jennar, un militant antimondialiste et l’un des fondateurs du NPA, avait dénoncé le « sectarisme » du NPA dans une interview accordée le 9 avril au journal Libération. Il avait expliqué qu’il préconisait des « confluences » avec EE et d’autres groupes écologiques en annonçant sa démission.

Comme le montre l’interview de Krivine dans Le Bien Public, l’actuelle direction du NPA accepte le besoin de travailler avec le PS ou ses partis satellite, bien que pour le moment ils préfèrent adopter une attitude faussement indépendante.

Le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, partage cette opinion. Il salue la présence de membres du PS sur les tribunes publiques en affirmant frauduleusement que le PS lutte contre les réductions des retraites avancées par le président Sarkozy. Dans le discours qu’il a prononcé le 14 juin à Rouen aux côtés de Guillaume Bachelay du PS et de Jacky Hénin du PCF, Besancenot a dit : « aujourd’hui on tape sur le même clou pour défendre la retraite à taux plein à 60 ans… La mayonnaise est en train de prendre. »

Comme les commentaires de Krivine sur la politique des sociaux-démocrates en Grèce et en Espagne le montrent, une telle bravade de la direction du NPA correspond à une trahison consciente de la classe ouvrière et de tous ceux qui s’adressent à tort au NPA comme une sorte de mouvement d’opposition authentique. La direction du NPA est tout à fait consciente du caractère droitier du PS et des partis identiques partout en Europe. Son objectif est de favoriser la conception selon laquelle avec suffisamment de pression d’en bas, le PS peut être amené à adopter une politique moins nocive que celle de Sarkozy.

Cette illusion qui est extrêmement précieuse à la bourgeoisie française est maintenue par des acteurs cyniques tels Krivine. Il a dit au Bien Public qu’il n’avait pour le moment pas de projets d’entrer dans un gouvernement PS parce que « ça discrédite la gauche ». Krivine entend par là qu’une participation immédiate dans un gouvernement PS droitier risquerait d’exposer l’ensemble de l’establishment politique de « gauche », allant du NPA au PS.

C’était là l’expérience faite en Italie où les condisciples de Krivine dans le parti Refondation communiste (Rifondazione comunista – RC) avaient participé de 2006 à 2008 au gouvernement Prodi qui avait réduit les retraites et poursuivi la participation italienne à la guerre en Afghanistan. Par la suite, le score du RC devait s’effondrer au parlement italien.

Pour le moment, le NPA a l’intention d’enfermer l’opposition montante contre le gouvernement grâce à d’autres méthodes bien rodées. Se référant aux manifestations des jeunes en 2006 qui avaient été déclenchées par les propositions du gouvernement de réduire les mesures de protection de l’emploi sous la forme du Contrat première embauche (CPE), Krivine a déclaré, « [Au] NPA, à la rentrée, on va commencer un mouvement de grève générale, privé-public, et continu, comme les jeunes l’ont fait avec le CPE. » Krivine a déclaré pouvoir arriver à « les [le gouvernement] faire reculer » de leurs mesures d’austérité proposées, à l’image du retrait partiel du gouvernement Villepin dans le cas du CPE en 2006.

L’analogie de Krivine repose toutefois sur une fausse présentation de ce qui s’était en fait passé à l’époque. Le mouvement de protestation anti-CPE fut trahi par les syndicats et la « gauche » en échange d’un recul partiel du gouvernement. Certaines sections du mouvement syndical avaient agi de concert avec Sarkozy qui s’était servi de la défaite du premier ministre d’alors, Dominique de Villepin, pour promouvoir sa propre campagne présidentielle de 2007. Cette manœuvre avait donné à Sarkozy un faux vernis populiste qu’il exploita au début de son mandat présidentiel pour s’attaquer aux travailleurs en réduisant les retraites et la législation du travail.

Le fait que Krivine puisse promouvoir un tel exemple souligne le caractère anti-classe et perfide de la politique du NPA.

 (Article original paru le 31 juillet 2010)

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