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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Comment l'ex-gauche trahit la grève des travailleurs sans-papiers

Par Alex Lantier
29 avril 2010

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Le rassemblement du 17 avril pour la grève des travailleurs immigrés sans-papiers sur la Place de l’Hôtel de Ville à Paris a souligné le gouffre politique existant entre les travailleurs immigrés et l’establishment politique français. Des syndicalistes de la CGT et des membres du Parti socialiste (PS) étaient présents, de même qu’un grand nombre de groupes anciennement de gauche, y compris le Parti communiste français (PCF), le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO).

Ces forces, traînant derrière l’establishment français, considèrent les sans-papiers avec un mélange de crainte et de désillusion. Le potentiel de confrontation s'était révélé en mai 2008 lorsque des travailleurs sans-papiers auxquels le gouvernement avait demandé de passer par l'intermédiaire de la CGT pour leur demande de régularisation, avaient occupé la Bourse du Travail dans le 3ème arrondissement de Paris. Un commando de nervis de la CGT, aux côtés des CRS, s’était introduit dans le bâtiment en juin dernier pour expulser les sans-papiers.

Le rassemblement du 17 avril a eu lieu après que des groupes de sans-papiers ont demandé une manifestation de soutien de la part des partis politiques. Plusieurs milliers de travailleurs sans-papiers sont en grève depuis près de 7 mois pour exiger la régularisation de tous.

Le WSWS a parlé à Qing, une travailleuse sans-papier représentant les travailleurs chinois et dont la plupart ne parlent que peu le français. Elle a dit que la grève était « très dur[e], on est en grève depuis plus de six mois. On ne fait plus de piquets de grève. Nous sommes à peu près 1.800, venus de tous les pays, beaucoup d'entre nous font du travail de restauration [...] nous sommes 700 Chinois et le reste ce sont des Africains. » Elle a ajouté, « Nos patrons ne veulent pas nous régulariser, peut-être parce qu'on est chinois. Il y a des problèmes avec les circulaires. »

De nombreux travailleurs faisant partie du groupe de Qing portaient des badges CGT ou brandissaient des banderoles de la CGT. A la question de savoir si elle était membre de la CGT, Qing a dit, « Je ne suis pas déléguée de la CGT, je suis déléguée des Chinois. Nous sommes des sans-papiers, nous voulons nos droits. On veut que les syndicats, les associations soient ensemble avec nous, nous voulons une régularisation des sans-papiers. La CGT, ce n'est pas important. »

Le WSWS a également parlé à Sidibé Aliou, un travailleur de l’union locale de Bobigny, une banlieue ouvrière de Paris. Sidibé a dit : « Le but de la lutte est que les sans-papiers soient régularisés. [...] Les syndicats doivent demander de régulariser tous les sans-papiers. »

A la question de savoir s’il pensait qu’un gouvernement du Parti socialiste changerait la situation, Sidibé a dit, « Le PS au pouvoir n'a rien fait pour les sans-papiers. Si la gauche revient au pouvoir en 2012 [date des prochaines élections présidentielles], ce sera pareil comme en 1987 ou en 2002. Mais les conditions sont plus dures maintenant. » Il a indiqué qu'avant les travailleurs sans-papiers pouvaient cotiser aux systèmes de retraite et autres programmes gouvernementaux, mais que tout cela était fini et qu’une vague d’arrestations s’était abattue sur les sans-papiers. Il a ajouté, « Avec la victoire de Chirac en 2002, et surtout Sarkozy, les choses deviennent de pire en pire. »

Pour les partis politiques présents au rassemblement, toutefois, la lutte des sans-papiers était un moyen de régulariser la source de main-d’œuvre bon marché et d’unifier leurs forces dans une campagne commune. Sarkozy est en train de s’effondrer dans les sondages – 65 pour cent de l’opinion publique ne souhaite pas qu’il se représente pour un second mandat en 2012 – en raison surtout de sa campagne raciste contre la burqa et sur « l’identité nationale » menée avant les élections régionales du mois dernier. La pseudo-gauche d’une façon générale soutient la campagne anti-burqa de Sarkozy.

Pour ces forces, le fait de promouvoir une fausse image « anti raciste » et de construire une dynamique politique autour du PS pour préparer son éventuel retour au pouvoir sont des questions cruciales, de même que garder le contrôle des grévistes sans-papiers pour empêcher une nouvelle confrontation entre ces travailleurs et les syndicats. C’est pour ces raisons qu’ils sont prêts à se faire passer cyniquement pour des amis des sans-papiers même s’ils ne soutiennent pas les luttes des sans-papiers et leur revendication de régularisation de masse.

Le WSWS a parlé à Rémi Féraud, maire socialiste du 10ème arrondissement de Paris. Féraud a dit qu’il visait à « soutenir les sans-papiers » bien qu’« à court terme, on ne s'attend pas à grand-chose. Mais on ne désespère pas.  » A la question de savoir ce que le PS comptait faire pour les sans-papiers, il a dit, « Si le PS revient en 2012, les critères [d’immigration] évolueraient, non pas pour régulariser tous les sans-papiers, mais pour que certains puissent se régulariser. » En ajoutant, « La France a toujours été un pays d'immigrés, on ne peut pas les laisser en précarité. L'économie a besoin d'eux comme main d'oeuvre. »

A la question de savoir s’il pensait que le PS profiterait du soutien que les autres partis apportent au rassemblement, Féraud a répondu, « Oui, le PS va bénéficier de l'unité de la gauche en 2012. »

Le WSWS a également parlé à Jean-Louis Gaillard de Lutte ouvrière (LO). Il a signalé qu’une « section du patronat est pour eux [les sans-papiers] – l’intérim, le bâtiment, le nettoyage. » Il a critiqué l’opposition de Sarkozy à la régularisation des sans-papiers comme « politique, pas économique » -- c’est-à-dire fondée improprement sur l’appel politique de Sarkozy au sentiment néo-fasciste en opposition aux besoins de main-d’œuvre du patronat français.

En parlant de la lutte des sans-papiers, Gaillard a loué « le combat de la CGT, le rôle de la CGT est très bien. »

Lorsque le WSWS a demandé à Gaillard ce qu’il pensait de la collaboration de la CGT avec les CRS dans l’attaque des sans-papiers l’année dernière, il l’a défendu sans réserve. En parlant des sans-papiers, il a dit, « Il y en avait certains qui disaient que ça n'avançait pas à cause de la CGT. Ils avaient tort – la CGT essayait de les aider. » Après l’occupation des sans-papiers de la Bourse du Travail, Gaillard a dit, « les syndicats les ont un peu poussés. Ben oui, dix fois ils [la CGT] leur ont demandé de partir. »

Il a laissé entendre que, dans une situation analogue, il envisagerait également de recourir aux CRS à l’encontre des sans-papiers : « C'est vrai que ça fait drôle. Mais s'ils occupaient les locaux de LO, je ne sais pas comment ça se passerait. »

(Article original paru le 20 avril 2010)

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