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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Espagne : Des grévistes d'un aéroport condamnés à deux ans de prison avec sursis

Par Paul Mitchell
6 avril 2010

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Vingt trois travailleurs d'aéroport espagnols qui avaient fait grève à l'aéroport de Barcelone le 28 juillet 2006 et occupé les pistes ont été condamnés à deux ans de prison avec sursis.

Le fait que le gouvernement PSOE (Parti des travailleurs socialistes) de José Luis Zapatero ait été en mesure de faire un tel procès et d'assurer une condamnation constitue un dangereux précédent. Cela représente une offensive majeure contre les droits démocratiques.

Plus de 400 travailleurs employés par les services de manutention d'Iberia (transfert de bagages, livraison de nourriture et nettoyage des avions) avaient organisé une occupation de 11 heures et paralysé l'aéroport. Ils protestaient contre la décision de la compagnie de direction de l'aéroport, Aéroports espagnols et navigation aérienne (AENA) de les transférer à d'autres compagnies avec la perte de 900 emplois et l'imposition de nouveaux contrats pour des salaires plus bas. La direction d'AENA déclarait avoir le droit de transférer les travailleurs selon un accord signé avec les syndicats en mai 2005.

Au départ, près de 200 travailleurs ont été accusés de sédition suivant la loi anti-terrorisme passée sous la dictature fasciste de Franco. L'accusation de sédition implique des actes qu'un gouvernement juge être de l'ordre d'une insurrection contre l'Etat. Les travailleurs sont aussi accusés de toute une série de délits d'ordre public suivant le Code pénal.

Finalement, 25 des travailleurs et représentants syndicaux se sont retrouvés devant tribunal. Le juge de la Haute cour de Barcelone, Gerardo Thomas a récusé les accusations suivant la loi anti-terroriste et condamné les grévistes pour des délits contre l'ordre public. Sa décision bat en brèche celle prise deux ans auparavant par la Cour sociale de Barcelone qui avait déclaré « impropres » les sanctions prises par Iberia contre 59 travailleurs qui avaient été suspendus pendant deux mois sans paye.

Thomas a rejeté toutes les accusations contre les représentants syndicaux, Omar Minguillon, personnalité en vue de la section des transports, communications et mer du syndicat général du travail (UGT) de Catalogne et principal représentant UGT chez Iberia, et José Luis Gallardo, secrétaire général UGT de la région Baix Llobregat en Catalogne qui siège au comité d'entreprise de la compagnie.

Thomas a accepté les arguments de plusieurs témoins au procès, dont le directeur de l'aéroport de Barcelone Fernando Echegaray et des membres du comité d'entreprise, selon lesquels Minguillon avait passé toute la journée à essayer de mettre fin à l'occupation.

Dans le cas de Gallardo, le juge a dit qu'il n'y avait pas « la moindre preuve permettant de quelque manière que ce soit de lui attribuer la direction de cette action. » Il a accepté que Gallardo avait été bousculé et poussé à terre lorsqu'il était intervenu pour faire cesser la grève. Deux autres travailleurs ont été acquittés car il n'y avaient pas suffisamment de preuves contre eux.

Les 25 travailleurs condamnés sont Oscar de la Cruz Rodríguez, Manuel Porras Funes, Sergio Ojeda Feliz de Vargas, Juan Albero Llobregat Cortés, César Fernando Gancho Rodríguez, Juan José Nieto Ceriani, Pablo Martin Álvarez Pagani, Javier Gil Cordero, César Ferrera Hoyero, Luis Eduardo Duque Gálvez, Joel Freixenet Caballero, Sandra Martín López, Pablo Arnedo Arnedo, Antonio Campos Cazorla, Santiago Noe Guaita, Oscar Felipe Montero, Ascensión Martínez Muñoz, Andrés Vazquez Garcia, Francisco Javier Gallardo Montero, Antonio Morales Sallent, Carlos Alberto García Vega, Francisco Javier Guijarro González, Javier Martín López, Julian José Beyret Tomás and Sara Cano Velázquez.

Le juge Thomas a déclaré qu'ils étaient coupables d'une « attaque sans précédent contre l'ordre public dans les aéroports nationaux. » Les preuves contre eux sont venues de gardes civils et des directeurs de l'aéroport et de photos et de vidéos prises par les médias et les caméras de surveillance, que Thomas a déclaré, malgré les protestations de la défense, être des preuves acceptables.

Comme l'affaire avait duré quatre ans et qu'aucun des grévistes n'avait de casier judiciaire, ils sont condamnés avec sursis. Thomas a dit aussi qu'il ne forcerait pas les grévistes à payer les frais de l'association des patrons, Fomento del Trabajo, dont la participation au procès, a-t-il dit, n'était pas « particulièrement appropriée. »

L'accusation voulait que les travailleurs soient condamnés à trois ans et les officiels à quatre ans sous la loi 209/1964. Il s'agit d'une loi parmi un certain nombre de lois qui n'ont quasiment pas été changées depuis la dictature de Franco, lorsque le gouvernement PSOE de Felipé Gonzalez a fait voter un nouveau Code pénal en 1995. Suivant cette loi, le personnel navigant et d'autres employés, passagers ou tout autre personne d'accord avec eux qui « se soulèvent collectivement dans les aéroports ou dans des avions pour toute raison relative au transport aérien » sont coupables de sédition et passibles d'emprisonnement. Les dirigeants de mouvements séditieux sont passibles de sanctions plus lourdes s'ils sont déclarés coupables.

L'UGT proche du PSOE et les Comités de travailleurs (CCOO) dominés par le Parti communiste espagnol ont déclaré les condamnations contre les 23 travailleurs « injustes » et déclaré qu'ils feraient appel auprès de la Cour suprême mais il n'y a absolument aucun commentaire sur les sites Internet des syndicats. Les représentants de CCOO ont dit qu'ils feraient des déclarations publiques plus « exhaustives »lorsqu'ils auraient analysé « les faits plus en profondeur », comme s'ils n'avaient pas eu assez des quatre ans.

De larges couches de la classe ouvrières soutiennent les travailleurs de l'aéroport. Des commentaires des plus sagaces ont été publiés dans El Mundo.

« Deux ans de prison pour des travailleurs qui demandaient de meilleures conditions de travail, c'est incroyable! Et à côté il y a ceux qui ne sont pas inquiétés pour telle ou telle raison. On n'est guère mieux lotis qu'en ces temps où on frappait les paysans qui réclamaient de meilleures conditions de travail. C'est ça la justice de la 'démocratie,' une règle pour les puissant et une autre pour les travailleurs. »

« Une attaque sans précédent contre l'ordre publique? Quel drôle de type, ce juge! C'est comme quelqu'un qui vole deux poulets dans une cour (et se sert d'un bâton pour forcer la porte) et qui écope de deux ans pour vol avec violence. Et à côté les voleurs qui volent avec le « fait aggravé » de détenir des fonctions officielles, ils écopent de quoi? De RIEN DU TOUT... Quelle justice de merde! »

« La majorité de ceux qui nous font la leçon ignorent la réalité de 85 pour cent des travailleurs des aéroports: des salaires de misère de 700 euros par mois... des contrats de rien du tout et pas le droit de grève... On peut me dire ce qu'ils peuvent faire pour améliorer leurs conditions de travail? »

« Quelle honte! Comment peuvent-ils exonérer les dirigeants syndicaux et condamner quelques innocents? Nous les travailleurs nous connaissons bien la connivence corrompue qui existe entre l'UGT, le CCOO et les anciennes compagnies publiques. »

« La vérité c'est qu'on devrait soutenir ces 25 travailleurs! A quoi bon les syndicats? Quand les deux dirigeants syndicaux sont acquittés ils se demandent si « ça vaut la peine d'investir » dans 25 travailleurs, des pères et des mères, des chefs de familles avec des maisons à payer et la corde au cou à la fin de chaque mois. Cela ne vaut pas la peine, hein? Est-ce que ces 25- là devraient continuer à se tuer au travail de longues heures durant et être totalement idiots pour défendre leurs emplois encore une fois en faisant tout simplement une grève légale... Et maintenant ils souffrent encore, jour après jour, ne sachant ce qui va leur arriver... Dites moi un peu si c'est juste, tout ça. Parce que je crois moi que les innocents paient pour les coupables. »

Le gouvernement Zapatero et l'élite dirigeante espagnole veulent faire un exemple des travailleurs de l'aéroport afin d'intimider les autres. Ils sont tout à fait conscients de l'opposition qui se développe en ce moment en Espagne tandis que la crise économique s'intensifie et qu'ils cherchent à décharger le fardeau de cette crise sur le dos des travailleurs.

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