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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Julian Assange libéré sous caution

Par Ann Talbot
18 décembre 2010

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Julian Assange s'est vu accorder la libération conditionnelle par la Haute Cour de justice de Londres jeudi. Le fondateur de WikiLeaks, contre qui aucune accusation n'a été portée, et qui a encore moins été reconnu coupable d’un crime, n'a été libéré qu'après plusieurs heures. Assange n'a franchi les portes de la Haute Cour de justice qu'à 18h, soit plus de 5 heures après avoir obtenu sa libération conditionnelle.

Il est apparu à la fin de l'après-midi devant ses partisans et les médias internationaux qui espéraient pouvoir l'apercevoir. Diverses histoires ont émergé pour venir expliquer pourquoi il avait été libéré si tard.

Il avait initialement été dit qu'il faudrait une heure pour lui installer le bracelet électronique, l'une des conditions de sa libération. On avait indiqué par la suite que l'argent pour la caution n'avait pas été présenté au tribunal de Westminster, où Assange s'était d'abord vu accorder une libération conditionnelle mardi. De plus, des journalistes auraient été informés que le juge Ouseley, avait eu de la difficulté à contacter toutes les personnes qu’il avait exigé qu'elles se portent garantes pour qu’elles se rendent au poste de police afin de signer les documents nécessaires.

Il fut insinué à un certain moment que si les procédures n'étaient pas conclues avant le départ de l'autobus de la prison pour Wandsworth, Assange devrait être gardé incarcéré durant une autre nuit. Jusqu'à 17h45, on prétendit qu'il ne pourrait être libéré en raison du manque de temps pour se rendre en voiture jusqu'à Ellingham Hall dans le comté de Suffolk avant 22h, l'heure de son couvre-feu. Ce galimatias d'explications s'est déroulé durant tout l'après-midi.

Lorsqu'il est sorti, aux applaudissements de la foule qui l’avait attendu toute la journée au froid mordant, Assange a remercié ceux qui s'étaient portés garants de lui face à « de grandes difficultés et toutes ces diversions ».

Son apparition en public fut le point culminant d'une journée riche en événements extraordinaires. En effet, le parquet suédois a d'abord nié avoir appelé de la décision du Crown Prosecution Service anglais (CPS) d'accorder une libération conditionnelle. Le bureau du procureur a déclaré à Sky News : « La décision d'en appeler de la libération conditionnelle de M. Assange fut l'entière décision des autorités britanniques, nous n'avons rien à y voir. » Karin Rosander, directrice des communications pour le bureau du procureur suédois, a affirmé au Guardian : « C'est aux autorités britanniques seules de s'occuper de ce cas. »

S'expliquant ce matin-là à l'émission « Today » sur les ondes de la BBC Radio 4, KeirStarmer, directeur du CPS, a cherché à masquer la révélation que ce sont les autorités britanniques qui avaient empêché la libération d'Assange, après que celui-ci eu obtenu sa libération conditionnelle le mardi 14 décembre. Il a déclaré : « La position générale et la nature des dispositions sont tout à fait claires. Le Crown Prosecution Service se comporte en tant que représentant du gouvernement qui cherche à obtenir extradition, dans ce cas-ci, le gouvernement suédois. Ces procédures sont amenées dans le cadre d'un rôle de représentant du gouvernement suédois. »

La référence aux « agents » ne répond pas à la question si la Grande-Bretagne s’est fait demandée ou non de continuer la détention d’Assange, après qu’elle ait dit que la Suède avait appelé de la décision.

Pendant la durée des audiences de jeudi, le CPS a offert une série de raisons spécieuses selon lesquelles Assange ne devrait pas être libéré sous caution. Il a été mentionné que la station de police rurale la plus proche de la maison du capitaine Vaughan Smith, où il a accepté de demeurer pendant sa libération sous caution, n’est ouverte que deux heures par jour et serait fermée pendant la période de Noël. Des doutes ont ensuite été émis quant à ceux qui se sont portés garant d’Assange.

Les partisans d’Assange ont recueilli 200 000 £ en argent comptant lors des 48 heures qui ont suivi l’émission de la caution mardi. Le réalisateur de film documentaire, Michael Moore, a contribué pour 20 000 dollars à cette somme. Le CPS a argumenté que c’était des montants d’argent relativement petits, tout comme plusieurs autres contributions individuelles. La partie plaignante a argumenté que Moore et les autres partisans d’Assange pourraient ne pas s’objecter à perdre ce montant d’argent s’il prenait la fuite.

Le juge, Duncan Ouseley, a mis en doute les motifs des partisans d’Assange, suggérant que leur soutien pour son travail à Wikileaks pourrait s’étendre jusqu’à lui permettre de fuir le pays. Ils pourraient voir cela comme un « acte vertueux », a-t-il argumenté. Il a conséquemment insisté sur de futures cautions et a sélectionné un certain nombre de noms de la liste de ceux qui ont offert de se porter garant et a augmenté les sommes requises des personnalités éminentes.

Les cinq personnes que le juge a nominé sont l’auteur et le journaliste sir Phillip Knightley, l’éditeur Felix Dennis, le lauréat du prix Nobel sir John Sulston, lord Matthew Evan, qui est le président de Faber&Faber et la professeure Patricia David.

Cependant, le juge fut forcé d’accepter qu’Assange n’était pas entré en Grande-Bretagne en tant que fugitif comme ce fut largement rapporté dans les médias. Il était d’accord pour dire qu’Assange avait été en contact avec la Police métropolitaine lors de son séjour en Grande-Bretagne et les autorités savaient où il se trouvait. Le juge a aussi accepté qu’Assanges’était volontairement rendu à une station de police de Stockholm le 30 août, où il avait répondu à toutes les questions qui lui avaient été posées. Il avait coopéré avec les autorités suédoises et avait quitté le pays lorsqu’il en avait obtenu la permission le 27 septembre.

Depuis ce temps, Assange demeurait au Frontline Club et était resté en contact avec le bureau de la partie plaignante suédoise. Lorsque le mandat d’arrêt européen a été émis, il s’est présenté à la station de police de Londres.

Le juge Ouseley n’a pas accepté l’idée que l’éloignement de la maison de Vaughan Smith à Suffolk la rendait non viable pour quelqu’un en liberté sous caution comme Assange. Il a décidé que les responsables de l’extradition devraient loger un appel à la maison pendant la période de Noël, lorsque la station de police est fermée. Il a mentionné que la façon habituelle par laquelle le procureur suédois avait traité ce genre de cas donnait à Assange une base raisonnable pour s’attendre à ce qu’il soit acquitté si la causeétait entendu en cour. Selon Ouseley, cela est un facteur qui diminue le risque d’une fuite.

La loi britannique présume que la caution est accordée. Pour nier une caution, il faut craindre que l’accusé puisse fuir, auquel cas des garanties peuvent être exigées, telles l’obligation de demeurer à une adresse définie par la cour, une garantie en argent ou que des personnes de bonne réputation se portent garantes de l’accusé. Toutes ces provisions ont été exigées dans ce cas.

Malgré que la libération sous caution ait été accordée, plusieurs questions restent sans réponse sur le délai pour la libération d’Assange. Il est difficile de croire que la prévarication de mardi, alors que le CPS affirmait qu’il consultait les procureurs suédois, et celle de la Haute Cour hier n’ait rien à voir avec une tentative de gagner du temps pour discuter de la situation avec Washington. Sur ABC News, John Bellinger, un ancien conseiller en droit pour le département d’État américain sous l’administration Bush, a expliqué comment il croyait que la situation se développerait : « Je crois que notre département de la Justice considère présentement un large éventail de possibilités pour condamner M.Assange, y compris la loi de 1917 sur l’espionnage, selon laquelle c’est un crime pour une personne qui a obtenu une information relevant de la sécurité nationale sans autorisation de la divulguer. »

Il a aussi souligné qu’il peut être difficile d’accuser une personne avec la loi sur l’espionnage, alors « il s’agit probablement d’une des raisons expliquant qu’il n’y a pas eu d’accusation à ce jour, au moins publiques ».

L’actuel conseiller en droit du département d’État « a écrit une lettre très sévère à M. Assange et ses avocats il y a environ dix jours », a dit Bellinger. Cette lettre avait pour but, a-t-il continué, de renforcer la cause du gouvernement américain si jamais il réussissait à emmener Assange devant une cour.

Il est aussi devenu clair que l’administration américaine tente de prouver que le soldat Bradley Manning a conspiré avec Assange pour la publication de documents secrets. Des accusations de conspiration pourraient être plus facile à prouver.

Tony Harden, l’éditeur du Daily Telegraph pour les États-Unis, a suggéré que les autorités américaines avaient déjà préparé le mandat d’arrestation. « Ce qui se passe », a-t-il argumenté, « c’est que les États-Unis veulent attendre le bon moment et le bon endroit pour lui mettre le grappin dessus. Cela deviendra une immense controverse transatlantique si, comme il semble possible, des accusations d’espionnage sont déposées et que l’on cherche à obtenir l’extradition de Grande-Bretagne ou de Suède. »

Alors qu’il est en route pour Suffolk et, en fait se trouve en état d’arrestation à domicile, l’avenir d’Assange est encore incertain. Son sort aux mains du système légal anglais est très différent de celui qu’avait obtenu le général Augusto Pinochet, l’ancien dictateur militaire du Chili.

Pinochet a été arrêté à Londres en octobre 1998 sur la base d’un mandat émis par le magistrat espagnol Baltazar Garcon. Il n’a pas été emprisonné, même si l’acte d’accusation officiel stipulait qu’il était impliqué dans 3000 morts. Pinochet était en fait responsable pour encore plus de morts que ce nombre en plus d’être responsable de la torture et du viol systématique de milliers d’opposants.

Malgré la nature horrible de ses crimes, Pinochet a été gardé à vue dans une maison confortable dans le quartier chic de WentworthEstate à Surrey, plutôt qu’à la prison de Wandsworthoù Assange est détenu. La baronne Margaret Thatcher a demandé qu’il soit libéré et l’a visité à de nombreuses reprises. Finalement, le ministre de l’Intérieur travailliste, Jack Straw, a rejeté l’extradition du dictateur sur la base de son état de santé. Les deux cas ont en commun la soumission complète de l’élite politique britannique aux dictats de Washington, les deux étant impliqués dans les crimes en question.

(Article original anglais paru le 17 décembre 2010)

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