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Amérique du SudUne conférence sur le climat avec peu de
promesses et encore moins de résultats
Par Dan Brennan
8 décembre 2010
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Des délégués venus de plus de cent quatre-vingt pays se sont rassemblés
lundi 29 novembre à Cancun, au Mexique, pour une conférence sur le
changement climatique qui doit durer deux semaines. Ils y sont accompagnés
par des hordes de représentants de l’industrie, d’activistes de l’écologie
et de journalistes, le tout représentant près de 15.000 personnes. Mais, en
contraste avec cette présence nombreuse et fort vantée, l’espoir de voir
discutée une stratégie globale qui soit une réponse au changement climatique
est lui, très faible.
Dans la période qui a précédé l’ouverture de cette conférence, les
principaux participants ont fait comprendre qu’un accord contraignant
n’était pas envisagé dans le cadre des pourparlers de Cancun. Le principal
envoyé américain, Todd Stern, expliqua avant son arrivée à Cancun qu’« il
était à présent généralement compris qu’un traité légal n’est pas à l’ordre
du jour cette année ».
Christina Figueres, la chef du département de l’ONU organisant la
conférence, admit en gros la même chose, remarquant que « Cancun ne résoudra
rien » et que les gouvernements devraient se concentrer, au lieu de cela,
sur des solutions pragmatiques. Certains observateurs ont relevé quelques
domaines dans lesquels des accords limités étaient possibles – bien que
n’étant en rien garantis – dans le cadre de l’actuelle conférence : les
droits de propriété pour le transfert en technologies écologiquement
propres, les incitations anti-déforestation et le financement des mécanisme
d’aide aux pays développés.
Mais trois jours après le début des pourparlers, de profondes divisions
sont apparues, même avec cet ordre du jour réduit. L’agence BNA rapporte
qu’un groupe de délégués africains, mécontents des propositions inadéquates
de financement de la part des pays industrialisés, ont menacé lundi de
quitter les réunions des groupes de travail. Le négociateur en chef bolivien
a dit lui, qu’un groupe de délégués d’Amérique latine était prêt à faire de
même.
Kevin Conrad, le délégué de la Papouasie Nouvelle-Guinée, demanda de but
en blanc si tout le processus de négociation de l’ONU sur le climat
« [n’avait pas] de moins en moins d’importance ». Patricia Espinosa, la
ministre des Affaires étrangères du pays organisateur de la conférence, le
Mexique, admit devant la presse qu’elle « ne pouvait pas dire que c’était le
genre d’ouverture [d’une conférence] qu’elle avait espéré ».
Mercredi, les négociations allèrent plus encore vers la déconfiture
lorsque des responsables japonais exclurent catégoriquement toute
prolongation du Protocole de Kyoto. Le ministre japonais de l’environnement,
Ryu Matsumoto, déclara que « quoiqu’il se passe nous n’accepterons en aucun
cas une seconde période d’engagement ». Le protocole, qui fixe des limites
pour les émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés et
fournit un mécanisme d’achat des droits d’émission des pays en voie de
développement, deviendra caduc en 2012 si aucune action n’est entreprise. De
nombreuses délégations, en particulier celles des pays les plus pauvres,
soutiennent le Protocole de Kyoto.
Expliquant son opposition, Matsumoto poursuivit : « Sans la participation
active des deux plus grands producteurs d’émissions de gaz – c’est-à-dire la
Chine et les Etats Unis, il ne s’agit pas d’un effort global. » Les
Etats-Unis ont signé mais pas ratifié le traité. Dans ce protocole, la Chine
n’est liée par aucun objectif de réduction des émissions. En prenant cette
position, le Japon affirme sa répugnance à céder un quelconque avantage de
compétitivité à ses rivaux.
De la même manière, les Etats-Unis s’efforcent de garantir que leur
position relative soit renforcée au maximum par ces négociations. La
délégation américaine demande par exemple que la Chine accepte des mesures
de transparence et de responsabilité et qu’elle s’engage à réduire ses
émissions de gaz.
L’Union européenne a pour sa part indiqué son accord pour que l’accent
soit mis sur l’établissement d’un système de mesure, d’information et de
vérification des émissions, en particulier pour ce qui était de la Chine.
Mais elle cherche aussi à faire pression sur les Etats-Unis afin que ceux-ci
acceptent une charge plus importante dans les efforts pour atténuer le
changement climatique et pour étendre le marché de l’industrie de l’écologie
propre, relativement avancée en Europe.
Pendant ce temps, les pays en voie de développement continuent de mettre
l’accent sur la responsabilité de leurs homologues industrialisés dans le
partage de la technologie et dans la distribution des finances pour contrer
le coût occasionné par l’impact du changement climatique.
Ces divisions, et d’autres encore existant de longe date, entre les
représentants des divers pays se sont accentuées depuis le sommet de
Copenhague du mois de décembre 2009. Dans la période qui avait précédé ce
sommet l’espoir, bien que faible, existait cependant de l’ébauche d’un
nouveau traité global et légalement exécutoire. Cela se manifestait dans la
présence de plus de 120 chefs d’Etat (contrairement à Cancun, où seule une
poignée de chefs d’Etat voulaient être présents, principalement ceux de
petites nations insulaires). Le sommet de Copenhague se finit cependant par
une débâcle : au lieu d’un traité contraignant, son résultat fut une faible
promesse politique consignée sur trois pages et qui menace d’être déchirée à
Cancun. .
La perspective d’une action mondiale unifiée s’est de plus dégradée
depuis, les efforts pour passer des lois sur le changement climatique ayant
été bloqués dans un certain nombre de pays, notamment aux Etats-Unis, au
Canada, en Australie et au Japon. Sous-tendant ces échecs il y a la
détérioration de la situation économique dans un monde où les gouvernements
nationaux se bousculent pour rendre leurs industries plus compétitives – au
moyen d’une baisse des prestations sociales et du salaire des ouvriers et en
mettant au panier les projets d’amélioration de la protection de
l’environnement. Dans ce contexte, la promesse des délégués de Cancun de
dépasser leurs propres intérêts nationaux et d’agir dans l’intérêt de
l’humanité toute entière sonne plus creux que jamais.
(Article original publié le 3 décembre 2010)