Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, a été frappé mardi à 16 h 53
par un grave tremblement de terre. On craint que le séisme ne cause la mort
d’un nombre très élevé de personnes, en raison surtout de la mauvaise
qualité des bâtiments en Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques.
L’épicentre du séisme d’une magnitude de 7,0 se situe à 15 kilomètres au
sud-ouest de Port-au-Prince, une ville de plus de 2 millions de personnes.
Le tremblement de terre a été le pire à frapper Haïti depuis au moins 1770
selon le Geological Survey (Service géologique) des Etats-Unis (USGS). Il
s’est produit à seulement 10 kilomètres de la surface terrestre et a été
rapidement suivi de deux fortes répliques, une de 5,9 et l’autre de 5,5 sur
l’échelle de Richter.
John Bellini, un géophysicien de l’USGS, a dit au Wall Street Journal :
« Un tremblement de terre si puissant et à faible profondeur dans une zone
si densément peuplée peut causer des dégâts vraiment importants. » Il a
ajouté que 1,8 million de personnes vivent dans la zone où l’intensité du
séisme était à son plus fort.
Des alertes au tsunami ont aussi été émises pour Cuba, les Bahamas et la
majeure partie des Caraïbes. Le tremblement de terre a été ressenti à Santo
Domingo, la capitale de la République dominicaine, le pays voisin, et même
jusqu’à la partie est de Cuba.
Un nuage de poussière recouvrait la ville après le séisme. Un hôpital
s’est effondré dans Pétionville, un quartier plus riche de Port-au-Prince,
tout comme un bâtiment gouvernemental, et plusieurs maisons ont glissé dans
des ravins. Le Guardian a rapporté que les secours travaillaient « à
main nue et à l’aide d’outils de fortune ».
Les communications par téléphone cellulaire, les lignes terrestres et
l’électricité avaient toutes étaient été coupées à Port-au-Prince. Félix
Augustin, le consul général d’Haïti à New York, a témoigné : « La
communication est tout à fait impossible. Je ne peux rejoindre personne. »
Plusieurs organisations caritatives à Port-au-Prince ont réussi à
communiquer brièvement avec les médias internationaux, décrivant l’étendue
des dégâts. Raphaelle Chenet, une administratrice de Mercy and Sharing
(Pitié et partage) a raconté : « J’ai vu des cadavres, les gens crient, ils
s’affolent dans les rues, les gens ont mal. Il y a beaucoup de blessés, des
crânes fracturés, des bras cassés… Il n’y a pas d’électricité, les poteaux
électriques sont tombés à plusieurs endroits. » Chenet a aussi entendu des
explosions qu’elle a associées à des fuites dans le réseau de gaz naturel.
Karel Zelenka, représentant en Haïti des Services d’assistance
catholique, a dit que « le chaos et la catastrophe » régnaient, avant que sa
ligne téléphonique ne soit coupée. Il prévoyait des milliers de morts.
Philip J. Crowley, un porte-parole haut placé du département d’Etat
américain, a dit que le personnel de l’ambassade a rapporté des « dommages
considérables », incluant de sérieux dégâts au palais présidentiel haïtien.
Il a dit que les responsables américains étaient en train de planifier de
l’aide pour Haïti.
Le commandement américain du Sud, qui supervise les opérations militaires
américaines dans les Caraïbes et en Amérique latine, a dit que son personnel
évaluait le niveau de l’aide requise.
Compte tenu des preuves qu’il y a eu de sérieux dommages à des édifices
situés dans des quartiers riches, il est très probable que le tremblement de
terre ait ravagé les bidonvilles de Port-au-Prince. Le livre de données
mondiales de la CIA affirme que 80 pour cent des Haïtiens vivent dans la
pauvreté et que 54 pour cent vivent dans la « pauvreté abjecte ».
Sur son site web, l’Organisation des Etats américains (OEA) déclare :
« Parmi les nombreux facteurs expliquant l’étendue des pertes de vies
humaines et de biens figurent l’absence d’un système de zonage des terres et
l’absence de guide du bâtiment ainsi que de mécanismes de règlementations
complets et détaillés. » L’OEA ajoute qu’Haïti n’a pas de codes nationaux de
construction.
L’ancien ambassadeur américain en Haïti, Timothy Carney, a dit à CNN que
Port-au-Prince était « particulièrement à risque en raison de sa population
qui a crû rapidement, passant de 250 000 au milieu des années 1950 à plus de
deux millions aujourd’hui, tout cela sans trop de surveillance.
Carney a dit que plusieurs personnes arrivant à Port-au-Prince vivaient
dans les bidonvilles, et non dans des structures de béton. Il ajouta : « Je
crains que tout cela se soit écroulé. »