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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: La grève des contrôleurs aériens se renforce au second jour

Par Antoine Lerougetel et Alex Lantier 
25 février 2010

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La grève des contrôleurs aériens s'est étendue hier dans un climat d'opposition des travailleurs du transport aérien de toute l'Europe à la rationalisation de l'industrie à leurs dépens.

Les contrôleurs aériens avaient fait deux jours de grève en janvier dernier et poursuivent le mouvement avec cette grève de quatre jours lancée mardi, en pleine période de vacances scolaires. Le premier jour, mardi, la grève a touché les aéroports de Paris, clouant au sol 50 pour cent des avions à Orly et 25 pour cent à l'aéroport Charles de Gaulle. En province, les aéroports de Pau, Grenoble et La Rochelle ont été fermés. A Lyon-Saint Exupéry, 43 vols sur 345 ont été annulés.

La grève a aussi perturbé des vols qui traversent l'espace aérien français au départ d'autres aéroports dont celui d'Amsterdam, Bruxelles et Genève. Lufthansa a aussi fait état de retards sur les avions devant survoler la France.

Mercredi matin, les pourcentages étaient similaires dans les aéroports parisiens tandis qu'aucun avion ne décollait de Rennes, Lille, La Rochelle et Biarritz et que l'on comptait 44 annulations à l'aéroport de Lyon, 25 à Marseille et 34 à Nice. Les contrôleurs aériens étaient aussi en grève en Grèce le même jour contre les sévères mesures d'austérité imposées par l'Union européenne au gouvernement social-démocrate grec, afin de réduire la dette de la Grèce et éviter le défaut de paiement.

Les contrôleurs aériens seront rejoints par les pilotes d'Air France qui seront en grève pendant quatre jours à partir de vendredi contre la réorganisation de la compagnie et le report de l'âge de la retraite. De graves perturbations sont attendues sur les vols durant ce week-end de vacances.

Il y a aussi une autre grève en cours, celle des marins syndiqués des compagnies SNCM et la CMN qui relient la France, et particulièrement le port de Marseille, à la Corse. Le financement a été réduit de 10 pour cent en 2009, ce qui a conduit à la suppression de 108 traversées sur un total de 400 traversées annuelles.

L'intersyndicale des contrôleurs aériens a été convoquée par le gouvernement mercredi afin de tenter de mettre fin à la grève. L'intersyndicale a déclaré que la grève se poursuivra «en attente des garanties nécessaires.»

Cette déclaration est intervenue au moment où les syndicats annonçaient hier la levée de la grève contre la compagnie pétrolière Total, bien que le gouvernement et la direction n'aient pas accordé la revendication centrale de la grève, c'est à dire que toutes les six raffineries Total de France restent ouvertes.

Les travailleurs sont en grève contre un projet de rationalisation du contrôle de l'espace aérien européen, le projet FABEC (Bloc d'espace aérien fonctionnel d'Europe centrale) dans la crainte que cela conduira à des suppressions d'emplois de grande envergure et à des attaques contre les conditions de travail.

La sécurité aérienne est la responsabilité de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile.) Les travailleurs craignent que ce projet ne conduise au démantèlement de la DGAC et ne menace les emplois et le statut de fonctionnaire des 12 000 membres du personnel, dont 4 400 sont des contrôleurs aériens. Ils s'opposent aussi à l'important projet de réduction des postes prévu pour 2010 et 2011 faisant partie de la RGPP (révision générale des politiques publiques) comprenant le non remplacement d'un départ à la retraite de fonctionnaire sur deux.

Le projet FABEC avait été annoncé après un sommet européen de l'aviation civile le 18 novembre 2008. Un rapport des débats du sommet faisait remarquer que « dans le contexte de la crise financière actuelle et du ralentissement économique, » l'espace aérien de six pays européens, l'Allemagne, la France, la Belgique, la Hollande, le Luxembourg et la Suisse, devrait fusionner.

L'armée est étroitement impliquée avec la FABEC. La DGAC fait remarquer: «Les autorités publiques civiles et militaires responsables de l'espace aérien et de la direction du trafic aérien, les chefs d'état-major de l'armée de l'air et les directeurs du trafic aérien se sont rencontrés lors d'une conférence de haut niveau à Paris le 21 janvier 2010 pour réfléchir aux questions majeures de l'interface militaire-civile qui sont en jeu dans le projet FABEC. »

Actuellement, le ciel européen reste divisé en 27 différents espaces aériens nationaux sous le contrôle de gouvernements nationaux: «Cette fragmentation force les compagnies aériennes à zigzaguer entre 27 espaces aériens différents, chacun équipé d'un fournisseur de service de navigation aérienne fondé sur une réglementation différente, ce qui allonge les temps de vol et donc augmente la pollution et les coûts pour les opérateurs... [Le plan FABEC inclut] des objectifs de performance contraignants pour les fournisseurs de service de navigation aérienne et la date butoir de 2012 pour que les Etats membres mettent en place entre eux une coopération par delà les frontières au moyen de 'blocs d'espace aérien fonctionnels' (FAB) »

Le projet FABEC menace clairement de procéder à des attaques d'envergure en dépit d'une augmentation notoire du trafic aérien. La zone FABEC s'attend à une augmentation du trafic aérien de quelque 50 pour cent d'ici 2018. Ce projet, selon l'étude de faisabilité de juillet 2008 de la DGAC, est censé économiser «7 milliards d'euros d'ici 2025, réduire de moitié le coût du contrôle aérien, augmenter la sécurité par un facteur de 10 et réduire l'impact sur l'environnement de 10 pour cent par vol. »

La DGAC fait remarquer que les pertes d'emplois dépendront de la manière dont l'intégration se fera: «Dans un modèle n'utilisant que la coopération contractuelle, l'impact sur les conditions de travail et le personnel sera limité. Si l'on envisage l'intégration dans une alliance, certaines fonctions risquent d'être centralisées et il sera nécessaire de déterminer l'impact au niveau des organisations individuelles. » La DGAC appelle à «l'implication des partenaires sociaux dans le processus de dialogue, » autrement dit à ce que les syndicats négocient avec la direction pour planifier la mise en place des attaques.

Les ministres du gouvernement ont cherché à minimiser le risque de davantage de suppressions d'emplois découlant du projet FABEC et ont appelé à rapidement mettre fin à la grève.

Le contexte politique de cette grève des contrôleurs aériens est la crise européenne de la dette centrée sur la Grèce. Avec l'Allemagne et la France qui exigent des mesures d'austérité à l'encontre de la Grèce en échange d'un renflouement, la question est directement posée: Peut-on laisser les institutions européennes entre les mains de l'aristocratie financière, ou bien doivent-elles être subordonnées aux besoins sociaux de la classe ouvrière?

Comme le démontre la récente expérience des travailleurs de Total, un obstacle majeur confrontant la classe ouvrière dans sa lutte pour la défense de son niveau de vie est la traîtrise politique des syndicats qui cherchent à tout prix à isoler et étouffer les luttes dans différents secteurs. Ceci souligne l'importance cruciale d'une perspective socialiste pour unifier la classe ouvrière européenne en lutte contre les gouvernements et les syndicats.

Le gouvernement français espère encore que les syndicats seront en mesure d'isoler et de trahir la grève des contrôleurs aériens. Après une réunion avec les syndicats, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a dit: « il s'agit de rassurer les personnels sur le maintien de leurs statuts, sur le futur statut de l'organisme (européen) qui doit être mis à l'étude et d'écouter tous les acteurs du système aérien français dans ce qu'ils ont à proposer. »

Un peu plus tôt le même jour, Borloo avait dit qu'il espérait «que dans les heures qui viennent, ce conflit (...) sera réglé, je l'espère d'ici la fin de la journée. »

Un article du quotidien conservateur Le Figaro du 23 février accusait les contrôleurs aériens d'organiser dans l'illégalité des arrangements dans la journée de travail, réduisant leur charge de travail et mettant en danger la sécurité du trafic. Cet article se fondait sur un rapport hostile de la Cour des comptes, organisme de surveillance des finances de l'Etat.

Il est significatif que les représentants du gouvernement n'aient pas osé critiquer ouvertement les grévistes. En réponse à l'article du Figaro, le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau a dit, «Les contrôleurs sont des fonctionnaires d’élite, des gens très sérieux. » Il a ajouté que «Depuis 1973, aucun accident dû aux contrôleurs n’a eu lieu en France. »

Mais il est clair que le gouvernement et la direction des aéroports espèrent faire passer les attaques en faisant preuve de patience face à la grève. Le 22 février, l'Union des aéroports français a fait une déclaration avertissant que «Cette grève sera lourde de conséquences pour les passagers, les les compagnies aériennes et les aéroports. » Cette déclaration met l'accent sur le fait que «le transport aérien français fait face à un manque de compétitivité, » faisant remarquer que la France «se situe au quatrième rang en Europe en terme de trafic. »

La déclaration conclut avec arrogance: «Les personnels de l'aviation civile doivent sortir de leur syndrome de 'la tour assiégée ' pour mieux prendre pied dans la réalité. »

 


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