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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Les élections au Sri Lanka: les deux visages de l’United Socialist Party

Par Wije Dias
21 janvier 2010

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Au cours de la campagne électorale du Parti de l’Egalité socialiste (SEP), la question suivante est parfois soulevée : Pourquoi trois candidats socialistes se présentent-ils à la présidence ? Quelle est la différence entre le SEP et les autres partis : le Nava Sama Samaja Party (NSSP) et l’United Socialist Party (USP) ?

Durant des décennies, le SEP a expliqué quel fossé de classe infranchissable le séparait de ces organisations radicales de la classe moyenne en ce qui concerne les questions de principe et le programme. Dès sa création, le SEP a lutté pour l’indépendance politique de la classe ouvrière par rapport à l’ensemble des factions de la classe dirigeante. Le NSSP et l’USP ont toujours agi comme des satellites de gauche de l’establishment politique de Colombo en subordonnant les travailleurs à l’un ou à l’autre des principaux partis bourgeois.

Dans le passé, ces questions avaient peut-être semblé obscures. Aujourd’hui, dans les conditions de la crise grandissante du capitalisme sri lankais, les relations existant entre ces ex partis d’extrême-gauche et les partis bourgeois s'affichent au grand jour.

Vendredi dernier, au centre de Colombo, le dirigeant de l’USP, Siritunga Jayasuriya, a partagé la même tribune que le l’United National Party (UNP) droitier et l’un de ses alliés, le Sri Lanka Freedom Party-Peoples Wing (SLFP-PW). Lors de l’actuelle élection présidentielle, l’UNP et le chauviniste cinghalais Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) soutiennent le général Sarath Fonseka, l’ancien commandant en chef de l’armée sri-lankaise, comme un « candidat commun » contre le président sortant Mahinda Rajapakse. Jayasuriya est le candidat présidentiel de l’USP.

Rien de tout cela n’a empêché le « socialiste » Jayasuriya de participer à cette « Platform of Freedom » (Plateforme de paix), de louer les politiciens de droite pour leur défense des droits démocratiques et d’être submergé de louanges en retour. Pour l’UNP et le SLFP-PW, Jayasuriya leur a rendu un grand service en leur donnant des références démocratiques de crédibilité pour encourager Fonseka qui avait mené de façon impitoyable la guerre communautariste du gouvernement de Rajapakse contre les Tigres de Libération de l’Eelam tamoul (LTTE).

La réunion a été particulièrement grotesque étant donné qu’elle avait été organisée pour marquer le premier anniversaire de la mort de Lasantha Wickrematunge, le directeur du journal Sunday Leader qui avait été tué en plein jour alors qu’il se rendait en voiture à son travail. Son assassinat est un meurtre parmi des centaines d’autres commis par les escadrons de la mort pro-gouvernementaux opérant avec la duplicité, sinon sous la direction des forces de sécurité. Durant la campagne présidentielle, les camps de Rajapakse et de Fonseka se sont accusés mutuellement pour le meurtre de Wickrematunge. En réalité, le président Rajapakse et le général Fonseka portent tous deux la responsabilité des crimes commis par ces escadrons de la mort.

L’UNP et ses alliés cherchent désespérément à présenter le général Fonseka comme une alternative démocratique à Rajapakse. Et Jayasuriya s’est empressé de les rejoindre à la réunion. Tout en gardant le silence sur Fonseka, il n’avait pas de scrupules à faire l’éloge des partisans de Fonseka. Il s’était vanté que l’année dernière sur la tombe de Wickrematunge, lui et le dirigeant de l’UNP, Ranil Wickremesinghe et le dirigeant du SLFP-PW Mangala Samaraweera, avaient décidé de créer la Plateforme de paix « dans le but de garantir la démocratie et de mettre fin aux meurtres illégaux. » Il a déclaré : « Je suis fier de reconnaître que c’est moi qui ai avancé l’idée de fonder cette Plateforme de paix. »

Jayasuriya a continué à se vanter : « N’avons-nous pas fait des progrès considérables depuis un an ! J’ai proposé qu’au lieu d’un bloc ouvert de partis politiques une nouvelle variante soit introduite. A présent, cette idée a gagné du terrain. Notre seul but est de défendre la démocratie et la paix. Et pour cela nous devons mettre fin à la dictature présidentielle. Nous avons fait tout ce chemin en dépit d’une violence et d’une répression policières politiquement guidée. » Le front a « réussi à réunir des forces sociales qui, de l’avis de beaucoup, étaient tellement disparates qu’il serait impossible de les rassembler. » Il a conclu en disant que la Plateforme de paix devait se poursuivre, quel que soit celui qui viendra au pouvoir.

Il s’agit en effet d’une alliance remarquable, un témoignage de la dégénérescence politique totale de l’USP et du NSSP qui avaient aussi rejoint la Plateforme de paix l’année dernière. Pendant des années, les deux partis avaient encouragé les travailleurs à soutenir le Sri Lankan Freedom Party (SLFP) de Jayasuriya comme étant un « moindre mal » par rapport au conservateur et bourgeois UNP. A présent, Jayasuriya se vante de façon éhontée d’avoir initié une alliance avec l’ancien « plus grand mal » en chantant les louanges des « démocrates » de l’UNP ! Tout en n’appelant pas Fonseka par son nom, le message non dit est que le général représente le moyen de mettre fin à « dictature présidentielle » de Rajapakse. De plus, Jayasuriya veut maintenir des relations après les élections.

Tout ceci était du baume pour Wickremasinge et Samaraweera qui étaient plus que contents, du moins pour le moment, d’accepter cette farce politique écoeurante. Wickremesinghe a rendu hommage à Jayasuriya en déclarant: « Il a pris l’initiative de former cette force. Nous l’avons suivi. Aujourd’hui, nous avons fait du chemin. Je salue Siritunga. Menacé d’assassinat, nous avions peur de sortir. Puis Siritunga s’est présenté. Il a ouvert la voie pour nous permettre de défier le président sortant. » En effet, sans l’USP et le NSSP, il aurait été bien plus difficile pour l’UNP, qui a une longue histoire de violence anti-démocratique, y compris à la fin des années 1980 l’opération des escadrons de la mort, de revêtir un masque démocratique.

Samaraweera s’est montré tout aussi chaleureux : « La plateforme doit continuer. » Il a loué Jayasuriya et le dirigeant du NSSP, Vickramabahu Karunaratne, pour avoir écarté les « différends idéologiques » pour s'aligner avec l’UNP. En pressant Jayasuriya d’aller plus loin et de rejoindre la coalition d’opposition contre Rajapakse, Samaraweera a précisé : « Nous devons orienter cette force pour mettre fin à la Raja Pavula [famille royale — une référence au gouvernement Rajapakse] ». Après avoir loué Jayasuriya comme un allié loyal et fiable, il a déclaré : « Malheureusement, je ne suis pas en position de voter pour lui. Mon parti soutient le général Fonseka. Toutefois, je dis publiquement que j’accorderai ma seconde préférence à Siritunga. »

A ce jour, l’USP a évité de soutenir ouvertement Fonseka mais ceci peut encore se produire si les élections nécessitaient un deuxième tour. Quant au NSSP, son dirigeant, Karunaratne, commence à avoir des doutes et a déclaré dernièrement que cela avait peut-être été une erreur que de rejoindre l’UNP sur la Plateforme de paix. Personne ne devrait être induit en erreur par le remords de Karunaratne. En tant que vétéran d’innombrables alliances, il a sans aucun doute remarqué que son dernier projet était en train d’apparaître avec clarté aux regards des travailleurs et des jeunes et il commence à faire marche arrière.

Les commentaires de Jayasuriya sur la Plateforme de paix avec Wickremasinghe et Samaraweera sont en sérieuse contradiction avec la rhétorique électorale de l’USP à l’adresse des travailleurs et des jeunes. Sous le titre « Soutenez la candidature de Siritunga Jayasuriya contre les bouchers capitalistes ! » la dernière déclaration de l’USP dit qu’« il n’y a pas de choix pour les gens ordinaires entre les deux principaux candidats bourgeois ».

Après avoir dénoncé les crimes du régime Rajapakse, la déclaration poursuit : « Le général Sarath Fonseka est devenu un gage entre les mains des fauteurs de guerre, des chauvins et des capitalistes néolibéraux… Il avait été responsable d’une part des crimes perpétrés par le gouvernement Rajapakse au cours de ces quatre dernières années. Sa rupture avec le duo Mahinda-Gotabhaya [les frères Rajapakse] n’est pas fondée sur une quelconque différence politique. Lui aussi a fait preuve du même style arrogant et qui est intrinsèque aux deux Rajapakse. Voter pour Fonseka pour se débarrasser de Rajapakse ou vice versa serait tout aussi désastreux. »

Tout ceci prouve que Jayasuriya est un influent partisan des pratiques utilisées par l’ensemble des politiciens bourgeois à savoir l’art de dire tout et son contraire. Alors que l’USP affirme que Fonseka est « un gage entre les mains des fauteurs de guerre, des chauvins et des capitalistes néolibéraux, » Jayasuriya côtoie les partisans du général et ils se donnent tous mutuellement des tapes dans le dos. Pour la classe ouvrière, de telles manœuvres opportunistes ont inévitablement des conséquences désastreuses.

Seul le SEP met en garde que quel que soit le parti qui gagne les élections, le prochain gouvernement lancera une « guerre économique » dévastatrice contre la population laborieuse en recourant à l’appareil d’Etat-policier développé durant les décennies de guerre civile afin de réprimer toute opposition. De puissantes sections de l’élite dirigeante soutiennent Fonseka comme étant un instrument fiable dans l’application de ce programme. En rejoignant la Plateforme de paix, l’USP et le NSSP ont contribué à promouvoir l’UNP et ses alliés comme des « démocrates » qui, à leur tour, présentent Fonseka comme une alternative démocratique. Si le général devait remporter la présidence, l’USP et le NSSP porteront la responsabilité politique de son régime et de ses crimes à l’encontre de la classe ouvrière.

En échange, pour revenir à la question initiale, cet épisode souligne le fait qu’il n’y a pas trois candidatures socialistes à la présidence mais juste une seule. Wije Dias du SEP est le seul candidat luttant pour l’indépendance des intérêts politiques de la classe ouvrière sur la base de principes internationalistes et socialistes. Le SEP invite instamment les travailleurs et les jeunes à soutenir et à participer à sa campagne.

L’auteur recommande aussi :

Le manifeste du SEP pour l’élection présidentielle 2010 au Sri Lanka
Un programme socialiste pour la lutte pour l’égalité sociale et les droits démocratiques

(Article original paru le 14 janvier 2010)

 


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