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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les syndicats britanniques bloquent la lutte contre les plans de rigueur du gouvernement

Par Chris Marsden
8 juillet 2010

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La coalition entre conservateurs et libéraux en Grande-Bretagne a annoncé des réductions des dépenses publiques qui sont probablement les plus sauvages de toute l'Europe. Chaque semaine voit de nouvelles annonces de coupes venant s'ajouter à celles déjà décidées par le gouvernement travailliste sortant, avant les élections générales de mai. Cela comprend un gel des salaires publics de trois ans, une réduction des retraites, et des milliers de pertes d'emplois. 

Le Chancelier George Osborne a annoncé 11 milliards de livres sterling [13,3 milliards d'euros], de coupes supplémentaires, mais cela a été immédiatement suivi par des demandes de réduire les aides sociales. Le total en est à 27 milliards de réductions supplémentaires, ainsi que 15 milliards d'augmentations d'impôts, ce qui amènera l'effort demandé à 75 milliards en 2015. De nombreux commentateurs prédisent que c'est une estimation trop basse et que les réductions prévues se montent à entre 85 et 100 milliards de livres.

Les réductions déjà confirmées entraîneront la suppression de 1,3 millions d'emplois dans le secteur public et privé, faisant passer le chômage officiel de 2,5 à 3 ou 4 millions de chômeurs. Les déclarations du gouvernement selon lesquelles cela sera compensé par une augmentation de 2 millions des emplois privés sont illusoires, étant donné que les plans de rigueur font partie d'un processus mondial qui plonge le Royaume-Uni et l'économie mondiale dans une seconde ronde de récession plus profonde que celle qui a commencé en 2008. 

Le Royaume-Uni doit faire face à la « plus longue, la plus profonde, période de réductions durable des services publics depuis au moins la seconde guerre mondiale, » selon les termes de l'Institut des études fiscales (Institue for fiscal studies -IFS). Le gouvernement admet entreprendre des réductions d'au moins 25 pour cent dans tous les secteurs hormis la santé et l'aide internationale. 

La TVA est passée de 17,5 à 20 pour cent, soit 400 livres par an (485 euros) de plus par famille en moyenne. Les mesures de rigueur frapperont les foyers les plus pauvres « bien plus durement que les plus riches, » explique l'IFS, dans certains cas d'un facteur six

Les plus faibles sont pris pour cible par les réductions des aides au logement et une campagne pour faire sortir au moins un demi-million de personnes de l'aide aux handicapés par un régime renforcé de tests d'aptitude au travail. Le chômage des diplômés va atteindre des niveaux records en raison de la proportion plus grande d'emplois du secteur public pris par des diplômés - il pourrait s'élever jusqu'à 25 pour cent. 

Ce n'est rien de moins qu'une déclaration de guerre contre les travailleurs au nom de l'élite des dirigeants d'entreprises. Mais, comme on pouvait s'y attendre, la réponse de la bureaucratie syndicale a été de hisser le drapeau blanc. 

La semaine dernière, le syndicat Unite a mis fin à la grève des personnels navigants de British Airways - après 22 jours d'action - pour organiser un vote sur une offre ridicule et à peine modifiée par la compagnie, sans aucune recommandation de rejet de la part du syndicat. Pendant ce temps, BA recrute de nouveaux équipages à un salaire inférieur pour pouvoir licencier ses employés actuels. 

Encore plus parlant, le Congrès des syndicats (Trade Union Congress - TUC) a invité le Premier ministre David Cameron à prendre la parole lors de sa réunion annuelle de septembre. 

Les syndicats ont même rendu très clair le fait qu'ils ne veulent pas participer à la « journée d'action» pour la forme organisée le 29 septembre par la Confédération européenne des syndicats, dirigés par l'ex-secrétaire général du TUC, John Monks, en raison du conflit de dates avec la conférence du parti travailliste ! 

La presse se penche à peine sur ces questions, préférant se concentrer sur les déclarations de Bob Crow, secrétaire général du Syndicat du rail de la mer et des transports, à sa conférence annuelle. Crow a dénoncé Cameron et son « attaque frontale contre le mouvement syndical à une échelle sans précédent depuis que le gouvernement de Margaret Thatcher s'était lancé à l'assaut du syndicat national des mineurs. » 

« Quand quelqu'un se prépare à vous frapper, vous avez un choix très clair - vous pouvez soit frapper tout de suite, soit vous coucher et espérer qu'il s'en aille » a-t-il dit. « Ce n'est pas le moment de parler, c'est le moment d'agir. Nous avons besoin d'une réunion d'urgence du TUC pour coordonner l'action politique et les mouvements de grève qu'il nous faudra entreprendre en tant que mouvement unifié pour repousser l'attaque des conservateurs et des libéraux contre nos membres. » 

L'appel de Crow à « une campagne prolongée de grèves générales » ne fait que souligner le fait que le TUC est en fait en train de se coucher, et que la seule campagne qu'il mène sert à s'assurer que rien du tout n'est fait pour s'opposer à « l'attaque des conservateurs et des libéraux. » Sans évoquer le rôle réel des syndicats dans la suppression des mouvements de grève et la collaboration avec la direction et le gouvernement, tous ces appels à l'action sont une illusion destinée à désarmer les travailleurs face à la réalité de la situation à laquelle ils sont confrontés. » 

C'est le but conscient de Crow et de ces fausses tendances « de gauche » qui poussent de même la classe ouvrière à faire confiance à la bureaucratie syndicale. 

Aucun dirigeant syndical, y compris Crow, n'a mis en avant une seule proposition concrète pour s'opposer aux attaques que le gouvernement réalise. Ils continuent le rôle de soutien qu'ils ont joué durant 13 ans de gouvernement travailliste, tout en agissant comme un outil de l'oligarchie financière et le centre d'affaires de Londres. 

Même maintenant, ils n'auront aucun problème à travailler avec plusieurs ex-ténors du parti travailliste passés du côté du gouvernement de Cameron et du libéral Nick Clegg, parmi lesquels John Hutton, ex ministre du travail et des retraites, l'« émissaire auprès des syndicats » de Cameron, et ex-député européen travailliste Richard Baffle, et le nouveau « tsar [commissaire à, ndt] de la pauvreté », Franck Field, qui est toujours autorisé à siéger dans le camp travailliste. 

Devant cet état des lieux, le Socialist Worker, le journal du Socialist Workers Party (SWP), propose comme « test de la détermination à lutter contre le gouvernement et les patrons » de vérifier si les syndicats participeront à « une manifestation devant la conférence du parti conservateur le 3 octobre » et « manifesteront le 20 octobre lorsque le bilan des dépenses du gouvernement sera annoncé. » 

« Une grosse manifestation le 3 octobre peut augmenter la pression sur les dirigeants syndicaux pour appeler à l'action dont nous avons besoin, » affirme le SWP britannique. 

Le National Shop Stewards Network (NSSN - réseau national des représentants syndicaux) dirigé par des membres du Parti socialiste a appelé lors de sa conférence à ce que « le TUC indique le jour d'une manifestation nationale, de préférence avant la conférence du TUC en septembre 2010. » 

« Sitôt [!] une date annoncée pour la manifestation, notre première priorité sera de tout faire pour que la participation soit la plus large possible. Si une manifestation n'est pas organisée, le NSSN appellera à une action pour faire pression sur la Conférence du TUC à Manchester (dont les détails restent à préciser) insistant pour que le TUC appelle à une manifestation unitaire nationale avec comme perspective l'organisation plus tard d'une grève d'une journée dans le secteur public, servant de début à une contre-attaque sérieuse contre ces réductions provocantes. » 

Il n'y a rien de sérieux dans ce genre de génuflexions devant des dirigeants syndicaux de la part de ceux qui occupent une position inférieure dans l'appareil, sans mentionner l'inaction de nombreux membres du SWP et du PS qui eux-mêmes occupent des postes dirigeants dans les syndicats. 

L'expérience amère des travailleurs partout est que les syndicats soit empêchent, soit trahissent chaque lutte entreprise par les travailleurs contre les employeurs. En Grande-Bretagne, ils ont fait cela d'une manière ininterrompue depuis la grève des mineurs de 1984-85 contre Thatcher à laquelle Crow faisait référence. 

Cette fonction essentielle des syndicats ne serait pas altérée d'un iota s'ils se sentaient forcés à appeler à plusieurs grèves de protestation d'une journée pour disperser la colère ressentie par les travailleurs. Il ne faut rien de moins qu'un mouvement de grève générale pour répondre à la remise en cause des intérêts fondamentaux des travailleurs qui a commencé. Sans une offensive totale contre la classe dirigeante, des millions de gens seront confrontés à une pauvreté abjecte, un chômage de masse et une existence brutale. 

Un tel mouvement doit chercher à faire tomber le gouvernement et poser la question : qui va diriger une telle lutte ? Qu'est-ce qui va remplacer les conservateurs et les libéraux au pouvoir ? 

La question indique la nécessité brûlante de briser le carcan des syndicats et de leurs complices dans le parti travailliste pro-patronal, en établissant de vraies organisations de base pour la lutte de classe. Cela veut dire que les travailleurs doivent construire leur propre parti, le Parti de l'égalité socialiste, qui est dédié à la lutte pour le pouvoir et un programme socialiste pour la réorganisation de la vie économique dans l'intérêt de la vaste majorité à travers un mouvement politique et social unifié des travailleurs à travers toute l'Europe et le monde.

 

(Article original paru le 3 juillet 2010)

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