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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le FMI et l’Union européenne accroissent la pression sur la Roumanie

Par Andrei Tudora
21 août 2010

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Les mesures d’austérité devraient se poursuivre en Roumanie avec la suppression de 74.000 d’emplois en plus dans le service public d’ici la fin de l’année. C’est le message qu’a délivré une équipe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne (CE) qui avait été envoyée dans le pays pour y mener une évaluation. Mercredi dernier, la conclusion tirée par la mission FMI-CE qui avait duré neuf jours a été qu’il sera permis au gouvernement roumain de toucher la sixième tranche d’aide du prêt conjoint du FMI-Union Européenne (UE).

Dans son intervention lors de la conférence de presse de mercredi, Jeffrey Franks, le chef de l’équipe du FMI, a loué le gouvernement roumain du premier ministre Emil Boc (Parti démocrate-libéral, PD-L) pour ses efforts de licencier 30.000 salariés du service public et a ajouté qu’il attendait à présent que le prochain objectif de la restructuration soit le système éducatif. Franks a aussi salué la réponse rapide du gouvernement face au rejet par la Cour suprême des réductions prévues des retraites, réponse qui a consisté à rehausser la TVA de 5 à 24 pour cent.

Le représentant du FMI à évité d’aborder le nombre des licenciements vraiment prévus en parlant d’une « restructuration continue d’ici la fin de l’année, » et en faisant allusion au fait que le « gouvernement anticipait des milliers de suppressions d’effectifs dépassant largement les 70.000 emplois. » Soixante dix mille est le chiffre discuté dans l’accord initial dans le but de créer un « secteur public plus flexible » et de « créer de l’espace » pour une « augmentation progressive des salaires. »

S’exprimant à la radio publique, le premier ministre Boc a envisagé une augmentation de salaire de 10 pour cent – après qu’une baisse de 25 pour cent a déjà été appliquée combinée à une suppression d’un mois supplémentaire du salaire des travailleurs du secteur public. La lettre supplémentaire adressée au gouvernement, et rédigée par le gouvernement et la délégation du FMI, dit que 74.000 emplois de plus seront détruits, et qui s’ajoutent aux 30.000 déjà supprimés par le gouvernement. De plus, elle dit que seul le licenciement de 15.000 travailleurs de plus « laisserait une marge » pour toute « augmentation modeste des salaires dans le secteur public. » Le représentant du FMI a toutefois, clairement fait savoir qu’il « se prononçait contre » toute augmentation de salaire.

Le fait de viser le secteur de l’enseignement signifie une nouvelle attaque à l’encontre des enseignants qui sont en conflit avec le gouvernement depuis qu’il est arrivé au pouvoir au début de 2009. Boc, alors le dirigeant du gouvernement de coalition entre le Parti démocrate social (PDS) et Parti démocrate-libéral (PD-L), avait refusé d’accorder une augmentation de salaire aux enseignants en dépit du fait que l’augmentation avait été votée au parlement et confirmée par un jugement de la cour.

Les enseignants se sont également opposés à la nouvelle loi sur les salaires, qui a réduit les salaires et supprimé plusieurs primes, et à la réforme de l’éducation du gouvernement. L’intensification des tensions entre les enseignants et le gouvernement a alors été atténuée par les dirigeants syndicaux qui ont conclu un accord avec leur ancienne connaissance, la ministre sociale-démocrate de l’Education, Ecaterina Andronescu.

Les protestations ont repris en 2010, lorsque les démocrates-libéraux, après avoir évincé les sociaux-démocrates du gouvernement et obtenu une nouvelle majorité au parlement, ont tenté de faire voter les baisses de salaires imposées par le FMI ainsi qu’une nouvelle loi sur l’éducation. La nouvelle loi ouvre le secteur de l’enseignement à la déréglementation et à la concurrence en montant les écoles publiques les unes contre les autres pour obtenir des fonds et en permettant au secteur privé de faire concurrence aux écoles publiques pour bénéficier d’un financement du gouvernement.

Le conflit entre les enseignants et le nouveau ministre de l’Education, Daniel Funeriu, a atteint son point culminant en mai lorsque les enseignants ont refusé de participer aux examens du baccalauréat. Le gouvernement, confronté à une vague de grèves et de protestations contre le programme d’austérité soutenu par le FMI, a décidé d’adopter une attitude de défiance et de faire que les examens se tiennent malgré le boycott des enseignants. Le changement méthodologique de l’examen rendu nécessaire par la nouvelle loi, ainsi que le chaos résultant des opérations du gouvernement pour briser la grève, ont eu pour conséquence qu’un pourcentage stupéfiant de 40 pour cent des lycéens ont échoué à l’examen, un chiffre que les responsables gouvernementaux ont eu tôt fait d'utiliser comme preuve que les enseignants étaient incompétents et que le système nécessitait une « réforme. »

L’idée d’un secteur public « flexible » et petit n’offrant qu’un minimum de services sociaux est un objectif récurrent de la nouvelle classe dirigeante roumaine depuis la chute de la dictature stalinienne il y a vingt ans. Après avoir rapidement démantelé les usines et les plateformes industrielles du pays, les gouvernements successifs ont poussé les secteurs de santé et de l’enseignement au bord de l’effondrement. Comme condition préalable à l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, ces secteurs avaient dû subir une série de « réformes » visant à les décentraliser et à les ouvrir aux investisseurs privés en laissant les écoles et les hôpitaux à court de ressources financières et de matériel médical de base.        

Mais, les responsables gouvernementaux ont été à maintes reprises confrontés à la résistance des travailleurs. Durant ces deux dernières décennies, les enseignants ont organisé une opposition déterminée contre les attaques en organisant des grèves des semaines durant en 2000 et en 2005 et en réussissant à obtenir quelques concessions sur les salaires et les conditions de travail.

L’accord signé avec le FMI en 2009 pour rassurer les créanciers étrangers face à la crise économique et les mesures d’austérité brutales qui ont suivi, signifie que les conditions pour de telles concessions n’existent plus. Comme dans d'autres pays de par l’Europe, les travailleurs sont à présent confrontés à des attaques en règle contre leurs moyens d’existence. Le plan d’austérité s'est accompagné d'une frénésie médiatique dépeignant les enseignants, le personnel de santé et le personnel administratif d’incompétents et menant un train de vie insoutenable sur le dos du secteur privé.

La détermination du gouvernement à venir à bout de l’opposition populaire a été grandement aidée par les dirigeants syndicaux qui ont étouffé et limité les grèves en faisant que le conflit s’éternise des mois durant par des journées d’action de 24 heures et des demi mesures.

Néanmoins, la configuration politique actuelle montre des signes de tension avec la cote de popularité du parti démocrate libéral au pouvoir chutant à 12 pour cent dans les sondages d’opinion, à peine deux ans après son élection. Le gouvernement est de plus en plus considéré, par l’establishment bourgeois, être inapte à s’attaquer à la résistance de la classe ouvrière au plan d’austérité et ses membres, affichant une richesse personnelle considérable, ont été critiqués en raison de leur corruption et de leur échec à faire passer de façon convaincante leur politique.

Le désarroi de l’élite politique et son mépris pour les grandes masses de la population ont été démontrés par le président Traian Basecu, défenseur des mesures de rigueur draconiennes, et qui s’était moqué cruellement des victimes des inondations qui ont frappé le pays. A une question concernant la richesse des membres du cabinet, il a répondu que : « Même si l’eau nous arrive jusque dans la bouche, nous voudrons encore faire de la politique. »

Les sociaux-démocrates, avec les liens qu'ils entretiennent avec la bureaucratie syndicale, sont pour le moment considérés être un véhicule politique plus fiable pour avoir déjà montré leur engagement au programme d’austérité. Leur principale critique à l’égard du gouvernement est son inefficacité à appliquer les réformes économiques. Une sorte de remaniement du gouvernement est attendu en septembre mais il n’est pas sûr que les démocrates libéraux seront en mesure de maintenir leur faible majorité au parlement.

Indépendamment de sa composition politique, le prochain gouvernement devra faire face à une opposition populaire grandissante. Les travailleurs ont reçu leurs premiers salaires réduits du mois de juillet et sont confrontés à une nouvelle baisse de revenu réel avec l’inflation qui devrait s’élever à 7,8 pour cent en 2010 en raison de la hausse de la TVA. Le FMI a fixé l’objectif de déficit public à 4,4 pour cent du PIB en 2011, ce qui signifie qu’une nouvelle série d’attaques sera inévitable l’année prochaine.

 

(Article original paru le 11 août 2010)

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